Pourquoi l’Afrique noire francophone refuse le progrès et accepte la soumission imposée par l’occident

AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO (Photo by ISSOUF SANOGO / AFP)

Par Lucien PAMBOU

L’Afrique noire francophone est irréelle car de façon symbolique elle n’existe pas. Elle est un sujet passif qui refuse l’effort scientifique et technique au nom de la lutte pour le pouvoir politique. L’Afrique noire francophone, dont les dirigeants roulent en quatre-quatre, détourne l’argent public. Cette Afrique francophone possède des élites qui scientifiquement et techniquement ne sont pas formés pour la pratique. On peut objecter en disant que ce n’est pas leur faute, mais celle des présidents en place qui les empêcheraient de travailler efficacement. Ceci est vrai pour les élites de l’intérieur, comme pour celles appartenant à la diaspora.

Le constat réalisé, celui-ci n’occulte pas toute l’apathie et toute l’indolence pratique des élites africaines qui sont plus spécialistes de sciences humaines que de disciplines scientifico-techniques.

Dans un ouvrage paru en 1991, Et si l’Afrique refusait le développement -Editions L’Harmattan-, l’écrivaine économiste Axelle Kabou expliquait les mécanismes idéologiques qui traduisent la déliquescence de l’Afrique en matière de progrès technique et son refus au développement. L’Afrique noire, selon elle, a peur d’exister. Si l’esclavage, la colonisation et le néocolonialisme ont abîmé les schémas mentaux des élites africaines, on pense que l’Africain est aussi responsable de ce qui lui arrive. Trop souvent marquées par la tradition, les élites africaines modernes préfèrent délaisser les schémas démocratiques de travail, d’effort, d’abnégation pour se donner aux vieilles lunes de la tradition souvent basées sur le clanisme, le tribalisme et la volonté du clan auquel appartiennent ces élites de capter tout le pouvoir.

La captation du pouvoir devient un exercice de long terme, il faut le défendre à tout prix et les problématiques de développement économique, d’aménagement du territoire, d’installation d’industries adaptées à l’environnement africain sont abandonnées. Dans la théorie du réseau social que j’ai développée ici sur Congo Liberty on trouve tous les éléments que je viens de décrire en amont. Le réseau social dans d’autres cieux peut être un élément de management et d’entraide coopérative. En Afrique noire francophone le réseau social devient funeste et contribue uniquement à renforcer structurellement un clan qui adoube d’autres clans.

L’Afrique a du mal à être un producteur de biens de consommation et d’équipement pour les populations. Pourtant le sol africain regorge de ressources exploitables, d’un environnement où l’eau et la forêt et les terres arables sont nombreuses. L’Africain, incapable au niveau de la production, préfère le statut du consommateur permanent en consacrant des parts énormes du budget pour importer des biens alimentaires alors qu’il pourrait développer la production des biens primaires sur son sol. L’Africain est sous la domination politique de l’occident et sous la soumission de celui-ci en matière de biens importés. Si le schéma esclavagisme-colonisation-néocolonisation ligote les mentalités africaines, il est indispensable pour les nouvelles générations de le savoir et d’apporter des réponses idoines.

Mon texte n’est pas une n-ième antienne ou négrophobie concernant l’homme noir de l’Afrique francophone mais une prise de conscience et de distance du noir que je suis et fier de l’être vis à vis des élites auxquelles j’appartiens modestement mais avec un œil critique et distancié. Les Africains que nous sommes serions-nous incapables de transformer notre environnement et de passer de la petite forge du quartier vers la grande industrie ? Cessons les bavardages, les oukases et travaillons.

Certains pays comme le Nigéria ou le Ghana, voire le Kenya, d’obédience anglo-saxonne, saisissent à bras le corps la problématique du développement de l’industrie en créant des accords avec des pays comme le Japon ou la Chine pour des ateliers de montage, espérant ainsi un jour acquérir de l’expérience et monter leurs propres industries. Rien de tel en Afrique centrale où l’on préfère la consommation à la production, la jouissance et la luxure à l’efficacité économique. Il faut libérer la pensée des intellectuels africains en l’articulant sur le réel. L’Afrique noire vient de loin, elle reste fondamentalement figée sur le mimétisme occidental. Il faut dépasser cette soumission volontaire en réfléchissant autrement et en travaillant différemment notre espace politico-environnemental. C’est le prix à payer pour sortir de la soumission et de faire du progrès l’idéal pour le bonheur des populations trop miséreuses et trop appauvries par une pensée élitaire désordonnée.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 28 octobre 2022, par www.congo-liberty.org

Y-a-t-il un sentiment anti français au Congo-Brazzaville et/ou en Afrique francophone de l’Ouest ?

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9 réponses à Pourquoi l’Afrique noire francophone refuse le progrès et accepte la soumission imposée par l’occident

  1. le fils du pays dit :

    Manque de leaders humbles et pragmatiques

  2. Val de Nantes . dit :

    Si nous avons atteint l’acmé de l’inutilité de l’ ici bas ,c’est à dire des êtres vivant en quête constante du néant .C’est par absence de prise de conscience de notre présence au monde et notamment en AFRIQUE noire où le pouvoir politique est devenu la contre nature que le congolais se contente de cette homéostasie socio -politico -économique . …En fait ,c’est presque un oxymore de dire que le pouvoir politique est bon ,mais mauvais par délégation .
    Faut -il déléguer tout le pouvoir à un seul individu ?
    Quelle est la nature du pouvoiir politique ,voulons -nous ?.
    Pendant combien de temps- allons nous séculariser la misère congolaise ?
    @LE FIL DU PAYS a bien diagnostiqué la cause prémière de cette défaite intellectuelle qui caractérise la société africaine ,plus principalement celle qui vit sous perfusion coloniale et néo -coloniale ,le Congo en est une sinistre illustration .
    Le concept de réseau n’aucune influence sur la conception d’organiser la gouvernance publique .Celle ci est le fait de la manifestation d’une conscience politique fondée sur la considération de soi à soi .Moi et le reste .
    Est- ce que ce moi (politicien ) est -il compatiblement moral ,patriote et intégre dans la perspective d’une gestion salutaire des deniers publics ?.
    Exemple :
    Si je me définis comme un politique congolais ,conscient de ma condition sociale et nationale ,mon premier réfléxe ,c’est de réunir toutes les conditions nécéssaires à la compréhension de l’état miséreux dans lequel se trouve plongé mon pays .
    S’interroger de la sorte ,c’est poser les fondements de la recherche de la vérité de ce fait ,c’est à dire celui du sous -développement …
    Le sadisme et le masochisme qui gouvernent l’esprit des dirigeants africains noirs (congolais ) s’originent dans l’impuissance existentielle d’analyser la véritable approche du réel .Le réel ,c’est le vécu qoutidien des congolais ..
    Hormis l’aspect financier qui motive l’advenue d’un politicien au pouvoir , il y a cet invariant psychique qui structure son esprit .Le politicien congolais se contentre d’être , alors que nous aurions voulu qu’il existe par les actions profitables à la polpulation ..Sassou en est le vrai prototype .Il n ‘ y a rien qui ait été impossible à SASSOU ,au vu des richesses extraites du sous sol congolais , de créer une vie bonne pour l’ensemble des congolais …Il est, de ce fait, aveugle aux lumières du progrès écnomique ,car c’est du progrès économique que l’homme surgit au monde .
    Ses discours ex – cathédra qui ne cessent de tympanner les oreilles des congolais virent à la plaisanterie nationale .Un exutoire des fumées , d’où s’échappent les effets thermiques inoffensifs pour le peuple congolais . C’est ce qu’on appelle de l’enfumage passif .Et cela dure plus de 40 ans .
    Je souscris à certaines théses pambouiennes ,mais je reste lucide sur la surface intellectuelle des congolais , abimée par une apologie des vols d’argent public et de l’instrumentation des scories ataviques , comme le tribalisme .
    Le développement d’un pays équivaut à un engagement patriotique de manière très désintêressée …
    Les pays africains , anglo -saxons , sont matures par excellence .Nous souffrons de la réalité objective ,c’est à dire d’ un manque de l’affirmation de nous mêmes..Autrement dit , nous souffrons de l’hospitalisme aigu .

  3. Val de Nantes dit :

    Lire ,,il se contente d’être.
    Population…
    Bonne lecture ,car je la sais très subtile.

  4. Samba dia Moupata dit :

    De toute l’Afrique francophone, le constat du Congo Brazzaville est le plus catastrophique . Car le semi analphabétismes de Sassou Denis devient une évidence ! Tenez le Cameroun avec Biya un universitaire certes un dictateur , mais est arrivé à une auto suffisance alimentaire , le Tchad , la Centrafrique sont des pays d’élevage , la Côte d’Ivoire reste le premier mondial du cacao et n’importe pas les cuisses de poulet en Europe, contrairement au Congo Brazzaville qui importe tout même le fou fou de RDC . A cela s’ajoute l’inflation record du Congo Brazzaville avec la fabrique des faux billets par Sassou Dénis !

  5. delbar dit :

    Cher Monsieur Pambou,
    Le Soudan, l’Ethiopie, le Mozambique, la Somalie, la Zambie (liste non exhaustive), n’ont pas été sous influence française et la situation de ces pays est parfois encore plus dramatique.
    Vous mettez en exergue le Nigéria où la corruption fait des ravages à tous les niveaux malgré les richesses pétrolières.
    Franchement, ce pays n’est pas un exemple.
    Je partage votre analyse sur le volontarisme mais la situation du pays ne dépend pas de l’identité du colonisateur.
    L’exemple du Liberia indépendant en 1847 démontre que ce sont les peuples qui sont responsables de la qualité de vie dans leur pays.

  6. Mangou dit :

    Qui avait dit que les congolais devaient maîtriser la science et la technologie de chaque domaine où ils sont formés ? Savoir comment ça marche et créer les outils
    Pour fabriquer les éléments, qui réunis ,feront que tout le système fonctionne.

  7. Enoka dit :

    Pambou. Pourquoi vous ne parlez pas directement du dictateur sanguinaire, ultra tribaliste , Sassou Nguesso et sa clique de voleurs,assassins qui sont venus ruinés l’ l’economie du Congo et dsorienté le peuple Congolais rendu très malheureux

    http://www.dac-presse.com/le-gaz-congolais-remet-en-selle-monsieur-denis-sassou-nguesso-a-paris/

    Sassou Nguesso dictateur genocidaire traitre à la république du Congo et la France Afrique

  8. christian Biango dit :

    Le salut du Congo Brazzaville passera par l’éradication de toutes formes de religion, de l’idéologie criminelle Marxiste-Léniniste et de l’aliénation de la sapologie, autrement, aucune chance!

  9. Marc Armando dit :

    Le directoire politique et administratif n’est tout simplement pas à la hauteur de la tâche au Congo.

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