« L’indépendance n’est pas un état de choses. C’est un devoir » VACLAV HAVEL
Il y a 60 ans la République du Congo avait l’embarras du choix face aux offres et aux engagements des acteurs du développement dans tous les domaines en France et aux États-Unis. C’était lors du premier voyage officiel effectué en France en 1961 par le premier Président de la République du Congo, Fulbert Youlou (1), ainsi que celui effectué aux États-Unis la même année (2)
Aujourd’hui il est accablant pour nous, les Congolaises et les Congolais d’évoquer la place de notre pays dans le monde.
En effet, en cette rentrée de septembre 2021, un seul fait suffit à nous faire constater cette triste réalité : la lettre qui a été adressée par un membre influent du Mouvement des Entreprises de France ( MEDEF) ) au Premier Ministre de Denis Sassou qui a séjourné à Paris du 24 au 30 août 2021 avec une kyrielle de membres de son gouvernement : » Nous avons tous les éléments en notre possession qui font que, pour l’instant, nous ne puissions nous engager au Congo -Brazzaville », a indiqué l’investisseur.
En 61 ans d’indépendance, le Congo n’a jamais subi une telle rebuffade dans le monde et nul ne pouvait imaginer cela entre le Congo et la France ( même après la Révolution d’août 1963).
Que Monsieur et Madame Sassou Nguesso puissent avoir des
problèmes de santé ( Africa Intelligence
02-09-21), rien de plus normal pour ces deux mortels comme pour tout
Congolais. D’ailleurs nous souhaitons
une longue vie au couple afin que les deux puissent voir plus tard, après leur
chute, comment nous, les patriotes sincères, assurerons la reconstruction et le
développement du Congo.
L »’attestation de rebuffade » reçue par le
dernier des Premiers Ministres de Denis
Sassou Nguesso est une »pièce à conviction » que les patriotes et les
démocrates sincères doivent malheureusement garder en mémoire.
Car il faut toujours avoir conscience du fait
suivant: Sassou Nguesso et son
système ont liquidé les 61 ans d’indépendance du Congo.
Comme l’indiquaient « les Assises Nationales du Congo »
et les autres signataires du »Message à l’occasion du 30 ème anniversaire de
la Conférence Nationale Souveraine » : « Et pourtant, le Congo a eu de grands
dirigeants politiques qui nous ont transmis cette conscience par leur pensée et
leur pratique, chacun à sa manière : André Matsoua, Jean Félix-Tchicaya,
Jacques Opangault, Fulbert Youlou, Alphonse Massamba-Débat, Marien Ngouabi,
André Milongo, Pascal Lissouba ».
Dans un monde globalisé en pleine effervescence, les valeurs démocratiques ne
sont plus l’apanage des pays développés, elles s’enracinent à travers le monde
sous la houlette de certaines bonnes volontés. Dans un contexte
irrémédiablement plombé par un tribalisme institutionnalisé, le génie du peuple
congolais ne trouve toujours pas les conditions de son éclosion ni de son
envol.
La prise en compte des conditions matérielles d’existence de tous les Congolais, n’est ni en projet ni garantie.
Dernière triste performance : de tous les pays de l’Afrique Centrale, seul le Congo est incapable depuis deux ans de signer un accord avec les institutions de Bretton Woods pour cause de mauvaise gouvernance
« Ils étaient civilisés jusqu’à la moelle des os »
En 2021, c’est une grande désillusion
qui rend nos aînés nostalgiques de la période coloniale. Or, l’histoire de la
colonisation du Congo reste un long cauchemar fait de l’écrasement continuel
des peuples alors privés de la plupart de leurs droits. D’aucuns restent
dubitatifs quant à la capacité du congolais à assurer le progrès par le travail
bien fait. Et pourtant depuis le XVe siècle , les capacités de
Congolais étaient reconnues. C’est ainsi qu’à travers À travers les écrits du missionnaire Giovanni Antonio Cavazzi (Cavazzi a.,
1732) qui fut envoyé deux fois au royaume kongo en 1654 et en 1670, on apprend
avec fierté que chez nos ancêtres, les kongo précoloniaux, sur le plan du
prestige social, le noir passe avant le blanc. Ainsi à la fin du xv e siècle,
le roi de kongo et son peuple ne se firent baptiser que parce qu’ils estimaient
que la religion des blancs était un moyen d’élargissement de leur connaissance
pour améliorer les conditions d’existence des humains.
L’ethnologue Allemand Leo Viktor Frobenius fut l’un des premiers à tordre le cou à une idéologie méprisante de l’époque selon laquelle les Européens auraient trouvé en Afrique des peuples véritablement « sauvages » auxquels ils auraient apporté la civilisation. Au contraire, grande était sa surprise lorsqu’il rencontra dans le Royaume Kongo des habitants « civilisés jusqu’à la moelle des os », de grands Etats bien ordonnés, et cela dans les moindres détails, des souverains puissants, des industries opulentes.
C’est à la faveur des contacts soutenus avec les blancs que les hiérarchies
furent renversées : l’homme blanc devint le dominant et le modèle. On
connait la suite avec la traite négrière durant 400 ans, puis la colonisation
de 1885 (Conférence de Berlin) à 1960(Indépendance) .
Notre pays est actuellement riche
d’intelligences dans divers domaines à travers le monde, et il a engrangé d’énormes recettes pétrolières ces quinze dernières années.
La grande désillusion
On ne peut autrement expliquer un tel état de fait que par une raison
fondamentale : la mauvaise gouvernance. Et celle-ci s’explique elle-même
par les caractéristiques du système Sassou
Nguesso .
Mais face à cet état de fait
que fait le peuple ?
A un assourdissant silence public, s’ajoute le vacarme de l’indifférence. Les
sporadiques manifestations de la diaspora troublent l’indolence commune, mais
ne parviennent pas à soulever le couvercle plombé de l’aboulie nationale. Reste
donc à jeter un énorme pavé dans les douves de la politiques pour que tous les
congolais, dessillés par les éclaboussures jettent enfin un regard sur ces
cloaques.
On est presque surpris que dans des conditions extrêmement difficiles, MABIALA MA NGANGA, André MATSOUA et tant d’autres y compris Jacques Opangault avaient bravé
l’ordre colonial alors que les congolais du 3e millénaire, disposant des
moyens de communication les plus modernes, continuent à subir tant de
frustrations pendant une longue période de désordre et d’angoisses
existentielle ouverte par un pouvoir putschiste qui maintient un
dictateur dans le rôle de Président à vie.
Après 60 ans d’indépendance, on nous impose un Congo où le système détourne
impunément l’exclusivité des recettes pétrolières à travers les sociétés écrans
établies dans les paradis fiscaux, alors que le peuple congolais s’enfonce
chaque jour dans une misère effroyable. On nous impose un Congo où les
constitutions changent au gré des stratégies personnelles des hommes
politiques, c’est ainsi qu’un putschiste abroge la constitution adoptée en
toute souveraineté par les congolais (celle de 1992), pour la remplacer par une
autre (celle de 2002), taillée sur mesure, qu’il finit par jeter aux orties et
impose dans le sang une plus vicieuse (celle de 2015), mais qu’il ne daigne
même pas respecter.
On nous impose un Congo où la conquête et la conservation du pouvoir deviennent un combat sans merci, tout adversaire étant un ennemi qui doit s’attendre à être mis aux arrêts pour « atteinte à la sureté de l’Etat ». On nous impose un Congo où, un régime disposant de tous les pouvoirs est incapable d’organiser des simples élections dignes, justes et transparentes. Un régime qui pousse l’impudence à l’extrême en nommant ses « députés ». Bref, on nous impose un Congo où tout va à vau-l’eau comme si le suicide collectif était l’ultime alternative. Cerise sur le gâteau : l’article 96 de la constitution imposée dans le sang en Novembre 2015 consacre l’impunité au sommet de l’Etat « – Aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit ou pour manquement grave à ses devoirs commis à l’occasion de l’exercice de sa fonction ne peut plus être exercée contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions. La violation des dispositions ci-dessus constitue le crime de forfaiture ou de haute trahison conformément à la loi. »
Qu’on ne se méprenne pas : l’indépendance n’est pas un état des choses, ni une fin en soi. C’est une dynamique. Comme la liberté, elle n’est jamais acquise. Comme pour la démocratie, c’est un combat de tous les instants. Comme pour le progrès, c’est un devoir. C’est cette dynamique quasiment ontologique qui fait l’honneur des peuples qui se battent pour en faire une réalité.
On ne peut naïvement s’accommoder d’un avilissement général ni à de faux diagnostics du genre : manque d’argent, inadaptabilité de la démocratie à la diversité ethnique, baisse des cours de matières premières, opposition nuisible, ingérence française malsaine…, on est loin, mais alors très loin, mais surtout à mille lieues des solutions. Surtout si la stratégie, comme on le voit sous nos yeux en 2021, consiste à disposer d’un gouvernement composé majoritairement de personnes nées après l’indépendance, mais éternellement biberonnées par le système Sassou Nguesso.
Djess Dia Moungouansi
(Edito de LIBERTE-CONGO-TELEMA Spécial Rentrée 2021)
(1) https://francearchives.fr/fr/facomponent/adce194d80776cd47ab7ac5b484a01bbd577a980
(2) [1] https://www.jfklibrary.org/asset-viewer/archives/JFKWHP/1961/Month%2006/Day%2008/JFKWHP-1961-06-08-A
COUP D’ÉTAT EN GUINÉE-CONATRY: DENIS SASSOU NGUESSO HOSPITALISÉ, MALAISE ET DÉSIR MOURIR AU PAYS : https://www.youtube.com/watch?v=LllTVNnMoBI
@GROSSE VALIDATION ,DJESS.
Comme l’avait su bien dire Diderot : » lorsque les haines ont éclaté toutes les réconciliations ,quelle qu’elles soient ,sont fausses « .
Le système clanique de SASSOU ressemble au capitalisme semblable au vampire , ne s’anime qu’en suçant le travail .Cette phrase ,transposée dans le contexte de notre système économique mis en place par ce clan , y trouve sa justification .
De cette phrase ,nous retenons le mot vampire et le travail se mue en finances publiques..
La logique de destruction l’emporte sur celle de construction .Malgré l’indépendance , qui était censée revaloriser le noir congolais au moyen de l’utilisation efficiente de ces ressources intellectuelles , le CONGO est réduit à un simple objet de marchandise politique et économique au profit d’une caste politique médiocre .
lire ;;; ses ressources .