LE 26 JANVIER 1997, J’ETAIS A L’AEROPORT MAYA – MAYA DE BRAZZAVILLE, ET JE REGARDAIS AVEC D’AUTRES, LE LOUP RENTRER DANS LA BERGERIE CONGO

Par Christian BIANGO

Ce jour-là, le temps était gris ce dimanche matin à Brazzaville. Il régnait une atmosphère étrange les jours précédents en raison de ce qui était annoncé, le retour réel ou supposé de Sassou Dénis en vue des échéances électorales. Du nord au sud de la ville, des clameurs montaient dans le ciel demandant son retour que je traduis des langues vernaculaires : papa revient nous libérer et nous payer les salaires, parce que le Président Lissouba nous fait mourir de faim.

J’étais perdu, j’essayais de comprendre cette hystérie, pourquoi à peine 5 ans après la fin de la Conférence Nationale Souveraine, certains Congolais étaient-ils devenus aussi vindicatifs et de mauvaise foi ?

Est-ce l’Histoire ou mon cerveau qui me jouait un mauvais tour ? L’Histoire, je ne pense pas, elle était écrite, dite depuis le 15 août 1963, même si elle pouvait être incomprise, mais pour mon cerveau, je pouvais avoir un doute. Cet organe dont le subconscient est capable de vous sortir une réalité enfouie qui vous a échappé longtemps.

A partir de 1992, deux (2) événements animaient le quotidien du dimanche matin des Brazzavillois, le premier, la matinale politique du journaliste Edmond Philippe Gali sur radio Congo (6h30 – 8h00) pour laquelle, la seule annonce tonitruante des titres à 6h00 était un délice sonore, et le deuxième, l’arrivée à Brazzaville du vol jumbo jet 747 Boeing de la Sabena après son escale de Kinshasa. Un spectacle dont l’effet d’optique de l’envergure de ce monstre de technologie rasant les toitures de Moungali ou Mfilou dans le sens contraire du vent, ne pouvait laisser indifférent, bien au contraire. J’avoue aujourd’hui, qu’il m’arrivait de prétexter aller passer un week-end chez mes grands-parents à Ouenzé, dont le seul but de vivre des instants sublimes de cette prouesse aéronautique. Mais ce jour-là, j’allais vivre l’Histoire de l’intérieur perché dans la salle d’embarquement en partance pour l’Europe par pure intuition, à regarder le loup entrer dans la bergerie, c’était donc vrai et je me pinçais pour ne pas y croire !

Quelques mois plus tard, le loup allait me condamner à vie, en faisant du restant de mes jours un enfer. Jusque-là, je restais fasciné par l’Histoire de la victoire Anglo-américaine sur le Nazisme en Europe et celle sur l’Empire Nippon en Asie pacifique lors de la deuxième guerre mondiale, et que la météo décida du report de l’opération Overlord (Débarquement en Normandie) dirigée par le Général Dwight Eisenhower au 6 juin 1944, je me considérais épargné par l’Histoire, je ne me doutais donc pas le moins du monde que j’allais y entrer brutalement. Le loup avait sans doute aperçu ma silhouette ce 26 janvier 1997 pour qu’il décidât de me faire entrer dans l’Histoire le 5 juin 1997, oui, tout simplement parce que je suis un enfant d’un 5 juin. Oui, je suis né un 5 juin et le lieu de naissance n’importe plus ! Ce jour qui devait toujours être anniversaire en l’honneur de mes parents géniteurs, ne l’est plus depuis ce moment tragique.

Combien d’enfants nés un 5 juin ?

Comment vivent-ils ce traumatisme ?

Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de bergers pour eux ?

Cette bergerie qu’est le Congo-Brazzaville mérite d’avoir un berger pour assurer son existence en refaisant d’elle un enclos de paix. Le paradoxe pour l’agneau que je suis, je ne pourrais pas le chercher, je ne pourrais pas le trouver, mais j’aurais la seule obligation de lui confier ma confiance aveugle pour ma survie face à tout prédateur, je garde donc espoir !

Christian BIANGO

Militant associatif

Diffusé le 29 août 2022, par www.congo-liberty.org

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5 réponses à LE 26 JANVIER 1997, J’ETAIS A L’AEROPORT MAYA – MAYA DE BRAZZAVILLE, ET JE REGARDAIS AVEC D’AUTRES, LE LOUP RENTRER DANS LA BERGERIE CONGO

  1. Jeanne Oleli dit :

    J’ai des frissons à lire ce court beau texte ! Merci monsieur Christian Biango.
    Ce texte aurait pu etre plus long, plus détaillant en gemissements, plus amère, mais vous avez choisi la sobrieté, à vous le Chapeau.
    Oui!!!, ce peuple congolais – pardon pas tout le peuple, mais plutot le peupe ignorant – reclamait dit-on le retour du boureau pour qu’il leur paya des salaires avec de l’argent sorti de ses poches. Ce peuple a don eu le retour du loup, du saigneur, au prix des centaines des milliers de victimes innocentes, et ce, depuis Novembre 1992. Le loup en fait avait bel et bien decidé de ne pas partir, mais de faire simplement semblant de partir. Resté en France pendant 4 ans et demi, il s’arma, prometta de redonner aux maitres tous les biens (petrole) du Congo. Et les maitres étaient plus que contents de ces accords et donc plus que volontiers d’accompagner le loup dans son retour dans la bergerie à sang. Aussi aidé par Bongo, Deby, Dos Santos, et les fugitifs rwandais et zairois.
    Et le 26 Janvier 1997, le loup véritable prédateur ré-rentra – officiellement – dans la bergérie dans laquelle il devrait se servir à souhait du sang et des ames des brebis.
    Le 9 Mai 1997, il annonca les couleurs en faisant tuer, à Owando, quelques fidèles de son demi-frère Yhombi Opango qu’il avait du reste mis en résidence surveillée de 1979 à 1985. Et le 5 Juin 1997, ille loup lanca l’execution du plan final du retour. Aidé par les troupes des maitres alors installées à l’aéroport Maya-Maya et a la Foret de Diata, tirant a balles reelles et a coeur joie sur les pauvres populations de Mfilou, Diata, Bacongo, Makelekele, etc. Nul été la témérité de certains bergers aux sangs non dociles, le retour du loup n’aurait pas attendu jusqu’au 15 Octobre 1997.

    Le loup y reigne toujours.
    L’espoir n’est jamais perdu.

  2. Parfait BIANGO dit :

    Et oui, j’étais heureux de te voir partir en France, mais inquiet de voir arriver ce monsieur par ce même bel avion, un jumbo-jet si beau et si grand qu’on ne pouvait être indifférent de le voir au décollage comme à l’atterrissage. Je pense que le Congo est à la croisée, chacun doit prendre ses responsabilités si nous voulons faire de ce pays un havre de paix.

  3. Zambi dit :

    Le problème des Congolais est qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent. Ils n’ ont pas confiance en eux meme et attendent trop la personne qui vienne les sauver, les libèrer, Cela est regrettable. Un Monsieur, un président autoproclamé ultra criminel, voleurn génocidaire comme celui là serait depuis longtemps balayé par le peuple. Mais Congo Zoba, les gens chantent les louanges par peur, hypocrisie, par recherche du gain facile de ce grand criminel, assassin, génocidaire qui leur rend la vie invivable. Quelle honte pour le peuple Congolais.
    Le règne de Sassou Nguesso est abominable. Mais il ya des gens qui souffrent tous les temps et qui acceptent et attentent tous les 2 ans pour aller recevoir 2000 € et aller voter pour Sassou Nguesso et son PTC. Si bien , si on ne fait pas attention , son soit dissant fils étranger, aussi criminel, assassin, voleur va remplacer le père mourant.Les ministres, les soits disant intellectuels, les cadres obéissent à sans honte. Ils témoignent du respect incroyable au père et fils et aux autres membres du pouvoir aussi bornés et psychopathes.
    Congolais apprenez à compter sur la valeur de vos efforts personnels et mobilisez vous pour renverser le tyran génocidaire psychopathe
    et sa clique corrompue qui vous deshonnorent, vous terrorisent. Liberez vous de la dictature Sasou Nguesso.

  4. Val de Nantes dit :

    Cher Christian , salut !.
    Vous avez , à votre décharge , homérisé une partie de votre vie .
    J’aurais pu dire  » l’odyssée de Christian  » . Car c’est une narration mythologique tant elle ressemble à celle d’Ulysse racontée par Homère…(guerre de Troie).
    Mais ,cher Christian , c’est l’autre que vous avez croisé à l’aéroport ,qui va réaliser l’odyssée parfaite d’Ulysse , celle d’être parti du pays déchiré , c’est à dire du chaos , pendant 10 ans de préparation à la guerre et 10 ans du chemin de retour pour rejoindre son île d’Ithaque , c’est à dire son pays .En effet ,cet autre . c’est bien Sassou… reçu , triomphalement ,par les naïfs à Maya Maya…
    Alors , puisque le mythe a quelque de tragique ( guerre ) et de grandiose ( victoire) , il ne vous reste qu’une seule solution , celle du retour …
    Mais un retour qui va symboliser l’avènement du berger fédéraliste ,car le pays a plus besoin d’un Ulysse porteur des valeurs démocratiques et humaines que d’un loup dévorant les vies des milliers congolais…..
    Voilà ce que m’inspire votre récit quasi – mythologique au sujet de cette tragédie politique qu’a connue notre pays du simple fait de l’absence de la raison congolaise , si tant est que le Congo en ait une ……..
    Et peut être une revanche de Christian sur Sassou . Tel est mon souhait.
    Alors ,cher Christian , Ulysse- toi !! , et je t’y aiderai..car le Congo se cherche un bon berger…

  5. Val de NANTES . dit :

    Loin de moi ,l’idée de faire l’éloge du tyrannicide ,il eût été raisonnable , sans coup férir , que SASSOU ,le loup , quittât la scène politique à l’instar d’OBASANJO qui ,à 8o piges , soutenait un doctorat auquel s’ajoutent ses nombreuses activités agro -industrielles et pastorales ..
    Nous l’y invitons ,afin de libérer le CONGO de cette décadence sociale et économique .dont les conséquences se paient en milliers des morts ….
    La vie après la vie politique existe , en témoigne l’ancien président OBASANJO …
    Une présence au pouvoir ne peut s’expliquer par une appropriation exclusive des richesses nationales ,c’est le comble de l’immoralisme .
    Le pays mérite un toilettage clinique des institutions pour le remettre sur la voie des nations en devenir ,c’est à dire une nation nantie d’un logiciel taré au développement inclusif …..
    D’où la nécessité de désaliéner les esprits asservis à un dogme politique SASSOUISTE abrutissant .Une thérapie politique en est une des solutions …
    La souillure des esprits par des valeurs négatives est telle que toute nouvelle pensée politique pourrait être récusée du fait de cette accoutumance à la bétification ..Il faudrait sevrer le peuple congolais de la succion du lait paternel labelisé SASSOU .
    Ne pas entreprendre cette cure de désintoxication mentale reviendrait à réconforter le point de vue de FREUD sur la supposée efficacité thérapeutique de sa psychanalyse pour qui ,c’est « :: un blanchissement de nègres . » autrement dit sans résultats concrets . Ce que j’appelle un « toilettage spirituel « ou un renversement de renversement des valeurs ,c’est à dire retrouver celles de la période de MASSAMBA DEBAT , expurgées des petits crimes de l’époque …
    C’est CONDORCET qui prônait ,pendant la révolution française , une instruction civique ,c’est à dire une éducation de masse ,pour inscrire dans le marbre républicain ,le concept de démocratie seul horizon possible pour atteindre l’idéal de la liberté de la raison .AUTREMENT dit , LES DROITS DE L’HOMME ..
    Vous aurez compris l’immensité de la tâche patriotique à laquelle nous devons nous atteler ,si nous ne voulons plus voir ce type de gouvernance ad nauseam ..

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