SASSOU NGUESSO OFFRE LA PAIX DES CIMETIÈRES AU PEUPLE CONGOLAIS, par Patrick Mounzeo

« Quand dans un royaume, il y a plus d’avantage à faire sa cour qu’à faire son devoir, tout est perdu. » Charles de Secondât, baron de Montesquieu

La colère contenue de plusieurs congolais devant les tragédies à répétition qui s’enchaînent sous l’incompétence et le cynisme de Denis Sassou Nguesso et son gouvernement ont atteint la limite de l’inacceptable. L’accumulation des graves erreurs de gouvernance entraînant des milliers de morts depuis une vingtaine d’année dont le simplisme dans le traitement des catastrophes, qu’on aurait pu éviter, revêt un caractère dégoutant d’encouragement à la bêtise. Le congolais a le sentiment d’être en danger partout dans son propre pays. Par la mise en œuvre des politiques incohérentes, des nominations des officiers peu formés à la fonction de commandement et des gestions de sites sensibles, la gestion des entreprises publiques par des managers incompétents multiplient les fautes impardonnables qui finissent par semer la mort auprès d’une population qu’on prétend protéger. Les explosions de l’avion de l’UTA, du Cinéma Stars, Mvoungounti, Yanga en passant par la poudrière et le crash de Pointe-Noire, les congolais sont tombés, tués par une incurie de dirigeants irresponsables. On est devant des responsables politiques lancés dans une logique de domination et de préservation des intérêts partisans reléguant ainsi au second plan le premier devoir d’un Etat : celui d’assurer la sécurité du peuple. Le Congo sans être en guerre avec un adversaire identifié enterre des morts de façon récurrente tous les deux ans. Ce 4 mars 2012, un peu plus de 260 congolais sont morts dans une terrible explosion jamais connue depuis une dizaine d’année dans le monde.

Le goût excessif de Denis Sassou Nguesso pour les armes

Le problème serait moins grave, si les incompétents du régime de Brazzaville étaient les seuls à pâtir des conséquences de leur goût immodéré pour les armes. Malheureusement, c’est encore le peuple qui paie le lourd tribut. Aujourd’hui les congolais souffrent dans leur chair. Les langues se délient et beaucoup exigent le droit de parole, mais aussi de dénoncer les méfaits d’une gouvernance qui les sacrifient sous l’autel des intérêts égoïstes, familiaux et personnels. « Tant pis, j’aurai des ennuis, mais nous ne pouvons plus continuer à nous taire» confie ce sinistré qui a vu son taxi écrasé par le mur de sa maison. Ce taxi était son seul moyen de subsistance pour nourrir sa petite famille.  «Les dirigeants de notre pays ne pensent qu’au pouvoir et à l’argent. Ils ne s’intéressent pas du tout au peuple et à son avenir » renchérit-il.

Devant tant d’avalanches de tâtonnements, d’ignorance ou de mauvaise foi dans le traitement de cette crise du 4 mars dernier, il est apparu aux yeux du monde la cynique mascarade de gouvernance d’un gouvernement qui aurait délibérément insulté l’intelligence de ses concitoyens.

Même en ayant pris soin de vicieusement vider les mots de leur sens, rien ne justifie l’attitude lénifiante et mensongère du gouvernement actuel. Un gouvernement qui maquille en une paix retrouvée, une gouvernance basée sur une politique de fourberie et d’agenouillement imposée au peuple.

L’explosion du dépôt de munitions de Mpila montre à quel point que la paix n’était qu’une notion fictive tant que l’armement à outrance était une priorité de ce gouvernement. Personne, pas même ceux qui nous demandent de le croire, n’adhère aujourd’hui à cette fiction. Présumons quand même la bonne foi de ces vendeurs de copie, car il ne faut jamais évoquer de noirs complots quand la bêtise suffit. Comment Denis Sassou Nguesso justifierait-il la honteuse et médiocre prestation de son gouvernement qui a largement failli dans la gestion de cette crise ? Comment Denis Sassou Nguesso justifierait-il l’achat de tous ces engins de la mort alors qu’il parlait de paix et de développement pour l’année 2012 ? Comment Denis Sassou Nguesso justifierait-il que nos hôpitaux soient si démunis d’un côté et de l’autre l’existence d’un arsenal meurtrier valant des sommes colossales ?

Le 11 mars 2012, le jour de l’inhumation de 145 congolais décédés à Mpila, Sassou Nguesso et son gouvernement ont étalé dans les rues de Brazzaville leur goût acerbe à l’armement.

Face à cette tragédie, Mgr Anatole Milandou, archevêque métropolitain de Brazzaville, a, dans son homélie inspirée de l’évangile de Saint Luc, chap. 13: 1-5, estimé, au cours de l’office religieux, s’est  interrogé si toutes les personnes décédées étaient plus pêcheurs que les autres, pour avoir subi pareil sort. «Non, je vous le dis, si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. Jésus nous demande de nous convertir», a-t-il répliqué. Pour Mgr Anatole Milandou, cet événement tragique et douloureux doit être accueilli dans la foi comme un message fort qui doit nous pousser à quitter, «notre vieil homme, à abandonner nos mauvaises conduites, pour vivre avec la grâce de Dieu, l’effort d’une conversion profonde et permanente. Il s’agit de faire notre examen de conscience à la lumière de la parole de Dieu, pour éviter le mal et pratiquer le bien».

De tous ces questionnements les réponses paraissent simples. Ce gouvernement imbu et totalement désorganisé n’a été que le prolongement d’un pouvoir qui se nourrit du déni de démocratie et l’adoration de la médiocratie comme modèle.

Sassou Nguesso, l’exemple type du déni de démocratie et du bien-être des Congolais

Pourtant des sonnettes d’alarmes furent tirées à plusieurs occasions pour alerter ces dirigeants du danger réel qu’encourait le pays par la prédominance des hommes de peu de valeurs et totalement incompétents au sommet de l’Etat (1). Ont-ils tenus compte de ces multiples alertes ? NON ! Pire ils ont dressé des barrières entre ceux qui dénonçaient l’injustice et la gabegie de ceux qui dilapidaient et s’armaient.

Ils ont cru vaincre le peuple, mais cette victoire au goût acide et sanguinolent s’avère être celle des militaires sur des paisibles civils. Celle des bombes et obus sur le peuple sans armes ni uniforme. Celle des partisans de la dictature sur ceux des défenseurs de la paix. Une telle victoire n’est qu’éphémère. Ce gouvernement oublie une chose importante : Qu’à vouloir triompher grâce à l’immolation de son propre peuple, on se salit en creusant sa propre tombe. Car la démocratie préfère les mains nettes et la paix est loin d’être synonyme de falsification autour des obus, des roquettes et des bombes.

Aujourd’hui le peuple se réveille dans un pays saigné, meurtri et complètement démobilisé. Car, le cynisme et l’incompétence de Denis Sassou Nguesso, Chef suprême des armées et ministre de la défense nationale et de la gendarmerie, et l’ensemble de son gouvernement ont été étalé au grand jour et l’ont placé devant un gros dilemme de confiance. « Le scandale, ici, ne réside pas, uniquement, dans le fait que l’on investisse des centaines de milliards dans l’armement, dans un pays qui n’a jamais été en guerre avec personne. Le scandale, c’est qu’un État pétrolier de ce rang, peuplé d’à peine 4 millions d’habitants, ne puisse pas investir quelques dizaines de millions dans les pansements, compresses et autre Bétadine dont ont cruellement besoin les hôpitaux du Congo». (2)

Plus d’un millier de Congolais sont morts ou orphelins, d’autres vivront avec l’hypothèque de blessures, des handicapes physiques et moraux qu’ils devront vivre avec toute leur vie. Et tout cela, pour quel crime exactement ? Qu’on le nomme !!!

Les Congolais sont blessés dans l’idéal de vivre dans un pays en paix et en sécurité. L’idéal démocratique au Congo est un vain mot. Ce regard de vérité a été récemment porté a l’endroit de l’opinion internationale par la candidate écologiste Mme EVA JOLY en critiquant une gouvernance dictatoriale. De même que le journaliste de RFI, Jean-Baptiste PLACCA dénonçait également un pouvoir basé sur des débilitations manipulatrices et porter sur les armes.

Il est inacceptable que cette confiscation morbide de la démocratie au Congo puisse perdurer en sachant que les fanatiques aveugles du sassouisme agiraient sans décence en liquidant des Congolais qui oseraient s’opposer dans leur poursuite folle et aveugle de conservation coûte que coûte du pouvoir. Cette indécence est observable aujourd’hui et décriée par la communauté internationale. Les congolais sont pris en otages aujourd’hui et ravalés au rôle négligeable de dommages collatéraux. Leur mort est insignifiante par rapport aux intérêts despotiques du clan au pouvoir.

Ce que nous avons devant les yeux depuis plus d’une quinzaine d’année est la résultante d’une politique menée par un chef de guerre et de tribu, qui pour préserver son pouvoir usurpé s’est lancé dans la stigmatisation, dans l’agitation du spectre de la peur et de la violence. La peur de perdre le pouvoir, le rejet du peuple qui a vomi sa gestion sectaire a conduit aux sacrifices des innocentes populations sous le couvert d’une pseudo paix retrouvée.

A l’évidence Denis Sassou Nguesso depuis son ascension au pouvoir n’a offert à son peuple, au delà de l’espoir d’un avenir meilleur permettant aux congolais de mieux vivre ensemble, qu’une « paix des cimetières ». Ceci entraîne le discrédit de ce gouvernement incompétent et cynique par tout un pays.

Patrick MOUNZEO,

Membre du DAC

[email protected]

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