Le Congo, qui élit ses députés dimanche, est un pays riche en pétrole, lequel contribue à plus de 80% aux recettes de l’Etat, mais où près de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où l’accès à l’eau et à l’électricité est encore difficile.
Nous vivons un véritable contraste. Chaque année le budget de l’Etat affiche de gros montants, mais tous les objectifs fixés par le gouvernement pour réduire la pauvreté et surtout industrialiser le pays n’ont fait qu’échouer, constate Gaspard Kaya Magane, un analyste économique.
L’offre de santé, d’éducation et de transports ne satisfait pas les Congolais. La mauvaise redistribution du revenu national explique ce tableau, ajoute-il.
Les autorités, qui veulent faire du Congo un pays émergent à l’horizon 2025, disent avoir investi 1.000 milliards de FCfa (1,5 milliard d’euros) ces dix dernières années dans les secteurs de l’eau et l’électricité.
Selon les statistiques officielles, le pays a enregistré un taux de chômage de 34,2% en 2011, touchant de plein fouet la tranche des 25-35 ans alors que les jeunes représentent 60% des 4 millions de Congolais.
Très peu d’emplois ont été créés (…) en dépit de la reprise économique et de la stabilité politique au cours de cette dernière décennie, indique la Banque mondiale.
Le Congo dispute au Gabon la quatrième place de producteur du pétrole au sud du Sahara, avec une production estimée à 105 millions de barils en 2011, en baisse de 4% sur un an, selon le gouvernement.
Le groupe français Total, installé depuis 1968 au Congo, assure officiellement près de 60% de la production nationale. L’Italien Eni et les américains Exxon Mobil et Chevron Texaco sont aussi présents.
Des ONG dénoncent régulièrement le manque de transparence dans la gestion des revenus pétroliers.
En février, la Coalition congolaise Publiez ce que vous payez (PWYP Congo), une ONG luttant contre la corruption, a jugé incompréhensible des écarts relevés entre les revenus pétroliers déclarés par le Congo au Fonds monétaire international (FMI) en 2010 et ceux de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Les recettes déclarées au FMI se chiffraient à 1.758 milliards de Fcfa (plus de 2,6 milliards d’euros) alors que l’ITIE trouvait 1.553,5 mds Fcfa (plus de 2,3 mds EUR), soit un écart de près de 204 mds Fcfa (plus de 310 M EUR) pour lequel le gouvernement devrait fournir des explications, avait relevé l’ONG.
Selon le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), 26% des enfants congolais de moins de 5 ans sont atteints de malnutrition chronique, 14% par d’insuffisance pondérale et 7% sont considérés comme maigres.
Dans un rapport intitulé Congo Brazzaville: le pétrole ne coule pas pour les pauvres, le Secours catholique congolais demandait en 2011 au gouvernement de garantir une réelle transparence budgétaire par le vote d’une loi au Parlement sur la gestion des revenus pétroliers, prévoyant notamment leur affectation aux besoins sociaux prioritaires.
Le Congo est passé du statut de Pays moins avancé (PMA) dans les années 80 à celui de Pays pauvre très endetté (PPTE) et a bénéficié en 2010 de l’effacement auprès des créanciers d’une importante partie de sa dette, estimée en 2004 à 9 milliards de dollars par la Banque mondiale.
Le vote de dimanche, organisé en présence d’observateurs internationaux, pour élire les députés à l’Assemblée, devrait permettre au camp du président Denis Sassou Nguesso de conserver la majorité absolue.
Plus de 2 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour le premier tour de ce quatrième scrutin législatif depuis l’ouverture du pays au multipartisme en 1991, un second tour étant prévu le 5 août.
(©AFP / 14 juillet 2012 12h29)