Retour sur le putsch en Guinée, les voyages de MM. Sassou et Collinet, et sur les turbulences actuelles au Congo-Brazzaville

Ghys Fortune BEMBA-DOMBE

Il serait injuste d’aller, pieds joints, en Guinée (où le colonel Mamady Doumbouya a renversé M. Alpha Condé, le 05 septembre 2021) sans s’arrêter, un moment, sur les derniers voyages effectués en Europe par M. Sassou Nguesso (Suisse) et son Premier ministre, Anatole Collinet Makosso-A.C.M.-, ainsi que sur les tumultes que connaît le Congo et les similitudes qui existent entre la « démocrature » congolaise et la « démocrature » guinéenne.

En effet, il y a un mois, nous parlions déjà du séjour (pour des raisons de santé) du couple présidentiel congolais en Suisse. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que les autres médias (comme Africa intelligent, le quotidien suisse Le Temps, etc.) nous ont emboîté le pas. Après le brouhaha sur leur hospitalisation, Antoinette Sassou Nguesso (plus ou moins fatiguée) et son époux Sassou Nguesso (requinqué grâce à l’argent du peuple congolais, un peuple malheureusement abandonné dans la précarité totale) ont regagné le Congo par avion, où ils ont été accueillis dans une ambiance de fête à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville, le 10 septembre 2021.

Mais, la joie des sympathisants de M. Sassou et de son épouse, de revoir leur leader  retourner  à Brazzaville, s’est vite estompée à cause, non seulement des révélations sur la bagatelle qu’a coûté leur séjour et ce voyage à bord du palace volant qui les a ramenés au Congo, mais aussi des révélations sur le Boeing 787-8 Dreeamling, d’une valeur de  100 milliards de F CFA, soustraits de liquidation de  la compagnie aérienne congolaise Ecair, en exécution de l’ordonnance du Tribunal de Commerce de Bobigny ( Paris, France).

Les non – dits de la mission d’A.C.M en France

La première sortie officielle à l’étranger de A.C.M, a revêtu un caractère politique, diplomatique et économique. Elle était composée d’une dizaine de ministres.  Malheureusement, cette mission a montré, pour la énième fois, la déliquescence du Congo. Tenez ! Les précurseurs de cette mission (en l’occurrence le ministre, Thierry Lézin  Moungalla, et le conseiller à la Communication et aux médias à la présidence du Congo, Claudia Lemboumba Sassou, ainsi que leur cabinet de lobbying recruté  pour la circonstance à coup de millions de F CFA), ont donné l’impression de travailler plutôt pour Denis Christel Sassou Nguesso “KIKI”, au détriment du Premier ministre. Ironie du sort, “KIKI” a été rejeté presque partout !

En outre, l’apprentissage d’A.C.M. aux fonctions de Premier ministre n’a pas, non plus, facilité les choses, pour prétendre récolter les fruits attendus de cette mission.

A la vérité, aucun contact fiable n’avait jamais été pris au préalable par le Congo-Brazzaville. Le Premier ministre congolais n’avait jamais été invité à prendre part aux assises de l’université d’été du MEDEF, en août 2021, contrairement à ce que le communiqué de Driss Senda (conseiller technique du président congolais); les dépêches de Brazzaville et les médias d’Etat du Congo avaient annoncé. De même, à Paris, que ce soit à L’Élysée, au Conseil français des investisseurs en Afrique (C.I.A.N), à l’Agence française de développement ( A.F.D), à la primature française (Matignon), au ministère des Affaires étrangères et de l’Europe (Quai d’Orsay) , ou au ministère de l’Economie, des finances et de la relance, etc., les contacts n’ avaient véritablement pas été  ficelés entre Brazzaville et Paris. Aucun contenu congolais n’était envoyé à ces entités françaises ni aux différents partenaires.

Devant cet imbroglio et cet amateurisme national congolais, un ami et frère d’A.C.M, qui a requis l’anonymat ; ainsi que l’ambassadeur de France au Congo, François Barateau ; et un ex-conseiller de l’ancien Premier ministre congolais Clément Mouamba, ont tenté, tant soit peu, de rattraper les choses.

C’est donc in extremis qu’ A.C.M a pu être reçu par le patron de l’A.F.D; puis au ministère de l’Economie ( organe clé pour la relance des  négociations entre le Congo et le  Fonds monétaire international- F.M.I); et, enfin, à la Chambre de commerce de Paris (où il a tenté de séduire les businessmen français qui hésitent encore à investir au Congo, à cause non seulement du climat des affaires encore malsain, mais aussi des engagements non tenus par le Congo vis-à-vis des investisseurs).

Certes, A.C.M. n’a pas été reçu par son homologue français Jean Castex, ni par le président français Emmanuel Macron et le ministre des affaires étrangères Yves Le Drian. Néanmoins, A.C.M a relancé le dialogue économique, politique et diplomatique entre la France et le Congo. En sus, il est resté constant sur ses intentions d’amnistier les détenus André Okombi Salissa et Jean-Marie Michel Mokoko, deux Opposants et candidats malheureux à la présidentielle de 2016 au Congo-Brazzaville. Ces intentions (qui fâchent certains apparatchiks du pouvoir de Brazzaville voulant voir ces deux leaders de l’Opposition demeurer en prison) sont contenues dans le discours du Premier ministre A.C.M, prononcé devant Denis Sassou Nguesso, le dimanche 15 août 2021 au Palais des congrès de Brazzaville, et consacré à l’évocation de la République, à l’occasion de la prise d’armes marquant les 61 ans de l’indépendance du Congo. A.M.C a réitéré ces mêmes intentions dans la dernière interview qu’il a accordée à Radio France Internationale (R.F.I), à l’occasion de son séjour à Paris. Du coup, ces apparatchiks hostiles à l’amnistie éventuelle d’Okombi et Mokoko se demandent si A.CM entretient toujours des liens incestueux avec son mentor, Denis Sassou Nguesso.

Liens incestueux entre Sassou Nguesso et Collinet Makosso

Le cordon ombilical entre ces deux hommes est toujours en place. La preuve : A.C.M (qui combattait le tribalisme, la médiocrité, et parlait autrefois aux adversaires politiques jusque dans les profondeurs du département du Pool, pendant que tous fuyaient cette zone, théâtre des violences armées), n’a pas reçu, dans les locaux de l’ambassade du Congo à Paris, toute la diaspora congolaise. Mais, il a plutôt reçu 52 personnes sélectionnées par Marie Alfred Ngoma (journaliste du quotidien Les Dépêches de Brazzaville) ; par le Premier conseiller de l’ambassade du Congo en France, M. Ekaba ; et par le chargé de mission, M. Gérard. Après l’ambassade, A.C.M a reçu, deux fois de suite, une soixantaine de ressortissants de la communauté congolaise Vili (à laquelle il appartient, et à qui il aurait glissé des billets d’Euros). Pourtant, A.C.M aurait pu inviter la diaspora congolaise, dans toutes ses composantes et dans des locaux plus spacieux (comme le Palais des congrès de Paris). Dommage ! Ce repli sectaire ou tribal, dont a fait montre A.C.M, est propre à M. Sassou et aux hommes de son régime. Ne dit-on pas que « qui se ressemble s’assemble » ?

Des leçons à tirer de cette mission

A.C.M a, certes, déblayé le terrain. Mais, il sied de dire, que le Congo a été humilié à cause de son impréparation, du tribalisme, de l’incompétence et de la truanderie de ses cadres qui ont composé cette mission (comme Claudia Lemboumba Sassou Nguesso et son équipe), qui ont payé fortement un cabinet de lobbying, alors que les rendez-vous ou les frais de passage sur les antennes de R.F.I ou de Tv5 sont gratuits, sauf sur une Télé française sans audience. Le protégé de Francky Louemba, M. Mountsala, (autoproclamé conseiller diplomatique), faisait croire partout et à qui voulait l’entendre, qu’il avait arraché, pour A.C.M, une audience auprès de son homologue français Jean Castex  et auprès du président de la République française Emmanuel  Macron, ainsi qu’auprès  des officiels bruxellois, etc. Ce n’était que du pipo, du bluff ! Les hommes de Jean-Claude Gakosso et ceux de Denis Christel Sassou Nguesso étaient en contradiction, au point de ne pas associer (dès le départ et pour le succès de leur séjour à Paris) l’ambassadeur du Congo en France, Rodolphe Adada, et son équipe. M. Thierry Lézin Moungalla a été reçu par un sous-directeur au Quai d’Orsay ; son collègue « Kiki » Sassou Nguesso a été presque rejeté de partout, malgré le forcing du cabinet de lobbying et malgré les plaidoiries d’A.C.M…Inutile donc de chercher des poux sur la tête de l’ambassadeur de France au Congo, François Barateau. Parce que ce dernier a correctement fait son job. Il faut plutôt incriminer les Congolais désordonnés qui, au lieu de suivre les dossiers, se disputent des…, en témoigne :  le spectacle servi en live, non seulement par les journalistes Gyldas Mayela (Responsable de la cellule des médias à la Primature congolaise) et Marie Alfred Goma, mais aussi par les collaborateurs « des deux ministres des Affaires étrangères du Congo » ( Gakosso et «  KIKI »).

Tumultes et similitudes entre la « démocrature » congolaise et la « démocrature » guinéenne

Pour éviter les grèves annoncées d’ici là par les enseignants de l’université Marien Ngouabi et par les enseignants du primaire et du secondaire (avec risque d’effets d’entraînement à d’autres administrations), les dignitaires congolais doivent réviser leur copie. Sinon, ils s’exposent à un coup de force « à la guinéenne ». En effet, comme en Guinée, malgré les signes extérieurs de la démocratie derrière lesquels il se camoufle (architecture juridique conforme aux normes internationales, élections, parlement, institutions de lutte contre la corruption, etc.), le Congo vit sous un régime dont la colonne vertébrale est militaro-policière, dirigé par un « Bonapartiste », un autocrate, sourd aux souffrances de son peuple. Les dignitaires congolais pillent tout, pour ne rien laisser au peuple. Voilà qui explique l’état de délabrement avancé dans lequel se trouvent les hôpitaux, les écoles etc. ; les diverses pénuries d’eau et d’électricité alors que les dignitaires ont des forages d’eau et des générateurs d’électricité. Les dignitaires ont la connexion Internet en permanence (via le réseau R.D.C ou Vsat). Ils ont des réservoirs pleins de carburant dans leurs voitures…

Bref ! La distance qui sépare le Congo et la Guinée est courte. A.C.M, qui est au front, devrait dire la vérité : le nom Denis Sassou Nguesso et le nom Denis Christel Sassou Nguesso (son fils), y compris les noms des collaborateurs à col blanc du régime de Brazzaville, ont mauvaise presse dans l’opinion française (pour ne pas dire ne passent plus sur la place de  Paris), encore moins dans l’opinion congolaise.

Ghys Fortune BEMBA-DOMBE

Diffusé le 20 septembre 2021, par www.congo-liberty.org

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Une réponse à Retour sur le putsch en Guinée, les voyages de MM. Sassou et Collinet, et sur les turbulences actuelles au Congo-Brazzaville

  1. Val de Nantes . dit :

    Le CONGO a hâte d’écourter cette tragédie qui n’a que trop duré . Ces épopées ultra – budgétivores sont la marque de l’inconscience officielle érigée en gouvernance erratique .
    Pendant ,le chef se faisait soigner à coup des millions , sur le dos congolais , en Suisse ,les aventuriers POLITIQUES , qui voulaient humer l’air de PARIS pour échapper à l’ennui congolais , s’ingéniaient à dépenser inutilement l’argent des congolais sur la place de PARIS …
    Ce binairisme gouvernemental est une tare structurelle qui handicape l’élan démocratique et économique de notre CONGO .
    Les dépenses issues de ce hydre à deux têtes est l’apologie de la bêtise nationale fondée sur un impensé institutionnel ,comme sépulture d’un CONGO condamné à mort .
    Il est inconcevable de penser à ne pas penser sans penser nos futures institutions ,au vu de ce qui précède .
    Assez d’être des supplétifs des juristes constitutionnalistes français .
    Financièrement , ce modèle politique est coûteux pour notre CONGO . C’est le syndrome du pauvre étourdi ,qui est séduit par la tyrannie des apparences ,voulant tout acheter alors qu’il est soumis à une contrainte financière .
    Premier MINISTRE ici et president de la république , là bas ,; non c’en est trop pour le CONGO .
    Il y a dol dans ce paquet .Ces institutions surannées au contexte actuel sont des tonneaux antiques et mythologiques troués .

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