PROMOUVOIR LE CIVISME ET LA PAIX

Par Dieudonné ANTOINE-GANGA

Dans son livre sur « la République » le philosophe Platon indique que « les gouvernants doivent être ceux en qui domine la partie rationnelle de l’homme ». C’est pourquoi il est inéluctable que nos gouvernants et autres dirigeants doivent être ceux en qui domine la partie rationnelle de l’homme. C’est pourquoi nos dirigeants et nos leaders politiques doivent faire preuve de rationalité dans leur jugement, dans leur discours et d’agir avec tempérance, modération pour mieux appréhender toutes les préoccupations qui leur sont soumises. Car, si les dirigeants agissent selon leurs humeurs, leurs caprices, pire de façon arbitraire, ils ne dirigent pas bien. En effet, dans leurs actes de décisions, les dirigeants doivent être justes en gardant en tête que la justice est une aspiration de l’homme. Les deux choses qui ont fait bouger le monde sont l’aspiration de l’homme à la liberté et son aspiration à la justice. Il a ainsi, la mission de répartir les charges et les bienfaits avec un sens aigu de la justice et de l’équité. Chaque personne attend qu’on la respecte et chaque personne attend qu’on la traite à égalité de condition comme les autres. Le dirigeant doit éviter enfin des préférences fondées sur le tribalisme, sur le népotisme, sur le clanisme, sur le régionalisme, sur la sympathie, sur l’antipathie éprouvés envers les uns et les autres.

D’autre part, le dirigeant doit être ce citoyen qui prône et promeut la paix. Car « la paix n’est pas un vain mot ; c’est un comportement » dixit le Président Félix Houphouet-Boigny. Alors, quand on se dit homme ou apôtre de la paix, l’on devrait d’une part défendre le dialogue à tout instant car dialogue et paix sont étroitement liés et d’autre part travailler à promouvoir le dialogue et la paix chez soi.

Alors comment comprendre que nous Congolais qui célébrons chaque année le 10 juin, la fin de la Conférence Nationale Souveraine qui n’est pas une « escroquerie » mais plutôt, comme l’affirme le Ministre Jean Pierre Gombé, « une arène, non des combats de gladiateurs, mais le Mbongui (Kandza pour les Makouas) où les Vérités furent dites sans filtre, où les fautes furent reconnues, suivies d’un mea culpa », d’un lavement de mains, un acte symbolique de paix, nous la rejetions tant , à moins que l’on se mente soi-même.

Paradoxe des paradoxes, on veut la paix et on menace, on veut la paix et on cherche l’affrontement dans la rue, dans les campagnes, on veut la paix et on reste sourd à tout appel par le dialogue. On veut la paix et on bande les muscles avec arrogance.

Même si on prétend comme les Romains que « Si vis pacem, para bellum » qui signifie « Qui veut la paix prépare la guerre », j’affirme haut et fort que la paix ne peut être maintenue par la force, l’intimidation et l’arrogance ; elle ne peut être atteinte que par la compréhension, l’humilité et la tolérance. Tout cela, parce que qu’il est reconnu de tous que les rencontres face à face et le dialogue favorisent   l’écoute, les échanges et le consensus. Le dialogue bâtit la confiance, éloigne les préjugés, la violence et les conflits qui sont un obstacle au progrès et au développement.

Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles ; c’est l’arme de ceux qui font passer leurs problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d’amour propre. Quand on a entre ses mains la vie de milliers de ses compatriotes, on ne devrait plus avoir d’amour propre. Autrement, on serait tenté de penser que son obstination dissimulerait quelque chose. Mais quoi exactement ?

Il est temps de faire preuve d’humilité, de tolérance, de dépassement de soi et de pardon mutuel pour restaurer l’unité et la paix des cœurs et des esprits aux fins de vivre dans l’amour patriotique et fraternel, pour notre devise : UNITE-TRAVAIL-PROGRES, dans notre beau pays le Congo qui est notre champ. Si chacun y jette sa pierre, qui sèmera encore le manioc ou l’igame ou encore les arachides ?

La paix doit être comme un socle : restaurer la confiance, guérir les mémoires. La paix n’est pas le silence des armes. Elle doit être notre champ commun des différences qui se respectent, le battement partagé des cœurs qui acceptent de regarder ensemble dans la même direction. Dans une société aux cicatrices encore vives (les événements malheureux d’Ikonongo et du Pool), maintenir la paix exige la tolérance, la patience, l’écoute, la justice et le pardon.

Le peuple congolais, de tout bord, doit se donner comme boussole le dialogue, comme levier la stabilité et comme vision un CONGO où chaque citoyen, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, peut rêver, entreprendre, vivre sans peur aux fins de partager une prospérité non pas en vitrine mais en racine. Car la vraie prospérité n’est pas l’éclat de quelques-uns, mais la lumière, la tranquillité et le bonheur qui se diffusent jusque dans les cases reculées, les écoles rurales, les dispensaires et les marchés des quartiers et des villages. Elle est aussi une promesse tenue quand le développement descend des statistiques pour entrer dans les assiettes, les foyers et les vies.

Le Congo reste un chantier immense et permanent, car une économie florissante doit aussi être inclusive, durable et équitable. Comme le dit un adage, « le tam-tam du riche ne doit pas couvrir le silence de la misère ». Enfin, une nation n’est jamais plus grande que la manière dont elle traite les plus faibles. La solidarité n’est pas un luxe ; c’est une colonne vertébrale morale. Elle signifie que personne ne doit rester en marge du progrès, au bord de la route. Elle exige que l’on tende la main avant que l’autre ne tombe. L’on ne gouverne pas un peuple comme l’on dresse un troupeau. Il faut parler à son âme, à sa mémoire, à son avenir.

Dieudonné ANTOINE-GANGA.

Diffusé le 15 juin 2025, par www.congo-liberty.org