Le comte de Fontainebleau (1) de Ramsès Bongolo : l’Histoire française au service du roman congolais

Un roman qui sort des sentiers battus du récit congolais car s’inspirant de l’Histoire française de la Renaissance. Aussi apparait-il comme l’un des meilleurs textes de la littérature fantastique écrit par un romancier congolais.

Histoire du roi François 1er qui a eu une fille hors mariage avec toutes les conséquences quand la reine apprend le résultat de cette infidélité cachée, histoire de Francesco Melzi qui tombe dans le piège de Lord Dracula qui lui demande de tuer cinquante vierges de son école, histoire des enfants de la lumière qui, avec un druide, mettent fin au machiavélisme de ce dernier, tels sont les principaux fondations de ce roman fleuve qui nous fait voyager, du début à la fin dans un monde extraordinaire du vampirisme. Et toute l’histoire se passe dans une atmosphère où le mystère et l’horreur ainsi que le sang accompagnent les personnages tout au long de leurs aventures.

François 1er est foudroyé par la beauté de la duchesse de Médicis. Celle-ci devient sa maîtresse et une fille, Adrianne de Médicis est née de leur amour clandestin.  L’enfant devenue grande est inscrite au lycée qu’abrite le château de Fontainebleau où, malheureusement le proviseur Francesco Melzi a signé un pacte de sang avec Dracula. Beaucoup de tragédie avec la mort inexpliquée de jeunes filles de l’établissement. Et, de rebondissements en rebondissements tragiques où le vampirisme de Dracula s’exprime à travers le sang, le récit se termine par la délivrance de Francesco Melzi des mains du monstre Dracula et l’anéantissement total de ce dernier par l’armée des anges sous la direction d’un druide.

L’Histoire française au service du roman congolais

Voici l’un des premiers récits congolais dont l’univers romanesque nous dévoile l’Histoire de la France, une histoire souvent à nous rapportée par des écrivains occidentaux avec son monde fantastique de loups garous. Aussi, remarque-t-on des scènes d’horreur liées au vampirisme, une caractéristique de la littérature occidentale. Les personnages de ce roman reflètent la réalité de la société française de la Renaissance où l’amour est parfois au cœur des conflits.

A l’absence de François 1er, la reine reçoit une visite insolite au cours de laquelle elle apprend que son mari entretient une liaison amoureuse avec la duchesse de Médicis Et c’est un coup dur pour elle quand on lui révèle l’existence d’Adrianne de Médicis qui est plus âgée que le prince-héritier. Se sentant trahie et humiliée par son amie Madeleine de la Tour d’Auvergne, la reine, gagnée par une jalousie intense, décide de tuer sa rivale et cette enfant adultérine qui ne doit pas siéger sur le trône de France : « Je ne peux plus jamais entendre parler de la duchesse de Médicis (…), je ne laisserai personne s’emparer de l’héritage de mes fils » (p.139).  L’Histoire française dans ce roman révèle aussi la place qu’occupe l’Eglise catholique pendant le règne de François 1er, une église qui lutte contre le vampirisme. Pour combattre l’état de loup garou à lui imposé par le pacte de sang avec Dracula, Francesco Melzi demande le secours d’un prélat capable de l’exorciser. A la fin du récit, un rude combat oppose le prélat et ses guerriers de la Lumière à Dracula qui finira par être vaincu. Aussi, avec le triptyque Francesco Melzi – Prélat catholique – Dracula, et à travers les mystères, les horreurs, le sang et la mort surnaturelle que nous livre l’histoire du comte de Fontainebleau, nous passons du romanesque au conte.  Et le récit d’entrer dans la catégorie de la littérature fantastique.

Le vampirisme dans le roman congolais

Dans ce récit, le vampirisme se situe au niveau du personnage de Dracula avec tout le sang qu’il fait couler au cours de ses forfaitures. Et la première victime de Dracula est le proviseur Francesco Melzi dans un château qui annonce l’épouvante pour toutes les filles qui y sont internées pour leur scolarité. Le pacte qu’il signe avec Dracula lui demande de lui apporter le sang frais d’une vierge tout en gardant le secret : « (…) Vous aurez pour mission de m’apporter le sang frais d’une vierge dans le crypte secrète, et vous ne serez affranchi de ce pacte que lorsque vous m’aurez apporté le fluide vital de 50 jeunes et belles pucelles » (p.77). Mais cette mission se complique quand Francesco Melzi commence à s’intéresser à la princesse Adrianne de Médicis. Rêve, dédoublement vont caractériser la princesse dans un monde fantastique où le concret (le corps physique) se voit souvent abandonné par l’abstrait (le corps astral qui n’est autre que l’esprit). Un bel exemple dans les souvenirs de Francesco : « Le comte avait vu comment son esprit s’était détaché de son corps physique pour s’infiltrer dans l’antre de Dracula » (p.241). Devant cette emprise de  Dracula sur le proviseur, la menace du sang devient un danger permanent pour les jeunes filles du château. Il faut anéantir les pouvoirs maléfiques de Dracula qui a transformé sa victime en loup garou. On sollicite l’aide du prélat pour exorciser Francesco Melzi. Après un dur combat contre le vampire met toute son expérience maléfique en pratique et l’exorcisme du prélat échoue. Mais Dracula ne peut faire devant l’armée des anges dirigée par un druide. Vaincu, « il leur [supplie] de ne pas le noyer dans le soleil » (p.356). Peine perdu car le monstre ne pourra échapper à la prison solaire, « il [sera] aussitôt aspiré par la terre afin de retourner à la poussière d’où il fut tiré » (p.357).

Au-delà du roman congolais

Presque tous les récits congolais créent une intertextualité et une isotopie qui se fondent sur des imaginaires où le pays de l’auteur occupe une grande place. Même quand la fiction y dépasse la réalité, les récits apparaissent souvent comme des miroirs des sociétés africaines. Avec Le comte de Fontainebleau, se révèle pour la première fois l’Histoire de la France dans une fiction congolaise. Aussi aucun indice faisant allusion à la société de l’auteur n’apparait dans le récit.

Le comte de Fontainebleau, un roman qui, par l’intrusion du fantastique et du merveilleux, peut se lire comme un conte. Avec le thème du vampirisme qui situe ce récit dans la littérature fantastique, son auteur crée d’autres paramètres dans la prose congolaise souvent allergique à la description des aventures surnaturelles.

Noël Kodia-Ramata

  • Ramsès Bongolo, Le comte de Fontainebleau, éd. Edilivre, Paris, 2012

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Le nouveau roman du jeune écrivain congolais Ramsès Bongolo : Le comte de Fontainebleau : Du sang pour Dracula

Résumé

« Une religion du sang pour gouverner les nations. Une religion du sang pour réveiller les démons. Une religion du sang pour détrôner le firmament. » Tel est le plan dantesque de Dracula que découvre Adrianne de Médicis, pensionnaire au château de Fontainebleau, un lycée tenu par un assistant de Léonard de Vinci : Francesco Melzi, homme damné et loup-garou malgré lui. Pour l’affranchir, Dracula lui confie la mission de verser le sang de 50 vierges. Au moment de l’accomplissement du sombre projet, Francesco requiert les services d’un prélat. Mais, l’exorciste échoue ; possédé par le démon, il se jette à la fenêtre et meurt dans la cour. Indigné, Francesco se transforme en loup-garou. Traqué dans les bois par les mousquetaires et les chiens, il pénètre dans l’enclos d’un saint homme, qui changera son destin et celui du château hanté.

Biographie de Ramsès Bongolo

Auteur des Fils du serpent royal, Ramsès Bongolo est né le 6 février 1980 à Pointe-Noire, ville du sud-ouest du Congo. Actuellement, il réside à Brazzaville où il se consacre entièrement à ses romans.

 

Le site d’information www.congo-liberty.org participe à la promotion des talents congolais.

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Une réponse à Le comte de Fontainebleau (1) de Ramsès Bongolo : l’Histoire française au service du roman congolais

  1. Dieu m'a dit BRAVO BRAVO BRAVO L'HISTOIRE SONNE LE GLAS DU POUVOIR SANGUINAIIRE SASSOUISTE dit :

    Bravo fiston au delà de la fiction ton roman est un véritable miroir sinon une autopsie du pouvoir actuel. Mais bientôt ce pouvoir satanicovampirique de Dracula Sassou sera vaincu par des légions d’anges envoyés par le TOUT PUISSANT pour sauver Le Congo. Bientôt sa petite gloire éphémère issue du brigandage du viol et du sang des congolaises et congolais se transformera en horreur éternelle.

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