Pourquoi une telle résignation du peuple congolais face à tant de mépris de Sassou Dénis à son égard ?

« La résignation est un suicide quotidien » Miguel de Unamuno

Les rouages de ce qui est l’un des principaux circuits de détournement des recettes du pétrole congolais par la mafia sassouiste, venaient d’être  révélés par le quotidien français« Libération ». Trois couvertures à plusieurs milliers de tirages !  Au cœur de ce vaste système, Orion Oil (Dans la mythologie grecque, Orion désigne un chasseur géant réputé pour sa beauté et sa violence) et son PDG, Lucien Ebata chargé de prélever, dans une grande opacité, une espèce de dîme sur le commerce du pétrole congolais et de la redistribuer à Sassou et à un certain nombre d’oligarques ; privant ainsi notre pays de ressources précieuses qui auraient pu améliorer la qualité de vie des populations. Le profil psychologique de Sassou,  profondément méphistophélique est connu de tous. Cependant,  qu’est-ce qui peut expliquer cette hébétude du peuple congolais alors que ce tyran prend un malin  plaisir à le narguer  avec mépris ? 

La prédation de l’oligarchie oyocratique

Le dossier « Orion Oil et Lucien Ebata » épinglé par « Libération » nous a dessillés de façon exhaustive sur ce pillage systématique des recettes pétrolières congolaises, voulu et encouragé par Sassou dans le seul but de s’en mettre plein les poches. Cela relève d’une kleptomanie obsessionnelle, une volonté de faire mal à autrui pour assouvir ses fantasmes. Mais comment peut-on piller son propre pays et rester insensible aux malheurs d’un peuple qui se débat chaque jour dans une misère effroyable ? Comment ne pas éprouver une compassion pour un  peuple qui vous tolère, avec une patience d’ange,  lorsque l’on sait que l’on n’a jamais reçu un quelconque mandat de celui-ci à travers une élection libre et transparente ?  Une certitude : en neutralisant tout contre-pouvoir, ils sont revenus au pouvoir en marchant sur des milliers de cadavres de leurs compatriotes uniquement  pour piller sans vergogne. Le parlement qui devrait contrôler l’action du gouvernement est une véritable coquille vide composée des députés-nommés qui doivent leur carrière politique au satrape d’Oyo et ne doivent rendre compte qu’à celui qui est le maître de leur carrière politique.

Les révélations des « Panama Papers » et « Pandora Papers » (Cf. Mondafrique- Les comptes secrets du clan Sassou – 9 mai 2018) sont sans équivoque sur la volonté des oyocrates à piller et à détruire ce pays. D’après ce Consortium International des Journalistes d’Investigation (ICIJ), quatre oligarques ( Christel Dénis Sassou Nguesso, Bruno Itoua, Bouya et Gilbert Odongo) ont planqué plus de 6 000 milliards de FCFA dans les paradis fiscaux. On croyait avoir tout vu en termes de prédateurs économiques et des fossoyeurs irréfléchis. Avec Lucien Ebata, c’est l’impudence qui éclate dans toute son horreur. En empochant des marges allant de 0.77% à 8.6% sur la vente du pétrole congolais, ce sont des sommes astronomiques dont se prive  le  Trésor Public congolais et qui alimentent la mafia avec Sassou Dénis comme   parrain.

Dans  le but  d’avoir une totale main- mise sur le pétrole congolais, un népotisme doublé de tribalisme abject sont érigés à la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC). Songez que depuis la création de cette société une loi non écrite veut que seul un Mbochi (Bruno Itoua, Auguste Gokana, Jérôme Koko, Maixent Raoul Ominga) peut en être le Directeur Général.  A croire qu’aucun autre Congolais n’appartenant à cette ethnie  n’aurait les compétences nécessaires pour le poste. Il en est d’ailleurs ainsi de la quasi-totalité de tous les postes à responsabilité financière.  Sans compter que le fiston Dénis Christel Sassou Nguesso était le grand patron de la commercialisation du pétrole congolais,  Willy Nguesso se chargeant du transport maritime de l’or noir. En fin de compte,  les secteurs d’activité  les plus juteux de l’économie nationale sont confisqués par un petit cercle familial : la sécurité privée des installations pétrolières, aéroportuaires…  (Maurice Nguesso), le transport aérien (Maurice Nguesso, Edgard Nguesso, Jean Jacques Bouya), les grands travaux (Jean Jacques Bouya), le bâtiment, l’hôtellerie (Ninelle Sassou Nguesso, Cendrine Sassou Nguesso, Feue Edith-Lucie Sassou Nguesso, Denis Christel Sassou Nguesso), la radio et la télévision (Maurice Nguesso), les transactions immobilières, la téléphonie mobile, l’eau (Eugène Nguesso), la Communication (Maurice Nguesso, Claudia, Joujou)…

Aucun pays, sur ce vaste planisphère, ne peut soutenir la comparaison avec le nôtre, à cause de la singularité des comportements délibérément néfastes de nos dirigeants. On ne le dira jamais assez : le clan Sassou mène grand train, grâce à l’argent du pétrole impunément détourné.  Un autre scandale en vue d’être éventré : celui des champs pétroliers arrivés à maturité et qui tombent sous l’escarcelle de l’Etat et dont la gestion est confiée à la SNPC. Dans la gestion de ces puits pétroliers, chaque acheteur a son trader et une fois de plus Lucien Ebata (Orion oill) et l’énigmatique conseillère de Sassou Dénis, Françoise Joly (Masono) siphonnent allègrement les recettes pétrolières du Congo à travers des transactions aux contours flous. Rappelons-le, à toutes fins utiles que la SNPC qui aurait pu être un véritable gendarme de l’activité pétrolière au Congo comme l’est la Sonangol en Angola, est devenue au fil des ans,  un  capharnaüm qui a pour vocation exclusive : l’enrichissement du clan au pouvoir.  

La banalisation du mal est un cancer métastatique

Le Congo  est devenu un immense chaudron toujours au feu, où nagent en grumeaux 70% des laissés- pour compte  dans le jus amer des inégalités, et dans lequel touillent en se disputant les marmitons de la manipulation comme les bougnats arrivistes. Sur cette tambouille, les ravages du tribalisme  sont  jetés tel un couvercle de plomb: loin d’étouffer  les insatisfactions toujours grandes, elle deviendra en réalité un véritable exutoire.

Dans une résignation qui ne dit pas son nom, le mal est chaque jour banalisé. Les nouveaux riches et les assassins de bas étage  se pavanent ostensiblement, ils narguent avec arrogance  un peuple réduit à la mendicité. Cette banalisation est du reste insidieusement encouragée par la propagande des médias de la place, véritables instruments de propagande du pouvoir, qui véhiculent la peur. Ils se prêtent  bien aux  grands   titres spectaculaires et font mousser  les distributions. Le leitmotiv des journaux et télévisions entre les mains des proches du pouvoir,  semble être: à chaque jour sa peur. La population est maintenue dans un état constant d’appréhension. Cette stratégie détourne l’attention et camoufle les vrais problèmes. Les Congolais, privés d’eau et d’électricité sont plus préoccupés par leur survie, sous les fourches caudines de cette peur. Omniprésente.

La collusion entre le pouvoir de Sassou et les sectes religieuses comme Impact Centre Chrétien (ICC), proches du pouvoir,  n’est pas fortuite. Ces deux pouvoirs persécutent le citoyen, où qu’il soit. Alors que le pouvoir militaire menace la sécurité et la vie des gens, sur terre, le pouvoir religieux leur bien être dans l’au-delà. Le cumul de ces pouvoirs constitue une force beaucoup plus considérable que ces mêmes pouvoirs opérant séparément.

La banalisation du mal conjuguée à une corruption endémique, entraine notre pays dans une inévitable putréfaction. Le salut viendra assurément  d’une « élite extraordinaire » appuyée par des militaires patriotes –  si tant est qu’on en trouve encore- pour prendre le taureau par les cornes et  « dessoucher » ( terme utilisé en Haïti pour se débarrasser de toute  la gangrène laissée par les Duvalier après leur défenestration) notre société.

Dos au  mur, nous sommes dans l’obligation de nous lever pour nous  réapproprier la souveraine gestion de la principale ressource de notre pays, prise en otage par un  clan sans foi ni loi. C’est de notoriété publique : chaque fois que l’avenir d’un peuple était en péril, celui-ci savait exhumer cette force enfouie dans ses entrailles et relever tous les défis qui se posent à lui, notamment pour conjurer la peur et la  perte totale liberté. Car,  en maintenant graduellement les populations dans un état d’appréhension constant, ce régime gruge nos libertés individuelles au profit du clan au pouvoir et de la bureaucratie gouvernementale. Personne d’autre ne mènera ce salutaire  combat à notre place. On doit braver la peur. Comme nous le rappelle si bien Nelson Mandela « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de vaincre ce qui fait peur ».

Djess dia Moungouansi

Diffusé le 22 janvier 2023, par www.congo-liberty.org

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5 réponses à Pourquoi une telle résignation du peuple congolais face à tant de mépris de Sassou Dénis à son égard ?

  1. Léo kikadidi dit :

    Ce qui fait peur c est la guerre civile et les push. voilà ce qu il faut vaincre grâce aux valeurs républicaines.

  2. Samba dia Moupata dit :

    Salut à mon frère Djess ! Sassou Dénis et ses jeunes frères Mbochi ,que vous venez de citer son en réalité des agents de l’étranger ! Ils perpétuent la fameuse phrase de l’esclavagiste Victor Hugo . Dieu a donné la terre aux hommes et offre l’Afrique à l’Europe. Cher Djess ces Mbochis ont fait du Congo un faux pays. Pour bénéficier d’une responsabilité au Congo, à l’heure d’aujourd’hui il faut être Mbochi . Le pays kongo qui regorge du pétrole n’en profite pas . Les recrutements pour travailler dans les sociétés pétrolières à pointe noire, se font à Oyo.

  3. Mounanga dit :

    Tout le monde sait que Sassou est un assassin doublé d’un voleur maladif. On voit comment lui et son clan siphonnent les recettes pétrolières alors que le peuple souffre. Mais pourquoi, alors que le 27 sept 2015 le peuple voulait se soulever, et que maintenant plus personne ne bouge un doigt?

  4. Val de Nantes. Congo , village factice.. dit :

    Cette gifle d’ Angleterre nous aura fourni la preuve du caractère indigne et aventureux de Sassou , prétendant diriger un pays ,dont on se demande si sa disparition n’est plus lointaine tant les béquilles sur lesquelles il s’est longtemps appuyé se craquemurent de jour en jour…. Le Congo Brazzaville ,un retour ,à pas de charges ,vers l’antiquité…
    L’ aventure politique de Sassou se solde par la déflagration du Congo Brazzaville, avec les impacts sur la vie des congolais , peut-être irréversibles..
    Le martyre aura donc duré plus de 40 ans au pouvoir. Un supplice de Tantale.Encore un dieu grec… La Grèce Antique , modèle de développement de ce régime ubuesque.
    Des emprunts Grecs ; toujours du mauvais côté…
    C’est ce qu’on appelle : une vie politique ratée sur un pays ,béni de Dieu. C’est le ressenti national…
    Sassou ,un sacré numéro de prestidigitation présidentielle…Au départ , tout le monde y a cru …. C’était sans compter l’attrait magique du pétrole..
    Du Descartes appliqué aux ignorants congolais …Car Descartes ,sous la chicotte de l’intolérance chrétienne, a pratiqué une feinte appelée ‘ larvatus prodeo’. autrement dit j’avance en me masquant ‘….Eh Oui !!…
    Un précepte fondamental pour la compréhension du rapport criminel du politique congolais à l’exercice de la fonction présidentielle , perçu comme le lieu de la réalisation ultime de soi , et surtout de la maximisation de la possession de l’avoir…..
    Bakabadio aurait tancé « ; Maximisation des biens sous la contrainte budgétaire »..
    Pauvre Louis !!…
    Que les ayatollahs du présidentialisme congolais révisent leur scientologie.
    Bon courage,@Djess.!!.

  5. Djess dit :

    @ VAL DE NANTES

    Content de savoir que tu as connu Louis Bakabadio
    Il m’a enseigné en première année ( micro économie )
    Qu’à cela ne tienne, sans vouloir jouer les Cassandre, nous sommes encore loin de nous débarrasser du tyran d’Oyo. J’ai utilisé à dessein le verbe “dessoucher” pour mettre en relief l’ampleur du travail qui incombe aux congolais.
    Ça ne sera pas une sinécure.

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