Toute gamine que j’étais, mon père ou ma mère me parlait de Leemba qui, jadis selon eux, fut une école de formation. En fait mes parents ne pouvaient pas m’en dire plus, parce qu’ils n’en savaient pas grand-chose, d’autant plus qu’eux-mêmes n’avaient jamais été élevés, formés à cette école. C’était pour eux, une école trop éloignée de leur vécu personnel ayant notamment existé dans l’ancien Congo.
Maintenant, je peux en parler puisque j’en sais quelque chose et ce, grâce à la publication toute récente de l’ouvrage du Kongologue Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU sur « Le Leemba ou l’Ordre initiatique de Koôngo dya Leemba », aux Editions la société des écrivains.
Il s’agit d’un ouvrage de 158 pages dont le contenu est fort riche sur la connaissance de cette école de Leemba et comportant cinq chapitres tant sur les critères de recrutement ou d’adhésion à cette école, les préparatifs de l’installation du culte initiatique de Koôngo dya Leemba que sur ses acteurs, ses rites, son installation et enfin le mode de vie de l’initié de Koôngo dya Leemba appelé le Leembe.
D’après le professeur Henri Louis CANAL préfacier de cette belle œuvre « Ce nouveau livre, remarquable, du docteur en droit, maître Rudy MBEMBA, avocat, confirme la qualité des anciens, leur inventivité expressive en même temps que leur « traditionnalité ». L’élan régénérescent qu’il a donné à la recherche fondamentale en général, et à la recherche kongologique en particulier, se prolonge et se renforce ici annonçant de nouvelles perspectives inépuisables de catharsis initiatique et de restructuration des comportements modernistes devenus aberrants par manque de souffle, d’espoir et d’imagination. » [P.7.]
Dans le même ordre d’idées, le professeur CANAL ajoute que : « Le sens de chaque futur, des individus ou des sociétés, en effet, est à prendre dans les traditions les plus lointaines, trop souvent ignorées ou méprisées par goût d’un prestige uniquement superficiel, artificiel, creux. ». [P.15]
Ces observations du professeur CANAL m’interpellent et m’emportent dans un questionnement historico-existentiel qui est le suivant :
Pourquoi, les Congolais et au-delà les Africains ne portent-ils pas un intérêt assez déterminant voire constructif en visitant leur propre histoire ?
Pourquoi les traditions mises en lumière par une étude aussi enrichissante que celle de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU n’intéressent-elles guère les Africains eux-mêmes, à l’effet de les redynamiser pour leur propre développement ?
Le goût d’un prestige qualifié par des observateurs avertis comme le professeur CANAL, de superficiel, artificiel serait-il à l’origine d’un aveuglement des Africains au point de se perdre !
L’Afrique peut-elle vraiment parvenir à la réalisation de ses aspirations en matière de développement en tournant le dos à ses traditions les plus éclairantes qui soient et ayant, de facto, par le passé, contribué à la révélation de son âme ?
FU-KIAU KIA BUNSEKI-LUMANISA rapporté par l’auteur prétend que le « Lemba est la plus importante des vieilles écoles d’initiation que fréquentaient les Bakongo. Elle a formé beaucoup de personnes ayant rempli des fonctions importantes dans l’administration, la justice, la santé, la religion, etc. C’est une école d’endurance, de vigilance, de droit, de savoir médical, de travail, de gouvernement, etc. » [P.15.]
Il s’agit là, ni plus ni moins, d’une école, peut-on dire, de dimension universitaire, en raison d’une panoplie de matières qui y sont enseignées. L’être y est formé pour en faire un citoyen, un patriote, somme toute, un MUUNTU.
Aussi, pour le kongologue Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, l’Ordre initiatique de Koôngo dya Leemba fut, un des instruments de renforcement du sentiment national et de paix…une affirmation d’un mieux-être du vouloir-vivre ensemble en privilégiant, entre autres, la culture et la pérennisation d’une certaine intégrité socio-humaine de l’être ou du MUUNTU.[P.16.]
Avec un descriptif aussi gigantesque sur les caractéristiques de cette haute institution de formation de l’être ou du MUUNTU comme le Leemba, il apparaît que l’une des causes du déclin des sociétés africaines des temps modernes est, entre autres, l’abandon par elles, des principes majeurs véhiculés dans des écoles comme le Leemba.
Initié de Leemba ou de l’Ordre initiatique de Koôngo dya Leemba, le leembe est défini comme un citoyen de bonne foi, un pacificateur ou un adepte de la raison pacificatrice.
C’est dire, que penser le futur de la société africaine, devra se faire et, non des moindre, par une réflexion nécessairement utile tournée vers un examen des traditions fondamentales, ayant par le passé, contribué à son rayonnement.
Au final force est de noter, comme le relève à juste titre le cardinal Emile BIAYENDA, « Nous sommes… héritiers de coutumes très belles, malheureusement souvent déformées. Vivant dans l’Etat Congolais examinons notre vie dans notre manière de penser et d’agir, au regard de notre mentalité propre et de nos habitudes…Cette œuvre est grande et belle… Tout cela exigera de nous de grands efforts, c’est certain. Il faut du courage pour modifier certaines habitudes de vie…Reconnaissons les obstacles qui entravent…l’unité et l’harmonie entre citoyens de notre nation. » [Cardinal Emile BIAYENDA lettre pastorale 6 novembre 1973]
C’est vraiment une belle leçon de notre histoire qui nous est rapportée magistralement par Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, à travers son ouvrage que je recommande à tout lecteur désireux de connaître la splendeur philosophique et initiatique des connaissances ancestrales des sociétés bantoues, en l’occurrence de l’immense peuple Koôngo.
Eliezere BAHADILA
Licenciée en psychologie
Peut on avoir tous les détails pour commander cet opus svp.
Merci bcp tâtâ Nduenga pour cette passion pour notre histoire.
Qu’on ne s’y trompe pas! Le problème ne se pose pas en termes de manque d’intérêts des congolais pour leur histoire.
Jadis les jeunes congolais apprenaient, dès l’école primaire, l’histoire des grandes figures du royaume KOÖNGO et des résistants de la première heure. On savait qui était NZJNGA NKUVU, MAMA NDONA, BOUETA-MBONGO, MABIALA mâ NGANGA…
Mais depuis un certain temps, pour des raisons bassement politiennes, la seule évocation de ces noms est considérée comme subversive. On préfère célébrer DE BRAZZA, à peine le Roi MAKOKO, mais pas les grandes figures du royaume KOÖNGO!
Vous trouverez le concentré de cette réalité dans l’attitude de monsieur OBAMBI Rogatien, alias ROGAROGA. Quand il parle des RACINES, il n’évoque que quelques chefferies, villages et politiciens. Il parle certes du Roi Makoko et du Royaume LOANGO; mais à aucun moment il n’évoque le Royaume KOÖNGO.
C’est dans son dernier album Oyo Koya Eya (https://www.youtube.com/watch?v=h_45MqKVxuE )que M. OBAMBI vient de prononcer le Roi KOÖNGO NZINGA, et comment! « NZINGA NKUVU A TEKA GONGO[sic] (NZINGA NKUVU a vendu le Congo[sic]).
Heureusement qu’en Angola et en RD Congo, des travaux sérieux, du calibre de ceux de Rudy MBEMBA sont menés.
Il faut qu’un jour, l’on concretise l’idée d’un pélérinage vers le FOYER DES ORIGINES d’où est partie LA CONQUETE DU NORD-OUEST.
Bien dit et bien vu par MOUSSITOU-YOULOU !
NZINGA KUVU A TEKA CONGO chanté par ROGA ROGA témoigne du mépris des KONGO par le pouvoir de Brazza installé depuis 1968. A l’instar de OKO qui montre la mer à TATI, le pouvoir de Brazzaville institué en 1968 a toujours eu peur de parler de l’histoire pré-coloniale des KONGO. C’est l’occasion selon ce pouvoir de réveiller le nationalisme des BANA KONGO, qui, d’ailleurs n’hésitent guère, compte tenu de nombreuses injustices dont ils sont objet de faire scission par la création de l’ETAT SUD DU CONGO.
Toutefois, les BANA KONGO que sont les Sundi, les Dondo, les Lari, les Bembé, les Vili etc devront eux-mêmes œuvrer pour la mémoire ou le souvenir de KONGO DIA NTOTELA en s’abstenant de mettre trop l’accent sur leur entité ethnique. Pour ma part je suis avant tout Kongo avant de me définir comme bembe, ndondo, lari ou vili.
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