Le sens des noms chez les Koongos, un patrimoine culturel à sauvegarder. Par Dieudonné ANTOINE GANGA

Dieudonné ANTOINE GANGA

Pour les Koongos, l’homme se compose de cinq éléments : le corps (nitu); le sang (menga); l’âme (lunzi); le mfumu kutu (sorte de

double âme) et le nom proprement dit (nkumbu) qui donne à l’être humain sa personnalité parfaite, en faisant de lui «l’homme complet ». Le nom donc donné à un enfant koongo a un sens. Certains noms sont en rapport avec certains signes ou faits observés à la naissance. Par exemple, un garçon qui naît tenant la main à la tête, est souvent appelé Mu Kooko. Une fille qui éternue aussitôt après sa naissance est appelée Nsona. Celle qui sort les pieds à l’avant est appelée Sunda.

D’autres noms ont un rapport avec quelque particularité que présente l’enfant ou avec des événements qui arrivent le jour de la naissance. C’est le cas du nom Mabuaka ou Mabueki donné à un bébé plus clair ou brun que de coutume.

D’autres noms encore sont des noms des potions ou des remèdes avec lesquels la mère a été soignée pendant la grossesse, en cas de grossesse difficile: Lemba, Nkenge, Wumba, etc. Les noms comme Luzolo (l’amour), Mpassi (la souffrance), Mpiaka (la malédiction) ont un rapport avec les événements vécus par les parents.

D’autres noms, enfin, sont réservés aux jumeaux : Banzuzi et Bansimba. Le nom Milandu est pour l’enfant qui nait aussitôt après les premiers jumeaux ; Bikoyi et Minkala,pour les jumeaux qui naissent après Milandu. Enfi n, Malanda, pour celui qui naît après les deuxièmes jumeaux (Bikoyi et Minkala). Il sied de signaler que ces deux derniers noms (Bikoyi et Minkala) sont aussi donnés, pour éviter la confusion au sein de la famille maternelle, aux jumeaux nés du frère ou de la sœur d’une mère ayant déjà donné naissance à des jumeaux. Il y a aussi des noms purement masculins tels que Massamba (précurseur), Nganga (savant, sachant, érudit) etc, ou féminins tels que Lutaya, Mpolo,Ndundu, Ngongo, Nzumba,etc.

Malheureusement, il y a, de nos jours, des parents nés jumeaux qui, pour donner suite à l’influence du code civil français qui stipule que l’enfant doit porter le nom de son père, ont donné leurs noms à leurs enfants qui ne sont pas des jumeaux. Ainsi l’on trouve des Banzuzi et des Banstsimba qui ne sont pas des jumeaux. Ce qui fausse tout. En principe, les enfants ainsi nommés devraient avoir un nom composé avec une particule. Par exemple l’on appellerait le fi ls de Banzouzi, Malonga ma Banzouzi (Malonga,fils de Banzouzi). Comme il y a aussi des parents qui ont donné ou donnent maintenant des noms masculins à leurs filles, au détriment des noms féminins. Par exemple, mademoiselle Nkouka, Samba, Nganga, etc.

D’autres noms commençant par les consonnes composées,Mb, Mf, Mp, Nd, Ng, Nk, Ns, Nt et Nz ont perdu les premières consonnes M et N, suite à leur «francisation» et ipso facto leur sens. Ainsi Mbemba, Nganga, Mpolo, Ndala, Nzobadila sont devenus Bemba, Ganga, Polo, Dala, Zobadila, etc.

Par exemple, Mbemba (l’aigle) devient Bemba (toucher), Nganga devient Ganga qui n’a aucun sens dans la langue Koongo, Nzobadila (maison, foyer, réfectoire) devient Zobadila (le vaurien qui pleure.).

Les Koongos du Kwilu, au bord de l’Océan atlantique, sont allés très loin dans l’européanisation de leurs noms koongos. Ainsi, pour être des tchibambas, ils n’ont pas hésité à changer les noms Ngoma en Gomes ou Gomez, Makaya en Castanou ou Castador, Makosso en Costode, Mavungu en Bayonne.

D’autres Koongos, pour éviter toutes confusions avec des homonymes, se sont ajouté un deuxième nom. C’est le cas du Président Alphonse Massamba-Débat qui ajouta à son nom Massamba, le nom N’Deba -celui de son père en le francisant en Débat. Au départ, il s’appelait Alphonse Massamba. Selon son ami, Antoine-Maboungou-Mbimba, « sélectionné pour un stage de formation d’instituteur breveté à l’École supérieure de Mouyondzi d’où il sortira major, il y rencontrera un autre compatriote homonyme Alphonse Massamba. C’est alors que le directeur de l’établissement demandera à notre Alphonse Massamba d’ajouter N’Deba, le nom de son père, afin d’éviter des équivoques dans la gestion des stagiaires.

Ainsi est né francisé Alphonse Massamba-Débat, en lieu et place d’Alphonse Massamba-Ndéba».

D’autres koongos francisèrent leurs noms, en devenant des citoyens français ou en se considérant comme « évolué ».

C’est le cas d’André Matsoua Ma Ngoma qui devint André Matsoua Grenard, de Gaston N’Tari qui devint Gaston N’Tari Calafard, d’Antoine Nganga qui devint Antoine Ganga, de Mathurin Nsangu qui devint Mathurin Sanghoud, de Jules Nkounkou qui devint Jules

Kounkoud ou de Jacques Banketé qui devient Jacques Bankaites, etc.

D’autres Koongos, enfin, se virent imposer un deuxième nom, plutôt un pseudonyme lié à leurs activités professionnelles ou à leur aspect physique. C’est le cas du Président Abbé Fulbert Youlou que l’on appelait familièrement Kiyounga (manteau) à cause de sa soutane ; c’est aussi le cas de Malonga Ma Mpandala (à cause de ses favoris), de Malonga Ma Mpakassa (parce qu’il vendait de la viande de buffle), de Mampouya Ma Ngombé (parce qu’il était l’un des premiers bouchers de Bacongo), ou de Malonga Double Tête (à cause de sa grosse tête), etc.

Il sied aussi de signaler qu’avant de se convertir au christianisme, les Koongos avaient des prénoms koongos, c’est-à-dire des noms particuliers joints à leurs patronymes pour les distinguer des autres membres de la famille. Le premier nom était le prénom qui était lié au nom principal par une particule : ba, bia, dia, kia, lua, ma et mia, des prépositions placées entre le prénom et le nom. Entre les deux noms, la particule établit un lien de fonctionnement et de signification.

Par exemple : Lemba dia Nkombo (Lemba fille de Nkombo); Baboté ba Nkombo (Baboté, fille de Nkombo); Koundi dia Bindika (Koundi, fille de Bindika); Suenita dia Biza (Suenita fi lle de Biza) ; Kimbembe kia Massamba (Kimbémbé fils de Massamba); etc.

Les Koongos ont aussi des noms composés tels que Bueta-Mbongo, Kasa-Vubu, Samba-Ndongo, Kikounga-Ngot, Ngoie-Ngalla, Manamika Bafouakouahou, Nimi-Madingou, Ngoma-Zembo, Ngoulou-Nkounkou, etc.

Il revient aux Koongos de perpétuer leurs noms et leur culture, en retournant aux sources. Ce que le Président Mobutu définissait comme le « recours à l’authenticité ».

https://youtu.be/Sbe716ZNAxM

Actuellement, les noms sont déformés. Les noms féminins disparaissent. La langue koongo est de plus en plus galvaudée, édulcorée et mal parlée. À ce propos, le docteur Pascal Bouhouayi a lancé ce cri d’alarme : « Comment ne pas appréhender l’avenir de nos patrimoines linguistiques dans ce monde envahi par des langues de plus en plus conquérantes et agressives !

Si nous ne prenons garde, nous risquons d’être témoins de l’étouffement et de la disparition de si beaux outils !

Je reste dubitatif et inquiet devant les propos d’un sage disant : « Ce qui se gagne en une génération s’améliore par celle qui suit et se perd par les deux autres »; cependant, très réconforté par ceux d’un autre préconisant l’effort et la persévérance : «Wa dia fua, yikadio».(Fructifi er l’héritage)».

Comprenne qui pourra. J’ai dit.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Diffusé le 16 janvier 2021, par www.congo-liberty.org

DIEUDONNÉ ANTOINE GANGA, APÔTRE DE LA PAIX ET ACTEUR DE LA DÉMOCRATIE AU CONGO-BRAZZAVILLE (joyeux anniversaire pour vos 75 ans)

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10 réponses à Le sens des noms chez les Koongos, un patrimoine culturel à sauvegarder. Par Dieudonné ANTOINE GANGA

  1. TAATA NDUENGA dit :

    Merci beaucoup doyen pour ce bel article qui montre la philosophie des Bantous, en particulier des Koongo !

  2. N'samina dit :

    Merci beaucoup pour ce texte très édifiant. Il est en effet important de sauvegarder et de promouvoir notre patrimoine linguistique, lequel nous laissons dépérir au profit de la culture occidentale, porteuses de tous les vices, et dont l’un des principaux objectifs est de nous maintenir, nous Africains, dans l’escalvage mental le plus abject. Perdre sa langue équivaut à être un mort-vivant.

  3. Samuel Noko dit :

    En langue Kikongo une voyelle ne s`ecrit pas apres l`autre. Comme Kôongo. C est plutôt Kongo. Ce Ô vient de la langue Française.

  4. Samuel Noko dit :

    Un corps sans l`esprit, c`est un corps manque d`aspect intellectuel.
    C`est à dire, un corps mort sans force.

    Un être vivant qui est très indèpendant, contient une forte mèmoire de sa propre existence. Aujourd`hui la rivière qui portait le nom Nsimu (mèmoire) porte le nom Djouè. La mèmoire Kongo est le commencement de la sagesse de toute l`humanitè.
    C`est une mèmoire plusieurs forces ont voulu gommer à l`aide d`esclavage. Sans l`existence de Ta Kibuatu, Matswa Andrè allait extèrminer les siens à l`aide du gommage au nom catèchisme la mèthode les envahisseurs avaient mis en pratique pour effacer la mèmoire Kongo dans la règion Mbanzanguedi (Le Pool).

    Grâce à Ta Kubuatu, Matswa Andrè avait repris la conscience et sa mèmoire patrimoine. C`est ainsi Matswa Andrè s`etait opposè contre les colons qui l`avait formè et voulaient faire de lui une arme pour la destruction contre sa propre patrimoine. Les colons avaient placè Matswa Andrè à Mayama comme son poste principal pour le catechisme dans toute la règion Mbanzanguedi.

    Heureusement y a une epee divine qui garde cette endroit.

  5. N'samina dit :

    Merci Mr Noko pour ce post. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’apport de Ta Kubuatu dans le revirement de Matsoua? Merci d’avance.

  6. Samuel Noko dit :

    Pendant sa poste a Mayama pour la pratique du catechisme dans toute la region Mbanzanguedi, Matswa Andrè avait decouvrit qu`il existait un 100% dernier regent dans cette règion.

    Le regent en question fût Ta Kibuatu qui residait aussi à Mbanza Kongo l`endroit lequel chaque Mani Kongo exerçait la gouvernance du trône du royaume Kongo dia Ntotila.
    Ta Kibuatu etait un homme invisible aux yeux des colons et des ennemis. Quand il venait rendre visite à sa soeur à Kimpanzu, tous les Tèkès qui etaient etabli dans la region Mbanzanguedi (Le Pool) etaient pret à fuire la règion. Parce que les Tèkès etaient en complicitè avec les colons. C`est pour cela ils avaient peur de Ta Kibuatu.

    La formation spirituelle des plus grand cadres de la règion Mbanzanguedi venait de Ta Kibuatu. Les Mabiala Manganga, Matswa Andrè, Samba Ndongo, Bouèta Mbongo, Simon Kimbangu fût des missiles d`attaque venant de Ta Kibuatu contre les envahisseurs du royaume Kongo dia Ntotila.

    Ta Kibuatu venait de temps en temps à Kimpanzu pour les rencontres comme par exemple avec Matswa Andrè qui etait de la même gènèration de Nkodia Madièki avait pris le relais concernant le titre regent du royaume Kongo dia Ntotila, parce que Nkodia Madieki avait mariè la soeur de Ta Kibuatu.

    Matswa Andrè, Simon Kimbangu, Mabiala Manganga, Samba Ndongo, Boueta Mbongo, etc… Ils avaient reçu des pure instructions divine concernant la sauvegarde des valeurs du royaume Kongo dia Ntotila venant de Ta Kibuatu qui avait reçu des connaissances par elle même Kimpa Vita la femme vous ignorez d`être Eve la femme d`Adam qui etait souvent en contact avec Yahweh le Dieu tout puissant.
    Ta Kibuatu savait ce qui devrait se passè. Les Matswa Andrè et Simon Kimbangu sont des gens qui etaient aussi tres conscient sur des meurtres ils devraient subir comme des très brave hèros du royaume Kongo pour chasser les colons.

  7. Samuel Noko dit :

    La cimetiere de Ma Lutaya la soeur de Ta Kibuatu se trouve à Mbono à Brazzaville.
    Ma Lutaya avait mis au monde 4 enfants.
    Il s`agit de Youlou Madieki, Lisa Madieki, Masobele Madieki et Bayidikila Madieki.

    Les 3 premiers enfants sont mort, mais sa derniere fille est encore en vie.
    Ils sont les 100% descendants de la famille royale du royaume Kongo dia Ntotila.

  8. N'samina dit :

    Merci beaucoup pour cet éclairage.

  9. Samuel Noko dit :

    RECTIFICATION.

    Ta Kibuatu c`est l`oncle de Ma Lutaya. Takibuatu n avait pas des enfants.
    La maman de Ma Lutaya et Ta Kibuatu sont des soeurs et freres du même père et même mère. C`est ainsi. Quand Ta Kibuatu etait mort, l`heritage du royaume Kongo dia Ntotila etait passè par la maman de Ma Lutaya à Ma Lutaya. C`est pour cela la ligne de l`heritage des Mani Kongo du royaume Kongo dia Ntotila à passè de Ma Lutaya à ces 4 enfants qui sont Youlou Madieki, Lisa Madieki, Masobele Madieki et Bayidikila Madieki. Ma Lutaya etait le seul enfant de ses parents.

    Parmis ces 4 enfants, c`est Bayidikila Madieki qui est encore vivante.

  10. Anonyme dit :

    « Ta Kibuatu etait un homme invisible aux yeux des colons et des ennemis. » dites-vous…mais pourquoi avec de tels pouvoirs il ne s’est pas opposé aux colons, ennemi suprême. Il eût été plus efficace en les tuant un à un puisqu’eux ne le voyaient pas venir.

    je suis de cette contrée là mais arrêtons parfois de croire aux mythes et autres legendes.

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