ETATS GÉNÉRAUX DE LA NATION : le point de vue de l’opposant Benjamin Toungamani

Dans une lettre ouverte adressée au président de la république quelques partis de l’opposition interne on demandé l’organisation des états généraux de la nation Congolaise. Ce mécanisme de régulation sociale proposé à plusieurs moments dans l’histoire de notre pays n’a pas toujours permis des avancées progressistes au Congo, n’a pas toujours été un déclencheur de mouvements populaires libérateurs de l’initiative populaire. Cependant, tenant compte des réactions soulevées par cet appel, je profite de cette occasion pour faire quelques remarques liminaires avant d’intervenir prochainement sur le fond de ce problème,

Il serait juste d’affirmer que cette idée d’états généraux de la nation est dans les préoccupations de la plupart des organisations de l’opposition depuis un moment. Certains parlent d’une Conférence Nationale bis, d’une concertation nationale, d’une conférence pour la paix véritable d’autres d’Exodus le retour. La demande officielle de l’organisation des états généraux par une partie de l’opposition a surtout le mérite de rendre plus audible, une revendication largement partagée. 

La crise profonde que traverse notre pays rend cette solution inéluctable.

Quelque soit l’appellation de ce grand Mbongui, rares sont les structures de l’opposition qui ne partagent pas l’idée d’une telle rencontre. Nous pouvons affirmer le fait que, même dans la coalition au pouvoir, certaines forces réformistes ne sont pas contre cette sortie de crise comme en 1989 lors de la situation pré Conférence Nationale Souveraine (tendance feu Docteur Ossébi et autres)

A cette étape de la médiatisation de ce qui semble être une pierre philosophale, nous devons cependant nous poser quelques questions afin de savoir si toutes les organisations qui partagent cette revendication parlent de la même chose et y mettent le même contenu.

Que se passerait-il si le pouvoir de Brazzaville, nous prenant à notre propre jeu, décidait sine die de convoquer ces fameux états généraux ?

Ne serait ce pas une foire d’empoigne pour savoir qui y participerait et pour dire quoi ?

La diversité sémantique autour de ces états généraux ne cache t- elle pas en réalité une divergence de contenu ?

Avons assez tiré les leçons de l’échec des forces du changement lors de la CNS ? 

Des interrogations conceptuelles des états généraux

  1. Positions politiques des tendances de l’opposition congolaise

Les stratégies et positions politiques des différents groupes et tendances politiques de l’opposition

sont divers et variés et parfois contradictoires.

  • Certains partis ont tenu un double langage, annoncer le boycott des élections (présidentielles surtout) et y participer par la suite, apportant indirectement leur aval au processus électoral.

Beaucoup de ces partis, tout en sachant quelles étaient perdues d’avance ont décidé d’aller aux législatives et pire d’aller à la concertation d’Ewo où les dès étaient pipés d’avance. Raison évoquée pour les premiers : se faire entendre des populations. Le message devait manquer de crédibilité car en tenant compte des taux de participation, la stratégie aura été un échec.

  • D’autres structures et tendances posent le problème de la légitimité du pouvoir venu sur la scène suite à un coup d’état et ayant triché à toutes les élections depuis le changement de la constitution de 1992 jusqu’aux dernières élections législatives. Certains d’entre eux ne reconnaissent même pas la nouvelle constitution.
  • Une troisième tranche considère que le contentieux est juste électoral. Il réside dans la transparence des scrutins. Pour eux, les états généraux devraient juste remettre à plat la loi électorale, les listes électorales, la commission électorale, le découpage électoral et le processus démocratique repartirait
  • Une dernière tendance estime que la crise est globale. Elle touche les institutions mal adaptées. La panne totale de la distribution des richesses nationales, le manque de stratégie de développement économique, un état non adapté pour secréter la nation. En gros, le départ de Sassou ne nous suffit pas.

Des questions les plus diverses se posent : Avons-nous besoin d’un président de la république sur le modèle actuel ? Avons-nous besoin d’une armée ? Devrions nous garder la monnaie actuelle où environ 60% de notre valeur de change se retrouve dans la banque centrale d’un pays en concurrence avec nous ? Pouvant nous continuer avec une corruption des plus fortes d’Afrique et une pauvreté qui touche au moins 70% de la population ? Et bien d’autres encore qui prouvent que notre pays navigue à vue sans un projet politique intégré. 

  1. Contenu des états généraux

Il y a un grand écart entre les 4 positions citées plus haut. Actuellement la demande des états généraux ne possède aucun contenu politique clair. Sans entrer dans le vif du sujet, rappelons que l’échec de la conférence nationale était dû en partie à ce manquement.

Devons nous faire la même erreur et aller à une concertation nationale sans avoir des dénominateurs communs ?

Devrions-nous aller avec la partie de l’opposition avec laquelle des conceptions sont radicalement opposées ? 

  • Qui doit participer à ce forum ?

Il semble que la classe politique ne soit pas parfaitement en phase avec la société civile d’une part et les populations d’autre part (la population a du mal à suivre les mots d’ordre des politiques) 

  • Pour quels résultats ?

Pour obtenir des états généraux, auxquelles participerait le pouvoir il faut inverser le rapport de force, donc définir des stratégies pour cela. Pouvons-nous décider d’aller à une rencontre sans cette donnée fondamentale à toutes luttes sociales ?

Que faudra t-il modifier in fine : la constitution ? Les institutions ? Le pouvoir actuel ?

Pour obtenir : une transition ? Un gouvernement d’union nationale ? Un gouvernement avec un carnet de route spécifique ? Juste des élections transparentes ? Les éléments d’un projet national comme le suggère le mouvement Exodus, le retour ? 

Conclusions

  • Dans l’état actuel de la problématique, et devant la cacophonie des différentes interprétations, j’estime que la priorité est ailleurs il faut et avant tout l’organisation des états généraux de l’opposition.
  • Que l’on se comprenne bien, mon attitude n’est point une attitude de refus global de la proposition à l’ordre du jour. Mais chat échaudé craint l’eau froide. Pour avoir été parmi les concepteurs des forces du changement à la CNS et pour avoir assisté impuissant à leur échec, il est un devoir militant pour moi de tirer la sonnette d’alarme.
  • Un grand congrès préalable de l’opposition nous permettrait de constituer le véritable front qui irait à une concertation nationale sur des positions claires.
  • Même si ce travail aurait du être fait au sortir de la CNS, l l ya 20 ans, il reste un préalable indispensable.
  • La situation géographique et sécuritaire de la diaspora lui donne mission de débuter ce travail et d’associer par la suite les forces intérieures, situation insécuritaire restreignant.

 

Propositions

Le 15 aout lors du 52 ème anniversaire des indépendances, toute la salle, d’un commun accord, les organisations présentes et les personnalités avaient salué l’initiative de ces états généraux de l’opposition.

Des propositions de documents de travail, de base avaient été faites.

Cet esprit doit être conservé pour éviter les vieux démons d e la diaspora.

Pour un problème aussi délicat, il serait indispensable que des sous réunions croisées puissent avoir lieu (des fundus)

Les grandes réunions ayant le défaut de ne permettre aux orateurs que très peu de temps de parole, en tous cas insuffisant pour aller au fond des sujets.

Les grandes réunions ne devant être que des grandes messes pour faire adopter des positions largement discutées entre groupes et organisations.

Nous n’avons ni les moyens ni le temps qui ne travaille pas nécessairement pour nous. Le travail d’amateur ne nous est pas permis, suffit le courage, la modestie et le sérieux. 

VIDEO TOURNÉE A BRAZZAVILLE SUR L’ATTENTE DES POPULATIONS ENVERS LA DIASPORA: 

 

Paris le 16 Novembre 2012

Benjamin Toungamani

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