Les diasporas congolaises peuvent-elles entreprendre au Congo avec ou sans la gouvernance Sassou ?

Par Lucien PAMBOU

Le Congo-Brazzaville est un petit pays de 5 millions, voire 6 millions d’habitants, qui a beaucoup de mal à exister car ses gouvernants du nord ou sud, a l’est et l’ouest, m’bochis, vilis, tekes, laris, bapounous etc ne s’aiment pas, même s’ils  disent le contraire haut et fort. Ils sont enserrés dans des rapports de force et de domination entre ethnies. Les Congolais ne s’aiment pas, quoiqu’ils disent et quoiqu’ils proclament haut et fort lors des meetings au cours desquels sont valorisées la paix, l’entente et l’entraide. Après la révolution des trois glorieuses, le Congo qui avait déjà été miné avant par les mésententes ethniques, a retrouvé un chemin d’entente et de compréhension entre les ethnies. Les mariages interethniques ont vu le jour et, malgré les affrontements politiques, la société civile est restée intacte et forte. Malgré leurs oppositions politiques, Youlou, lari, ancien président et Opangault, homme politique de premier rang issu du nord, ont toujours recherché la stabilité de la société. L’arrivée de Marien Ngouabi a déstructuré le socle de stabilité de la vie sociale et politique congolaise, même si déjà avant Ngouabi, Laris et Kongos de Boko ne s’entendaient pas. Ce fut ainsi aussi au Kouilou où les partisans de Félix Tchikaya s’opposaient à ceux de Tchichélé.

Ce retour vers l’histoire explique la difficulté actuelle de l’absence d’entente de façon profonde des membres de la société civile qui appartiennent à des ethnies différentes au Congo. Oui, il y a un problème ethnique au Congo, l’analyste que je suis n’est pas l’homme politique que l’on peut accuser de diviser les Congolais. Le Mouvement National de la Révolution, qui s’est transformé en Parti Congolais du Travail en décembre 1969, a défiguré les stabilités politiques, sociales et économiques du Congo. L’assassinat du président Ngouabi a rebattu les cartes et a permis à certains dirigeants politiques du nord du pays de construire un argumentaire qui pointait la responsabilité de Massamba Débat ,de certains militaires du nord, avec un slogan du type Ba-Kongos babomi Marien.  A partir de cet imbroglio politique et macabre, très vite la vie politique congolaise a été dominée par des scansions ethnico-politiques avec une pointe déjà en 1993 entre Lissouba et Kolelas et en 1997 entre Sassou, Lissouba et ensuite Kolelas malgré le lavement des mains lors de la Conférence nationale de 91.

Le président Sassou a gagné le rapport de force politique et militaire grâce à la France, le Tchad et l’Angola et ses milices. Kolelas et Lissouba avaient aussi sur le terrain leurs propres milices, les Aubevillois et les Ninjas. En revanche, 1997 est apparue de façon prégnante car Sassou, ayant été battu lors de l’élection présidentielle, avait passé un accord politique avec Lissouba qu’il considérait comme manipulable et plus faible que Kolelas. Si Kolelas avait été élu, la carrière politique du président Sassou aurait connu quelques problèmes. Le choix de l’accord politique avec Lissouba est un choix stratégique et gagnant pour le président Sassou car Lissouba n’a pas respecté tous les éléments de l’accord. Le président Sassou, installé en France pendant 5 ans, a eu le temps de construire son retour grâce aux erreurs de Lissouba parmi lesquelles revendiquer haut et fort le partage de production avec Total, ce qui est une bonne chose mais qui nécessite beaucoup plus de doigté.

C’est incroyable que Lissouba, intellectuel, n’est pas compris cette astuce que le politicien Sassou a utilisé contre lui. Il y a un principe économique de référence et de base : même si tu possèdes les diamants, le pétrole, le coltan dans ton sous-sol, si tu n’as ni ingénieur, ni investissement financier, ni compétence technico-industrielle, tu te plies à l’entreprise ou au pays qui t’apporte ces éléments. Ensuite, avec ton intelligence et la connaissance de la personnalité de base de l’Occident, parce que tu as été dans les mêmes écoles qu’eux, tu attends et tu ruses pour renverser la situation et valoriser les avantages comparatifs liés à ta possession de matières premières. Nous sommes là au cœur de la stratégie politico-militaire. Ne pas le faire, c’est t’exposer à être éjecter de la scène politique de ton pays dont tu es peut-être le président. C’est ce qui est arrivé à Lissouba, paix à son âme car il est inutile de tirer à boulets rouges sur les morts. En revanche, il est intéressant de voir et de dire pourquoi la gestion de la politique en tant qu’activité sociale n’a rien à voir avec l’instruction académique et les diplômes. Lissouba, plus diplômé que Sassou, a perdu car Sassou est d’abord un politique, c’est à dire un homme ordinaire qui comprend très vite ce qu’il se passe, même si après il est critiquable pour son action pendant40 ans au Congo-Brazzaville.

Ce long détour par la vie politique congolaise permet de dire aux diasporas congolaises qu’il faut faire un choix.

1. Devenir une diaspora godillot et du ventre en répercutant bêtement les messages du gouvernement Sassou. Je tiens à faire remarquer que le président Sassou a des canaux de communication internationaux plus forts que ceux de la diaspora godillot en France

2. Une diaspora volontaire et entrepreneuriale qui doit discuter avec la gouvernance Sassou pour que les conditions de création de valeur ajoutée de cette diaspora soit possible, en évitant que les travers ethniques, les injonctions ethniques, les participations ethniques des responsables au pouvoir entravent la volonté de la diaspora congolaise de bâtir leur pays économiquement. Oh je sais bien, je vais recevoir une volée de bois vert car certains estimeront que je suis naïf et qu’on ne peut transformer les habitudes de ce que l’on appelle le clan Sassou, à savoir l’accaparement des investissements venus d’ailleurs grâce à l’argent facile du Trésor en devenant actionnaire. Je suis naïf, je veux bien l’être et je l’assume, mais je suis en même temps volontaire et je ne travaille pas pour le nord du pays car on dit souvent que les Vilis sont complices du gouvernement parce qu’une de leurs filles, Antoinette Tchibota, est la femme du président. Je veux bien être naïf, mais je ne suis pas devin et je pense qu’il y a une méthode, que je connais pas pour l’instant, pour discuter de ces questions sensibles de l’ethnicisation du business au Congo et du vivre-ensemble en se débarrassant des oripeaux ethniques et ethnicisant.

Voilà chers compatriotes un papier qui va forcément susciter des désaccords. Voilà pourquoi je l’écris. Je fais des analyses fondées sur l’histoire de notre vie politique, mais je reste dans le brouillard pour la clé de sortie de ce magma. J’ai la modestie de dire que je ne sais pas comment sortir de ce magma-brouillard.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 25 mars 2023, par www.congo-liberty.org

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15 réponses à Les diasporas congolaises peuvent-elles entreprendre au Congo avec ou sans la gouvernance Sassou ?

  1. Val de Nantes . La souffrance avouée de l'exil . dit :

    L’objet de l’intervention diasporique sur ce site se résume à une simple volonté : Le départ de SASSOU du pouvoir .
    Pourquoi discuter de la question entrepreunariale avec un dictateur ,qui n’a pas voulu l’éclosion de l’intelligence au CONGO BRAZZA?.
    Voilà une attitude incohérente que soulève cet article lacrymal, mi figue ,mi raisin , avec une propension génétique à morigéner : BAISSER LA CULOTTE .
    La réécriture de notre page politique recommande une mise à l’écart total de ceux qui ont introduit la médiocrité politique dans notre pays .

  2. pambou mkaya mvoka dit :

    oui cher val de Nantes une fois Sassou parti que fais tu de ses affides et des mbochis/ Sans etre naif tu sais que Sassou quittera le pouvoir que s il est contraint sinon vous pouvez vous lamentez lui ou l un des siens sera president une fois de plus en 2026
    LES MBOCHIS
    Tu les brules ? Tu les tues? Tu les exiles du congo?
    J attends avec distance critique ta sublime contribution qui doit conduire a une action pratique car comme d habitude toi e tmoi et d autres nous restons tres forts dans la loghoree plaintive et declamatoire
    Quand passerons nous a l action pour le congo redevienne le congo cher a votre coeur et ame cher val de nantes qui reste theorique et erudit c est bien mais cela peut paraitre inutile pour l action concrete sur le terrain

  3. Samba dia Moupata dit :

    Lucien Pambou , le père de la scission du Congo c’est Marien Ngouabi et Sassou Denis qui vient parachever cette scission . Massamba Débat avait un ministre des finances Mbochi Ebouka Babakas , un chef d’état Major des armées Bakouelé de Ouesso Damas Ebadpe , c’est kimbouala Nkaya qui vient libérer Ngouabi de prison. Maintenant c’est chose inimaginable chez les Mbochis ! Les langues se délient sur l’origine de la sulfureuse Antoinette Thibota qui est une Zaïroise , car ses parents n’ont habité nulle part dans le kouilou, c’est tante Bernadette coty du cabinda qui s’était mariée au docteur Louemba c’est tout. Mon Frère Lucien Pambou le pays est divisé en deux blocs Nord et Sud c’est triste réalité sautes yeux. En fin Sassou n’est pas un politique mais les lobbyistes de ELF l’ont ramené parce que c’est plus idiot .

  4. Samba dia Moupata dit :

    Cher Lucien Pambou, après Sassou il faudrait dissoudre la milice armée Mbochi déguisée en Force armée Congolaise et réclamer un Audit de la fonction publique qui est dominée par 85% des Mbochi à fin de déceler tout les cas douteux . Parce que aujourd’hui un gars kongo qui part à La retraite est remplacé par deux jeunes gens Mbochis. C’est rendre justice après 54 ans de brimades de la barbarie Mbochi.

  5. Val de Nantes dit :

    Réécrire une autre page de l’histoire politique de notre pays ne se justifie nullement dans l’apologie de l’exclusion ,mais dans celle de l’inclusion..
    Tout congolais , en dépit de sa tribu ,y aura sa place . C’est la nature de gouvernance de la chose publique , qui a piétiné les valeurs du vivre-ensemble d’autrefois…
    Le Congo nous est transcendant . D’où l’espoir de l’advenue d’un Congo inclusif , réintégrant le patriotisme dans leur corpus social , sociétal , économique et financier..
    Je ne conçois pas la construction d’un pays , sans l’apport multidimensionnel de tous..
    Ce Congo Brazzaville n’est pas le lieu de célébration de l’intelligence ,car le contexte politique dans lequel il est plongé ne lui en donne pas les moyens. Il est aux abonnés absents de ceux qui ont emprunté la trajectoire du développement économique..
    Comment exprimer nos talents , compétences ,quand le terrain politique est hostile aux actions concrètes ?…
    Y a t- il des actions concrètes , pour répondre à votre interrogation , qui existent en dehors de l’expérience sensible ?..

  6. le fils du pays dit :

    Il y aura un Nuremberg Congolais pour traiter le probleme a sa racine

  7. Val de Nantes dit :

    Notre conception de la république diffère de. celle et ceux qui ont fait du Congo Brazzaville,un havre des voleurs et tribalistes , réduisant l’amour de la patrie à la divinité d’un démiurge ,sorti de la cuisse en or de l’abbé Fulbert Youlou. Tel Dionysos sorti de la cuisse en or de Zeus.
    Brûler , châtier , assassiner , emprisonner ne rentre pas dans le canon de la raison ..
    Écarter la médiocrité et l’obscurantisme politique supposent la prise de pouvoir de l’intelligence à la vision tragique du pouvoir…
    Nos compatriotes Mbochis n’ont rien à craindre de l’après Sassou ,car la seule obligation à laquelle, ils doivent se soumettre , c’est la raison…
    Caricaturer les propos bienveillants traduit la pensée de la Rochefoucauld , qui disait que »: l’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu ». Autrement dit,on n’a jamais vu l’honnêteté contrefaire la malhonnêteté.
    Il n’y a entre le bien et le mal pas de symétrie : entre les deux,la balance n’est pas égale.

  8. Val de Nantes dit :

    Les congolais ne doivent avoir qu’une seule devise révolutionnaire , à l’instar de celle de Voltaire à l’égard de la religion : » écrasons l’infâme « , autrement dit, cette sassoufolie , qui n’est qu’ intolérance politique.
    Si la démocratie ,au sens de Platon ,est de mettre les ignorants au pouvoir ,au Congo Brazzaville , nous y sommes…
    C’est la doxa qui a chassé la science , pour imposer son inscience .

  9. Val de Nantes dit :

    Tiens ,tiens ,vous Avez dit  » brûler « .
    Que pensez vous de Lucien Ebata,l’un des voleurs décomplexés et dévoilés par la communauté internationale ?.
    À l’époque médiévale, ce Lucien ,dont le seul lien qui vous lie ,est le prénom , aurait mérité le sort dramatique de Giordano Bruno ,dont le seul péché fut de dénoncer l’inversion des valeurs antiques..par la moraline chrétienne.
    Je vous rappelle que ce Bruno , éclectique et précurseur de la pensée libre ,fut mis au bûcher par l’inquisition ecclésiastique et donc pontificale..
    Lucien Ebata,dont vous n’avez rien dit ,et dont le comportement criminel aurait fait tuer des milliers congolais du fait des mauvaises conditions sociales et sanitaires , serait brûlé sur la place publique..
    Mais sous Sassou , c’est le vol qui est le prototype de toutes choses.. D’où on assiste à la puissance de la colère des voleurs ,qui écrase la raison des gentils , c’est à dire de la population, démunie face à une horde des hyènes ,venue notamment du Nord du pays…
    Le dévoilement est synonyme de vérité .

  10. leo kikadidi dit :

    c est vrai le pari de reunir dans cette diaspora congolaise des personnalites de tout les districts du pays sera une premiere victoire ensuite ils devront convaincrent dans leurs distircts par l information par les conseils et par la formation pour qu ils adherent au projet economique republicain faire du congo le premier producteur de mangue devant l inde le mexique le burkina faso ect et qu ils militent pour les valeurs republicaines nous allons demontrer au PCT que c est dans notre interet a nous tous congolais que l etat gagnera par les taxes que ce projet lui apporteront et surtout pour tout ceux qui seront sortit du chomage oui notre desir de develloper notre pays est notre seul motivation pour cela gagner les election legislatives nous permettra de voter des lois pour l expansion de notre projet.

  11. Babins dit :

    Vous avez la modestie d’écrire que vous ne savez pas comment sortir de ce magma – brouillard. A votre avis, que veulent ceux qui demandent une rencontre, une réunion, une table ronde, je vais oser l’écrire, une conférence nationale bus, sans tomber, évidemment dans les travers de la précédente ?
    Encore, faudrait -il que Sassou nguesso accepte la tenue d’une telle rencontre au sommet, pour l’intérêt du pays. Il est hanté par la CNS qui l’a mis hors jeu et il ne veut pas que ça se reproduit. La conservation du pouvoir prime sur le changement économique qui pourrait changer la situation socio-économique du pays.
    Sassou nguesso est un fin politique certes, mais pas pour le bien être des congolaises. Il est incapable de créer un vrai bouleversement politique qui introduirait un électrochoc dans le paysage politique du pays. Bongho et Mobpferutu ont eu, dans le passé à créer ces électrochocs.
    Imaginez-vous qu’il nomme Mierassa premier ministre en lui donnant une feuille de route axée sur l’économie ou qu’il sorte Mokoko de prison en le nommant premier ministre. Ne me dites pas que ce n’est pas possible. En politique, tout est possible !
    Malheureusement, Sassou nguesso préfère sacrifier le pays en s’entourant des Ingani et les kiki coco caca qui n’apportent rien au Congo dans l’exercice de leurs fonctions !

  12. Val de Nantes dit :

    Méga validation@BABINS .
    C’est la domestication du pouvoir ,qui est le principe de toutes choses ,chez l’ogre SASSOU .Peu lui chaut les migraines des congolais dont il ne sait que faire ; si ce n’est leur répondre par la bestialité de sa milice tribale , nourrie au lait pétrolier ..

  13. Christian Biango dit :

    Moi je suis pour un État fédéral sans hésitation et la fin du régime présidentiel au suffrage universel direct. Une démobilisation intégrale de l’armée remplacée par des casques bleus de l’ONU uniquement scandinaves pendant 10 ans. Un fonds d’un milliard pour permettre aux familles endeuillées depuis 1959 à ester en justice pour réparation, et plus si il le faut. Je tiens à rappeler la composition tribale du groupe ethnique mbochi : les tribus makoua, kouyou et mbochi. L’après régime sanguinaire putschiste de Brazzaville est connu, mais il ne sera possible en dissolvant la secte apocalyptique pct et le droit d’inventaire des événements qu’ont été la conférence nationale souveraine, la transition démocratique et les 5 ans de l’Upads entre 1991 et 1997.

  14. leo kikadidi dit :

    monsieur biango nous verrons si vous adherez au projet economique republicain et militer pour les valeurs republicaine

  15. Val De N antes dit :

    Je fais don de ma modeste personne à la survenue du fédéralisme au CONGO à l’instar de mon frérot @CHRISTIAN .
    Je suis très patient de voir se réaliser ce rêve politique à consonnance plus économique que dogmatique .
    C’est le pari pascalien transposé dans sa métaphysique théologique  » : soit vous croyez à l’efficacité de la philosophie du fédéralisme ,vous obtenez un gain réel et donc vous disposez d’une bonne vie ,soit vous n’y croyez pas ,vous avez gagné les petits plaisirs sensibles ( matériels , femmes etc ) et vous êtes surs de perdre la vie bonne c’est à dire le retour au sassouisme sans SASSOU .

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