Quelle issue pour André Okombi Salissa : sera-t-il acquitté ou condamné ?

Sassou a jure en prive de boire le sang de Andre Okombi Salissa

Au cours de la séance plénière du 19 janvier à Brazzaville, les députés ont décidé, après un long débat, de la levée de l’immunité parlementaire du député de Lékana, André Okombi Salissa accusé de « détention illégale d’armes de guerre et tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». Un procès attend donc André Okombi Salissa et l’on est en droit de se demander quelle en sera l’issue : une condamnation ou un acquittement de l’homme qui continue de crier à un montage et clamer son innocence ?

Pour la genèse, tout commence le 21 novembre quand André Oko-Ngakala, procureur de la république près le tribunal de grande instance, dans une communication faite à la presse dans son cabinet, annonce l’ouverture d’une information judiciaire contre Roland Ngambou, frère cadet de l’honorable André Okombi Salissa. Celle-ci est consécutive à la découverte d’armes et munitions de guerre qui aurait été faite au domicile de l’une des épouses du député de Lékana sis au quartier Nkombo dans le 9ème arrondissement. Au total, sont présentés à la presse, 8 fusils mitrailleurs, 7 PMAK, 7 SKS, une lance-roquettes et une lance-castor, 15 boites de munitions, du matériel de transmission, des roquettes antichars, des chargeurs de PMAK, FM et trois gros sacs de casquettes de campagne du président Sassou Nguesso.

S’adressant à la presse, le procureur Oko-Ngakala déclarait : « Ces armes ont été découvertes au domicile de l’épouse du ministre André Okombi Salissa, la nommée Mme Okombi née Ngoma Gisèle, domiciliée sis 33 de l’avenue de la Haute Tension et que les présumés auteurs viennent d’être déférés à mon parquet ». Comme pour répondre par anticipation aux contradicteurs présumés qui prendraient cette révélation pour un montage du pouvoir dans le dessein de nuire son adversaire politique, André Oko-Ngakala déclarait : « Si on vous avait dit qu’on a retrouvé des armes, vous ne devez pas croire. Vous aurez dit : ‘’oh, Sassou fait les jeux. Mais, qui avait nommé Okombi ministre ? Il n’était pas agent de l’Etat, ni son parent’’ »

Parlant ainsi, il indiqua qu’il avait saisi « le doyen des juges d’instruction d’une information judiciaire à l’encontre des nommés Ngambou Roland, Ngoma Gisèle, André Okombi Salissa et autres pour les faits de détention illégale d’armes et tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ». Des trois personnes, seule Roland Ngambou avait été présenté à la presse.

Il est à noter cependant que dans son adresse à la presse, le procureur ne révéla pas tout de même les circonstances et la date de la saisie de ces armes au domicile de Mme Okombi Salissa. Les armes étaient déjà sous scellés et les journalistes ne purent poser les questions au principal présumé auteur présent sur les lieux.

Toutefois, au sujet de ces armes, notons que le journal Le Troubadour annonçait, dans son édition du 5 octobre 2016, qu’une importante découverte d’une cargaison d’armes avait été faite au domicile de l’une des épouses du ministre André Okombi Salissa. « Cette découverte, écrivait notre confrère, a été faite dans l’après-midi du 23 septembre 2016 au 33 de la rue Haute Tension, dans le quartier Nkombo Matari (derrière le CNRTV) à la faveur d’une perquisition. Pour les enquêteurs, poursuivait le journal, cette découverte accréditerait la thèse d’un grand complot préparé par André Okombi Salissa et Guy Brice Parfait Kolélas avant le referendum constitutionnel du 25 octobre 2015 »

A l’époque, bien d’observateurs trouvèrent à redire sur cette information du journal Le Troubadour. En effet, personne ne put croire qu’une perquisition au domicile d’un opposant politique de la taille d’Okombi Salissa ait pu se faire, avec un tel butin, sans que les autres médias aient été associés et que l’information n’ait pas été sur-le-champ livrée au grand public. Curieux que ce soit, 60 jours plus tard, et par la voie d’un point de presse que le procureur donna l’information. Pis encore, les observateurs se demandent comment Guy Brice Parfait Kolélas ait été nommé par les révélations du Troubadour et qu’il ne soit nullement inquiété jusqu’à ce jour ?

A l’annonce de cette nouvelle, André Okombi Salissa qui, se sentant en danger s’était retiré dans une cachette depuis le mois d’avril, rompit le silence par le biais d’une interview qu’il accorda à notre  Sébastien Németh de RFI. Il déclarait à propos : « Je ne me reproche de rien ». Pour lui, les armes présentées à la presse par le procureur de la république étaient une manipulation grossière que le pouvoir venait de monter contre sa personne et qui intègre ce qu’il nommait « le logiciel du complot ». Il en venait alors à s’interroger : « Les armes ? Pour faire quoi ? Je ne suis pas dans le schéma de ceux qui pensent conserver ou conquérir le pouvoir par les armes » s’était-il insurgé.

Mais cette simple déclaration ne le dédouana pas pour autant. Il était désormais dans le viseur de la justice. Mis aux arrêts par la force publique, le député de Lékana a vu, à la demande du président de la république, son immunité être levée par ses pairs de l’assemblée nationale. Un procès l’attend, ce 28 juillet. Que dira le juge ? André Okombi Salissa sera-t-il condamné ou acquitté purement et simplement ? Dans ce procès on regrettera, pour la manifestation de la vérité, une maladresse du pouvoir : la mort dans les geôles de Ngambou Roland, frère cadet du député de Lékana qui certainement vivait dans la maison où les armes avaient été saisies. On notera toutefois qu’à l’époque de la perquisition, ni Okombi Salissa, ni son épouse, n’était sur les lieux.

Au sujet de l’issue du procès, au regard du rétroviseur de l’histoire des procès politiques au Congo – il s’agit bien d’un procès politique – on n’hésitera point de dire que le verdict est connu d’avance. A propos, souvenons-nous du procès du colonel Marcel Ntsourou où l’opinion publique était d’avis qu’il serait acquitté purement et simplement. C’était sans compter sur la pression du pouvoir qui, se sentirait humilié en cas de son acquittement, comme l’écrivait, plein d’honnêteté, Le Troubadour dans son édition n° 28. Relisons, tous ensemble Le Troubadour : « La veille du verdict a été un moment fort où tous les paris pouvaient être pris. Qui sera condamné ? Qui sera acquitté ? Le pronostic fut périlleux pour le sort du colonel Ntsourou. Si on le condamnait, on provoquait l’ire publique. Si on l’acquittait, l’Etat voyait son pouvoir humilié ».

Et on a bien vu que lorsque la cour, fondant son intime conviction sur les éléments d’appréciation qui étaient en sa possession requit une peine de 5 ans de prison avec sursis pour le colonel Ntsourou, la montagne de la conspiration du pouvoir en travail accoucha du sinistre Elangui, avocat général de son état qui vint à signer, en lieu et place du procureur général, un pourvoi en cassation contre cette décision de justice. Rien à faire, Ntsourou fut écroué et c’est en prison qu’il y a trouvé la mort.

S’attendre à la libération d’André OKOMBI SALISSA serait donc une fausse consolation. La mise aux arrêts du député de Lékana et pis sa mort est aujourd’hui enfin, l’accomplissement d’un plan maintes fois mis en selle mais sans succès. Il serait donc hasardeux de croire donc qu’une fois qu’on l’ait eu, on puisse le relâcher.

En effet, les observateurs sont d’avis qu’Okombi Salissa doit sa vie au fait d’avoir été nommé dans l’équipe gouvernementale à l’issue de la guerre du 5 juin. Bien d’officiers supérieurs auraient formulé l’idée de son assassinat et pour cause ? Il a eu à voir leur nudité ou plutôt leur nullité pendant cette guerre fraticide. En effet, beaucoup d’officiers supérieurs à l’occasion se révélèrent bien des tigres en papier alors que lui, simple civil, eut à tenir victorieusement un front. Il fallait pour cela l’éliminer. C’est ce qui a été fait à l’endroit d’un certain Chien Méchant, un autre civil qui s’est courageusement illustré dans cette guerre.

Une fois ministre, Okombi Salissa avait désormais une garde officielle, il était difficile de l’atteindre. La machine à conspiration fomenta d’autres charges sur sa tête, surtout que sur le plan politique, l’homme faisait impression avec son mouvement de jeunesse, le CADD-MJ qui avait réussi à effacer l’UJSC. Tout Brazzaville sait qu’on le soupçonnait d’être auteur de la contrefaçon de billets de banque et on l’accusait de cocufier le président Ali Bongo Ondimba avec la première dame gabonaise Edith Lucie Ondimba. Sans succès !

Que faire ? En 2007, alors que le ministre André Okombi Salissa était en mission en Allemagne, on remplit une BJ d’armes pour aller les déposer dans son domaine piscicole de Lékéty, à 25 km de Lékana. L’homme qui fut choisi pour conduire cette forfaiture fut son ancien garde-corps, natif de Lékana répondant au nom de Ngouolali alias Samounga. Cette mission échoua, Dieu merci car les autochtones de Lékéty, voyant arriver cette BJ la nuit crurent que ce fut le ministre qui leur arrivait nuitamment. Ils s’alertèrent et se réveillèrent tous pour venir l’accueillir. A leur grande surprise, ce furent trois hommes encagoulés qu’ils virent sortir de la BJ. Ils opérèrent vainement une perquisition sur les lieux et n’ayant pu déposer leur ‘’colis’’, ils repartirent.

C’est alors que l’un d’eux alerta par un coup de fil le chef de district sur cette visite particulière. Ce dernier ayant pris avec lui les éléments de la gendarmerie et de la police alla à leur rencontre, les arrêta et les conduisit au PSP où ils furent entendus sur procès-verbal. Passant aux aveux, ils révélèrent qu’ils étaient envoyés par le général Adoua. La mission était de déposer les armes nuitamment, revenir à Djambala pour voir le préfet et lui dire qu’ils revenaient de Brazzaville pour une mission de perquisition au domicile du ministre Okombi. Le préfet devait les y accompagner et une fois à Lékana, ils devaient prendre avec eux le sous-préfet. C’est ainsi que devait être arrêté le ministre Okombi pour atteinte à la sûreté de l’Etat dès son retour de mission. Et le ministre Okombi Salissa a bien par devers lui une copie de ce procès-verbal.

Quel sera l’issue de ce procès ? Pour Georges Maloumbi, militant de l’UPADS que nous avons rencontré, « le procès est politique. Le juge est nommé par le pouvoir et son indépendance en tant que pouvoir n’est qu’un conte de fées. La décision est d’avance connue. La volonté du pouvoir est de museler les têtes d’affiche de l’opposition par des emprisonnements et pis, par une  déchéance de leurs droits civiques dans le but avoué de les mettre hors compétition électorale. Ainsi, le pouvoir aura réussi à écarter, par des simulacres de procès, ses adversaires politiques » a-t-il conclu.

En privé, Denis Sassou Nguesso aurait juré devant son clan, qu’il voudrait boire le sang encore chaud du Deputé de Lékana, AndréOkombi Salissa. Qui l’aurait cru ?

Et qui croit que la justice au Congo est indépendante et dira le droit ? Attendons voir !

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9 réponses à Quelle issue pour André Okombi Salissa : sera-t-il acquitté ou condamné ?

  1. VAL DE NANTES , dit :

    Risque de ntsourisation de OKOMBI SALISSA …..Sa libération ferait craindre une déstabilisation du pouvoir , tant NTUMI constitue une menace sur le front sud ;;;
    SASSOU veille au grain , car il se sait encercler par ses ennemis intimes ;;;;;;;;;;;;;;;.

  2. Irreversible dit :

    Le Con-go devra absolument faire sans Takou, 1 point. 1 trait_

    Sans plus tergiverser!

    A bas la France coloniale toute pourrie.

  3. Bouesse Bouesse dit :

    Article d’histoire, d’histoires ou de justice?
    S’il vous plait, faites un effort surtout pour vos lecteurs « lettrés ».
    En quoi le titre de l’article a en commun avec son contenu?
    On ne boude pas le rappel de certains evenements, mais soyons un peu serieux.
    On croyait qu’on devrait lire les dates, noms des juges, noms des avocats, etc. du proces Okombi. Rien de tout cela.
    Tout le reste n’est que bruit dans le vent car, …la simple accusation de derangement du sommeil des sieurs Sassou, Ndenguet, Oko Ngonloko, est  » largement suffisant » pour « effacer la vie de Okombi Salissa, lui qui contribua si tant a effacer les vies de bon nombre de congolais du Sud. ( » Effaceurs de vies: je suis Ndenguet »)

  4. anonyme dit :

    Le Congo post sassou connaitra de grands troubles justifiés par les règlements de comptes. Il est temps de mettre fin à une politique aussi funeste.

  5. Bouesse Bouesse dit :

    Petite correction: J’allais plutot dire (dans mon post ci-haut), « Faites un effort surtout pour vos lecteurs <> »… Car il est souvent bien de donner d’abord l’information ciblée, avant d’aller dans les dédales qui peuvent nous faire perdre (comme c’est le cas de cet article.)
    Bon on le sait maintenant, la date du procès c’est le 28 Juillet 2017.
    Souhaitons quand meme bonne chance au super-cobra Okombi Salissa face au general cobra en chef.
    S’il s’en sort indemne, alors on pourra commencer a penser que le cobra-en-chef commence a changer de strategie…

  6. Bouesse Bouesse dit :

    …lire … Pour vos lecteurs NON-lettrés.

  7. Anonyme dit :

    Un homme de conviction qui a été dans tous les combats politiques, souvent en première ligne, c’est à souligner. Le pays doit aller de l’avant dans la sérénité, malgré tout.

  8. hallo hallo dit :

    Acquitté? Pourquoi ils ont fabriqué des preuves pour l’arrêter?
    Il sera mangé à la même sauce que nsourou.
    Ntsourou est mort personne n’a bougé son petit doigt. Ils vont aller plus loin. Dans la gibecière y’a Mokoko, Okombi, Makaya…

  9. JDM dit :

    On peut ou ne pas croire à l’existence des rois mages, de l’influence des astres sur l’homme, de l’effet des pratiques traditionnelles sur sur le devenir d’un homme ou à la la providence , mais la science par exemple demontre qu’un antibiotique n’agit pas de la même manière d’un individu à un autre, il y a des individus qui ont développé une résistance naturelle contre certains virus mortels , si comme par le fait d’un hasard la manipulation de Lekana n’a pu être réalisée , il a pu déjouer l’attention des forces de l’ordre qui le maintenaient en résidence surveillée, pourquoi ne pourrait -il pas encore cette fois -ci s’extraire des griffes des ses associés d’autrefois? Il y a actuellement un politique ( originaire du Pool ) dans l’opposition qui vit encore parcequ’il comprend bochi, en effet après le coup d’État, il était condamné à la peine capitale, en route pour le petit matin, un des militaires qui conduisait les conduisait au petit matin , voulant sauver un membre de sa famille, lui demanda en bochi de se sauver, sinon la mort était inévitable, donc dans ce monde , tout est possible. Mais le clan au pouvoir qui a juré de boire le sang chaud de Okombi Salissa, doivent se dire qu’il des sang qui sont très toxiques et , qu’on a pas toujours ce que l’on veut.

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