MERES COURAGE ! CHAPEAU BAS, VOS ENFANTS DE LA DIASPORA VOUS SALUENT , par Dina MAHOUNGOU

Depuis la fin de la guerre de Brazzaville en 1999, dans un Congo fait de mépris qui n’a point d’égal, et jusqu’aux « incidents » du 4 mars 2012, dans ce trop plein de survie, nos mamans sont abîmées, irrésolues, incertaines, indéterminées, elles ne savent plus à quel saint se vouer ?

Sans travail avec plusieurs enfants à charge, leurs hommes étant pour la plupart morts pendant la guerre civile, dans les traquenards, les règlements de comptes ou disparus sans laisser de traces.

La vie au quotidien leur apporte à la fois des emmerdes, des soubresauts des dures réalités de la vie en vertiges désolés. Nos mamans dans les petits commerces, dans les travaux transversaux, chiffonnières ou cartonnières, élèvent leurs gosses comme elles peuvent, dans une suite de hasards.

Dans nos grandes villes, il y a tout de même des vernis, des hauts-gradés, des grands commis de l’Etat, ces reclus influents ont transformé la jeunesse désabusée en tentatrices habiles.

Une immoralité si frappante, ils ont des harems à demeure qui contiennent des vingtaines de sujets, des filles nubiles de treize à quinze ans … L’horreur du vice.

Nos mères courage, une fois leurs filles arrivées en âge d’intéresser les gros pontes, sont poussées dans la rue, les jolies mômes vont chercher à tout prix les moyens d’arriver au bonheur. Dans les doux-coulants des alcôves, que de murmures et de détractions, ces filles dignes de surprises, avides, cupides et formatées à ça, exercent leur adresse, charment les gens pleins aux as pour rapporter de quoi acheter des provisions de bouche pour la maison familiale … Une véritable allégorie de l’enfer de Dante.

Dans les coins de rue, à la sortie des dispensaires, dans les camps de fortune, des mineures sans projets, une foule désarmée au rang d’apparence trompeuse, des esprits non prévenus sans aucune précision : des morts vivants errent ça et là. Nos mamans en prières chaque jour qui passe, nos mères courage dans la consternation la plus profonde, dans le calvaire.

La vie est très dure, rien ne va plus. Je défie le Bon Dieu qu’on s’en forme un autre dépouillement, une autre poisse, hélas la même misère qui revient toujours !

La candeur de la maigreur, en l’observant, ne saurait être un choix d’élégance de jeune première. C’est une chose futile chez des gens mal nourris. Dans la restriction, la faim ne fait pas de cadeau, elle n’a point de scrupules, elle tue ordinairement : la malignité du sort.

Des vieux Messieurs pédophiles profitent de la jeunesse. Des souteneurs, des tricheurs qui profitent de cette débâcle. Dans tout le Congo, un désordre de ce qu’il y a de plus vil, de plus odieux.

Des gens sauvages qui vendent les hasardeuses, les paumées qui tentent à s’attirer la fortune du jeu. Les hommes de biens, satisfaits, des personnages abominables qui sont hors du respect d’eux-mêmes et de leurs proies.

Dans ces lits défaits, dans ces rendez-vous crapuleux, nos jolies mômes à la physionomie avenante, à la figure avantageuse qu’elles ont reçue de la providence, sont dans des infamies. Une boue qui prend sur elles … Tant pis, ce qui est fait est fait, il faut vivre !

Tout le monde s’en fout : les ONG, la Banque Mondiale, l’Union Européenne ou Africaine, c’est du pareil au même, le chaos est dans le pays … Des catins, des fripons, voilà le mode de présentation, une sorte de fatalité pèse sur le déroulement de l’Histoire.

En débauche et ivrognerie, des jeunes mères affamées et solitaires, des bébés en bandoulière ou à califourchon sur le dos s’offrent à la première occasion, elles s’exécutent lamentablement, c’est affreux.

L’abomination secrète de la classe moyenne, inconstante et volage, des jeunes dames fonctionnaires qui se prostituent aux heures de bureau afin d’arrondir les fins de mois difficiles. Des mineures perdues rêvent de mannequinat, de mode, de faste et d’honneur. Toutes rêvent de devenir célèbres, le quart d’heure impitoyable d’Andy Warhol.

Et toutes ces dames bien comme il faut, vives et sensibles aux plaisirs de la chair circulent en ville avec assurance, avec le plus de distinction et d’agrément possible. Chacune avec l’espérance d’entrer en société chez les gens de biens. Elles espèrent se tirer de la grosse misère, en se mettant sous la protection d’un patron qu’elles auraient lieu d’estimer. Nos dames veules auraient le petit logis tout frais payés et l’effacement des dettes qu’elles ont accumulé le long de l’année. Alors que partout ailleurs, dans des quartiers meurtris, des corps sont toujours dans les décombres, des disparus par centaines, des sans-abris sans nombre constant.

Pour les gens du pouvoir, c’est du lointain tout ça, on s’en fout, on mène la politique de l’autruche, on improvise tout, on recommence et chacun voit midi à sa porte.

Une hérésie inattendue et dont on ne se méfiait pas est en train de s’installer, de tendre les fils de la prise du pouvoir ; la prostitution de masse dans les camps des déplacés.

On note les chevrotements perçants et accélérés caractéristiques d’un pays sans foi ni loi. C’est effarant, pour sacrifier à la tradition du complot, on arrête les officiers sources de toutes les catastrophes. Le Congo se meurt. Dans l’atelier du pénitencier, on arrête tout ce qui gêne, des officiers qui lui ont tenu tête, à ce vice-roi des cons, Chef de l’Etat. Ceux de ses anciens amis sont livrés à la colère du peuple, on leur reproche leur insoumission, des méfaits innombrables et, de cent coudées.

Tandis que dans les autres quartiers chics de Brazzaville, nos mineures de quatorze ans, forcées à porter des dessous affriolants font le bonheur de nos nantis.

Pauvres mères courage, esseulées, déchues de leur rôle de parent, ont tout perdu : la dignité, on les accable de tout déshonneur sans ménagement. Alors les jeunes filles insoumises sont torturées et crucifiées contre les portes, les salauds n’inventent rien pour noircir le tableau, les soupirants et les éconduits se vengent ardemment. Voilà, l’on découvre dans des caves des corps décapités, mutilés, des têtes tièdes au bout des perches.

Inconcevable sacrilège ou malédiction ?

Et le monde civilisé garde encore son silence.

Au palais présidentiel, bis repetita, les équipementiers de l’ordre et de la sécurité, patrons de la mondialisation, livrent encore au Congo Brazzaville, un pays sous embargo, du nouveau matériel de guerre et de fameux contrats aboutissent. Le Chef de l’Etat vient de décider qu’il songe mettre tous les perturbateurs hors d’état de nuire, le pays doit connaître la paix … Puisque le monde est fou.

Au palais du gouvernement, tous les soirs, c’est la nouba, les rendez-vous de noble compagnie. Des gentlemen, cigare aux lèvres, en smoking, les courtisanes en robes longues, les hôtesses bimbos, le front orné de tiares endiamantées, ne connaissent pas la crise. Des personnages sans soucis, dans la joie. Des compradors dans l’euphorie.

Tout ce « bling-bling », ce « bounga-bounga » apportent à nos élus un grand réconfort, ceux-ci poursuivent leur propre rêve.

Avec une sauvagerie sans pitié, des gains scandaleux de la reconstruction du pays, ont curieusement changé de chapitre, un marché noir effréné, plusieurs quartiers au milieu d’un bric à brac poussiéreux. Les responsables englués dans des affaires d’argent nauséabondes, comme les vilaines actions ont la vie dure.

C’est pas du passé ! C’est de l’histoire immédiate, plus personne ne dira que l’on ne savait pas. Ce pays peut disparaître, une vente aux enchères par ces fossoyeurs lui procurera à coup sûr l’évidence de sa liberté.

De néant en néant, sous forme de cendres, après sa crémation, le Congo sera hypothéqué sans ménagement.

Avec nos mères courage, en insurgées ou en ossuaires damnés, quel écœurement !

Le Congo Brazzaville demeure un enfer tranquille.

 

Dina Mahoungou Arpajon, le 25 mars 2012

Ecrivain et journaliste free lance 

Dernier ouvrage paru : Les parodies du bonheur aux Editions Bénévent (premier trimestre 2012)

Chez l’auteur et en vente à partir de fin avril en Fnac et dans toutes les bonnes librairies

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2 réponses à MERES COURAGE ! CHAPEAU BAS, VOS ENFANTS DE LA DIASPORA VOUS SALUENT , par Dina MAHOUNGOU

  1. gdfontaines dit :

    Je vous assure que je me bats pour changer cet état des choses, pour le RDC mais aussi pour tous les autres pays du monde meurtris par les misères. Il est plus qu’intolérable de laisser des êtres humains dépourvus de tout, humilier et en totale détresse. Plus que le cri du coeur c’est le don de soi qui permettra d’en finir avec la misère et l’intolérance. C’est ce défit que je souhaite relever avec d’autres et nous devons agir vite, très vite. Ecrire de tels articles demande du courage pour ne pas sombrer en larme, soyons sur que c’est ce courage là qui transforme les hommes pour le bien de l’humanité, d’une bel humanité. N’arrêtez donc jamais d’écrire c’est la meilleure de vos armes, le plus beau des courages.

  2. Fly pour les Enfants du Congo! dit :

    Bonjour chers journalistes de http://www.congo-liberty.com,

    Je tiens à vous remercier pour vos nombreux articles,qui m’ont encore une fois, comme bons nombres de vos confrères donné un sentiment plus que mitigé.
    En effet, force est de constater que, la majeure partie de ceux qui usant d’une prose assassine à l’égard du Président Denis SASSOU NGUESSO et de sa gouvernance,sont malheureusement des acteurs de la résistance, bien loin du lieux de combat.
    Ils sont tous à l’abri en occident ou ailleurs, profitant des avantages sociaux et autres de ces pays, auxquels ils appartiennent désormais.
    Je me voudrais impartiale; cependant, si vous pensez pouvoir réellement changer les choses en décriant des faits que vous ne prenez même pas la peine de venir toucher du doigt,ne vous contentant que de points de vue suggérés et contestables,vous n’êtes pas de ceux qui peuvent aider ce pays.
    Depuis combien de temps n’avez-vous plus vécu dans ce Congo tant décrié?
    Vous répondrez que l’été dernier vous y étiez, prenant des visas d’entrées apposés dans des passeports obtenus de manière abusive! Ah Ah Ah laissez-moi rire! Pourquoi quitter ce paradis,bien confortable et sans souffrance bien longtemps!!!!
    Vous n’êtes qu’une bande d’égoÏstes! utilisant les peines des autres pour justifier vos propres frustrations mensongères.
    Si vous aviez pu voir ,constater et vivre tout ce que ces malheureux ont vécu, vous feriez preuve de moins de légèreté.
    Où est donc votre compassion,le droit à la dignité de ces pauvres gens qu’en faites-vous???
    Il est beaucoup plus aisé de critiquer le travail d’un autre,que de se mettre soit même à la tâche.
    Venez donc, ce cher pays que nous aimons tous a besoin de toutes ses forces vives, du Nord au Sud.
    Et; une fois sur le terrain, je suis curieuse de savoir si vos discours seront toujours empreint d’autant de haine.
    Car;lorsque je regarde les photos publiées des différents auteurs d’articles paraissant sur ce site,vos tenues vestimentaires vous trahissent: manteaux et autres écharpes sont le signe de votre éloignement certain.
    J’aurai tant aimé que vous soyez des nôtres et non de ceux qui profitent continuellement du système occidental en se présentant comme des victimes du système Congolais.
    Aujourd’hui,je met en cause toutes ces personnes qui, loin de ce peuple, qu’elles disent tant aimer,font preuve d’un culot sans limite, en se présentant comme défenseurs d’une cause ,qu’elles ne seraient à même de défendre, si besoin était qu’elles acceptent de quitter leurs HLM, payés par de fausses déclarations à la Caf et j’en passe. Ce qui en outre compte lourdement dans la dégradation perpétuelle de nos relations avec vos pays d’adoption.
    Finalement, face aux uns et aux autres,je ne sais qui choisir; car, il me parait bien évident que vous aspirez tous à la même chose: vos intérêts personnels, avec un tribalisme incessant, qui affectera malheureusement la vie de nos enfants.
    Je m’étonne de constater que la problématique ici posée sur le sort des « Mamans » et leurs filles s’adonnant à la prostitution ,soit attribuée à la catastrophe du 4 Mars???
    Dites moi, dans le pays , qui est le votre, sachant que cela est le plus vieux métier du monde (sans vouloir le défendre); Est-ce différent???
    Pour jouer la carte de l’intrégration socio-culturelle,vous n’hésitez pas à tolérer l’homosexualité,la pédophilie et tant d’autres maux de leurs sociétés;
    Et, vous semblez choquez par la prostitution chez nous???
    Est-ce un fait nouveau???
    J’ai peine à y croire,et refuse cette forme de transposition volontaire du vécu (fléau mondial en perpétuel croissance malheureusement) à cet évènement douloureux que nous avons vécu,nous dans notre chair.
    Ou est-ce un moyen propice, pour enfin vomir toute cette haine arbitraire longtemps contenue au dedans de vous?
    A part discourir, quelles actions concrètes avez-vous menez sur le terrain?
    Ces malheureuses que vous plaignez, leur avez-vous apporté un peu de compassion, comment pensez-vous les accompagner dans leur quotidien?
    En communicateur, je ne néglige pas l’impact de l’information,encore est il que celle-ci s’avère réelle et à juste titre.
    En dépit de tous vos articles très engagés, je vous exhorte vivement à venir dans Notre pays et mettre ,même dans la douleur votre pierre à l’édifice, au lieu de décrier et noter chaque action et fait contraire à votre opinion bien trempée, du Congolais, aujourd’hui soit réfugié fantaisiste, expatrié complexé ou simplement égoÏste égocentrique et sans aucune réelles souffrances.

    Aussi CHERS FRÈRES, AIDONS LE CONGO AUTREMENT!!!

    Merci.
    Fly pour les Enfants du CONGO!

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