Le FESPAM et son budget de 4 milliards de CFA est un instrument de détournement de fonds publics.

Quinze ans après sa 1ere édition en 1996 sous l’égide de Pascal Lissouba, le Festival Panafricain de Musique « FESPAM » sous l’ère Sassou Nguesso a perdu son âme et sa vocation, pour devenir un gouffre financier et une véritable machine institutionnelle de détournement de fonds publics.

Du 9 au 16 juillet se tiendra à Brazzaville la 8e édition du FESPAM avec un budget record de 4 milliards de CFA, soit une augmentation de 1 milliard par rapport à la 7e édition, justifiée par l’achat du matériel musical.

Si cette manifestation était de droit privé, je ne m’y serais sans doute pas appesantis, sauf que le FESPAM est intégralement financé par des fonds publics et au moment où la majorité des congolais n’ont accès, ni aux soins de santé primaire, ni à l’eau et l’électricité , il est normal que chacun d’entre nous se pose la question de l’utilité socio-économique de ce festival.

A la question de savoir à quoi sert le FESPAM , d’emblée certains répondront à rien, d’autres diront qu’il est nécessaire, juste parce qu’ils ont fait allégeance au pouvoir actuel.

Pour ma part, vous saurez ce que j’en pense après mon analyse que vous découvrirez dans les lignes qui suivent.

Un festival musical doit s’inscrire dans un projet artistique spécifique et bien que l’Afrique et le Congo en particulier foisonnent de spécificités artistiques et musicales, le FESPAM dans sa forme actuelle,n’a pas d’âme et se cherche encore, plus d’une décennie après sa première édition.

Le gouvernement de Brazzaville a conceptualisé le FESPAM pour faire du sensationnel, « il suffit de voir la programmation d’artistes populaires et talentueux des éditions passées comme Papa Wemba, en passant par Werrason et Youssou Ndour aujourd’hui, dont les seules invitations répondent à l’impératif de rendre populaire ce festival, mais n’apportent aucune valeur ajoutée au Congolais qui les connaissent déjà bien » et non pour en faire un événement original et spécifique « musique traditionnelle et folklorique africaine »

C’est ce qui explique qu’il ne suscite pas la curiosité et la venue de touristes étrangers et se prive de l’attrait et l’engouement des télévisions internationales occidentales comme CANAL + , BBC, CNN… qui auraient pu donner un rayonnement international au festival et lui rapporté des finances pour sa trésorerie pour les droits de diffusion.

Le gouvernement de Brazzaville, organisateur du FESPAM, n’a jamais intégré qu’un festival a pour vocation de promouvoir les atouts socio-économique des départements dans lesquels se tiennent les spectacles pour dynamiser l’économie locale.

En effet, il n’y a aucune offre touristique associée au FESPAM, preuve qu’aucune concertation n’a été faite avec le ministère du tourisme qui n’existe que de nom et les professionnels du secteur.

Ce qui est un vrai gâchis car le patrimoine culturel et naturel dans les régions de Brazzaville et Pointe-Noire dans lesquelles se tiennent la majorité des spectacles est important et considérable.

Le gouvernement n’a jamais chiffré, ni publié la fréquentation hôtelière hors invitation de celui-ci pendant le FESPAM , tout simplement parce qu’il n’existe aucun outils pour analyser scientifiquement les manquements et y apporter des solutions. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas de retombées économiques.

Le FESPAM aurait du susciter des vocations artistiques chez nos jeunes et créer des métiers nouveaux spécifiques au patrimoine en vain…bref, il y a beaucoup à dire sur les imperfections de ce festival, mais je vais m’arrêter là car au delà du FESPAM, ce qu’il faut remettre à plat, c’est toute la politique culturelle de notre pays.

La politique culturelle d’un pays ne s’improvise pas et doit se penser sur du long terme. Malheureusement, le FESPAM est l’arbre qui cache la forêt d’une absence totale d’ambition culturelle et laisse penser au moins avertis que le gouvernement de Brazzaville s’investit dans une politique culturelle ambitieuse, ce qui n’est pas le cas.

L’échec du FESPAM est d’abord dû au fait que les décideurs à Brazzaville et ceux qui gèrent le département de la culture sont pour la plupart des hommes incultes et acculturés, au détriment des vrais amoureux du monde culturel, ainsi que les acteurs qui ne sont jamais associés aux différentes initiatives qui sont prises dans ce secteur.

Pour ma part, j’aurais bien voulu accorder le bénéfice du doute au gouvernement autoproclamé de Sassou Nguesso , à savoir qu’il ambitionne de promouvoir la culture et la musique en particulier. Sauf que les droits d’auteur de nos musiciens ne sont pas du tout respectés, ni payés par l’ Etat lui-même, malgré l’existence d’un dispositif législatif.

Tous nos musiciens s’éteignent de maladie sans pouvoir se soigner faute de moyens financiers comme Pamelo Mounka, Rapha Boudzeki… et ceux encore en vie, les Youlou Mabiala , Loko Massengo, Roga Roga et la nouvelle génération…sont obligés de faire l’aumône au pouvoir pour obtenir des cacahuètes, pendant que notre Etat leur doit beaucoup d’argent. Ajouter à cela que pour la plupart de ses membres, la culture se résume à la musique et vis versa.

Ne soyons pas mauvais esprit, au pays du chemin d’avenir et son chef suprême, on n’aime la musique. Il suffit de voir, comment ceux-ci adoubent financièrement les musiciens griots des deux rives du Congo qui chantent leurs louanges.

Néanmoins, il va falloir, si nous voulons que ce gouvernement fasse mieux, que nous lui apprenions que la culture, c’est d’abord avoir des infrastructures pour la promouvoir , des théâtres comme à l’époque du CFRAD à Brazzaville, c’est de construire des bibliothèques, des médiathèques dans nos quartiers et nos écoles pour y voir lire nos bouts de choux et susciter des vocations, c’est le cinéma d’auteur, c’est la sculpture…au lieu de tout déléguer aux centres culturels français.

Ainsi, à la question de savoir, si le FESPAM sert à quelque chose, dans l’état actuel , je dis non car il faut le repenser et les milliards qui lui sont dédiés doivent être redistribuer dans des investissements d’infrastructures dans le domaine de la culture.

Nous ne devons pas opposer les projets culturels aux projets d’autres départements, lorsqu’ils sont fait dans la transparence et l’éthique.

En effet, certaines voix s’élèvent pour dire que l’argent du festival aurait pu servir à construire des hôpitaux et des écoles… mais si nous n’avons pas d’écoles et d’hôpitaux dignes de ce nom, ce n’est pas faute de pouvoir les financer car le Congo est un pays riche et les budgets existent, mais sont illicitement détournés. Même si l’on rajoute les 4 milliards du FESPAM pour la construction d’infrastructures sanitaires , vous ne verrez jamais sortir de terre un dispensaire.

Pour vous donner une idée du potentiel financier du FESPAM, je vais le comparer au festival marocain MAWAZINE de Rabat au Maroc car ces deux festivals de musique ont pratiquement le même budget, soit 4 milliards de CFA pour le premier, qui équivaut à environ 60 millions de dirham pour le second.

Avec MAWAZINE qui ne relève pas du ministère de la culture et dont le financement est privé, les marocains vous diront qu’ils ont eu droit à des spectacles d’artistes musiciens de renommés internationales comme Janet et Jermaine Jackson, Carlos Santana , Lionel Richie, Shakira, Elton John, Sting , Stevie wonder , Julio iglesias, Whitney Houston … pendant que les Congolais se tapent encore des stars locales dont la musique les envahit tous les jours, puisque les décibels de nos BARS sont NO LIMITE, empêchant nos enfants d’étudier leurs leçons et faire leurs devoirs scolaires, dans la plus grande indifférence des autorités locales.

Si nous y regardons de plus près, nous constaterons que les stars invitées au FESPAM doivent toucher les mêmes cachets que des Carlos Santana ou Shakira et pourquoi pas, s’il y a des rétro-commissions ?

Mais de grâce, que les organisateurs du FESPAM se contentent de stars de seconde zone car faire appelle aux stars internationales ci dessus citées, triplera au bas mot son budget qui grimpera à 12 milliards car ils ne sauront jamais faire à budget égal comme les organisateurs du festival de musique marocain MAWAZINE.

 

Alors peuple Congolais, dansons, dansons tous , pour oublier notre quotidien douloureux et les souvenirs lointains de notre démocratie !

Au moment où j’écris cet article, j’apprends que 7 de nos compatriotes sont morts lors d’une bousculade pendant le FESPAM.

Que les familles éprouvées acceptent toutes mes condoléances et que les défunts reposent dans la paix du seigneur.

 

Mingua mia Biango

Président du cercle de réflexion pour des idées nouvelles

www.congo-liberty.org

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2 réponses à Le FESPAM et son budget de 4 milliards de CFA est un instrument de détournement de fonds publics.

  1. SITOU dit :

    Sassou un soit disant président , franchement 4milliards pour le FESPAM alors que le pays manques de tout , même le jeune KABILA est plus visionaire que lui ! Mon dieu libère nous de ce montre !!!

  2. Jagouar dit :

    Il y a eu des morts au Fespam, il est sur http://www.afrik-online.com/?p=7627

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