Le 9 décembre : journée internationale contre la corruption : le cas du Congo-Brazzaville

corruptLe 9 décembre : journée internationale contre la corruption afin de sensibiliser le monde à ce problème et pour faire connaitre le rôle de la Convention en matière de lutte et de prévention.

Selon Transparency International, « la corruption est l’abus de pouvoir reçu en délégation à des fins privées ». Selon cette même institution, le Congo-Brazzaville occupe la 183ème place mondiale. On distingue la corruption active de la corruption passive selon que les actes sont commis par celui qui corrompt ou celui qui se laisse corrompre. « Si un citoyen ou un client donne de l’argent en échange d’une faveur, il s’agit de corruption active. Si quelqu’un se laisse payer pour accomplir certains actes, il s’agit de corruption passive ».

Si le phénomène est universel, les conséquences ne sont pas du même ordre ici et maintenant. En particulier, lorsque les ressources sont limitées, la corruption constitue un fléau aux conséquences désastreuses pour le développement économique, le respect des droits fondamentaux, la qualité de vie, la crédibilité des institutions, ainsi que les aspirations à la démocratie. Les principales victimes en sont les populations les plus vulnérables particulièrement celles dépourvues de moyens de se défendre. Du fait de la confiscation des ressources et de sa mauvaise gestion par une bande de privilégiés, la corruption représente un gâchis de potentialités. Mais pour combattre ce phénomène, son identification est nécessaire afin de produire des indicateurs qui permettent d’appréhender ses formes, ses manifestations et ses mécanismes. L’objet de ce court article est de proposer un résumé des domaines et secteurs où la corruption prospère au Congo-Brazzaville.

La corruption, sous l’appellation locale « madeso ya bana », littéralement « les haricots des enfants », fait partie des mœurs puisqu’elle est tolérée même au plus haut sommet de l’Etat. Deux raisons majeures rendent inefficaces la lutte contre la corruption : le manque de volonté politique et le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire.

La première agit sur les cadres administratifs qui, à dessein, rendent complexes des procédures administratives pour en tirer des pots-de-vin ; la seconde, protège les fraudeurs et autres délinquants à s’en tirer sans peines. En effet, un fonctionnaire de l’Etat pour s’assurer de percevoir son salaire aux guichets des banques ou du trésor public et d’être à l’abri des arnaques des caissiers lors des prochaines paies, doit « sécuriser » son salaire, c’est-à-dire donner à l’avance le pot-de-vin auprès du caissier. Cette impuissance est due certainement au fait que les fonctionnaires perçoivent leur salaire en numéraires. La corruption s’enracine ainsi dans les mœurs et personne n’ose la dénoncer. La contagion est telle que même dans les endroits censés être sacrés du point de vue de leur humanisme, tels les églises, la chambre des députés, les écoles, les universités, la corruption est vraiment une gangrène. Cette attitude peut trahir aussi bien « la misère sociale, le désespoir populaire face à un pouvoir jugé arrogant qui, lui, vole les deniers publics en toute impunité ». La corruption à l’école discrédite toute une génération d’élèves et aussi son corps enseignant. On peut citer en exemple le cas de l’annulation des épreuves du Bac général 2015 au Congo-Brazzaville où des sujets de la veille et du lendemain se sont retrouvés sur la place publique via les réseaux sociaux. La corruption varie considérablement selon les groupes, les sociétés et les juridictions nationales, mais elle est définie comme une transgression des normes. Notons aussi la réalité congolaise qui est en proie à la corruption de communauté de « paroisse », celle qui mobilise des relations de proximité par l’intermédiaire des familles, des ethnies, des partis, des amicales, des corporations.

Au Congo-Brazzaville, l’Etat est presque inexistant dans la mesure où, en dépit de la volonté affichée par ses cadres d’assainir les finances publiques, le vol, la concussion rongent toute la vie au quotidien et devient une gangrène. C’est en effet la « perception qui sous-tend la démarche d’introduction et d’institutionnalisation de la transparence, de l’obligation de rendre des comptes, défendue et financée par les Nations Unies, le FMI et la Banque Mondiale », ainsi que par la communauté des bailleurs de fonds soutenue par de nombreuses organisations non gouvernementales Car, selon « une étude faite par le cabinet Serty, financé par le Pnud en mai 2011, les douanes ont la palme d’or de la corruption au Congo-Brazzaville : 80%, suivent les impôts : 68%, la police, la justice et le trésor public ». C’est dire que le Congo-Brazzaville est malade de ses hommes.

Aujourd’hui, la corruption a atteint d’autres sommets au Congo-Brazzaville sous les vocables de « ngiriser », « ngirisation », néologisme sémantique. « ngiriser » viendrait du substantif « ngiri », sac à multiples usages. « ngiriser » serait corrompre à l’aide d’un sac ngiri contenant de l’argent. La « ngirisation », opération qui consiste à atteindre un plus grand nombre de personnes à acheter la conscience.

La corruption existe depuis que l’homme existe. Si l’homme est corruptible aujourd’hui, c’est parce que quelque chose a existé in illo tempere c’est-à-dire au grand temps des commencements. Il revient à l’homme d’éradiquer la corruption en servant les intérêts du plus grand nombre. Sony Labu Tansi dans Je soussigné cardiaque, peignait les réalités dans la République du Lebango, pays vendu au nom de toutes les jouissances : « Avant la colonisation, on nous jouait avec la peau. Après la colonisation, les nôtres nous jouent avec le cœur »

Jean Claude BOUKOU

Doctorant, Sociologie du Travail, CNAM, Paris

Diffusé le 9 décembre 2015, par www.congo-liberty.org

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10 réponses à Le 9 décembre : journée internationale contre la corruption : le cas du Congo-Brazzaville

  1. Anonyme dit :

    Tout est pourris au royaume de Sassou ou les vols et les assassinats sont institués en mode de gouvernance.

  2. Bagana dit :

    En France la journée internationale contre la corruption est devenue la Journée de la laïcité !
    Sassou Nguesso tu peux revenir tranquillement à Paris, ce gouvernement n’a rien contre la corruption !

  3. zola dit :

    Puisque Eux ne peuvent pas vivre sans voler, vendons les aux blancs et instituons l’opération Mains Propres.

  4. le fils du pays dit :

    La corruption,un mal d’importation venu de l’occident dont la france est le pays le plus corrompu selon l’historien et écrivain Allemand Jevo Engels.Mr Sassou et sa cohorte transforme petit a petit a travers la corruption et d’autres maux le Congo en pays sans conscience,il est grand temps de chasser du sol Congolais la france et son valet Mr Sassou alias Nguesso.

  5. Anonyme dit :

    Merci cher Jean Claude pour cet éclairage nouveau sur cet odieux phénomène de la corruption et la lutte que nous devons mener à l’échelle mondiale, mais au Congo en particulier, pour le combattre. Des conventions existent, et le Congo les a toutes ratifiées, comme d’habitude pour se donner l’illusion d’un Etat sérieux. Des « organes » ou « institutions » ont pour vocation de travailler sur la question. On a dernièrement entendu l’Observatoire anti-corruption se prononcer sur le bon déroulement …du referendum constitutionnel, comme si cela relevait de ses prérogatives. Cependant, lesdits organes sont très taiseux sur les hauts faits de corruption, concussion, fraude et infractions assimilées, pour lesquelles il existe une loi. De ce point de vue, le petit Loïc Stevie Mayoussa qui a été abattu à Dolisie pour avoir été de ceux qui ont brûlé les cahiers de la honte, peut être raisonnablement considéré comme un martyr de la lutte contre la corruption. Paix à son âme. Le Congo est aussi un de ces pays où on peut lapider un « voleur » de quartier, auteur d’un larcin, mais où on acclame et loue les détourneurs de deniers publics. Cher Jean Claude et autres intervenants sur ce forum, je me voudrais de ne pas porter un petit rectificatif sur le classement entraperçu dans l’article. Le Congo est classé 183è sur 185 dans l’indice de Doing Business. Il est cependant 152è sur les 175 états évalués par Transparency International, l’ONG de référence sur la question. Cela n’est toujours pas reluisant, loin s’en faut.

  6. Alpha YOUM /GRDA dit :

    Merci JEAN CLAUDE
    La corruption politique qui consiste à mentir les populations et en même temps voler les ressources minières et financières d’un Etat. Il faut combattre la corruption sur toutes ces formes.Pour cela , il faut une sensibilisation permanente des peuples à la démocratie et au contrôle. Nous avons la responsabilité historique de libérer tous les africains.Nous ne voulons plus de l’injustice, de la dictature, nous voulons une Afrique unie qui travaille et qui gagne.

  7. Anonyme dit :

    Aurais-je bien lu « en dépit de la volonté affichée par ses cadres d’assainir les finances publiques » ?
    On parle bien du Congo ? Il n y a manifestement au Congo aucune volonté d’assainir les finances publiques, mais pluôt d’en détourner le maximum dans un laps de temps le plus court possible.
    Tout dans cette kleptocratie n’est que surfacturation…
    Nous sommes au 152ème rang sur 175 pour un score minable de 23 sur 100, et notre bouffon de dictateur infatigable pérore niaisement partout qu’il travaille…
    Tant que la dictature perdurera et que le système juridique sera intimement lié à ce système politico-mafieux, la corruption aura encore un bel avenir au Congo.

    https://www.transparency.org/country/#COG

  8. Ulysse dit :

    La corruption est un anti valeur existant dans tous les pays du monde. On a pu l’apprendre des affaires Madoff et autres qui n’étaient pourtant pas africains. Chaque Etat se doit de lutter efficacement contre ce fléau qui mine surtout les économies fragiles des pays du Sud. Notamment le Congo, il faut le reconnaître. Nous nous méfions par contre des fameux classements annuels publiés par une ONG anglo-saxonne dénommée Transparency International. Vu la nature des obscures lobbys à l’origine de ses financements opaques cet organisme devrait être interdit partout. Les africains doivent plus tôt créés leurs agences et indices de notation indépendantes. Selon les experts africains compétents en la matière, les USA, UK, le Canada, la france et la Belgique sont les pays les plus corrompus de la planète. N’est ce pas en Occident qu’à éclatée la crise économique mondiale ? Sinon quelle est la raison de la percée du FN en france ? Profitons également pour félicité la décision salutaire de la Chine et de la Russie qui ont briser à tout jamais le monopole de cette monnaie factice et corruptrice appelée dollar dans les échanges internationnaux. Notamment en ce qui concerne la vente et l’exportation du pétrole brute. Dire que Transparency International qui plastronne en Afrique ignore jusqu’aux principaux clients occidentaux du pétrole commercialisé par le pseudo Daesh de la CIA & Co. Ces gens sont ils suffisamment crédibles pour combattre la corruption à l’échelle internationale ? Le moins qu’on puisse dire c’est que Brazzaville est un bourbier pour toute les ONG à but géopolitique. Il y a l’exemple d’un certain Sherpa aux financements extrêmement douteux qui s’autorisait régulièrement à couvrir la terre entière de boue.

  9. Anonyme dit :

    @ Ulysse

    T’as vraiment du caca dans les yeux… Ton discours pue le soutien au dictateur infatigableb et à la gabegie. Je t’invite à aller poster ta propagande ailleurs !!! Espèce de bouffon.

  10. Dekelondy dit :

    Au Congo-Brazzaville, chez les NGUESSO & Co, cette corruption va au-delà des frontières. Par exemple. L’Affaire des « BIENS MAL ACQUIS (BMA) » a fait qu’aujourd’hui, le régime de Mpila-Oyo a du mal, beaucoup de mal à ouvrir des comptes, d’autres comptes en France, voire en Europe pour les opérations de blanchiment d’argent. Alors il ne manque pas d’imagination. Pour contourner la difficulté, le régime de Mpila-Oyo a imaginé une astuce et a créé une Organisation (association) humanitaire désignée sous le vocable « TERRE D’ECOLES ». Cette organisation finance la construction des écoles en Afrique, notamment au Maroc, au Mali et ailleurs. Derrière cette action somme toute humanitaire se cache une opération de détournement et de blanchiment d’argent volé, pillé au Congo. Comment aller construire des écoles dans d’autres pays alors qu’au Congo même le système éducatif est défaillant? Faites le tour de toutes les régions du Congo et vous verrez verrez dans toutes les régions, même dans la Cuvette en dehors de Oyo et Edou, que toutes les écoles n’ont pas de toits, pas d’ouvertures fermées, pas de tables-bancs, pas de manuels scolaires, etc.
    Nous faisons confiances à tous nos compatriotes pour nous faire parvenir des photos des écoles et salles de classes de toutes les régions, tous les districts et villages du Congo afin que nous puissions confondre les truands venus du Soudan et de l’Ouest-africain, des barbares voleurs.
    A tous les Congolais de se saisir de se sujet et de mener des investigations plus approfondies pour dénoncer cette escroquerie afin de mettre un terme à ces opérations de détournement et de blanchiment de fonds publics.

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