SASSOU NGUESSO un maître à penser de Jean Marie le PEN

Le dernier dérapage-provocation de Jean-Marie Le Pen, sur les attentats en Norvège, a fait l’unanimité contre lui, ou presque. La classe politique française, sur le fond, était sur le même ton. De Norvège, la chef du Parti du Progrès (FrP), deuxième force politique norvégienne appartenant à la droite populiste, a pris soin de prendre ses distances avec lui. Interrogée par l’AFP, Siv Jensen, jeune femme de 42 ans, a été claire : « Depuis que je suis la politique internationale, j’ai toujours détesté tout ce que ce monsieur (en français ndlr) Le Pen et son parti défendent. » Et pour finir, Ségolène Royal a dénoncé le silence de Marine Le Pen après les propos de son père. « L’accident » rejoindra « le détail » et autres dérapages indéfendables sauf qu’il faut bien reconnaitre que, pour le dernier en date, Jean Marie Le Pen n’a franchement pas innové. Il aurait pris exemple sur un Chef d’Etat encore au pouvoir. Pire encore pour lui : un dictateur africain !

On ne peut comparer que ce qui est comparable. Son prédécesseur avait employé, et utilise toujours, le terme « d’accident » pour décrire un attentat terroriste qui a fait plus du double des victimes des attentats en Norvège, 170 exactement. Des hommes, des femmes et des enfants. Certes, il peut y avoir des degrés dans l’horreur, il reste qu’une bombe dans un avion civil est également un attentat odieux. Cet « accident » est celui de l’attentat du DC10 d’UTA. L’acte terroriste visait la France et 54 victimes étaient françaises et 48 congolaises.

Depuis le 19 septembre 1989, date à laquelle il se produisit, Sassou NGuesso, le président congolais, n’a jamais utilisé d’autre mot que celui « d’accident ». La langue française, faut-il le rappeler, est la langue officielle de la République du Congo. Son Chef d’Etat tient, la plupart du temps, des propos mesurés et ses mots sont méticuleusement pesés lors de ses déclarations officielles. Alors ne peut-on pas s’étonner, s’agissant d’un écart de langage infâme, qu’il y ait deux poids, deux mesures ; une indignation qui serait justifiée parce que l’outrage aura été commis par un président d’un parti politique européen et une tolérance absolue, sorte de discrimination positive, envers un dictateur africain, deux fois putschiste (en 1977 et 1997) et chef de guerres civiles (1997 et 1998).

Lors des cérémonies commémoratives, chaque année à Brazzaville, le ministre congolais des transports se fait un plaisir de faire avaler la couleuvre de « l’accident » à l’ambassadeur de France présent. Toute honte bue, le diplomate va alors de son discours sans jamais relever l’affront. Parfois, pour mettre un bémol, l’anglicisme « crash » est employé par l’autorité congolaise déléguée, mais c’est du pareil au même, l’attentat n’est pas évoqué. Certes, l’enquête officielle bâclée n’a jamais mis en avant les évidentes complicités congolaises, mais le tollé, comme pour le dérapage de J.-M. Le Pen aurait dû être unanime. En deux décennies, la Gauche et la Droite se sont succédées au gouvernement de la France et jamais une seule voix ne s’est élevée à ce sujet. Peut-on imaginer un seul instant –cela n’a jamais été le cas – que s’agissant de l’attentat de Lockerbie, l’on parle de « l’accident de Lockerbie » ? Alors, pourquoi l’accepter pour le DC-10 d’UTA ?

La « jurisprudence Sassou NGuesso DC-10 d’UTA » pourrait profiter au président d’honneur du FN, ce ne sont pas les avocats ou pseudo-défenseurs qui lui manquent. La solution la plus digne serait que le dictateur ne jouisse plus d’un quelconque traitement de faveur, d’autant plus, il y a peu, qu’il a bénéficié de la part de la France d’un effacement de dette de plus de 2 milliards d’euros. A ce tarif-là, n’importe qui accepterait de prendre des leçons de perfectionnement dans la langue de Molière. Même Jean-Marie Le Pen !

Sergeî Ondaye

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