Le budget du Congo-Brazzaville retrouve des couleurs

Le ciel s’éclaircit pour les finances du petit pays pétrolier d’Afrique Centrale. La voie se dégage pour le budget du Congo-Brazzaville. Grands damnés de la pandémie, les quatre géants de la CEMAC (Cameroun, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale et Gabon) ont retrouvé des couleurs à l’occasion de la présentation de leur projet de loi de finances rectificative (PLFR) du deuxième trimestre 2022.

Alors que depuis trois ans, chaque état des comptes se résumait par d’innombrables déficits les uns et les autres ont renoué avec les excédants budgétaires. A la faveur de la guerre Russie-Ukraine et grâce à l’envolée des prix des matières premières, l’argent public coule à nouveau à flots, rendant tout à coup possible ce qu’il ne l’était pas avant la crise. A quelque chose, malheur est bon.

VIVE LA CRISE

L’exécutif ne regarde plus à la dépense. Denis Sassou Nguesso, Anatole Collinet Makosso, Roger Rigobert Andely, Ludovic Ngatsé et Ingrid Olga Ebouka-Babackas prennent à nouveau quelques libertés sur le sérieux budgétaire recommandé par le FMI et la communauté financière internationale. Y avaient-ils d’ailleurs renoncé ?

Le budget du Congo-Brazzaville, qui piquait du nez, est reparti à la hausse. Initialement fixé à 1925 milliards FCFA, le budget de l’État exercice 2022 vient d’être revu à la hausse de 900 milliards FCFA, soit une augmentation de 46%. La loi de finances rectificative adoptée en Conseil des ministres, le 13 juillet 2022, vise à maintenir l’équilibre entre la reprise économique et la viabilité de la dette, la rationalisation des subventions induites par l’augmentation des prix de l’énergie ainsi que l’application du plan de résilience sur la crise alimentaire.

Le gap supplémentaire de 900 milliards FCFA devrait contribuer, selon le gouvernement, aux dépenses d’aide sociale, de santé, d’éducation et d’infrastructures. L’exécutif veut soutenir la reprise de la croissance et le renforcement de la résilience de l’économie, à travers la poursuite de la mise en œuvre des mesures retenues dans le cadre de sa politique budgétaire telles que l’efficacité du recouvrement et la sécurisation des recettes publiques, la rationalisation de la dépense publique, y compris la maîtrise de la dette.

En ce qui concerne les dépenses, le budget de l’État réajusté est arrêté à la somme de 2 049 milliards FCFA, soit un excédent budgétaire d’environ 775, 8 milliards FCFA. Cet excédent permettra à l’État de résorber le déficit en ressources de trésorerie et de financement. Soulignons qu’en matière de financement, le déficit estimé à plus de 1183 milliards FCFA, d’après les autorités, sera compensé par l’affectation du solde budgétaire (775 8 milliards FCFA) ainsi que le financement intérieur et extérieur (407,5 milliards FCFA).

L’amélioration des ressources publiques observée est due à la hausse des recettes pétrolières et à la relance des discussions avec les partenaires au développement, dans le cadre de l’exécution du programme de facilité élargie de crédit conclu avec le Fonds monétaire international. L’on peut y ajouter la mobilisation des bailleurs de fonds par le gouvernement pour le financement du nouveau Plan national de développement 2022-2026.
« Sous l’effet de l’amélioration des recettes pétrolières, du dynamisme du secteur agricole et de l’exploitation minière, le PIB réel devrait se renforcer pour atteindre 4,3% en 2022 contre -0,6% en 2021. Par contre, la flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires due à la guerre en Ukraine ferait remonter l’inflation à 3,5% », précise le gouvernement, ajoutant que la priorité sera l’accompagnement des acteurs des filières agro-pastorales et halieutiques, ainsi que la promotion d’une politique de substitution des importations par une offre locale (Les dépêches de Brazzaville, 18 juillet 2022). La croissance, qui devrait ralentir dès 2023 pour retrouver son rythme d’avant-crise, ne sera pas suffisante pour assurer la soutenabilité de notre dette, pas plus qu’une hausse de la fiscalité.

ECLAIRCIE

Depuis quatre ans, Brazzaville broyait du noir : baisse des recettes pétrolières, effondrement des réserves de change, chute de la croissance, relations tumultueuses avec le Fonds monétaire international (FMI), négociations orageuses avec les traders pétroliers (Glencore, Gunvor, Trafigura, Vitol, …), restructuration de la dette envers la Chine représentant 35 % de la dette totale du Congo-Brazzaville.

Denis Sassou Nguesso, Anatole Collinet Makosso, Roger Rigobert Andely, Ludovic Ngatsé et Ingrid Olga Ebouka-Babackas retrouvent le sourire. Les principaux agrégats économiques virent au vert à l’exception notable de l’inflation (3,5 %) et du chômage (70 % des jeunes en âge de travailler sont dans emplois), point faible de l’administration Sassou.

Sassou Nguesso, Collinet Makosso, Rigobert Andely, Ludovic Ngatsé et Ingrid Olga Ebouka-Babackas ont-ils-fait le choix de promouvoir l’esprit d’entreprise et les entreprises, en particulier les PME-PMI qui portent en elles les germes du dynamisme économique ? Tout sera-t-il mis en œuvre pour susciter la création en grand nombre des entreprises dans toutes les branches de l’économie ? Dans la mise en œuvre de toutes ces politiques du gouvernement, les responsables en charge de la conduite de la politique économique du Congo-Brazzaville veilleront-ils toujours à ne pas laisser s’installer des déséquilibres macroéconomiques du genre inflation galopante, déficit permanent du commerce extérieur, accumulation des arriérés de paiement et déficits budgétaires avec leur corollaire, le surendettement public ? S’engageront-ils à lutter efficacement contre la corruption, les malversations financières et le vol des deniers publics ? Chrystel Sassou, le ministre du partenariat public-privé, s’en offusque.

La question de l’efficacité de la dépense publique, pourtant soulevée depuis des années par la Cour des comptes et le FMI, est en revanche totalement occultée. Affectation d’un milliard de francs CFA à une étude sur le tourisme et l’hôtellerie alors que les tiroirs du ministère dirigé respectivement par Arlette Soudan Nonault et Destinée Hermella Doukaga regorge de rapports sur le sujet. Parfois, un fait suffit pour tout résumer. Parfois il en faut plusieurs. Le ciel pourrait s’obscurcir si une nouvelle vague de Covid-19, une aggravation de la situation économique, un retournement de la conjoncture ou une grosse chute des prix et du dollar revenaient sur la table. Ces aléas ne sont pas à exclure. Car, l’éclaircie n’est pas le beau temps.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

Diffusé le 18 août 2022, par www.congo-liberty.org

Ce contenu a été publié dans Les articles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Le budget du Congo-Brazzaville retrouve des couleurs

  1. le fils du pays dit :

    Rien ne changera avec cette caste au pouvoir
    Rappel le trésor public est le moulin à foufou qu’ils vidangent systématiquement

  2. Val de Nantes dit :

    Oooohh ! Couleur ?.
    Je n’ai rien compris à ce titre …Bilombot ,Tomo zondza !!.

  3. Val de Nantes dit :

    Un Bizarre.Beaucoup de congolais , jeunes de surcroît , n’ont plus de cheveux ,mais lui si vieux , en possède toujours…
    On aurait dit  » un demi Dieu  » que rien ne bouscule. C’est le miracle du pouvoir volé au peuple congolais.

Laisser un commentaire