Monsieur Sassou Nguesso où est la tombe du Président Alphonse Massamba-Débat ?

Nous assistons ahuris, nous peuple congolais esclave, en premier lieu aux commémorations de l’esclavagiste Savorgnan de Brazza qui a un mausolée en marbre à Brazzaville, et à présent au 80e anniversaire du Manifeste de Brazzaville du Général de Gaulle en perte de légitimité, père de la Françafrique, cette pieuvre qui empêche tout développement des pays africains francophones à cause de leur manque de souveraineté monétaire avec le franc CFA (Franc des Colonies françaises d’Afrique). Nous avons du mal à comprendre pourquoi et comment le deuxième Président de la république du Congo, le Président Alphonse Massamba-Débat n’ait aucune sépulture digne de son rang, mort lors de votre violente prise de pouvoir avec l’assassinat du Président Marien Ngouabi le 18 mars 1977.      

Le Président Alphonse Massamba-Débat a disparu comme par enchantement de cette terre.     

Vous avez déployé tant d’effort pour ramener d’Algérie vers Brazzaville les ossements du colonisateur Savorgnan de Brazza, alors que vous restez toujours silencieux sur les circonstances de la mort et de la disparition du Président Alphonse Massamba-Débat. En cette période de questions mémorielles qui ne concernent en rien le peuple congolais, il eut été judicieux de mettre tous les moyens pour retrouver la dépouille du Président Alphonse Massamba-Débat et lui offrir des obsèques dignes d’un ancien Président de la République du Congo qui a pour valeurs unité, travail et progrès.   

Nous Congolaises et Congolais sommes nombreux à ne pas trouver le sommeil à cause de cette énigme qui ne favorise en aucun cas la concorde nationale. En tant que Bantous, depuis plus de 43 ans, nous sommes privés de faire notre travail de deuil afin que l’âme du Président Alphonse Massamba-Débat qui erre çà et là puisse enfin se reposer et trouver la paix.   

Il est vrai qu’avec le Capitaine Florent Tsiba devenu le « Général du Petit Matin », vous avez ôté la vie de nombreux de nos compatriotes innocents rien que pour votre folie d’assumer le pouvoir. Souvenez-vous de tous ces noms, nos Martyrs, le Président Alphonse Massamba-Débat, le Cardinal Emile Biayenda, Lin Lazare Matsocota, Franklin Boukaka, Ange Diawara, Pierre Kiganga, Jean Pierre Bakekolo, Jean Bikoumou, Prosper Matoumpa Mpollo, Barthelemy Kikadidi, Daniel Kianguila, Daniel Kandza, Germain Mizele, Thaddée Kourissa, Etienne Kinkouba, Pierre Dianzenza, Albert Konda, Grégoire Kouba, Simon Sissoulou, Ndoudi-Ganga, Samba Dia-Nkumbi, Elie Itsouhou, Kimbouala-Nkaya, Jean-Baptiste Ikoko, Olouka, Pierre Anga, Marcel Tsourou, les 353 disparus du Beach et tous ceux dont j’ai oublié les noms. Comme par hasard les massacres de toutes ces personnes innocentes n’ont pas permis le développement du Congo-Brazzaville, mais au contraire le délabrement total dans lequel vous avez plongé ce pays.    

Nous autres, Congolaises et Congolais, pensons énormément à nos concitoyens morts pour rien et enfouies pour certains dans des charniers comme les 353 disparus du Beach. L’histoire triomphe toujours et cela ne fait aucun doute qu’une personne puisse parler pour soulager sa conscience.  

Il fut bien dommage que pendant la Présidence du Professeur Pascal Lissouba, élu démocratiquement, que son Ministre de la Justice et Garde des sceaux de l’époque n’ait effectué aucune démarche pour faire triompher la vérité. Ce gouvernement étant tellement obnubilé par sa victoire avec sa soif de se servir en monnaie sonnante et trébuchante en laissant les vrais problèmes des Congolais passer au second plan. Quand on a été élu démocratiquement, il y a lieu d’apporter des solutions aux victimes de révolutions primitives des apprentis marxistes-léninistes. Mais la priorité de ce gouvernement était ailleurs. Encore une occasion manquée.    

Le Congo-Brazzaville nous survivra tous. Mais, il est encore temps de réparer nos méfaits, de faire amende honorable devant le peuple congolais en se soulageant de ces poids qui pèsent dans nos cœurs. Aucun Congolais ne peut se satisfaire de vivre dans un pays qui est une dictature et dans lequel le pouvoir est au bout du fusil et non dans les urnes. Tout ceci a pour conséquence l’anéantissement d’une partie de la population majoritairement du Sud afin de régner ad vitam aeternam.  

Dans notre tradition Bantou, le Président Alphonse Massamba-Débat était le Père de la nation. Alors nous sommes à présent 5 millions de Congolaises et de Congolais orphelins et qui vous demandent la dépouille de notre Père. Il ne se passe aucun jour sans que le peuple congolais ne pense au Président Alphonse Massamba-Débat. C’est une plaie béante que nous porterons en nous en l’absence de pardon.    

Il arrivera un moment de vérité dans notre pays qui aboutira à la réconciliation nationale dans lequel chacun de nous reconnaitra sa part d’erreurs pour que ce pays maculé de sang puisse se développer, se reconstruire dans la fraternité et la concorde.    

Le Chili vient d’approuver le 25 octobre 2020 à 80% des votants en faveur d’une nouvelle Constitution pour remplacer celle en vigueur depuis le règne d’Augusto Pinochet votre corollaire. Nous Congolais ferons de même pour démontrer la nature démocratique, participative et pacifique de l’esprit congolais. La constitution doit être un espace d’unité, de stabilité et d’avenir. Il est inadmissible qu’un Congolais soit en danger de vie dans son propre pays comme à l’extérieur parce qu’il a un avis contraire aux dirigeants. C’est notre conception de la démocratie.  

Monsieur Sassou Nguesso, de votre vivant, vous ne laissez aucun legs au peuple congolais sinon que celui de la violence en politique, de la raison du plus fort, du Pantin des Français et des graves violations des droits de l’Homme dont pourra se saisir la Cour pénale internationale (CPI) bien qu’imparfaite.    

Nous sommes tous les pères, mères, frères, sœurs, fils, filles et petits-enfants de tous ces Congolais que vous avez « au petit matin » écourté le séjour sur terre sans même leur laisser la possibilité d’admirer pour une dernière fois le lever du soleil, espoir d’un jour nouveau.      

Si comme le dit si bien dans sa chanson l’artiste Hardos Massamba que vous avez soi-disant livré le corps du Président Alphonse Massamba-Débat aux lions du parc zoologique de Brazzaville, alors vous êtes habité par une cruauté inhumaine.  

Il y a lieu de penser de votre vivant à quel animal sera livré votre corps car nous sommes tous de passage sur cette terre. Mais, n’ayez aucune crainte car nous ne le ferons pas parce que vous avez été et êtes Président de la République du Congo. Le peuple ne mérite que les dirigeants qu’il choisit. En tant que Démocrates ou Républicains vous recevrez les honneurs qui vous seront dus.  

Mais après avoir honoré les figurines blanches auxquelles vous voulez tant ressembler, il est plus que temps que le Président Alphonse Massamba-Débat ait des obsèques dignes d’un ancien Président et fils de ce Congo-Brazzaville. Ce dernier a réalisé en 5 ans de règne ce que vous n’arrivez pas à réaliser en 36 ans de règne absolu et cumulé.  

Si vous avez une conscience, cette petite lumière qui nous différencie des animaux, alors il faut nous libérer de ce poids si difficile à porter en nous confiants la dépouille du Président Alphonse Massamba-Débat. Même si votre république Bananière manque d’argent, nous Congolaises et Congolais allons lever des Fonds afin d’enterrer dignement Son Excellence Monsieur le Président Alphonse Massamba-Débat.    

Tant que cette question ne trouvera pas de réponse, nos cœurs meurtris ne seront pas sensibles au vivre ensemble décrété par ceux qui nous tuent en toute impunité. C’est en chiens de faïence que nous allons-nous regarder. Si on veut connaitre un peuple, il faut écouter ses doléances.  

Sachez que tous les jours du matin au soir, le peuple Congolais pleure le Président Alphonse Massamba-Débat. Nous avons besoin de sa dépouille pour entamer notre travail de deuil. Nous les enfants du Président Alphonse Massamba-Débat sommes tristes de l’absence de sépulture et attendons toujours un signe du ciel pour honorer convenablement ce dernier. Nous osons espérer que nous serons entendus.  

Nous déplorons que cette mémoire commune des Congolaises et des Congolais de l’absence de sépulture du Président Alphonse Massamba-Débat ait été si longtemps occultée à la place des mémoires qui ne nous concernent ni de près ou de loin sauf à contribuer à notre paupérisation dans des relations inégales valorisant le colonisateur, la France, qui est le premier prédateur de nos ressources. 

Souvenez-vous toujours de ceux qui vous ressemblent et de leur fin à savoir Bokassa, Pinochet, Mobutu, Idi Amin Dada, Staline, Nicolae Ceausescu, les Duvalier et autres.  

À toutes ces morts inutiles, la patrie congolaise reconnaissante.    

« L’incompréhension du présent nait fatalement de l’ignorance du passé » dixit Marc Bloch.    

Aux larmes Citoyens !   

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA   

Diffusé le 28 octobre 2020, par www.congo-liberty.org

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