L’effacement de la mémoire des martyrs de la Foi du Congo Brazzaville (Chapitre 1)

Par Hervé Zebrowski ,

Dernier collaborateur (chrétien, laïc, bénévole) de Mgr Ernest Kombo, Président de la Conférence Nationale Souveraine en 1991 au Congo Brazzaville, Martyr de la Foi, rappelé par Dieu le 22 octobre 2008 à Paris.             

Tandis qu’il se soignait à Paris au cours de l’année 2007 jusqu’à sa mort en octobre 2008, Mgr Ernest Kombo m’avait confié les codes de son E-mail afin que je suive les courriers qu’il recevait plusieurs fois par semaine. Ainsi donc je lui apportais son courrier à l’hôpital du Val de Grâce ou, entre deux soins, à la maison de retraite des Jésuites rue de Grenelle où il disposait d’un petit studio. Il me dictait alors les différentes réponses qu’il entendait donner à ses courriers et me chargeait de les adresser à ses interlocuteurs. Un jour, dans les premiers mois de l’année 2008, il reçut un petit reportage accompagné de plusieurs photos provenant d’un prêtre de l’archidiocèse de Brazzaville. Ce reportage faisait le point sur l’organisation du petit musée dédié au cardinal Émile Biayenda. Une photo que l’on peut voir ci-dessous m’interpella plus particulièrement. Il s’agissait du nonce apostolique, à l’époque Mgr Carascoso Cosa, qui présentait un vêtement de toile écrue à l’objectif du photographe. J’interrogeais Mgr Ernest Kombo et lui demandais quel était ce vêtement ainsi présenté au public par le nonce apostolique lui-même entouré de quelques témoins. Il me répondit en souriant tristement : « Il s’agit de la soutane miraculeuse du Cardinal Émile Biayenda. » « Miraculeuse ? rétorquais-je, mais en quoi est-elle miraculeuse ? » Il me dit gravement : « Vois-tu, Hervé, comme chacun sait, le cardinal a été assassiné sur la montagne dite aujourd’hui la Montagne du Cardinal, par une rafale de mitrailleuse et comme tu peux le voir il n’y a aucune trace de balle ni même de sang sur la soutane. » Stupéfait et crédule je le questionnais : « Mais Monseigneur, s’agit-il d’un vrai miracle ? » Il me répliqua alors : « Es-tu stupide Hervé, comment un tel miracle serait-il possible ? Le Christ lui-même au jour de sa résurrection ne présentait-il pas ses plaies aux apôtres et notamment à Thomas ? » Je prenais la mesure de mon insondable naïveté. « Mais alors comment est-il mort ? Où a-t-on retrouvé son corps ? » « On a retrouvé son corps au cimetière d’Itatolo. Son corps ne présentait aucune trace de balle ni aucune blessure. » m’assura-t-il « Mais alors, c’est qu’il a été enterré vivant ! » m’écriais-je, glacé par l’effroi de ma réflexion particulièrement inspirée.             

            En effet, j’avais déjà été plus ou moins alerté sur cette tragédie par un de mes amis congolais dont je tairais le nom. Cet ami m’avait parlé, terrifié, du témoignage que fit l’adjudant Mamoy lors de la Conférence Nationale Souveraine en 1991. Je demandais alors à Mgr Ernest Kombo : « Mais donc, l’adjudant Mamoy a apporté un vrai témoignage ? » Il rétorqua : « Dans cette histoire l’adjudant Mamoy n’est rien. » A l’instant même de cette réponse, le souvenir de cet ami congolais, réfugié à Paris après la guerre de 1997, fit surgir en moi une vision d’enfer. Ce quadragénaire avait assuré des responsabilités importantes dans le cabinet de Charles Ganao, le premier ministre congolais des années 1996-97. Lors d’une nuit terrible de cette guerre de 1997, mon ami fut arrêté par les soldats de Sassou Nguesso et de Florent Tsiba puis jeté avec douze compagnons dans une tranchée où, sous des invectives, des hurlements et des jets d’urine, il allait être enterré vivant. Ce fut grâce à un soldat originaire du même village que lui et qui l’avait reconnu qu’il eut la vie sauve ; en effet celui-ci lui permit de s’extraire subrepticement du groupe des suppliciés et de s’enfuir dans la nuit. Mon ami rejoignit Pointe-Noire où il se cacha dans une maison durant une semaine.  Tremblant dès qu’un bruit s’approchait de son abri, il se dissimulait alors sous son lit. C’est par ce témoignage que je pus comprendre instantanément le mode opératoire par lequel le cardinal Émile Biayenda avait été assassiné. En effet, le terrifiant secret que cet ami m’avait confié est venu de façon puissante et insistante me donner cette inspiration sur les circonstances exactes de la mort du cardinal enterré vivant. Mgr Ernest Kombo me confirma alors que le cardinal avait été effectivement enterré vivant.                                              

            Malheureusement, après la mort de Mgr Ernest Kombo en octobre 2008, d’après plusieurs témoignages extrêmement solides que j’ai reçus d’une part de l’évêque de Belley-Ars, Mgr Pascal Rolland qui était venu célébrer à Brazzaville la messe du 29 mars 2017 pour le 40ème anniversaire de la mort du cardinal Émile Biayenda et d’autre part du père Bogdan, prêtre de la mission polonaise, curé d’une paroisse du diocèse de Brazzaville, cette relique présentée par Mgr Carascoso Cosa en 2006, est exhibée aujourd’hui déchirée et maculée d’un sang qui ne peut pas être celui du cardinal Émile Biayenda. Cette falsification sacrilège d’une pièce à conviction commise par quelques membres du clergé congolais entend brouiller les pistes des nombreux témoignages qui, dès l’origine, disaient toute la vérité sur la barbarie du crime rituel qu’avait subi le cardinal Émile Biayenda. Ce doute, ainsi nourri par quelques membres du clergé catholique, a considérablement retardé la canonisation de ce grand héros congolais. Cette tromperie sur la tunique n’a, de fait, qu’un seul but : effacer l’histoire du martyre du Cardinal Émile Biayenda, grand guide spirituel congolais, pour protéger un régime qui, depuis 1977 impose la peur et les ténèbres sur le peuple du Congo Brazzaville.                                          

            Le 5 mai 1980, soit trois ans après le martyre du Cardinal Émile Biayenda, le pape Jean Paul II était venu à Brazzaville passer quelques heures pour lui rendre hommage. Sur la tombe de ce dernier il prononça ces mots : « Je veux rendre grâce (…) pour l’exemple laissé par le cher et vénéré Cardinal Émile Biayenda. Sa disparition tragique nous a fait pleurer un père et j’ai, moi-même, pleuré un frère très aimé. Je viens le pleurer et prier ici sur sa tombe, au milieu de vous, avec vous, sûr que si le Christ a désiré qu’il fut désormais auprès de Lui c’est que sa place y était prête pour l’Éternité et qu’il peut ainsi, mieux encore, intercéder pour vous et pour sa patrie. En ce sens son ministère pastoral se poursuit à votre service. Béni sois-tu, Seigneur, de nous avoir donné ce pasteur, ce fils de la nation congolaise et de l’Église, le cardinal Émile Biayenda. »                 

Ainsi donc, quelques trois années seulement après son assassinat, le pape Jean Paul II, à Brazzaville, déclarait publiquement Vénérable le cardinal Biayenda. Ce statut de Vénérable marque, dans l’Église catholique, la première étape d’une marche qui doit conduire à la béatification puis à la canonisation.             

Comment le Cardinal Parolin, secrétaire d’état du Vatican, c’est à dire le bras droit du pape François, a-t-il pu avoir l’audace, le 4 août 2020 à Ars dans le diocèse de Belley-Ars, de venir annoncer dans ce petit village de France, l’élévation au statut de Vénérable du cardinal Emile biayenda, alors que le pape Jean Paul II lui-même l’avait déjà solennellement proclamé Vénérable à Brazzaville, 40 ans plus tôt. A qui fera-ton croire que ce cardinal pouvait ignorer le dossier Biayenda à Rome et la visite du pape Jean Paul II sur sa tombe , trois ans après son martyre. Mgr Parolin décevait ainsi par son murmure inaudible toute la communauté des catholiques congolais et du monde entier qui espérait depuis si longtemps la canonisation du vénérable cardinal, martyr de la Foi, c’est à dire assassiné en  haine de la Foi par des hommes qui, aujourd’hui encore, sont à la tête du régime despotique du Congo Brazzaville soutenu par la France , fille aînée de l’Église.

C’est un prêtre congolais, sans doute proche de Sassou Nguesso, qui a pris seul l’initiative de cette mascarade dédiée au cardinal Émile Biayenda dans le diocèse de Belleys-Ars. Il faut le savoir, ce diocèse est un territoire sur lequel règne un puissant homme politique qui, en 1997, était le ministre des armées du président Jacques Chirac. Cet homme politique, déchu pour avoir trempé ses doigts dans la confiture du pouvoir, s’avère être un ami et un associé très proche de Denis Sassou Nguesso. C’est dans un petit village français donc, dans un petit bulletin paroissial du diocèse, que l’Église catholique mondaine et soumise qui est en France entend s’affranchir du devoir de mémoire qu’elle doit à cet éminent Congolais, martyr de la Foi, Mgr Émile Biayenda.                               

En Pologne, le 19 octobre 1984, six ans après la visite du pape Jean Paul II à Brazzaville, était assassiné le père Jerzy Popieluszko pour les mêmes raisons que le cardinal Émile Biayenda : la haine de la Foi. Après ce crime atroce, le peuple polonais tout entier soutenu et guidé par le clergé polonais se leva pour témoigner de sa colère et de son indignation. Le père Jerzy Popieluszko  a été béatifié le 6 juin 2010, soit six ans après son assassinat. Le cri de désespoir et de colère du peuple polonais fut entendu par Rome.

Quels cris de désespoir et de colère du peuple congolais Rome a-t-il entendus ?

Hervé Zebrowski

Diffusé le 19 novembre 2023, par www.congo-liberty.org

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Une réponse à L’effacement de la mémoire des martyrs de la Foi du Congo Brazzaville (Chapitre 1)

  1. Anonyme dit :

    Aucun congolais n aurai été capable d assassiner de telle personnalité ils mettraient leurs famille et leurs ethnies en dans a moins que il soit un faible esprit pour l assassinat du cardinal je crois plus a l information parvenu grâce à la conférence nationale présidé par tonton nkombo qui disait que c était le docteur Carlos qui lui avait pique au genoux droit.ce même docteur qui aa sectionné la carotide du président n gouabi pour les russe et les cubains le cardinal représentait ce qui était interdit chez eux et cette complicité avec marien ngouabi ne pouvait que renforcer leur décision d éliminer un témoin gênant.ex quant il sont venu nous arrêter à boko il y avait un seul congolais le défunt colonel bourses le reste tous des forces spéciales cubaines en civile il nous ont enmener au ministère de la défense pour être interrogé par leur chef cubains qui ne parlait pas le français aucun congolais présent la seule fois où j ai senti au Congo que je pouvais mourrir c était ce jour là mais merci au défunt colonel bourses sans sa présence peut être que ils auraient tirés sur nous.a cette époque en tant que famille kikadidi c est vrai nous étions recherche mais par les congolais en principe

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