LE PAYS INFÂME DE TONTON GÉNÉRAL . Par Dina Mahoungou

Elève victime de la guerre du 5 juin 1997

Elève victime de la guerre du 5 juin 1997

Tout le Congo Brazzaville ressemble à un bagne, les citoyens-forçats paient le prix de leurs origines.

Partout, en ville, la dépravation fait allègrement son chemin. Tonton général, arrogant et discourtois, mène le pays à son bon vouloir, il est entouré de tout un monde bizarroïde ; les extravagants et les imposteurs, les farfadets, les excentriques, les illuminés, les maniaques, les hystériques et les grotesques.

L’intelligentsia ne cause pas, elle consent. D’aucuns de nos têtes pensantes participent à ces bacchanales dans une folie à éclipses. Dans les lieux respectables de la Nation, on trouve de tout, les délirants et les enthousiastes, les névropathes, les pétomanes et les burlesques, qui se livrent aux vices les plus abjects, à l’immoralité la plus chronique.

Tonton général souffre de névroses, il a une idée fixe, il ressasse cette lubie à vouloir éliminer toutes les têtes pensantes. Dans son cabinet privé, des originaux aux délires malicieux, accablés d’oisiveté, organisent des banquets cathédralesques, en dehors de la fériation du Dimanche, ils sont tout le temps à la fête, dans l’apparat et le faste.

Tonton général est toujours aux aguets, à la moindre rumeur, il se cabre, le regard dissipé, ses colères font allusion à la frénésie et aux furies. Il se renseigne sur tout, il fouine, il sent le vent, il se renseigne, observe, il est vigilant, confiné aux détails, sa traque est parcellaire et erratique.

Les citoyens et le Congo évoluent dans un monde contraint. C’est dans son existence même que ce pays est menacé. Tuer, emprisonner les meilleurs éléments de la Nation avec une égale fureur comme un brigand de grand chemin, tel est son dada, qu’il brandisse l’étendard de sa clairvoyance.

Avec le même acharnement, plein d’une morgue absurde, lui et sa fratrie pillent les deniers publics sans vergogne. Chez lui, comme chez ses mentors Kadhafi et Mobutu, la sottise est inguérissable. Tonton général est dépourvu d’amour-propre, il se blase en détruisant ce qu’il y a de lumineux dans l’homme, c’est-à-dire l’esprit. Il s’octroie tout le mal qui fait souffrir, le général est un bon criminel avec tous les additifs : impur, débauché, sacrilège et adultère, enfin il combine tout ceci avec monstruosité, il répète ses accommodements à l’infini.

Il hait ce pays infâme qu’il détruit à petit feu, lui et ses complices, une vengeance honteuse. Et les indignes profanations que l’on fait subir au quotidien à tout le peuple congolais.

Lui et ses partisans, des saligauds, un beau brelan de mafiosi.

Le peuple est seul, abandonné, grelottant et apeuré. Tonton général tient dans ses mains ignobles la débâcle de toute une Nation, c’est un démon vêtu de chair.

Dans ce pays infâme, l’armée est un mélange de tout : les corruptibles, les traîtres, les pervertis, les consciences avilies et délabrées.

Dans la cité, les abus sont énormes, le malin flétrit et abuse de toutes choses. Au quotidien, les miséreux augmentent dans cette populace damnée et teigneuse, un peuple cabossé dans toute la vulnérabilité physique. Les Congolais sont abrutis dans leur pays plein d’impiété et de barbarie.

C’est le pays d’un seul désopilant, d’une seule famille. La force brutale là-bas est érigée en loi et livrée à toute sa fureur. C’est le cénacle des fieffés coquins. C’est un pouvoir souffrant de médiocrité et de désillusions. L’administration est virtuelle dans un effacement progressif de la structure, c’est un monde perdu qui s’écroule au profit d’autre chose ? Vivre est devenu au pays une corvée, la forclusion.

Et tous ces flibustiers, ces belliqueux, ces puissants qui ruinent la Nation dans une sorte de monotonie passionnée, à la fois créatrice et mécanique. Pourquoi ce peuple beau et fier s’efforce-t-il vers une perfection sans récompense ?

Tout est avarié, pourri, corrompu, nos patiences sont usées. Nul être sensé ne peut supporter une telle situation.

Et que restera-t-il ?

Nous combattrons de toute notre énergie un des plus puissant dissolvant de la moralité congolaise.

Par Dina Mahoungou

Ecrivain et journaliste médias

Auteur des ouvrages suivants : « Agonies en Françafrique » roman paru aux éditions l’Harmattan

« Les parodies du bonheur » nouvelles parues aux éditions Bénévent

Diffusé le 25 août 2013 , par www.congo-liberty.org

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à LE PAYS INFÂME DE TONTON GÉNÉRAL . Par Dina Mahoungou

  1. Dieudos Eyoka dit :

    Pourquoi « combattrons » ?
    Pourquoi ne pas avoir employé le présent ou l’impératif du verbe « combattre » ?

    « Combats ! Combattons ! » auraient donné une meilleure conclusion à ce magnifique article !

  2. Anonyme dit :

    Excellent article, le Congo a encore des patriotes, cet article nous interpelle, merci Dina Mahoungou

  3. big king dit :

    Cette image est très choquante et me rappelle la méchancété de certains hommes politiques Congolais et Français et autres(américains,angolais,Rwandais…Tous ceux qui y ont participés à cette guerre qui nous a couté des larmes de sang et une certaines parties de nos âmes). Mais nous sommes prêts à lutter pour que les responsables de ces atrocités soient un jour traduits en justices(en tout cas c’est mon rêve)

Laisser un commentaire