Interpellation du Général Dabira ou les très chères vacances gâchées du dictateur congolais. Par RIGOBERT OSSEBI

SassouDansSonranchDenis Sassou NGuesso venait à peine de rejoindre, avec sa Cour habituelle, son palais à Marbella que le signal était donné aux barons du régime qu’ils pouvaient, eux également, partir en vacances.

Du même avion qui arrivait de Brazzaville, à Roissy Charles de Gaulle le 22 août 2013, débarquaient Hugues Ngouélendélé, Mathias Dzon et le Général Norbert Dabira unis au moins dans une même date de congé. Pour ce dernier, ce jour restera longtemps gravé dans sa mémoire.

A peine parvenu à son domicile de la région parisienne, ce même matin, le militaire congolais se rendit à la sous-préfecture de Torcy, en Seine-et-Marne, dans une Mercédès grise immatriculée 350xxxxxxx. Son arrivée, quoique discrète, ne passa pas totalement inaperçue. C’était aux environs de 9h30.

Sans perdre un instant, un « donneur d’alerte » congolais communiqua l’information et quelques renseignements essentiels à un « grand frère » qui les transmettait à un autre. En moins d’une quinzaine de minutes l’info, sous forme d’un SMS détaillé, circula de mobile en mobile. Elle parvint enfin à la bonne destination, celle de responsables de la diaspora, en contact permanent avec les juristes, policiers et journalistes concernés ou intéressés par les  « affaires congolaises » (BMA, Beach etc..).

Il était alors à peine plus de 10 heures du matin. Les dés étaient jetés avec les alertes et demandes d’intervention à différents niveaux. Après « l’échec » digéré de l’arrestation manquée de Jean François Ndenguet au mariage d’un parent à Versailles, les intervenants ne pouvaient qu’espérer en avoir tiré les bonnes leçons. Peu après 14h, la confirmation de son interpellation, à la même sous-préfecture, parvenait à tous. La satisfaction était grande et tous se remirent au travail pour contacter journalistes et médias, tout en diffusant la nouvelle sur les réseaux sociaux. Quasiment tous les ministres français furent aussitôt informés ainsi que la plupart des leaders de l’opposition.

« L’interpellé » ne s’en sortirait pas, discrètement, par une porte dérobée.

En quelques heures, l’AFP et les principaux médias se saisirent de l’affaire. Les télévisions, BFM, I-Télé en firent de même. De ce fait, au Congo, tout l’après-midi et toute la soirée ont été consacrés au traitement de cette information : l’interpellation et la mise en examen du Général Norbert Dabira. Dans toutes les langues, ou presque, elle fut reprise. Il en a été de même jusqu’au prestigieux New-York Times.

Il est bien révolu le temps où Sassou NGuesso et ses sbires zigouillaient allègrement nos populations civiles sans qu’une seule ligne n’était écrite à cause du verrou habituel de la presse française. On notera comme d’habitude le silence du journal Le Monde, dans lequel la famille Pigasse détient une participation conséquente. Peu importe, ce journal ne vaut plus rien !

Moins d’un mois après « le scandale de la présence de Jean-François Copé à Brazzaville » c’est, encore une fois, le régime congolais qui fait la « une » sous le plus mauvais jour qui soit. Gageons que cela ne cessera plus !

Peu après midi, toujours ce 22 août 2013, dans son palais andalou, l’autocrate à peine réveillé s’apprêtait à savourer une excellente journée, comme la nuit précédente, taillée à la mesure de ses désirs et de ses plaisirs. Avec moult précautions, à sa première gorgée de café, on informa Louis XIV, le Roi Soleil réincarné dans la peau du Dictateur congolais, de l’interpellation de Norbert Dabira à Torcy. Il fit alors exploser si fort sa colère qu’elle fut entendue de l’autre côté de la Méditerranée dans son palais marocain dans lequel il ne met plus les pieds ! Toujours prêt à déclarer la guerre avec la France pour la libération d’un interpellé ou d’un gardé à vue, avec qui a-t-il pu refaire la scène d’insultes et de menaces dont il avait abreuvé copieusement Chirac et Villepin pour l’arrestation de Jean-François Ndenguet  en 2004 ?

Pas François Hollande, ça c’est sûr ! Pas le Premier Ministre Ayrault, non plus ! Son amie Taubira ? Tout de même pas… ! Laurent Fabius ? Nul ne sait… ! Son ami de Margerie ? Avec lui c’est bien possible !!!

Toute gâterie cessante, Lopès troqua sa chemise à fleurs et son pantalon blanc pour un costume d’ambassadeur, et embarqua immédiatement de Malaga (jet privé ?) pour Paris. Dabira mis en examen et libre de ses mouvements pouvait lui faire un compte rendu précis de la situation dès son arrivée. Pour le pouvoir, il importait de prétendre que son interpellation à la sous-préfecture de Torcy était inopinée et qu’elle n’avait rien à voir avec une intervention de la diaspora congolaise. Cet ambassadeur, qui aurait dû être à la retraite depuis fort longtemps, n’est plus à un mensonge près : comment expliquer alors que le mandat de recherche figure bien dans l’ordinateur de la sous-préfecture de Torcy mais pas dans celui de la Police de l’Air et des Frontières à Roissy Charles de Gaulle ? L’interpellé aurait-il pénétré sur le territoire français avec un faux-passeport ?

Le Général Norbert Dabira, dans son témoignage récent devant la Cour à Brazzaville dans l’affaire des explosions du 4 mars 2012, pour avoir alerté en vain les plus hautes autorités sur la dangerosité des installations de stockage des armes et des munitions à MPila, amenait raisonnablement à conclure à la responsabilité d’un Jean-Jacques Bouya et plus encore à celle du président de la République, Denis Sassou NGuesso.

Il est fort à craindre, car tout le monde est présumé innocent, que si le Général Dabira devait faire, dans l’affaire des Disparus du Beach, un témoignage de la même qualité, qu’il sera plus en sécurité à Paris, voire à Torcy, qu’il ne pourrait l’être à Brazzaville !

A l’heure qu’il est, personne ne sait exactement où se trouve notre Général ! S’il venait à prendre la décision de rester en France, rien ne pourrait plus sûrement terminer de gâcher les vacances du dictateur !

Par Rigobert OSSEBI

Diffusé le 24 aout 2013 , par www.congo-liberty.org

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8 réponses à Interpellation du Général Dabira ou les très chères vacances gâchées du dictateur congolais. Par RIGOBERT OSSEBI

  1. BALA BA YAYA dit :

    A LA LECTURE DE CET ARTICLE, NOUS APPRENONS DONC QUE DZON ETAIT EN PREMIERE CLASSE DANS LE VOL AIR FRANCE AVEC LE GENOCIDAIRE DABIRA.
    POURQUOI DZON N’A T-IL PAS ALERTÉ LA DIASPORA OU LA POLICE FRANÇAISE ? EST-IL SOLIDAIRE DES BOURREAUX DES DISPARUS DU POOL PARCE QU’IL ETAIT MINISTRE DES FINANCES PENDANT CE MASSACRE ?
    DRÔLE D’HISTOIRE !

  2. Le Monde 25 Août 2013 dit :

    Un général congolais mis en examen à Paris pour crimes contre l’humanité

    Norbert Dabira, impliqué dans la disparition en 1999 de plus de 350 personnes à Brazzaville, a été autorisé à quitter le territoire

    Le général de division Norbert Dabira ne s’attendait sûrement pas à subir ce contretemps. Dans la matinée de jeudi 22 août, alors qu’il était de passage dans la région parisienne où il possède une maison de campagne, l’officier congolais se rend à la sous-préfecture de Torcy (Seine-et-Marne) pour régulariser son titre de séjour en France. Imprudence ou certitude de la protection que lui confère son passeport diplomatique ? Toujours est-il que les policiers l’interpellent immédiatement, en vertu d’un mandat d’arrêt international délivré en 2004 dans le cadre de l’affaire des  » disparus du Beach « , avant de le transférer au tribunal de grande instance de Paris.

    Les deux magistrats qui instruisent l’affaire étant en vacances, c’est un juge extérieur au dossier, Roger Le Loire, qui est chargé du suivi de la procédure. Sans procéder à une audition sur le fond, il décide aussitôt de mettre en examen Norbert Dabira pour crimes contre l’humanité et de le placer sous contrôle judiciaire.

    Les faits reprochés au général congolais – enlèvements et disparitions systématiques, actes de torture – sont de la plus haute gravité, mais celui qui a aujourd’hui rang de ministre délégué à Brazzaville est ressorti libre du palais de justice, protestant de son innocence. Son avocate, Me Caty Richard, elle, proteste et promet de demander l’annulation de cette mise en examen devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel.  » Mon client a été acquitté en 2005 lors d’un procès parfaitement organisé au Congo et il n’y a aucun élément nouveau « , souligne-t-elle.

    Un procès exemplaire à Brazzaville ? Ce n’est pas la caractéristique première retenue par la partie adverse.  » Ce fut une mascarade destinée à innocenter les 15 accusés du massacre du Beach « , juge Patrick Baudouin, l’avocat de deux rescapés et président d’honneur de la FIDH, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, qui s’est portée partie civile dans cette affaire.

    En mai 1999, dans la foulée d’un accord conclu entre le Congo, la République démocratique du Congo et le Haut-Commissariat aux réfugiés, des milliers de réfugiés avaient traversé le fleuve Congo en provenance de Kinshasa pour retourner dans leur pays d’origine. Le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, avait alors promis de réconcilier les citoyens de son pays.

    Aussitôt après leur débarquement au Beach, le grand port fluvial de Brazzaville, les jeunes hommes furent mis de côté, triés par les forces de l’ordre. 353 d’entre eux, suspectés d’être des miliciens Ninjas fidèles à Bernard Kolélas, l’un des rivaux de M. Sassou Nguesso dans la guerre civile, ne sont jamais réapparus.  » Certains ont été conduits dans des camps militaires et d’autres ont été assassinés à quelques mètres de la présidence « , accuse Marcel Touanga, qui a perdu un fils dans le massacre et qui dirige le collectif des  » disparus du Beach « .

    Aujourd’hui, la responsabilité de l’Etat congolais n’est plus à démontrer : elle a été reconnue par la cour criminelle de Brazzaville en 2005, mais les familles des victimes attendent toujours que les auteurs et les commanditaires de cette tuerie soient punis.  » La mise en examen de Norbert Dabira, qui était inspecteur général des armées à l’époque des faits, est positive, mais je crains de nouvelles interférences politiques et, au Congo, il existe une sorte de main noire qui plane au-dessus de ceux qui en savent trop « , reprend Marcel Touanga en faisant référence à la mort en avril dernier de l’ancien patron de la Garde républicaine, le général Blaise Adoua, ou à la mise en cause du colonel Marcel Ntsourou dans la meurtrière explosion d’un dépôt de munitions en mars 2012.

    Si, à Brazzaville, le volet judiciaire de cette tragédie est clos, en France, depuis son ouverture en 2002, en vertu du principe de  » compétence universelle « , l’enquête n’a pas été épargnée par les pressions extérieures et a contribué, avec l’affaire des  » biens mal acquis  » dans laquelle est également cité Denis Sassou Nguesso, à dégrader les relations entre les deux pays.

    La procédure a tout d’abord été annulée par la cour d’appel de Paris avant d’être relancée par la Cour de cassation. L’épisode le plus rocambolesque demeure la libération de Jean-François Ndengue. En avril 2004, le chef de la police congolaise avait été relâché quelques heures après sa mise en détention à la prison de la Santé par la grâce d’une inédite réunion nocturne de la chambre de l’instruction. M. Ndengue s’était immédiatement envolé pour son pays à bord d’un jet privé.

    Le général Norbert Dabira, lui, n’a pas eu besoin d’une quelconque exfiltration. Jeudi soir, après sa sortie du palais de justice, il est parti tranquillement pour la Chine. Avec un billet retour pour Paris ?

    Cyril Bensimon.

  3. Dieudos Eyoka dit :

    @ LE MONDE
    oSSEBI n’a pas tout à fait tort. Le monde est le dernier quotidien a avoir repris l’information, cet après-midi seulement. Heureusement que le reste de la presse l’a devancé !
    Pire que le Monde, il y a Médiapart. Bons derniers de l’information d’investigation (s’agissant du Congo bien évidemment)

  4. Anonyme dit :

    au moins toutes les opérations de communcaton du ditateur sanguinaire pour se faire une virginité politique est danss l’eau, aprè fespam, étonnants voyageurs et Fobes sassou est rattrapé par son passé de sanguinaire.

  5. Dzon se retrouve bien avec ses complices de Magenta dans ce vol avec les Dabira. Il se sent très bien comme un poisson dans l’eau. Vous l’avez bien compris cher compatriote BALA BA YAYA. Si le peuple demande des comptes pour nos compatriotes massacrés au Beach et sur les biens mal acquis, il est évident que les comploteurs de Magenta par où tout a commencé doivent rendre jour des comptes au peuple. Sassou n’avait pas pris seul un couteau pour trancher la gorge à plus de 10.000 de nos compatriotes, il n’a non plus seul pris des lance roquettes pour organiser l’épuration ethnique qui s’en est suivie dans les régions Sud dès 1998. Il y a eu des gens qui l’ont encouragé à réaliser ce projet machiavelique par exemple avec la gestion des fonds destinés à acheter les armes du massacre et à l’entretien des troupes et mercenaires qui donnaient la mort, qui violaient et pillaient.
    Pour le respect que nous avons pour notre peuple, il faut bien que la justice soit rendue et arrêter avec l’impunité qui laisse l’occasion à tous les gangsters de récidiver, voire courir s’asseoir sur le fauteuil présidentiel comme si de rien n’était. Un système pour mettre hors d’état de nuire toute personne ayant commis un délit, serait une très bonne chose pour le pays.

  6. bec jaune dit :

    Qui vivra verra avec DSN le Congo sera obligatoirement pays émergent a l’horizon 2025,donc que la constitution soit modifier dans les plus bref délais car aucun congolais n’est prêt a assister au départ de notre président sage.

  7. SANKARA dit :

    la constitution soit modifiée…
    à assister…
    Trois petites phrases, deux fautes
    Pfffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff

  8. Anonyme dit :

    Ma Mwichi Tiya

    Je comprends aisément que des gens Ondongo dont le nom peut être expliqué en ces termes: O= zéro donc rien
    N= neutre donc rien
    D=Diable donc mauvais
    Je m’arrête là… veut tout simplement dire qu’il ne connait rien, et vit à l’image d’un sanguinaire puisqu’il porte par devers lui des références d’un diable. Donc d’une personne vivant du sang humain. Et l’assassinat massif des compatriotes ne peut rien lui dire. A t-il déjà vu une arme tuer sans qu’elle ne soit manipulée. Même c’est le cas, le propriétaire de l’arme ne sera jamais interpellée parce que l’arme a tiré seule?
    Sassou est responsable, il sera jugée tôt au tard, à moins qu’il rentre dans un fût d’acide comme Hitler.
    Protégez comme vous voulez, mais les âmes de nos compatriotes les suivront

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