L’idéal démocratique clé de voûte du contrat social du Collectif UPC , Par René MAVOUNGOU PAMBOU

Le régime du Congo-Brazzaville n’a de cesse de planifier et d’entretenir la pauvreté ainsi que la misère du plus grand nombre, et ce, sur fond d’inégalités et d’injustices sociales. En effet, il n’est un secret pour personne, les gouvernants, loin de combattre le sous-développement galopant, l’entretiennent de plus bel. Ceci s’observe notamment par le nombre impressionnant et sans cesse croissant des laissés-pour-compte en déshérence que le pouvoir fabrique à tour de bras ainsi que du manque criard de structures de base et d’un marché de l’emploi saturé ne pouvant ainsi résorber le chômage massif des jeunes diplômés.

Il est de notoriété publique que la démocratie est naturellement et intrinsèquement associée à la liberté, notamment la liberté de parole, d’opinion, et la liberté de vote. Mais j’estime qu’il est impérieux d’associer la démocratie à la notion d’égalité. Pourquoi ?

D’abord parce que la démocratie est elle-même un principe d’égalité. En effet, la règle démocratique de base (un homme = une voix) est une règle égalitaire, qui dit que, dans le processus de la décision publique, chacun dispose du même pouvoir, du même poids. Les avis individuels se valent et c’est seulement quand une majorité de personnes partage la même opinion qu’ils peuvent la faire prévaloir.

Ensuite, parce que le principe égalitaire de la démocratie devient forcément une norme politique. Quel succès aurait dans une société démocratique une doctrine politique qui accepterait l’inégalité au profit d’une élite ? Comment rassembler une majorité sur un programme politique qui ne promettrait pas au plus grand nombre l’accès à un certain bien-être ? Ainsi la démocratie est en quelque sorte « obligée » de produire de l’idéal égalitaire. En fait, la non observation de l’idéal démocratique peut ipso facto s’avérer pernicieuse, dans ce sens qu’elle peut être source de tensions sociales.

Le Collectif Unis Pour le Congo (UPC), en tant que force de proposition et de projet dans la perspective de l’alternance, foncièrement enracinée dans les principes fondamentaux de la social-démocratie, entend faire de l’idéal démocratique la clé de voûte du contrat social. Lequel stipule que seul l’intérêt public gouverne. La vocation de cette orientation politique est manifestement de concilier le sens de la responsabilité économique nationale au progrès socio-économique ou du moins de prôner l’exercice effectif du pouvoir par les citoyens, en vue d’améliorer leurs conditions de vie et leur environnement social.

L’idéal démocratique consiste donc à fournir aux citoyens un minimum de biens et services, dans le dessein de leur permettre de s’épanouir sur le plan politico-économique et socio-culturel. Et ceci passe par la promotion de la justice sociale, caractérisée par une redistribution des ressources financières nationales. Il y a cependant lieu de déplorer le manque de volonté politique de la part des autorités du Congo-Brazzaville, dans ce sens qu’elles rechignent à mettre en exergue l’idéal démocratique consistant en la satisfaction des aspirations légitimes du peuple. Pour ce faire, elles entravent gravement le progrès socio-économique. Comment alors comprendre que même les droits essentiels que sont la santé et l’éducation ne sont guère promus dans un pays aussi immensément riche?

Les années 60 resteront indéniablement dans la mémoire collective celles de l’âge d’or du contrat social. Le moins que l’on puisse dire c’est que les autorités d’alors étaient manifestement mues par l’indéfectible volonté d’œuvrer pour le bien-être du peuple. C’est ainsi qu’une politique on ne peut plus efficiente d’action sociale fut mise sur pied. En effet, quiconque est allé à l’école au cours de cette période se souviendra de l’importance que les autorités accordaient à l’éducation, au point où les écoles étaient dotées non seulement en matériel didactique nécessaire pour leur bon fonctionnement, mais les élèves étaient également pourvus en fournitures scolaires par l’Etat. Il convient de signaler que ce même système est de nos jours en vigueur au Royaume Uni, où les parents d’élèves ne sont guère soumis à l’obligation d’achat de fournitures scolaires à leurs enfants, dans la mesure où ces derniers trouvent tout à l’école.

Sur le plan médical, notre pays a également expérimenté le système d’assurance maladie universelle. Effectivement, tout le monde avait accès aux soins médicaux de qualité, et ce, sans contrepartie financière, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui où les patients, abandonnés à leur triste sort, sont rançonnés, raquettés sans ménagement par le personnel médical, et sans que cela n’émeuve les autorités de l’Etat. En corollaire, les hôpitaux se sont mués en mouroir pour les lots d’indigents que l’Etat a abandonné sur le bas-côté de la route. Le drame du 4 Mars 2012 aura cependant, par médias interposés, le mérite de la mise à nu, aux yeux du monde entier, de l’insoutenable réalité de ce qu’est devenu notre système de santé, à savoir: le piteux état de nos hôpitaux caractérisé par un délabrement et un dénuement sans précédent. Mais hélas, tout ceci ne rencontre qu’insouciance et indifférence de la part des gouvernants.

Comme on peut le constater, le régime incarné par Sassou Nguesso a rompu le contrat social et signé l’acte de décès de l’Etat providence. En conséquence, le Congo-Brazzaville sombre dans une régression notoire dans bien de domaines, dont celui des acquis sociaux. Les gouvernants s’illustrent cependant par des vœux pieux sans lendemain et dans le seul dessein de propagande. L’argent public détourné sert souvent aux autorités de faire ostentation de leur insolente richesse, en offrant des dons insignifiants aux populations, dans le but non avoué d’achat de consciences et de suffrages lors des échéances électorales. On comprendra aisément que la corruption et la délinquance financière ruinent l’Etat et obèrent significativement sa capacité à initier des projets socio-économiques. Le rêve légitime des citoyens de voir l’Etat s’engager dans des œuvres sociales d’envergure, susceptibles de soulager la misère, se résume hélas en une utopie. L’évidence c’est que l’éducation et la santé demeurent le cadet des soucis des gouvernants. On ne dira jamais assez qu’un pays ne vaut que par ce que valent ses hommes. Mais que peut bien valoir un pays quand ses hommes ne sont guère éduqués et soignés?

De toute évidence, la violation des droits essentiels, ponctuée d’un mépris des libertés individuelles, déprave l’homme au point d’en faire un paria. Le moins que l’on puisse dire c’est que quand les bornes de la justice sociale sont franchies, on ne peut s’étonner de voir les autorités se montrer inhumains, au point de pousser l’égocentrisme et l’égoïsme jusqu’à leurs extrêmes limites. Mais il sied cependant d’avoir présent à l’esprit que le mal croît souvent sur le terreau de l’ignorance du bien.

En somme, la seule façon de cultiver la conscience civique chez les citoyens, donc de l’emporter leur attachement et adhésion aux devoirs républicains, consiste manifestement à respecter leurs droits essentiels; ceci passe donc par l’exercice de la justice sociale. On ne saurait faire le bonheur d’un peuple sans promouvoir l’idéal démocratique, encore moins sans la participation active de ce dernier dans la gestion de la Cité, or il s’avère que non seulement on méprise les droits essentiels du peuple, mais on le prive même de la liberté de choisir librement ses représentants et ses gouvernants. Cette dénégation de la liberté constitue la première des injustices faites au peuple. Aussi, il y a lieu d’observer qu’aucune société au monde ne peut prétendre se développer sur des fondements inégalitaires d’injustice et de confiscation des libertés fondamentales. 

René MAVOUNGOU PAMBOU

Collectif Unis pour le Congo

Secrétaire chargé des questions éducatives et socio-culturelles 

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