LE DECOLLAGE DE L’AFRIQUE : C’EST MAINTENANT OU DANS QUELQUES SIECLES ! , Par Claude BAKAMA, Avocat à la Cour

Comparées aux richesses de son sous-sol, de sa faune et de sa flore, les conditions de vie des populations africaines sont largement connues pour être un scandale innommable qui fait que, dans l’inconscient collectif, Afrique rime encore malheureusement avec pauvreté et misère.

Les causes de ce décalage qui sont largement connues se déclinent schématiquement en deux grandes lignes.

Il y a, d’une part, la convoitise des pays européens qui ont procédé, depuis des siècles, à une exploitation effrénée des richesses du continent et, d’autre part, la mauvaise gestion des mêmes ressources par des dirigeants cupides et profondément corrompus.

Quelques plans de développement et de bonnes résolutions se sont succédé sur le continent, mais rarement avec succès, au regard des indicateurs qui caractérisent nos économies moribondes et de la misère écrasante qui règne dans de nombreux pays d’Afrique où manque encore ce qui est considéré ailleurs comme le strict minimum, à savoir l’eau courante, l’électricité, la collecte et le traitement des ordures ménagères, l’accès aux soins médicaux élémentaires et à l’école.

L’impression qui se dégage est, en premier lieu, l’unanimité dans le diagnostic négatif et, en second lieu, la résignation face aux nombreuses pesanteurs sociologiques, politiques, géopolitiques et macro-économiques qui freinent ou retardent encore un développement qui reste mathématiquement possible, en raison précisément des ressources naturelles dont regorge encore insolemment le continent, mais surtout en raison des grandes mutations qui ont fait le lit d’une redistribution des cartes dans cet épisode présenté comme une crise économique.

Pour ma part, je considère que l’instant va au-delà de la crise économique et rassemble tous les ingrédients d’un changement radical de la donne économique mondiale, d’une révolution qui se traduit par le glissement du flambeau de la prospérité du bloc constitué par les USA et l’Europe, vers de nouveaux pays, notamment vers l’Asie.

C’est donc le moment.

Oui, c’est le moment pour l’Afrique de saisir une chance historique et de tirer profit des mutations en cours pour engager une dynamique permettant de changer favorablement sa position sur l’échiquier mondial et de s’engager sur la voie du développement au moins à moyen terme.

C’est le moment de corriger les tares liées aux nombreuses pesanteurs sociologiques incompatibles avec les règles de l’économie moderne et de faire la nécessaire autocritique sur notre conception des moyens de conquête du pouvoir politique et surtout l’usage que nous en avons fait depuis les indépendances.

C’est surtout le moment de reconsidérer le lien dit « historique » avec les anciennes puissances coloniales, parce que l’attachement aveugle à ces dernières n’est pas favorable à l’Afrique, lorsque l’on analyse par exemple les effets induits mécaniquement par la subordination monétaire imposée en Afrique francophone avec le piège du franc CFA.

Dans ces conditions, il est d’une impérieuse nécessité de mettre fin aux collusions malsaines des anciennes puissances coloniales avec ceux qui nous ont servi de dirigeants jusqu’ici, parce que ces derniers font encore figure de « Gouverneurs de colonies », ce qui est encore plus vrai en Afrique…francophone !

C’est aussi le moment d’enclencher une dynamique de transformation d’une part importante des matières premières du continent et, sur le long terme, de mettre en place une politique ambitieuse de transfert de technologie à la chinoise, parce que l’économie de rente sont encore l’élément caractéristique de nombreux pays d’Afrique qui se trouvent enfermés dans un rôle de producteurs de coton pour certains, producteurs de cacao pour d’autres, sans jamais tenter de se diversifier et, in fine, de sortir de cette typologie imposée depuis des siècles, par le colon, dans l’intérêt de la métropole.

C’est le moment de cesser de croire en l’aide internationale ou aux crédits consentis par les organismes financiers internationaux qui, à ce jour, n’ont apporté de solution définitive à aucun pays.

Parce que les efforts doivent venir des gouvernants eux-mêmes, si et seulement si ces derniers comprennent les intérêts supérieurs de leurs pays respectifs et s’ils font de leur défense une priorité absolue, comme les dirigeants occidentaux arrivent à dépasser les clivages politiques dès lors qu’il s’agit de défendre les intérêts économiques de leurs pays dans le monde.

En observant les choses, ma crainte est que l’Afrique continue de regarder passer le train des mutations historiques en cours, sans concevoir la moindre stratégie, alors qu’il faut précisément passer de l’ère des slogans et des diatribes anti-impérialistes qui n’émeuvent plus personne, à une ère nouvelle basée sur l’action au service d’une vraie stratégie économique et politique.

Voilà pourquoi c’est plus que jamais le moment historique de s’imposer et de ne plus attendre que les choses conçues et pensées ailleurs nous tombent dessus, car l’occasion des mutations en cours ne se représentera peut-être qu’après un nouveau cycle de plusieurs siècles.

Par Claude BAKAMA, Avocat à la Cour

www.bakama-avocat.com

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2 réponses à LE DECOLLAGE DE L’AFRIQUE : C’EST MAINTENANT OU DANS QUELQUES SIECLES ! , Par Claude BAKAMA, Avocat à la Cour

  1. Dieudos Eyoka dit :

    Au train de l’exploitation actuelle des ressources ( pétrole, fer, bois ) dans 20 ans le pays n’aura plus rien.

    C’est maintenant qu’il faut agir et pas dans 10 ans ou dans 5 ans ou dans 2 ans !

    C’est maintenant ! Demain il sera trop tard !

  2. nkoria nkuata dit :

    Félicitation Maitre Bakama,

    Le dévéloppement de notre continent doit d’abord avoir lieu dans nos têtes et ensuite, il suivra sur le terrain.
    Vous les intellectuels, vous devriez prendre toutes vos places dans le débat du Congo-B, car vous devez montrer à la jeunesse congolaise, que les seuls cadres, ne sont pas les pseudos cadres du PCT qui brillent par le mensonge , la cupidité, gangsterisme et le pillage de nos richesses.
    espérons que vous mettrez vos compétences au service de la lutte pour la libération du congo-brazzaville.
    Néanmoins, nous resterons très vigilants, envers vous les intellectuels car vous nous aviez beaucoup déçu.

    Bravo cher frère

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