Où va l’argent du Pétrole congolais ?

Il passe, en partie, par les paradis fiscaux de Perenco… 

L’attribution des permis pétroliers au Congo, s’est toujours effectuée dans l’opacité la plus totale. Le monarque, Denis Sassou Nguesso, décide seul des bonus, « déclarés ou pas », et des conditions fiscales privilégiées dont bénéficient les Opérateurs et leurs associés. Il est avéré maintenant que lui-même, et quelques membres directs de sa famille, figurent parmi ces derniers ; notamment au travers d’AOGC, Petro Congo et Kontinent.

De ce fait, l’administration congolaise (les services fiscaux, douaniers, la SNPC), qui doit effectuer ses devoirs de contrôle, n’ose intervenir sur de potentielles « infractions » auxquelles ces partenaires éminents et puissants sont associés…

En mai dernier, des décisions de justice liées aux procédures de créanciers contentieux de la République ont été divulguées à Brazzaville. Elles mettaient en contradiction les déclarations officielles de Perenco Congo à l’administration fiscale congolaise. Perenco S.A. domiciliée à Paris, tiers saisi de Berrebi et Associés, créancier contentieux de la République du Congo et de la SNPC, son émanation,  avait déclaré devant la Cour d’Appel de Paris, qu’elle « n’entretient aucun lien capitalistique avec ces sociétés (Congorep et Perenco Congo).  À nouveau, ses comptes sociaux en témoignent (Pièces Perenco France n°4 et 5 ; Pièce Berrebi n°21) ».

Au Congo, le personnel de la même société déclarait à la Direction Générale des Impôts ce qui suit : « Congorep, Perenco Congo et Perenco France sont des sociétés affiliées telles que définies par les contrats de partage de production (CPP) ». 

Ces déclarations contradictoires, aussi étonnement que cela puisse paraître, n’ont pas retenu l’attention de l’administration fiscale. Selon certaines sources, un réajustement d’une centaine de milliards de FCFA pourrait être en jeu… Mais, toucher à Perenco au Congo ne serait pas à la portée de quiconque !

Néanmoins, les activités de cette société pétrolière, au Gabon, en RDC et au Congo B, interpellent beaucoup d’observateurs  qui en alimentent les journaux locaux ou les réseaux sociaux.

Dernièrement, il était beaucoup question d’un navire d’occasion à étrave renforcée pour briser la glace, transformé en stockeur par Dixtone (une des sociétés de François Perrodo). Il aurait été facturé à la République du Congo à plus de 182 milliards francs CFA, auxquels auraient été ajoutés des honoraires et intérêts divers d’environ 10 milliards francs CFA, pour un coût global de près de 200 milliards francs CFA. 

Dans la base de données de Congo Liberty nous avons bien « Dixstone Holdings Limited » créée par Roland Fox. Ce dernier, attaché à Perenco, n’a pas ménagé sa peine dans la création de filiales exotiques ; pas loin d’une centaine où il apparait comme Director – Chairman, principalement aux Bahamas, mais aussi à Chypre ou au Panama (où il avait créé une Perenco SA du 22 mai 1978 au 25 nov 2004).La liste, de ses œuvres, est longue d’« Administrative Holdings ltd à Zyon Limited en passant par la sulfureuse Bayrock Limited et Treepoint Holdings Limited.

Madame Averil, n’est pas très loin derrière lui dans la création de filiales. Elle apparait notamment dans la Veslin Holdings qui a été utilisée dans la vente du Conkouati alias King Kong 1. Elément qui n’a, semble-t-il pas, intéressé outre mesure l’administration fiscale congolaise qui tient beaucoup à ses excellentes relations avec Perenco.

Le pétrolier bahamien produit actuellement 120 000 barils/jour. Le permis ex-PNGF Sud produit      30 000 barils/jour, grâce à 2 nouveaux puits sur Litanzi. En octobre et novembre derniers, la production s’y était établie à 26 670 barils/jour. Production dans laquelle, Denis Gokana « faux-nez présidentiel » dans AOGC, Petro Congo (Maurice N.) et Kontinent (Kiki) récupèrent 25% de la production avec des conditions fiscales très avantageuses (Seuil Profit Oil à 90 USD le baril).

Sur les réseaux sociaux, il est également question d’un rig de forage de pétrole d’occasion,  déclassifié, normalement destiné à la ferraille,  qui est en cours de transformation par Perenco au Congo en plateforme (DAGDA) sur le Permis Tchibeli….., le DAGDA appartient à la société Petrofort, une des innombrables sociétés de la famille Perrodo.

Et là,  nos informations complètent celles diffusées sur les réseaux . Une PETROFOR S.A. a bien été créée par Roland Fox pour le compte de Perenco, le 1^er juillet 2016 à Nassau aux Bahamas.

Le 10 mars 2017, une autre filiale, PETROFOR UK, a été créée au siège de Perenco UK à Londres (8 Hanover Square) par des employés du groupe Perenco. Le chiffre d’affaires qui y est déclaré, très mince, n’a rien à voir avec les montants qui circulent sur les réseaux… Mais même de droit britannique, la propriété de Petrofor UK revient aux Bahamas, tous comme les bénéfices des travaux opérés au Congo !

Cependant, pour des raisons fiscales et afin de brouiller les pistes des éventuels gêneurs, une autre société PETROFOR Limited a été créée également à Chypre le 17/08/16

Elle y est domiciliée au 17 Ifigenias Street Strovolos, 2007 Cyprus dans l’immeuble de L Papaphilippou & Co LLC 17, des avocats spécialisés dans l’optimisation fiscale.

Monsieur Philippos Philippou apparaît dans les Panama papers. Son expertise, très douteuse, s’est jointe  à celle, immense de Perenco, dans la multiplication de sociétés miroirs dans les paradis fiscaux. Les bénéfices réalisés par Petrofor au Congo passeront sûrement par sa boîte postale 28541 à Nicosie, avant de rejoindre celle du groupe Perenco à Nassau aux Bahamas : pour le plus grand bonheur du Peuple congolais ?

De toutes parts, l’on s’interroge : où va l’argent du Pétrole congolais ?

Ce qui précède apporte, en partie, une réponse à cette question. Cependant, la part la plus importante, et de loin, revient à nos institutions qui sont verrouillées par nos dirigeants. Ces derniers, associés aux Opérateurs, par des pactes de corruption grossiers, privilégient les intérêts des exploitants au détriment des intérêts de l’Etat congolais et de sa population.

Nul doute que tous rendront des comptes.

Le long et patient travail accompli par Congo-Liberty, aidé par ses nombreux informateurs et enquêteurs, a bien contribué au récent coup de tonnerre médiatique qui a frappé le pouvoir congolais. Les présentes informations seront, un jour, relayées comme nous avons pu le voir récemment par Libération, par d’autres médias ou par de grandes ONG !

LA REDACTION

Diffusé le 27 janvier 2023, par www.congo-liberty.org