Toungamani Benjamin l’un des principaux opposants à Sassou Nguesso : Conférence nationale et opération « Exodus »

L’état de la nation (en quelques lignes)

Notre pays le Congo traverse une crise dramatique qui hypothèque son avenir pour plusieurs décennies. Les constats en la matière sont redondants, ils font l’unanimité des congolais qu’ils soient de l’intérieur ou de l’extérieur du pays.

Les atteintes les plus dangereuses sont liées à la médiocrité élevée au rang de valeur nationale et à l’intelligence transformée en éléments subversif. La privatisation quasi-totale de l’enseignement et la démission des pouvoirs publics face à la formation des jeunes en sont les manifestations les plus spectaculaires. La prospérité d’un pays ou d’une nation ne dépend pas uniquement de la richesse naturelle de son sous sol mais de sa capacité de la traduire en atout d’apporter des réponses adéquates aux nouveaux enjeux politiques et économiques africains et planétaires.

Le Congo n’a plus de PROJET national. En a-t-il eu un jour ? Sa classe politique ne se renouvelle plus. Elle est sclérosée. Ce sont les mêmes acteurs responsables de guerres civiles, échecs économiques culturels et sociaux qui s’alternent au pouvoir depuis environ une demie-décennie. Sassou, Kolélas, Lissouba et autres Ntoumi (liste non exhaustive)

Et la conférence nationale ?

La Conférence Nationale Souveraine n’a été qu’une petite accalmie dans ce vide. Malgré quelques acquis comme la constitution de 1992, les bases requises pour commencer à concevoir le PROJET n’ont pas été mises en place. Parmi ces bases, il y avait la création d’une force du changement.

Des forces du changement ont bien été envisagées par le Pari, le Molidé, la Cause, le Fdr et d’autres individualités mais elles ont été vite récupérées par les politiciens classiques. Un débat houleux a bien eu lieu avec le premier ministre de l’époque sans déboucher sur des avancées significatives. Un des sujets de la discorde avait été le manque de concertation dans la composition du gouvernement de la transition.

Au sortir de la CNS, l’idée de démocratie a été essentiellement associée au multipartisme, donc au vote mais en oubliant une autre notion fondamentale : l’existence des contre pouvoirs et leur action indispensable dans l’animation de la démocratie participative.

Bien malin, le militant politique qui peut nous donner les projets politiques et économiques prônés par le PCT, le MCDDI ou L’UPADS au sortir des états généraux de la nation.

De la justice sociale ?

Du libéralisme pur et dur ?

De la sociale démocratie  à la mode africaine ou non ?

Du panafricanisme ?

Un constat terrifiant

Les fameux grands partis se sont allègrement partagé les échecs patents tant au niveau économique, que politique. Ils ont entretenu entre eux, des relations incestueuses qui ont abouti à la mort et au traumatisme d’une grande partie de notre population. Ils ont permis l’émergence des situations qui rendent presque fréquentables, des théories comme nécessité de la tribalité ou la bénédiction de la « France à fric ».

Le PCT se taille la part du lion et reste à juste titre la cible principale.

Aucun parti au pouvoir ou non au pouvoir n’a encore défini ou énoncé ses idées par rapport à des questions fondamentales telles que la monnaie, l’exploitation des matières premières ou la stratégie de développement par rapport à la mondialisation. Ces partis sont juste des machines ethnocentriques électorales, seule les intéresse la prise du pouvoir central.

 

Quelques rappels historiques

Rappelons pour les nouvelles générations que nombreux d’entre nous (les anciens) avons fait nos études secondaires dans des écoles publics ou dans des internats subventionnés par l’état. La scolarité était gratuite, des milliers de cadres d’origine modeste ont pu ainsi être formés. Le budget national était alors de moins de 21 milliards. Comment alors expliquer qu’avec une trésorerie de près de 2000 milliards, les élèves soient assis à même le sol dans des classes surchargées ?

L’ingéniosité et les idées progressistes étaient hier (jusque dans les années 70), la caractéristique du Congo en Afrique. Les débats et les initiatives pour une nouvelle société commençaient à voir le jour. Nous discutions déjà de la mise en place d’une nouvelle monnaie et il n’était pas rare que le président de la république (Ngouabi en l’occurrence) vienne débattre dans un amphi avec des élèves. Le Congo/Brazzaville a été dans cette lancée, le premier pays d’Afrique centrale à fermer une base militaire française. On parlait déjà de la lutte anti-impérialisme qui n’était autre chose que le combat contre la françafrique.

Le panafricanisme était considéré comme un outil indispensable pour la compétition mondiale du Congo (le Congo est allé jusqu’à lever une armée pour aller combattre l’apartheid, aider l’Angola pour l’accession à l’indépendance, servir de base arrière pour l’UPC ou les lumumbistes ). La jeunesse regroupée dans l’AEC ou l’UGEEC était à la pointe du combat.

L’esprit de contestation des jeunes, a pris du plomb dans l’aile. L’UJSC qui remplacé l’UGEEC a fini le travail. Dire que la jeunesse s’était déjà levée comme un seul homme en Novembre 1971 au Lycée Savorgnan de Brazza. Au menu des revendications : interdire aux voitures des fonctionnaires d’être dans les rues en dehors des heures de travail …

Et les politiques ?

Dans toutes les sociétés les politiques sont les concepteurs, les bâtisseurs des cathédrales sociales. Dans le cas du Congo, le désastre sociétal a lieu avec leur bénédiction. Le bateau sombre de tous cotés et ils nous parlent de chemin d’avenir. Le pays endette ses futures générations et l’on dit amen.

Le tribalisme et la corruption gangrènent tout le système et on applaudit lorsque, à l’aide d’emprunts, on réussit tant bien que mal à réaliser un barrage ou un aéroport qui, dans un autre pays africain ne dérangerait même pas un ministre pour son inauguration.

Les politiques actuels sont incapables de proposer une alternative crédible, le peuple ne croit plus en sa classe politique.

A ce déficit criard s’ajoute le nouveau phénomène des fraternités d’obédience occidentale.

L’occident, tout le monde le sait, a des comptes à rendre à l’Afrique depuis la traite des noirs en passant par le colonialisme. Il aurait été plus judicieux que l’Afrique engendrât ses propres fraternités.

Aujourd’hui, une grande partie des cadres politiques et administratifs sont francs maçons. Si les maçons européens ont mené historiquement des combats remarquables comme l’abolition de la peine de mort ou la laïcité, les maçons congolais tardent à nous montrer leur savoir faire. Nous aurions aimé que les maçons favorisent l’école de la république, mènent une lutte à mort contre la corruption ou sécrètent le renouveau du nationalisme africain.

Est il possible qu’un homme politique partage cette double fidélité sans qu’un jour il n y ait incompatibilité ? Comment expliquer qu’à travers l’Afrique, des présidents dirigent des loges en étant des dictateurs aux mains sales ?

THORN HEATH (faubourg de Londres) Dimanche 7 aout 2011.

« …Monsieur Toungamani, avant de nous entretenir sur votre projet de conférence nationale et retour au pays, nous voulons savoir si vous êtes franc maçon ?

Et la Diaspora ?

Depuis quelques années, il y a une importante hémorragie des cadres et des forces vives congolaises au profit de l’occident. Une fois dans le mirage européen, le débat politique congolais ne touche qu’une partie infime d’entre eux, tant il ne dégage pas de projet clair et global qui les ferrait vibrer. On voit naitre des déviations du genre (exhibitionnisme lors des cérémonies mortuaires …) tolérées par les autorités. Le Congo qui était à la pointe du mouvement semble vouloir développer une anticulture , pour éviter toute forme de contestation sociale.

La partie politique de la diaspora se perd dans des considérations contradictoires. Tantôt elle se croit indispensable au dénouement de la crise, parfois elle considère que le travail politique ne peut se faire que sur le terrain congolais.

Elle essaie de créer des organisations politique ou de la société civile qui restent limités quantitativement : une petite dizaine d’adhérents (il faut trouver de quoi occuper les militants loin du terrain congolais)

Les structures caritatives sont logées à la même enseigne (les autorités congolaises ne leurs facilitent pas la tache lorsqu’elles ne les boycottent pas tout simplement). L’aide humanitaire ainsi engendrée ne parvient pas toujours aux destinataires.

Notre proposition : Une concertation nationale et « l’opération Exodus »

La diaspora a aussi la responsabilité du combat contre le désordre actuel au Congo. Concevoir le retour pour donner un coup de main à lutte contre à l’ijustice.

Même si vivre en occident s’avère être plus aisé matériellement qu’au Congo, les exilés politiques volontaires ou involontaires et les forces vives, oubliés de la prospérité congolaise, veulent repartir au pays dans leur ensemble.

Ce retour vers la mère patrie a existé après la conférence nationale. De nombreux cadres et autres politiciens n’ont pas hésité à faire le chemin à contre vent, persuadés qu’ils pouvaient tirer leur épingle du jeu. Les conditions subjectives et objectives semblaient être en place pour permettre un nouveau départ.

Hélas, la gestion hasardeuse de Pascal Lissouba suivie du coup d’état de Sassou Nguesso a mis un frein à ce mouvement. Les guerres contre les civils puis la marginalisation de certains groupes sociaux et même régionaux a renvoyé vers l’exil des quantités importantes de congolais.

Aujourd’hui au Congo, les conditions politiques et sociales ne garantissent pas une égalité de chances à tous les citoyens.

Pour que l’opération « Exodus » ait lieu Il y a nécessité que les forces démocratiques de l’intérieur et de l’extérieur travaillent la main dans la main pour la mise en place des conditions indispensables afin de redonner au pays un nouvel élan pour son avenir.

C’est ainsi que nous devons soutenir, susciter, accompagner même financièrement toutes les actions de mécontentement qui se font actuellement au pays (grèves, manifestations et indignation de toutes sortes)

D’autres peuples y arrivent, pourquoi pas nous.

Ceci est un grand dessein, L’Afrique ne doit pas toujours être le dernier des continents. Le grand oublié de l’histoire. C’est le cadet des soucis des marionnettes au pouvoir.

 Une autre conférence nationale ou concertation nationale reste la seule solution, que le peuple aille la chercher dans la rue, par l ‘établissement d’un rapport de force ou par la négociation. Le pouvoir congolais est dans l’impasse.

Comme en Afrique du sud, pour procéder à la réconciliation, nous sommes obligés de passer par la vérité. Elle seule permettra le pardon.

A tous ceux qui estiment que celle de 1990 n’a engendré que des catastrophes, nous répondons que s’il le faut 10 ou 20 concertations devront être organisées tant que les gardes fous de la démocratie ne fonctionneront pas.

La diaspora doit d’ores et déjà envisager ses propres assises, sa mini conférence. Elle permettrait à

toutes ses composantes de se donner une légitimité, parfaire son unité d’action, résoudre ses problèmes de guéguerres des clochers mais surtout débarquer à Brazzaville en grand nombre et en rangs serrés.

Pour éviter les déboires passés, il faut d’ores et déjà mettre en place les nouvelles forces du changement et les conditions d’une transition reussie.

L ONDRESDimanche 7 aout 2011.(tournée d’explication)

« …nous sommes prêts pour repartir au pays mais à certaines conditions…)

 

Toungamani Benjamin

Président

Plateforme Congolaise contre la Corruption et l’Impunité

P.C.C.I

Publié par www.congo-liberty.org

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