
L’amour dans tous ses compartiments nous dévoilé par la poétesse Alima Madina qui clame ouvertement sa religion islamique. Une vingtaine de poèmes où se révèle également le penchant de la poétesse pour d’autres sentiments. On y découvre son regard observateur sur la terre de ses ancêtres qu’elle aime de tout son cœur, ainsi que d’autres imaginaires qui surgissent parfois de son inspiration.
Alima Madina : la splendeur des amours
Dans ce recueil surgit plusieurs fois le mot amour, comme on peut le constater dans quelques vers de certains poèmes : « Je partirai chercher l’amour » (p.4) ; « Pour un brin d’amour : J’ai déliré comme une fée » (p.17) ; « Ce soldat inventait l’amour / En comptant les petits jours » (p.18) ; « Pour que la contorsion de la langue / Ne défrise plus jamais l’amour » (p.23) ; « Voix d’amour pur et profond / Voix du très cher panafricanisme » (p.50).
Mais ce sentiment d’amour multiforme s’exprime implicitement dans d’autres discours comme on peut le constater dans le poème intitulé ‘le pèlerinage d’amour » (p.20) ; l’amour s’avère multidimensionnel dans Splendeur cachée. L’auteure avoue un grand amour pour ses parents ; ainsi l’exprime-t-elle pour un de ses géniteurs quand elle clame dans un rêve à la recherche de l’amour paternel :
« Il me faut un jour rechercher
L’amour qu’autrefois j’ai trouvé
Dans le regard lucide de mon père » (p.14)
Mais cet amour envers son père ne peut ne peut valablement avoir un sens sans celui qu’une femme peut manifester pour ses enfants ; d’ailleurs il est rare que les poètes oublient de chanter l’amour maternel, à plus forte raison que les écrivaines résument en elles toutes les dimensions de leur maternité :
« Je murmurai parfois : seigneur,
À Latif, donne une vie plus gaie
Des enfants, une éternelle belle taie » (p.29)
Et dans cet amour qui prend naissance dans l’urne famille, Alima Madina n’oublie pas son grand père Tsoh-mouon :
« Père de mon père
Souris et bénis mon âme
La vraie femme de ta vie
Celle qui herche toujours
La route cachée de l’amour » (p.44)
Mais quelque part dans sa poésie, Alima Madina voit son inspiration croiser l’amour idyllique à travers « ce soldat qui invente l’amour derrière les barreaux » :
« Pourquoi l’amour embellit-il
Souvent drôlement l’objet aimé ?
Sa voix enrouée m’attirait
Avec force dans ces feux croisés » (p.18)
À l’amour des parents qui lui sont chers, et à l’amour-sentiment s’ajout l’image du pays que l’auteur semble bien connaitre. Aussi, se révèle-t-elle comme une fille des Plateaux batékés :
« Je ne suis revenue que pour toi
J’ai traversé en pleine nuit Mongo-Tandu
Laissant au loin mon Ekouori et Pôh » (p.23)
Dans sa communion de poétesse avec la gente féminine, Alima Madina n’oublie pas d’interpeler ses campagnes du continent pour une prise conscience :
« Debout femme d’Afrique.
Debout femme de mon pays (…)
Ne croise pus les bras,
Pile ce miel avec ardeur
Sa farine fera le bonheur
Des enfants de tous les coins » (p.51)
À partir du pays, le regard de la poétesse traverse le présent congolais pour une analepse dans l’histoire du continent en interpelant quelques illustres figures à travers « Les amis de Franklin » :
« Matsoua as-tu écouté Francklin ?
Ils courent derrière l’ombre de Ben-Barka
Tout en motivant Lumumba
Traverse ces forêts, toi l’incompris » (p.50).
De l’amour à l’horreur dans quelques textes de Splendeur cachée
Comme tout être humain, l’idée de la mort n’a pas échappé à Alima Madina, à l’instar de la plupart des créateurs des œuvres de l’esprit. C’est au futur que les poètes vivent en général « la vie de la mort » :
« Demain à l’heure du déclin
Quand l’aura divine quittera mon être
Pour d’autres irrésistibles horizons
La terre-mère bondira sur ma dépouille » (p.45)
On constate aussi que la poétesse est marquée par la mort des autres :
« Je ne suis qu’une sunnite
J’ai vu mourir des chiites
Des enfants et bien d’autres innocents » (p.36).
Et cette idée de la mort qui hante la poétesse est précédée par une période de tristesse que l’on peut remarquer dans plusieurs textes :
« Mon pays m’a ridiculisée (…)
Il a éventré toutes les mères
J’ai horreur de ma nationalité » (p.38).
L’auteure, une femme dans le berceau de l’Islam
Dans Splendeur cachée, se découvre paradoxalement une autre splendeur, celle de la religion musulmane qui habite l’auteure. Dans plusieurs poèmes, se dégagent le souffle islamique et sa croyance en Dieu que Madina n’hésite pas révéler déjà dans l’incipit du premier poème du recueil :
« Oui Dieu m’a donné, merci
Il m’a beaucoup donné, m’a-t-on dit » (p.13)
Et la religion musulmane que pratique la poétesse est mise en relief par quelques spécificités islamiques :
« Le ramadan ne m’écœurait jamais
Et je faisais bien mon triste chemin » (p.15).
Dans « Les belles mots du Ramadan », on se retrouve dans les réalités de l’Islam à travers cette évocation de la poétesse :
« La vie était vraiment belle
Lorsque le muezzin faisait l’appel » (p.87).
Pour conclure
Splendeur cachée, une poésie qui dévoile paradoxalement d’autres splendeurs de l’homme ainsi que son univers social et sociétal. L’auteure essaie de respecter par moment quelques principes élémentaires du classicisme telle la rime dans certains textes. Et son préfacier Mongo-Mboussa de le constater aussi : « Par-delà son attachement à la rime (…) la poésie de Madima, chaleureuse et douloureuse (…) est condensé de fraternité ».
Noël Kodia-Ramata