Fin de vie du Conkouati en Inde, au nom de King-Kong 1 sous pavillon des Comores d’une société des Bahamas…
Le copinage, la parenté et le voisinage permettent-ils de défendre les intérêts du Congo, par exemple dans l’industrie pétrolière ? Ignorons, volontairement, la tentation de la corruption, nous aurons toujours l’opportunité d’y revenir !
Durant des années, au large de Pointe Noire vers le Gabon, on pouvait apercevoir la massive silhouette de 325 m de long du Conkouati, une unité de production et de stockage positionnée sur le champ pétrolier de Yombo. Le 31 octobre 2018, La Noumbi, la nouvelle plateforme a été mise en service, en remplacement du Conkouati, qui disparut du paysage quelques mois plus tard.
Personne n’en aurait plus jamais entendu parler si un léopard n’avait pas eu la bonne idée d’y trouver refuge, alors que les travaux de démolition du Conkouati étaient à l’arrêt, à cause du Covid-19 sur les chantiers de démolition de la baie d’Alang, Etat du Gujarat, en Inde.
Le reste de l’histoire, c’est l’ONG Robin des Bois qui le raconte : « Le léopard n’avait pas choisi n’importe quelle épave. Le King Kong 1 appartenait à Perenco, armateur français spécialisé dans les hydrocarbures liquides. Perenco utilise encore les chantiers de démolition asiatiques pour se débarrasser à bon prix de ses navires en fin de vie. Le King Kong 1 a été vendu pour 8 millions d’US$ aux ferrailleurs indiens. L’ex-Conkouati servait de stockage flottant FPSO (Floating Production Storage and Offloading, unité flottante de production, de stockage et de déchargement) au large de Pointe Noire (République du Congo). En avril 2019, Perenco SA domiciliée à Paris, l’a vendu à une de ses filiales, la Veslin Holdings Inc enregistrée aux Bahamas. Avant d’être échoué à Alang, le Conkouati battant pavillon Saint-Vincent-et-Grenadines avait été renommé King Kong 1 et mis sous pavillon des Comores. Il avait été lancé en tant que pétrolier en 1973 sous le nom de Kollbjorg et avait été converti en 1991 en stockage flottant. Sa destruction expose les ouvriers indiens au contact et à l’inhalation de boues et de vapeurs d’hydrocarbures, aux risques sanitaires de l’amiante et des PCB (PolyChloroBiphényles). Le King Kong 1 est arrivé en remorque à Alang en août 2019. Il a été échoué sur le chantier Navyug qui est considéré par la société italienne de classification Rina comme compatible avec les critères de la convention de Hong Kong pour le recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires ».
Le FPSO était arrivé au Congo au service d’Amoco Congo en 1989. Il prit le nom de Conkouati qu’il garda lorsque CMS Nomeco Congo obtint le contrôle de Yombo. En 2016, Perenco Congo SA reprit à son tour les opérations du gisement. En 2019, sa filiale Veslin Holdings Inc, immatriculée aux Bahamas, se chargea de la vente du Conkouati, renommé King Kong 1, au démolisseur Navyug dans la baie d’Alang.
Veslin Holdings Inc est une des innombrables structures offshore dont dispose Perenco aux Bahamas. Toutes ou presque logées à Nassau dans la même boîte à lettres (P.O. Box N-10051) et principalement créées par Mme Averil Eager et Mr Roland Fox.
Mais, Veslin Holdings Inc a la particularité rare d’être directement reliée à Perenco SA, 7, rue de Logelbach, 75017 Paris ; « l’originale » créée le 1er juillet 1984, au 21 avenue Victor Hugo à Paris. https://world-ships.com/company/a068a913022fad0d51c1159366535362
Kink Kong1, pavillon des Comores et appartenant à Veslin Holdings, d’après l’ONG Robin des Bois, a donc été vendu pour 8 millions de dollars. Petro Congo détient 18,5%, SNPC 39% et Perenco Congo 42,5%.
Des sources du secteur pétrolier local prétendent que l’association congolaise n’aurait rien reçu de substantiel dans cette affaire ; sans que nous n’ayons pu avoir une confirmation, dans un sens ou dans un autre, de leur affirmation.
Cependant, cette vente du Conkouati n’a d’intérêt que celui de mettre en avant le travail d’ONG comme Robin des Bois et autres lanceurs d’alertes, qui nous permettent d’avoir des informations très pointues sur des affaires pétrolières au Congo que la SNPC, et autres, n’ont peut-être pas !
Rigobert OSSEBI
Prochainement à suivre : « Cessions de permis pétroliers à vil prix, dans la jungle congolaise… »