HOMMAGE A PASCAL LISSOUBA OU L’ELOGE DE LA MEMOIRE

Gilbert GOMA

Par Gilbert GOMA

À quoi sert un hommage, et davantage quand il s’agit d’un homme politique qui a été Président d’un pays ? Il sert, à mon humble avis, à revisiter la mémoire, à réactualiser le passé en l’attachant au fil conducteur porté par le présent, dans une perspective historique. De ce point de vue, l’hommage revêt toute sa pertinence.

L’hommage au Président Pascal LISSOUBA, ancien président du Congo-Brazzaville, n’est de ce fait pas qu’un hommage en soi, c’est un appel à l’écoute de notre Histoire, notre histoire globale, car l’Histoire des individus se croise très souvent avec celle des sociétés. En ce sens, comprendre l’histoire de Pascal LISSOUBA, l’un des principaux acteurs de l’histoire politique postcoloniale du Congo-Brazzaville, constitue un levier crucial permettant de tirer des enseignements sur la vie politique du Congo, tant il est vrai qu’il n’y a point d’avenir pour une société sans conscience historique, sans recours à la mémoire.

Mais écouter cette histoire de Pascal LISSOUBA, suppose de nécessaires conversions mentales pour ses adeptes et ses détracteurs, qui doivent démêler l’écheveau des représentations qui ont été construites à tort ou à raison sur le personnage. À l’évidence, il s’agit tout aussi pour ses adeptes de refuser tout apriorisme baignant dans un fanatisme militant ou mythologique, que pour ses détracteurs de ne pas s’arc-bouter dans une haine primaire, dans des instincts sectaires s’alimentant à dessein de fantasmes et de la surface des choses, plutôt que de leur profondeur.

Écouter cette histoire de Pascal LISSOUBA, notre histoire, c’est être porté au préalable par les lumières de l’objectivité, c’est se départir de l’emprisonnement de l’esprit par les chaînes de la subjectivité, des idées reçues. Cette écoute éveillée, transcendante, dynamique, revitalisant le lien social est l’alternative éthique nécessaire pour se libérer de toutes les entraves, voire des sédiments psychiques qui désacralisent ou empêchent toute autonomie de l’esprit ou toute possibilité d’action collective.

Pascal LISSOUBA, vilipendé, détesté ou idolâtré, fait partie de la mémoire collective congolaise. La vérité étant insubmersible, sa démarche politique et intellectuelle, autrement dit sa pensée reste à être explorée objectivement, loin du subjectivisme militant, du dogmatisme ethno-régional et des haines antérieures. Le temps ne ment jamais, c’est un juge impartial et implacable qui restitue les choses à leur place. Toute société évolue dans une dialectique de sa remise en question permanente et de sa continuité. Les Congolais ne peuvent en faire l’économie, sauf les dogmatiques porteurs de la vérité absolue et épidermiques à la pluralité des regards.

Ces périodes de grandes mutations que nous vivons actuellement, où s’ouvrent de vastes champs d’interprétation des réalités sociales, où l’espace et le temps s’entrelacent considérablement, commandent une lecture réaliste du rapport à l’Autre. L’hommage au Président Pascal LISSOUBA invite le peuple congolais à édifier de nouvelles solidarités, à faire montre d’une vraie fraternité. La fraternité doit cesser d’être ravalée au rang des slogans pour devenir le socle de la conscience collective, s’articulant autour de l’éthique et la morale.

Les Congolais doivent sortir de la tristesse, de la suspicion, de l’entre-soi, qui les absorbent dangereusement, et davantage du repli identitaire qui prescrit une sécurité et un confort illusoires ne menant nulle part, car aucun groupe ethnique, aucun clan, ne peut faire face seul à la complexité des problèmes que vit notre monde sans cesse en mouvement. L’ethnocentrisme détruit l’humus de l’éclosion d’une nation, crée des frustrations, humilie, distribue la peur, engendre le repli identitaire à rebours, suscite la haine et la défiance, etc.

La tolérance, oxygène de la vie collective, doit être sacralisée comme fondement de l’Unité à laquelle sont sous-jacents le Travail et le Progrès, devises de l’hymne national congolais, et faire du pays un espace dynamique voire un faisceau de grandes mutations socio-économiques et socioculturelles.

Loin d’être un ordinaire rituel, une démarche convenue ou un théâtre de tiraillements de toutes sortes, l’hommage au Président Pascal LISSOUBA doit aider à l’innovation de la grille de lecture de l’Histoire politique du Congo-Brazzaville.

Gilbert GOMA

Diffusé le 21 mai 2022, par www.congo-liberty.org

CONSCIENCE DU DEVELOPPEMENT ET DEMOCRATIE. Pascal Lissouba

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