TRIBUNE LIBRE : Le printemps arabe ou les départs négociés des despotes africains

Par François Salomon KODIA

La logique n’a pas toujours d’effets objectifs. Des fois, elle relève de points de vue et non de la vérité absolue des faits. Je voudrais dire qu’elle ne fait pas toujours l’unanimité, elle comporte parfois des erreurs d’appréciation. Concernant les orientations des Occidentaux au sujet de la longévité politique des chefs d’Etat de notre continent, il arrive qu’il s’agisse de préjugés racistes et de complexe de supériorité de la part des superpuissants. La position aussi caporaliste jadis, des présidents Obama et Hollande que je respecte beaucoup d’ailleurs, est un diktat, car ils s’immiscent, ostensiblement, dans les affaires intérieures de nos Etats, nonobstant le fait que ces Etats sont souverains, même s’il est établi que ces derniers avaient entériné les accords, voire la charte de la Cour pénale internationale (c.p.i).

Dans cette optique, ces dispositions passent de facto pour des conventions. Il est, cependant, demandé à ces chefs d’Etat d’être conventionnels, puisque (les conventions légalement formées tiennent lieu de lois à tous ceux qui les ont faites ».

De fait, la politique a des similitudes avec le commerce. En commerce, le service a deux phases : il y a la vente et le service après-vente. Je fais allusion à la destitution desdits despotes, sous quelque forme que ce soit et à la sécurisation du pays, après leur départ.

Ensuite, ces hommes forts font face aux influences exogènes, en l’occurrence les tribunaux internationaux. Sur place, ceux qui s’humilient, en proposant une alternance pacifique avec tous les partenaires politiques (Parlementaires, société civile, chefs traditionnels, notables, etc) sont censés trouver une issue apaisée à l’échelle endogène naturellement.

Dans le cas qui nous intéresse et pour lequel nous épiloguons, il y a des garanties qui s’imposent, c’est-à-dire prévenir les soulèvements hostiles de la part des nationalistes radicaux et des partisans ou fanatiques des chefs d’Etat déchus, pour ne citer que les cas de la Lybie et de l’Irak, où les deux camps se rentrent dedans au quotidien, éclipsant la paix, en faveur des troubles sociaux, si ce ne sont des guerres civiles ; le tout laisse la place au boomerang.

Il y a, également, aussi subjectif que cela puisse paraître, les garanties qu’exigent certains présidents en exercice, mais menacés et sommés de partir, qui demandent leur protection, celle des parents biologiques et pourquoi pas la sauvegarde de leurs acquis. En tout cas, leur tâche est, pour le moins, herculéenne pour s’en sortir, notamment à l’échelon international.

L’argument avancé et réitéré de l’Union africaine et de certains chefs d’Etat en ce qui concerne le traitement des affaires à la Cour pénale internationale est objectif. En effet, il y a de la partialité voire de l’injustice. Notre continent en fait trop les frais. Par expérience de notre temps, nous constatons, et ce avec consternation, cette ségrégation et l’acharnement exercés par cette institution dont le rôle est certes justicier ; qui s’abattent sur l’Afrique et dans certaines contrées arabes, avec comme prétexte le printemps arabe. Ce sont là des subterfuges. On est parfois tenté de proposer des lois d’habilitation ou des amendements, afin que ces affaires soient bien disséquées ou peaufinées, pour agir au cas par cas, si je puis ainsi m’exprimer.

Certes, je parais dubitatif, dans mon exposé, c’est parce que je tiens compte de ce que les ancêtres latins disaient en substance : « Le droit est l’art de la sagesse ». C’est ainsi que j’ai eu recours à cette précaution de langage. Je n’entends pas, de peur de me trouver en porte-à-faux, prendre le risque d’être ce primesautier, dans un domaine aussi délicat. Nous apprenons qu’il y a réquisitoire d’une part et plaidoyer d’autre part.

Enfin, à propos de nos guerres civiles, je puis paraphraser Nicolas Machiavel qui disait : « On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut !». Autant proscrire les guerres dans notre beau continent où il fait bon vivre, avec un climat généreux. Car, les guerres entraînent la précarité généralisée qui nous fait obéir à l’instinct grégaire et de surcroit, profitent aux forces étrangères qui pillent aisément nos richesses, pour la circonstance.

Evacuant les critiques, je m’en vais proposer ma contribution : à mon humble avis, les sévices moraux infligés aux anciens présidents ne font pas l’affaire des peuples opprimés. Faisant allusion aux amendements, les juristes internationaux pourraient, dans la mesure du possible, expérimenter des cautionnements très conséquents à verser dans les trésors publics respectifs. De telles dispositions apporteront de véritables bouffées d’oxygène aux économies des Etats africains. C’est cette panacée qui nous aiderait à créer des emplois, pour soulager ces jeunes qui sont les plus grandes victimes et pour construire des écoles et des hôpitaux. Par exemple, les chefs d’Etat qui rembourseraient à hauteur de 80% de leurs butins sans provoquer d’effusion de sang devraient bénéficier de circonstances atténuantes et ne subiraient pas des peines telles que les condamnations à perpétuité. Par contre, on infligerait ces peines à ceux qui s’obstineraient à garder leurs « magots » ou fortunes mal acquises, opposant une résistance abusive, allant jusqu’à provoquer des actes séditieux. Je souhaite que les experts en droit pénal me complètent dans cette approche.

Quant à moi, mon travail n’est qu’un canevas. Voilà des façons qui soulageraient ces peuples pénalisés et abusés, à l’inverse de ces peines qui frisent la vengeance et qui ne changent en rien l’avenir de ces peuples qui croupissent perpétuellement dans la misère, du fait de ces dictateurs. Un avis : dans ce monde contemporain, la revanche n’est pas nécessaire, car elle entraîne l’autodestruction et la barbarie. La revanche remonte de l’époque médiévale. A l’époque moderne, nous avons besoin de la guerre des idées, pour aller de l’avant et nous élever.

Je ne finirai pas mon propos sans m’incliner devant le frère Compaore, ainsi que tous les Frères Burkinabés, pour avoir fait preuve de cette grande retenue qui honore le continent. J’ai parlé.

François Salomon

DE KODIA (Francos UOMO» pour les intimes;

Directeur de société, consultant international en import-export;

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18 réponses à TRIBUNE LIBRE : Le printemps arabe ou les départs négociés des despotes africains

  1. Val de NANTES dit :

    A quand le printemps des despotes de l’AFRIQUE centrale ?
    Ces jacqueries politiques sont curieusement étrangères aux habitants passifs et conspiratifs de cette contrée de l’AFRIQUE ;
    Une exception qui en dit sur l’état d’esclavage mental ,institutionnel auquel sont soumis ces peuples dont on attend toujours le soulèvement populaire .

  2. BEAUX DISCOURS = PERTE DE TEMPS dit :

    Mon grand père disait :  » Parle à celui qui veut entendre, montre à celui qui veut voir. »

    Les dictatueurs africains ne veulent ni entendre ce qu’on leur dit pacifiquement, ni voir ce qu’on leur montre en tout patriotisme.

    Ils n’entendent que le langage des armes qui du reste sont celles qui les ont permis d’accéder au pouvoir.

    J’ai peur que plaider le pacifisme et le dialogue ne soient que des vaines pertes de temps.

    ILS NE VEULENT PAS PARTIR.

    QUELQUES SOIENT VOS PLAIDOYERS DE PAIX, ILS NE BOUGERONT PAS.

    CONCLUSION : – LA SEULE SOLUTION C’EST DE LES DÉLOGER PAR LA FORCE OU LES SOULÈVEMENT POPULAIRES DÉVASTATEURS COMME AU BURKINA FASO.

  3. Anonyme dit :

    Ce plaidoyer en soutien au tyran de l’Alima est ridicule.
    Détruisez et appauvrissez le pays, VOLER, VOLER, tout ce que vous pouvez et rendez un peu de votre butin issu de vos rapines et tout vous sera pardonné.
    Allons seulement .

  4. LA DESCENTE AUX ENFERS COMMENCE dit :

    OUMO,
    SI TU ES FRANC-MAÇON OU CARDINAL VOIR PAPE, C’EST TON PROBLÈME.
    LA PAIX, ELLE PASSE PAR LA JUSTICE.
    SI TU ES UN IDIOT COMME L’IDIOT DE SERVICE, TU ASSUMES.
    NOUS SOMMES PATIENTS PARCE QUE NOUS N’AVONS PAS LA FORCE IMBÉCILE DES PAYS QUI COMMERCIALISENT L’INSÉCURITÉ. NOUS TRAVAILLONS POUR QUE CETTE JUSTICE ARRIVE UN JOUR.
    CE N’EST PAS FACILE AUSSI D’ÉTRE UN DICTATEUR. NOUS FINIRONS PAR AVOIR LE DESSUS SUR LUI.
    SI TU ES INCAPABLE DE VOIR L’HUMILIATION, LE DESORTIDE ET LE VOL EN PLEIN AIR OCCASIONNÉS PAR CET IDIOT, JE T’EMMERDE.

  5. LA DESCENTE AUX ENFERS COMMENCE dit :

    LE DÉSORDRE

  6. David Londi dit :

    Le bilan du dictateur congolais qui a déjà bénéficié de la clémence du peuple congolais suite à une séance de lavement de mains :

    – 400 000 victimes (LCI) ;
    – 750 000 citoyens manquent à l’appel selon l’ONU ;
    – planification du génocide du Pool de 1997 – 2000 (Projet Mouebara publié sur le site Opinion internationale de Michel Taube contre lequel le dictateur n’a jamais porté plainte malgré une deuxième publication, en 2018 à la sortie du bouquin de Me Nkounkou) ;
    – destruction d’Ikongono et des villages annexes (1988) ;
    – assassinats de deux anciens présidents de la république : Massamba Débat et Ngouabi
    – exécution sauvage du Cardinal Biayenda ;
    – vol de 9 milliards de dollars (Panama et Paradise Papers) ;
    – etc.

    A combien peut-on évaluer tous ces crimes pour accorder au dictateur une retraite dorée ?

    Aurait-il fallu l’acquittement total des chefs nazis à Nuremberg contre une indemnisation des victimes de la Shoah ?

    Quelle compassion pour les parents de toutes ces victimes qui vivent un enfer moral et psychologique depuis tant d’années ?

  7. Anonyme dit :

    Super IDEE, le mec il détruit le pays et des vies entières et en restituant une partie du butin il sort par la grande porte et s’assure une retraite dorée.
    Francos UOMO tu en as encore beaucoup des idées comme celle-ci.

  8. Jean de Dieu Etoumbakoundou dit :

    Chers compatriotes, ce matin, j’ai rentré à l’université un ami espagnol qui a vu pour la première fois le mot « fFRANÇAFRIQUE » qu’il a lu sur la couverture du livre de Fanny Pigeaud et Ngongo Samba Sylla.  » L’arme invisible de la Françafrique. Une histoire du francs Cfa. » que je tenais en mains. Il m’a posé la question, que signifie ce mot « FRANÇAFRIQUE », de façon ramassé je lui ai répondu: C’est un système maffieux qui regroupe les acteurs politiques les mutinationales françaises et les dirigeants africains pour ruiner les peuples des ex et toujours colonies d’Afrique noire francophone: Je ne sais pas si la définition est juste. Mais il a compris et à conclu me disant ceci: DONC C’EST UN ORGANISATION CRIMINELLE: Je lui ai dit c’est un peu cela. En fait je suis très sidéré en lisant le livre cité plus haut que le mal de l’Afrique est fait par les dirigeants français et leurs multinationales avec la complicité des acteurs politiques africains. Qui pour le pouvoir se sont livrés à assassiner les leurs pour faciliter le siphonnage de nos ressources. Et je conclus en disant les africains avec cette mentalité d’assimilation n’avancerait jamais. C’est mon constat après avoir lu le livre en question. Je ne sais pas si j’ai bien répondu en ce qui concerne la FRANÇAFRIQUE ou j’ai exagéré.

  9. Rabbi dit :

    Pour rappel, cet article avait été écrit en 2014 entre autres articles du même genre, le tout dans un contexte donné. Nous le remettons en selle pour étendre le réseau de nos lecteurs, le mettre à portée de tous pour permettre ainsi, à chacun de se faire une idée et peut être de s’en approprier.
    L’auteur doué d’une belle plume, a pour habitude de plancher sur des sujets cruciaux, qui touchent la société dans son ensemble. La semaine Africaine et la Presse ecclésiale étant les deux canaux habituels à travers lesquels il publie ses articles.

  10. Anonyme dit :

    La semaine Africaine et la Presse ecclésiale …. Pas étonnant qu’on en arrive à des absurdités pareils.

  11. Rabbi dit :

    Anonyme, la moindre différence d’opinion vous horripile à ce point ?
    En un mot sans pinailler je reprends une citation de l’auteur qui rappelle la notion d’échanges cordiaux en termes d’idées, je cite: A l’époque moderne, nous avons besoin de la guerre des idées, pour aller de l’avant et nous élever.
    Tel devrait être notre crédo!

  12. LA DESCENTE AUX ENFERS COMMENCE dit :

    LA GUERRE DES IDÉES ARRIVERA APRÈS LA JUSTICE.

  13. Anonyme dit :

    Ce qui m’horripile c’est le fait d’encenser les dictateurs en place et d’essayer de leur trouver quelques excuses pour justifier leurs infamie. La différence d’opinion je l’accepte mais dès qu’il s’agit d’un dictateur je ne vois pas ou l’on peut trouver un semblant de dialogue voir d’échange d’idées, on est POUR ou on est CONTRE il n’y a pas de demi mesure à avoir.
    Alors assumez et choisissez votre camp, sortons de l’hypocrisie.

  14. Val de NANTES dit :

    Un dictateur ne peut susciter aucune once d’empathie .Les supplices qu’il fait subir à ces victimes ne sont cicatrisables d’où cette envie mécanique de revanche sous toutes ces formes .
    La revanche est un acte humain ,lorsqu’elle s’exerce dans sa justification la plus totale .Pour mieux mesurer l’intensité des souffrances ,encore faudrait il en avoir été l’objet de près ou de loin .
    Heureuses , les familles congolaises qui en ont été épargnées ,quand on sait l’ampleur des dégâts collatéraux qu’ont occasionné la nature criminelle de ce pouvoir .
    Nous verrons l’envers du décor de ce pouvoir , après son dégagisme à l’instar de celui BEN ALI dont on a découvert la nature inhumaine .

  15. Rabbi dit :

    Anonyme, pas étonnant de votre part, toujours la même rengaine depuis belle lurette. Il y’a chez vous unvcertain dédain pour ceux qui ontfait le choix d’etre soft et courtois.
    Sachez que mon encadrage intellectuel et mon éducation de base m’interdisent d’échanger avec vous qui avez délibérément fait le choix d’être hard et saugrenu…; j’ai beau opter pour la mansuétude qui me caractérisent dans mes rapports aux autres; cet état de fait si flagrant mérite d’être mis en lumière.
    Quant à Val de Nantes vous apportez vos arguments sans heurt ni recours aux troubles, c’est ce qui devrait primer dans nos differents échanges quelqu’en soit la problematique.
    Sous une forme ou sous une autre nous devons préserver de part et d’autre le respect mutuel qui doit présider a la constitution de nos differents rapports interpersonnels, inter et intracommunautaires

  16. Val de Nantes . dit :

    Le CONGO est un non Etat .Le départ de SASSOU , ce sera l’arrivée des nouvelles institutions au détriment de l’Etat actuel ,centralisé ,jacobinisé dont les dégâts humains et économiques sont inestimables .
    On ne peut se tromper ,plusieurs fois sur la nature et le but criminels de cette forme d’Etat ,qui fait la part belle à ces assoiffés de pouvoir servile .
    Le Congo actuel porte le statut de la fille illégitime de la FRANCE ,car elle est ,par voie de conséquence , la possession africaine de la FRANCE en AFRIQUE centrale .
    Il nous revient le droit d’inscrire notre pays dans une logique indépendante et assumée des institutions ,objet de réflexion approfondie de notre vécu , qui seraient le souhait référendaire des congolais .
    Un Congo nouveau ,c’est un CONGO qui fera l’apologie de l’intelligence .

  17. Val de Nantes . dit :

    Après SASSOU ,il faut rattraper ce chouia de retard économique et culturel .
    Encore faudrait il que ce soit un chouia ?
    Je crains pour ma part que ce soit un retard abyssal sur tous les domaines ,tant le malade Congo est chancelant .
    Déchirer la page politique de SASSOU ,pour ne pas en laisser les stigmates ,c’est la condition de tracer les nouvelles trajectoires politiques de notre pays .
    Car il y a des passés politiques qui ne passent pas ,celui de SASSOU en fait diaboliquement partie. .

  18. Rabbi dit :

    Un correctif aux erreurs de frappe survenues dans mon précédent post: trop rapide dans ma saisie.

    – un certain…
    -caractérise…
    -quelle qu’en soit…
    Vous m’en excuserez !

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