MANIFESTE POUR UNE DEMILITARISATION INTEGRALE AU CONGO-BRAZZAVILLE

Nous sommes très peu d’Africains panafricanistes ou pas, à faire l’observation non émotionnelle des questions concernant les Armées et les Polices sur le continent. Nous assumons être non professionnels et non historiens, mais revendiquons des vérités aux conséquences souvent graves et non dites !

J’évoquais il y a peu lors d’une réunion publique ma méconnaissance de la constitution de royaumes africains à vocation impérialiste dans la première phase de la période coloniale qui mena à la partition lors du congrès de Berlin (1884-1885).

L’histoire militaire qui forgea les nombreux empires de la Grèce antique aux Britanniques, est une histoire qui a été construite dans l’usage et le Droit dit de la guerre à son apogée à l’issue de la guerre de Corée (1950-1953) avec la création du corps des Casques bleus de l’ONU. Mais, qu’en fut-il pour l’Afrique dans sa deuxième phase, c’est à dire, celle allant du Congrès de Berlin à la période des indépendances des années 50-60 ? Nous pouvons dire sans grande inquiétude de nous tromper, que ce fut la période de la mise en place des troupes coloniales autochtones (repris de justice, milices, supplétifs) pour deux buts essentiellement : La maîtrise territoriale des populations et le pouvoir répressif.

La troisième phase dite post-indépendance fut celle de la consolidation de cet état de fait. Nous détestons toujours la Traite négrière, la Colonisation de source européenne, mais, nous en avons gardé le pire par pur machiavélisme, l’Armée et la Police.

Nous sommes donc devant un choix face à 2 alternatives :

  1. Faire table rase par une réforme courageuse.
  2. Assumer le statu-quo de l’asservissement collectif.
  1. CONTEXTE CONGOLAIS
  • REGIMES MILITAIRES

Après 62 ans d’indépendance, le Congo-Brazzaville n’a connu que la primauté militaire pendant 49 ans,  un triste record africain :

  • Marien Ngouabi (1968-1977)
  • Joachim Yombi (1977-1979) ,
  • Denis Sassou (1979-1992 et 1997 à nos jours).
  • COUPS D’ETAT ET TENTATIVES

Les plus connus :

  • 15 août 1963 (révolution dirigée par les syndicalistes ),
  • 1965, contre jeux africains (Bernard Kolélas),
  • 1968 (Marien Ngouabi),
  • 1970 (Sirocco Kinganga),
  • 1972 (Ange Diawara),
  • 1977 (Comité Militaire du Parti),
  •  1979 (Denis Sassou),
  • 1986 (série d’attentats meurtriers jamais élucidés),
  • 1992 (Michel Mokoko),
  • 1997 (Denis Sassou).

Cette liste non exhaustive, est à première vue une exception après 62 ans d’existence, mais elle révèle avant tout l’incarnation de la culture du mépris pour la vie humaine

  1. DES PROPOSITIONS CREDIBLES POUR DES SOLUTIONS PERENNES

Dans toutes les écoles militaires, on ne peut se permettre d’oublier de dire que : une guerre, ce sont des causes lointaines et des causes immédiates, et les lois de la guerre imposent un ultimatum qui justifie le début des hostilités.

En Afrique, il est connu à nos jours une guerre classique frontalière complètement oubliée, la guerre de l’Ogaden en 1977 entre l’Ethiopie de Menguistou et la Somalie de ziad Baré. Ce rappel est donc une interpellation pour savoir quelles armées et pour quels intérêts ? La réponse majeure est de choisir la part de sacrifice à financer la chose militaire dans ses options défensives ou offensives.

  • DE LA PRESIDENCE HONORIFIQUE A LA FIN DE LA GARDE PRETORIENNE

La présidence honorifique, doit avoir pour conséquence la fin de cette dérive, ainsi que celle du statut du chef des armées pour notre pays qui n’aura jamais une vocation impérialiste.

  • DU GOUVERNORAT DES REGIONS FEDEREES DES ZONES MILITAIRES

L’agression brutale par les troupes angolaises en octobre 1997 ne relevait d’aucune règle, mais elle nous a montré deux choses : la première, la défaillance du commandement militaire et la deuxième, le manque de professionnalisme, mais surtout de matériel. Mais de cet événement exceptionnel, nous pouvons dire avec une observation lucide, que le rapport de force humain tout le long de la frontière EST jusqu’à la frontière Sud-ouest ne nous est pas favorable, mais qu’il n’a jamais constitué une menace directe. La mission unique d’une armée est la défense de son territoire à ses frontières loin des regards des populations civiles. Dans la longue liste énumérée plus haut et non exhaustive, nous identifions l’armée congolaise otage du parti-Etat comme étant une menace intérieure sous l’égide d’un état-major politisé. A ce jour, les effectifs des forces de Défense sont méconnus de l’ensemble des populations. Une diplomatie intégrée sous-régionale devra contribuer à éloigner les menaces extérieures. Une organisation efficace devra être mise en place pour mettre fin à la menace intérieure

  • Premier Ministre / Ministre de la Défense
  • Décret de chaque région fédérée d’être une circonscription militaire
  • Le chef d’état-major de la région fédéréé aura au maximum le grade de commandant, et gérer les dotations en matériel léger (responsabilité juridique)
  • Le conseil fédéral de Défense (composition)

Premier Ministre, ministre des Finances et des affaires étrangères, les dix gouverneurs, les dix commandants des circonscriptions militaires

  • Cas spécifiques de Brazzaville et Pointe-Noire

Négociations avec l’ONU pour une présence des casques bleus pour un bail de 10 ans (voir cas de Chypre depuis 1974)

  • LE BOULEVARD DES ARMEES LE SYMBOLE FANTASME

Erigée en institution dominante, l’Armée congolaise agit comme un médicament anti douleur, c’est à dire, mettre fin à la douleur sans jamais vaincre la maladie. Les militaires ont réussi à nous faire oublier qu’ils sont avant tout des fonctionnaires dont le statut particulier est celui de l’usage d’armes de guerre définit par les conventions internationales.

Oui, nous avons décidé de le leur rappeler qu’ils sont des fonctionnaires comme d’autres de la santé et de l’enseignement dont l’existence et les besoins dépendent d’une politique budgétaire arbitrée dans le cadre des règles constitutionnelles. Nous posons la question au-delà de toute exaspération et considération : le Congo Brazzaville a-t-il besoin d’avoir une armée ? Nous répondons oui ,parce que nous n’aurons aucun moyen d’imposer un parapluie étranger, mais parce que nous voulons que le Pacifisme soit au cœur de notre diplomatie. La Paix ne s’achète pas, elle se conquière avec obstination.

Oui, nous voulons une armée qui sera débarrassée de son caractère répressif !

Oui, nous voulons une armée dont la seule vocation sera l’option défensive !

Oui, nous voulons une armée dont le critère sera de 10% maximum des effectifs globaux des corps des fonctionnaires sur le principe des textes de l’organisation internationale du travail (OIT), c’est à dire au chiffre arrondi de 40.000, d’environ 4000 hommes/femmes !

Oui, nous voulons une armée dont le budget sera de 2%  comme pour les standards internationaux en temps de paix !

Oui, nous voulons une armée professionnelle pour mettre fin à sa justification sociale !

Oui, nous voulons une armée invisible au cœur des centres urbains( casernes, logistiques, uniformes) !

  • LE FAIT DIVERS COMME PRETEXTE POUR JUSTIFIER L’ETAT POLICIER SOUTENU PAR LES SUPPLETIFS DE LA GENDARMERIE

Depuis le 15 août 1963, quels sont les Congolais et Congolaises qui n’ont jamais  pris peur à la seule évocation de la JMNR, la Défense civile, l’UJSC, la FENAJESCO, la sécurité d’Etat, la DGSE , la BAC et bien d’autres ?

Nous ne pouvons pas envisager une réforme des Forces de sécurité sans associer psychologues et psychiatres afin de comprendre les mécanismes d’embrigadements qui mènent à l’acceptation de subir l’oppression et la répression afin de les briser pour aboutir à une véritable police républicaine.

Le fait divers, est tout acte volontaire ou involontaire verbal ou physique de la vie en société que les pouvoirs politiques congolais ont pris le soin de fortement criminaliser par la loi (toute critique ou manifestation populaire ou individuelle étant une atteinte contre la sûreté de l’Etat).

Si nous nous battons pour la Démocratie et elle seule, celle-ci ne pourra être possible que si la police travaille sous l’autorité d’une Justice impartiale.

Comme pour les forces de Défense, il nous faut rappeler avec détermination aux policiers, qu’ils sont des fonctionnaires comme d’autres, et à ce seul titre, aucun autre privilège dont celui de s’ériger en une institution de l’impunité ne peut leur être accordé

  • DE LA FIN DE LA DIRECTION GENERALE DE LA POLICE NATIONALE A L’AUTONOMIE SYNDICALE ET REGIONALE

Au Congo-Brazzaville, le directeur général de la Police nationale est plus connu que son ministre de tutelle celui de l’intérieur, comme le procureur de la République est plus connu que celui de la justice, une volonté psychologique bien politique dans le seul but d’instaurer la peur.

Mettre fin à cet état de fait dans l’Etat fédéral que nous voudrons mettre en place, c’est comment nous définirons les délégations de pouvoir entre le Ministre de l’intérieur et le Gouverneur de la région fédérée.

PREROGATIVES :

1- Ministre : gestion des effectifs et formation des policiers. Nomination des commissaires de police. Valide les listes des candidatures électorales et proclame les résultats

2- Gouverneur : responsable de la gestion des commissariats, de la répartition des effectifs. Organise l’élection du premier vice- commissaire de police( un civil) par un vote populaire ou un collège. Organise et gère les commissions électorales autonomes et les processus électoraux

Pour une Paix patriotique

Christian BIANGO (Militant associatif)

Diffusé le 16 juin 2022, par www.congo-liberty.org

CONFÉRENCE-DEBAT SUR LE FÉDÉRALISME : QUELLES FORCES ARMÉE AU CONGO-BRAZZAVILLE ? – SAMEDI 25 JUIN 2022 A PARIS – FRANCE

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4 réponses à MANIFESTE POUR UNE DEMILITARISATION INTEGRALE AU CONGO-BRAZZAVILLE

  1. VAL DE NANTES . dit :

    J’y accorde mon offrande consensuelle .Toute idée disruptive visant à éloigner le spectre de la déstabilisation de la nation dans sa globalité physique est louable .C’est la victoire de la raison , de l’entendement sur des instincts bestiaux qui ont régi le CONGO depuis sa sortie de la caverne coloniale .
    Oui ,une redéfinition des forces publiques s’avère inéluctable dans l’optique d’une reconstruction intégrale du pays sur des bases saines ,essorées des velléités de pronunciamento militaire .
    D’ailleurs , le COSTA RICA nous en montre l’exemple .C’est une précaution ultime de la préservation continue et continuelle de la paix dans notre CONGO …
    Une paix non armée , c’est l’arme de la raison qui fait la paix .
    Merci ,CHRISTIAN @ de nous livrer une saillie venue d’ailleurs pour remodeler le CONGO de demain ,aux étiquettes fédérales .
    J’avais bien dit , en paraphrasant RABAUT DE ST ETIENNE , ce penseur révolutionnaire ,qui lança cette phrase devenue mythique  » : notre histoire n’est pas notre code « , c’est à dire le présent politique doit remplacer le passé politique sans sourciller .
    CHRISTIAN se panthéonnise de plus en plus .C’est le prix de l’amour indéfectible pour notre pays .
    Comme l’avait su bien dire KANT : » C’EST BIEN « .

  2. le fils du pays dit :

    Ailleurs les armées sont professionnelles et productives
    Pas la milice budgétivore qui garde le valet et les intérêts des multinationales.

  3. Marché total dit :

    réflexion profonde sur les miliciens armés qui se font abusivement appelés militaires, mais qui sont en fait des gangsters ayant pris en otage notre pays.
    Il faut un nouveau paradigme avec la suppression de cette milice armée de sassou denis et la reconstruction d’une véritable armée nationale.

  4. kikadidi leo dit :

    dommage

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