Le Congo, Pays de slogans

Depuis plusieurs décennies, notre pays excelle dans la vulgarisation de slogans vides de tout contenu.  

En effet dans les années 70, nous avons été bercés par “Agriculture, priorité des priorités”. On ne peut malheureusement que constater aujourd’hui dans quel état se trouve notre agriculture, sinistrée et obligée de recourir à l’aide de “travailleurs rwandais” pour venir au secours d’un secteur en grandes difficultés. A un point où, les autorités admettant à demi-mots l’échec de notre politique agricole nationale encouragent aujourd’hui les initiatives privées dont les plus importantes, financées sur les deniers publics appartiennent à des responsables politiques. Ainsi, le congolais moyen qui entreprend de financer des activités agricoles avec ses propres moyens, subit une concurrence déloyale qui le condamne bien souvent à demeurer à un stade artisanal de sa production. 

Plus tard, dans les années 80, toujours dans le domaine agricole, nous avons eu droit à “Une école, un champ”. Force est de constater que cela a été de courte durée et à ce jour, malheureusement, peu d’écoles n’ont pu matérialiser ce slogan pourtant porteur d’espoir, et ce malgré quelques expériences tentées ici et là, parfois avec l’assistance de nos “amis” cubains ou brésiliens.  

Aussi, dans les moments difficiles, nous avons espéré avec le slogan “Vivre durement aujourd’hui pour vivre mieux demain.” Jusqu’à ce jour, ces lendemains meilleurs tant promis se font toujours attendre. Un célèbre politicien français disait peut-être à juste titre que “les promesses n’engagent que ceux qui y croient” 

Pour changer de registre, en début du deuxième millénaire, le slogan “Santé pour tous d’ici à l’an 2000”, a été vulgarisé avec faste. Aujourd’hui, il est aisé de constater l’état déplorable de notre système de santé avec des structures qui tombent en ruines et un personnel de santé démotivé, régulièrement en grève pour des raisons très souvent justifiées. Si à cela, on rajoute les faussaires qui exercent librement avec de faux diplômes, les circulations et ventes illégales de faux médicaments et l’indélicatesse de certains agents de santé, nous avons le tableau non exhaustif de la décrépitude de notre système de santé qui demande à être réformé et réclame des états généraux de la santé. 

Il y a quelques années, on nous a tant vanté la construction prochaine de 12 hôpitaux généraux dans les différents départements du pays. A ce jour, seuls 2 hôpitaux ont vu le jour, inaugurés avec solennité, bien que certains de leurs modules restent pour l’heure inachevés. Les hôpitaux généraux de Ngoyo à Pointe-Noire et de Djiri à Brazzaville ont ainsi démarré leurs activités avec une grande attente des populations locales. La construction des dix autres hôpitaux est à l’arrêt pour des raisons que les autorités compétentes seraient bien inspirées d’expliquer à la représentation nationale. 

Dans ce même domaine, les jeunes professionnels de santé formés récemment à Cuba sont rentrés au pays, selon un scénario digne d’un film hollywoodien, sous les feux des projecteurs avec grand enthousiasme et pleins de projets en tête. Il leur a ainsi été promis monts et merveilles. Et, aujourd’hui, certains déchantent, attendant en vain un signal de leur ministère de tutelle pour décider de leur avenir. Il semblerait que plusieurs d’entre eux n’aient pas obtenu le diplôme final et cela n’arrange pas les employeurs ou les encadreurs qui réclament des parcours de consolidation, avant de les mettre sur le terrain pour soigner la population congolaise. 

Le programme de société actuellement en vigueur est “Ensemble, poursuivons la marche”. Nous avons plutôt l’impression qu’il faudrait plutôt l’intituler “Ensemble, marchons à reculons”, tant notre pays est sujet à un recul dans tous les secteurs :  

  • politique avec une liberté d’expression de plus en plus limitée et dont sont privées les populations y compris les députés qui risquent désormais leur immunité parlementaire ;  
  • économique avec une dette abyssale qui ne fait que s’aggraver malgré les richesses dont regorge notre pays ;  
  • sanitaire comme cela a été exprimé plus haut ;  
  • judiciaire avec des professionnels véreux dont plusieurs ont été sanctionnés et qualifiés de vers dans le fruit ;  
  • sécuritaire avec des agressions répétées de paisibles citoyens, commises par des délinquants dont certains seraient sous la protection de dignitaires du pays ; 
  • environnemental avec une accumulation et défauts d’élimination de déchets ménagers ou industriels des zones rurales et urbaines ainsi qu’une destruction de la faune, de la flore et des cours d’eau par des usagers et sociétés peu scrupuleux du respect de l’environnement ; 
  • besoins de vie courante, avec des difficultés de fournitures en eau et électricité dans les foyers, des coupures fréquentes et des facturations souvent injustifiées qui deviennent un vrai poison dans la vie au quotidien ; 
  • éducatif et scolaire avec une baisse constante du niveau des élèves et enseignants ainsi qu’une insécurité grandissante dans les établissements caractérisée par des rixes entre élèves ; 
  • culturel avec des us et coutumes en déperdition ainsi que des moeurs de plus en plus dépravées dans la société, et ceci, pas que chez les jeunes ;  
  • sportif avec une absence totale de résultats de nos représentants dans les compétitions internationales et un délabrement de nos installations sportives, nous privant ainsi d’homologations internationales ; 
  • Cultuel et religieux avec des églises qui émergent ici et là, polluent et manipulent la conscience des adeptes, les conduisant à un avilissement. 

Nous terminerons notre propos par “2024, année de la Jeunesse”. Ce dernier slogan, nous montre à quel point, nos dirigeants peuvent manquer d’imagination. En effet, comment peut-on considérer qu’une année doit être consacrée à la jeunesse alors que toute la durée de leur mandat devrait lui être dédiée. Effectivement, ce slogan pourrait suggérer qu’avant 2024, la jeunesse ne faisait pas partie de leurs préoccupations majeures et qu’après 2024, elle ne le sera pas davantage. On sait pourtant que la population de notre continent est en majeure partie composée de jeunes qui représentent sa force et son avenir. Leur consacrer une année est largement insuffisant pour prendre en compte leurs aspirations et répondre à leurs attentes. Il faut très certainement établir des programmes qui s’inscrivent dans le long terme et leur proposent une amélioration réelle de leur avenir. 

Ces programmes devraient offrir à tous les mêmes chances et leur donner la possibilité de se réaliser et de s’élever dans la société. Il est indispensable de veiller à l’observance de valeurs morales, d’équité, de justice et d’égalité pour tous. Il faut absolument conduire à un changement de paradigme et de logiciel mental pour convaincre notre jeunesse que ce n’est qu’à travers l’effort que l’on peut s’élever par l’ascenseur social. Cela implique de la part des décideurs politiques une exemplarité irréprochable. Ce n’est qu’ainsi et à travers l’application de projets structurants visant le long terme que l’on pourra espérer un avenir plus radieux pour les générations futures. 

Calixte Mafouta 

Diffusé le 16 avril 2024, par www.congo-liberty.org  

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5 réponses à Le Congo, Pays de slogans

  1. val de NANTES . dit :

    Sassou , UN JOUISSEUR infatigable des ressources du pays .Il se paie des slogans creux dont l’unique but est la prolongation des désirs matériels et alimentaires inassouvis ..Une faveur dantesque que le CONGO aura offerte à un sénile sorti de nulle part …
    SASSOU ,une vie auréolée des cadavres congolais dont il ignore complétement l’existence terrestre .IL s’y croit seul .
    D’aucuns vont lui rappeler qu’il est un homme temporel , mortel , et les biens stockés ne sont qu’une simple illusion …
    l’homme se soumet à la raison et non aux affects dont l’envie et la haine .
    Pauvre type !!!.

  2. Anonyme dit :

    Aussi longtemps que le Congo sera dirigé par Sassou Nguesso, un president auto proclamé, semi illétré et genocidaire, criminel à outrance, il ya rien de bon à espérer .
    Sassou et sa clique doivent quitter le pouvoir au Congo. Qui au peuple detrouver une véritable stratégie pour faire partir ce régime utra criminel, genocidaire qui cède des hectar de terre fertile du Pool au Ruanda. Alors que ce Sassou se mettait à promettre dans le passé “Une école, un champ”. A beau mentir qui vient de loin.
    Mballa

  3. le fils du pays dit :

    le fils du pays
    Depuis Juillet 1968 les slogans entendus dans ce pays.
    Ngouabi Marien:Tout pour le peuple rien que pour le peuple.
    Yhombi Opango:Vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain.
    Sassou Denis:L’agriculture,priorite des priorities,un peuple qui ne produit pas ce qu’il consomme n’est pas un peuple libre,une ecole un champ(Ndako ya kelassi pembeni ya bilanga),l’auto alimentaire d’ici l’an 2000,l’eau potable pour tous(l’eau qu’il pollue avec ses matieres fecales,celles de son fils Kiki,celles de sa fille Claudia etc),chemin d’avenir,la nouvelle esperance,sante pour tous,creation de cent milles emplois,poursuivons la marche,Congo emergent en 2025,l’annee de la jeunesse 2024.
    Ouf,un total de cinquante cinq ans de slogans bidons.Cinquante cinq ans que ce groupe de malfrats se moque du peuple.Cinquante cinq ans que le Congo n’a pas avance d’un seul iota.Cinquante cinq ans de la destruction du Congo.
    A bas la fripouille ivoiro beninoise Sassou Denis,sa caste d’abbey Ivoiriens devenus Mbochis d’Edou-Oyo,ses enfants et sa nomenklatura.
    Vive le Congo eternel.Terre de nos aieux.

  4. Val de Nantes dit :

    Un escroc de grand chemin. . Ce sont les conséquences d’un ça foulant au pied les interdits moraux ,parentaux , sociétaux prescrits par l’instance psychique qu’est le surmoi Freud aurait trouvé en Sassou son objet idéal d’études…
    L’inconscient de Sassou est plus fécond a transcendé,de manière névrotique les deux autres étapes du psychisme humain.. Il vit sous la.libido de la violence dont le crime politique est la sublimation …
    Bref, l’analysé qu’est Sassou a raté la psychanalyse de l’analysant Freud..Et ç ‘aurait été bénéfique pour les congolais, égarés dans ce labyrinthe d’où ils peinent à s’extraire. En témoigne la cession des terres aux rwandais, dans l’unique but de conserver militairement le pouvoir ad vitæ aeternam.. Une éternité !!.
    Un type de démocratie éponyme , où règne l’ablation de la libre expression ,la négation de la critique politique . Et l’éloge de la tribu – classe..

  5. Val de Nantes dit :

    :_ Le coffre fort ne suit pas le corbillard « . À méditer ! Les voleurs de la République ,aupremier rang desquels Sassou …

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