DIEUDONNE ANTOINE-GANGA REND HOMMAGE A JEAN-LUC MALEKAT

AU REVOIR MON CHER COLLEGUE, JEAN-LUC MALEKAT.  

Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est à la fois un moment douloureux en pensant à ce qui ne sera plus, et un moment d’émotion en pensant à tout ce qui a été entre nous.

Ministres du gouvernement de transition sous la direction du Premier Ministre André Milongo, toi et moi, nous avons partagé nos joies et nos peines ; nous avons célébré ensemble des moments clés de nos vies respectives, nous avons philosophé et refait le monde ensemble, mais surtout nous avons entretenu une formidable, permanente et saine amitié.

Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est exprimer ce qu’il nous a inspiré.

Pour Jean Luc Malekat, le premier mot qui me revient à l’esprit, est le mot Foi. Cette foi qu’il avait héritée de ses parents fervents chrétiens catholiques et qu’il avait ipso facto en Dieu et en Jésus ; cette foi qu’il avait dans la prière.

Le deuxième mot est l’Amour, cet amour qu’il avait pour les gens, cet amour qu’il savait transmettre et cultiver autour de lui, cet amour que nous avions pour lui. Cet amour qui lui permettait de créer et d’entretenir le lien, en dépit de la distance ou des années qui passent.

Le troisième mot est la Fidélité en amitié. Pour Jean Luc Malekat, nous ses amis, étions sa famille, la famille qu’il avait choisie. Il était toujours à nos côtés, tant dans nos malheurs que dans nos joies. C’est ainsi qu’il était venu partager avec moi, quelques jours aux U.S.A. pour me réconforter dans mon exil. Par ailleurs, il ne cessait de me dire qu’il avait peur de la haine, peur de l’homme pervers dont l’amitié était incertaine et la fidélité en travers. Pour lui, l’amitié était la plus étroite des parentés. Son amitié était une vraie fidélité et non une brume du matin, une rosée d’aurore qui s’en va. Enfin, pour lui, un ami était un cadeau dont la valeur ne pouvait pas être mesurée sauf par le cœur.

Le quatrième mot est l’Humilité, cette vertu qui aujourd’hui ne jouit pas d’une grande estime mais que Jean Luc Malekat possédait en lui. Cette humilité dont il a fait montre dans ses fonctions tant de fonctionnaire des finances et des impôts que de ministre des finances. Il appliquait à la règle cette pensée de Charles de Foucauld ‘’que ceux qui sont les premiers se tiennent toujours par l’humilité et la disposition d’esprit à la dernière place, en sentiment de descente et de service.’’

Mon frère et ami Jean Luc Malekat,

J’évoque ton intégrité, ta rigueur, ta scrupuleuse fidélité envers tes idéaux et nous tes amis, ton positionnement au-dessus des considérations ethnocentriques, ton attachement à la paix et à l’unité nationale.

Ton intégrité faisait l’admiration de tous, même de tes adversaires parce qu’elle accompagnait tout ce que tu entreprenais. En tant que grand Commis de l’Etat de notre pays, le Congo, ton parcours a été limpide. Ton sens de l’intérêt général te mettait au-dessus des égoïsmes et des bas calculs. Tu me disais toujours que le sens de l’intérêt général se perdait à partir du moment où l’on écoutait avec une certaine condescendance ceux qui, d’une manière ou d’une autre, appelaient à l’aide pour contourner les lois et les règlements.

Dans notre pays où beaucoup de commis de l’Etat, d’hommes politiques et d’opérateurs économiques ont des difficultés à se départir des affinités et contraintes ethno-tribalistes, tu as eu le mérite de montrer qu’il était possible d’agir autrement, en faisant le choix délibéré de te situer au niveau de la notion dans sa globalité, en prônant notre conviction qu’aucune région, qu’aucune tribu, qu’aucune ethnie, qu’aucun clan, ne détenait l’exclusivité des compétences.

Ton altruisme légendaire, ton humilité et ta piété ont séduit tous ceux que tu avais approchés. Tu avais le cœur dans la main et tu partageais. Tu étais juste tout en restant ferme et rigoureux.

Jeune, adulte, vieux, homme ou femme, garçon ou fille, tout le monde était ton alter ego. En nous fréquentant, tu avais découvert, comme tu me le disais souvent, la vérité des gens, tu avais senti une société avec ses peines et ses joies, ses misères et sa grandeur. Qui plus est, tu étais toujours optimiste, car tu étais convaincu qu’il « ne fallait jamais désespérer des hommes, ne jamais renoncer à comprendre et à convaincre, ne jamais préférer la force au dialogue, tant que l’échec de celui-ci n’était pas prouvé, toujours donner sa confiance si l’on voulait espérer gagner celle des autres et rechercher l’union plus que la division. »

Enfin, tu nous quittes tel que tu as vécu, dans la dignité, la rigueur, la justice, l’honneur et la simplicité. Tu as été un symbole vivant des valeurs humaines les plus nobles, un représentant particulièrement brillant de cette catégorie d’êtres humains, de plus en plus rares, qui considèrent que quand la dignité et l’honneur sont en cause, il n’y a pas de compromis possible ; cette catégorie d’êtres humains qui « respectent et considèrent l’homme pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a ou pour ce qu’il possède. »

Parler d’un être cher qui nous a quittés, c’est surtout en dépit de notre chagrin, de notre tristesse, de notre douleur, la plus belle manière de lui exprimer notre amour et notre amitié, puis de lui dire qu’à travers nous ses amis, il continuera d’exister.

L’on dit aussi que les gens qu’on aime sont éternels. Pour nous qui t’aimons, qui t’avons aimé et qui t’aimerons toujours, tu seras éternel. Avec Charles Péguy, j’affirme que « tu n’es pas loin ; tu es seulement de l’autre côté. Je continuerai toujours à t’appeler par tes nom et prénoms. »

Je serai toujours ton ami et ipso facto, l’ami de ton honneur. Repose en paix dans la lumière du visage de Dieu. Au revoir, mon ami et frère Jean Luc Malekat.

Dieudonné ANTOINE-GANGA

Diffusé le 16 avril 2024, par www.congo-liberty.org

JEAN-LUC MALEKAT : itinéraire d’un patriote intègre et travailleur.

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3 réponses à DIEUDONNE ANTOINE-GANGA REND HOMMAGE A JEAN-LUC MALEKAT

  1. val de NANTES . dit :

    Trop jeune par rapport à SASSOU pour nous quitter , sans voir la libération du pays des mains de cette racaille .
    Voilà une autre injustice que paie rubis sur ongles le Congo , celle de perdre ses brillants fils ,épris de citoyenneté économique et patriotique .
    Ainsi j’adresse mes condoléances aux vrais patriotes friands de la justice sociale .
    C’est le caractère aveugle de la finitude humaine qui frappe ,sans distinction , les bons et les mauvais .Une confusion intolérable .

  2. Samba dia Moupata dit :

    Mes pensées les plus affectueuses à ce grand serviteur de l’état congolais qui a l’époque d’André Milongo ont prouvé qu’on pouvait encore compter à nos propres ressources humaines ! Ce gouvernement restera une référence quand nous allons rétablir la république du Congo ! Jean Luc MALEKAT avait fuit la barbarie Mbochi pour s’installer à Nice en France comme exilé comme des nombreux dignes cadres de ce pays qui ont trouvé la mort en exil !

  3. Anonyme dit :

    Aussi longtemps que le Congo sera dirigé par Sassou Nguesso, un president auto proclamé, semi illétré et genocidaire, criminel à outrance, il ya rien de bon à espérer .
    Sassou et sa clique doivent quitter le pouvoir au Congo. Qui au peuple detrouver une véritable stratégie pour faire partir ce régime utra criminel, genocidaire qui cède des hectar de terre fertile du Pool au Ruanda. Alors que ce Sassou se mettait à promettre dans le passé “Une école, un champ”. A beau mentir qui vient de loin.
    Mballa

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