C’est au père Jérémie, curé de Mbé, petit village à 100 kilomètres au nord de Brazzaville et siège du vieux royaume Téké, dit aussi royaume Makoko, que je dois, au début des années 2 000, la renaissance de ma foi en Jésus Christ ressuscité.
C’est dans ce village de Mbé que s’était effectuée la rencontre historique entre l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza et le roi Makoko, Iloo 1er en 1880. La Providence m’avait permis de rencontrer le père Jérémie, prêtre très proche du 16ème descendant de ce roi Iloo 1er ami de Pierre Savorgnan de Brazza. En lien étroit avec Mgr Barthélémy Batantu, archevêque de Brazzaville, le roi Makoko, dans ces années 2000, avait confié au père Jérémie l’Évangélisation de son peuple.
En l’année 2004, j’avais rencontré, à Libreville au Gabon, le père Jérémie qui se trouvait lui-même en ce lieu à la demande du roi Makoko. Il s’efforçait de rencontrer celui que l’histoire coloniale et post coloniale avait désigné factuellement comme le nouveau roi Makoko officiel en ce début du XXIème siècle : le Président Omar Bongo qui appartenait lui-même au peuple Téké. Mais le père Jérémie avait échoué dans cette mission : pour des raisons géopolitiques entre ces deux pays voisins que sont le Congo Brazzaville et le Gabon, Omar Bongo ne reçut jamais le père Jérémie.
L’histoire de cet échec que l’abbé avait su me raconter dans ses grandes profondeurs mystiques et spirituelles, m’avait interpellé. Je décidais d’engager toutes mes forces à ses côtés pour tenter de l’aider.Un profond lien d’âme s’instaura entre nous. La rencontre de ce saint Paul africain en ce Ier siècle de l’Évangélisation du Congo Brazzaville avait complètement réenchanté ma foi vacillante en ces années-là. Le long et douloureux chemin que nous avons parcouru ensemble s’est soldé pour lui par une terrible sanction que lui a infligée l’archevêque de Brazzaville, aux ordres de Denis Sassou Nguesso et sous la tutelle d’un prêtre du diocèse, franc maçon, particulièrement charismatique et véritable chef du diocèse.
Depuis près de quinze ans le père Jérémie est en errance entre les deux rives du Congo. J’ai perdu sa trace et je le cherche en vain. Cependant il lui arrive de me donner à des moments tout à fait particuliers de mon existence des signes de vie par quelques rares messages sur mon téléphone auxquels je ne peux répondre car il ne possède lui-même aucun téléphone. Je garde au cœur l’espérance qu’il pourrait, quelque part dans le monde chrétien, avoir trouvé un refuge et une protection.
C’est le père Jérémie qui, en 2004, lors d’un de mes voyages à Brazzaville pour rencontrer le nouveau roi Makoko, Auguste Nguempio, m’avait présenté Mgr Ernest Kombo, évêque du diocèse d’Owendo, qui avait été président de la Conférence Nationale Souveraine en 1991 et qui en cette année 2004 était président de la Conférence Episcopale du Congo Brazzaville.
Par Hervé Zebrowski
Dernier collaborateur (chrétien, laïc, bénévole) de Mgr Ernest Kombo, Président de la Conférence Nationale Souveraine en 1991 au Congo Brazzaville, Martyr de la Foi, rappelé par Dieu le 22 octobre 2008 à Paris.
L’effacement de la mémoire des martyrs de la Foi du Congo Brazzaville (Partie 1)
Les persécutions du Général Jean Marie Michel Mokoko (Chapitre 6)