Par Hervé ZEBROWSKI
C’est en 1971, alors que la République populaire du Congo Brazzaville se trouvait sous la tutelle de Moscou et Cuba, que Monseigneur Émile Biayenda, tout juste nommé archevêque de Brazzaville, confia à son ami de jeunesse, monseigneur Firmin Singha, lui-même évêque d’Owando, une mission : Contacter l’Église qui est en Pologne, elle-même derrière le « rideau de fer », pour demander un secours pour son Église du Congo-Brazzaville. C’est ainsi que Mgr Firmin Singha se rendit à Cracovie où se trouvait alors le cardinal archevêque Karol Wojtila, qui deviendra le pape Jean Paul II en 1978.
Mgr Karol Wojtila fit appel au diocèse de Tarnow, appartenant à la province ecclésiale de Cracovie, pour répondre à l’aide demandée par ses frères dans l’épiscopat congolais, Émile Biayenda et Firmin Singha. Aujourd’hui l’évêque de Tarnow depuis 2012 se nomme Andrzej Jez. Sans doute est-il de la famille de Mgr Stanislass Jez qui fut, lui, le tout premier missionnaire polonais arrivé au Congo en 1972 avec deux confrères de ce même diocèse de Tarnow. Prêtre fidei donum au Congo Brazzaville, le père Stanislas Jez fut aussitôt nommé curé d’Oyo par Mgr Firmin Singha. Il exercera son ministère dans cette paroisse pendant plusieurs années. L’année suivant son arrivée, en 1973, le pape Paul VI viendra consolider de ses mains le travail du cardinal Karol Wojtila en créant cardinal Monseigneur Émile Biayenda, l’archevêque de Brazzaville. Ainsi peut-on affirmer que la création en tant que cardinal de l’archevêque Émile Biayenda doit beaucoup à l’Église qui est en Pologne et à la mission polonaise qui est au Congo-Brazzaville. Par ailleurs, il est à rappeler que, lorsqu’en 1965 le père Émile Biayenda avait été fait prisonnier au Congo-Brazzaville par le régime communiste, c’est grâce à l’intervention du Général De Gaulle auprès de la Suisse qu’il fut libéré après dix jours de détention au cours desquels il avait enduré d’effroyables tortures. Ce fut l’ambassadeur de Suisse, basé à Léopoldville, qui vint le libérer en personne le 24 mars 1965, en même temps qu’un prêtre suisse, le père Robyr, des geôles communistes de Brazzaville. Notons que, concomitamment, sans le courage et l’engagement de Mgr Théophile Mbemba, alors archevêque de Brazzaville, la vie du père Émile Biayenda n’aurait pu être sauvée.
Il faut admirer l’héroïsme de ces premiers prêtres polonais, choisis alors par mgr Karol Wojtila et l’évêque de Tarnow , leur incroyable courage de missionnaires animés par une foi brûlante et ayant consacré leur vie tout entière à l’annonce de l’Évangile et donc au combat contre le communisme. Au Congo le communisme était dénommé « socialisme scientifique » et il prétendait nier l’intervention de Dieu dans la vie des hommes, en ces temps de Goulag où le « rideau de fer » n’était pas une métaphore romantique ni un doux concept philosophique.
Mgr Stanislass Jez m’a raconté ce moment particulier de sa vie où l’évêque de Tarnow lui a proposé, en lui laissant une entière liberté, cette mission au Congo-Brazzaville. Quelques jours lui avaient été donnés pour réfléchir avant de donner sa réponse.
– « Je n’avais pas encore trente ans. J’étais heureux dans ma paroisse avec tous mes fidèles, non loin de ma famille. J’ignorais tout du Congo et de l’Afrique, je ne parlais pas un mot de Français, j’avais à peine l’équivalent de 10 euros en poche et mon évêque pas beaucoup plus. Le lendemain de cette proposition, après avoir prié toute la nuit, je donnais mon accord à l’évêque. Deux de mes confrères avaient répondu favorablement à ce même appel. »
Au début des années 80, peu après le voyage que le pape Jean Paul II fit à Brazzaville, le 5 mai 1980, pour se recueillir, en larmes, sur la tombe du cardinal Émile Biayenda et le déclarer « Vénérable », le père Stanislass Jez, après avoir posé les bases de la mission polonaise au Congo, rentra en Europe. Il lui fut confié alors la direction de la mission catholique polonaise en France, forte de près de 150 prêtres originaires de Pologne. Celle-ci apparaît fort discrètement à Paris en 1836. Elle trouve ses racines dans l’insurrection varsovienne et dans la grande émigration politique qui s’ensuivit. Paris devint alors une destination privilégiée des insurgés polonais vaincus. La Pologne avait été alors partagée en trois territoires par l’Autriche, la Prusse et la Russie. Mon ancêtre polonais, Urban Zebrowski, officier de l’armée polonaise, propriétaire terrien aux marches de l’Ukraine, appartenait à ces grands patriotes, les défaits de la résistance varsovienne. Gravement blessé sur le champ de bataille, il fut emprisonné dans une forteresse autrichienne. Il dut sa libération grâce à l’intervention du roi de France Louis Philippe en faveur des prisonniers politiques polonais. Depuis lors, dépossédé de ses terres, il avait choisi d’émigrer en France.
Mgr Stanislass Jez avait quitté le Congo Brazzaville au début des années 1980 pour des raisons de santé. Cependant il était resté très attaché à la mission polonaise du Congo qu’il avait fondée et qui compta jusqu’à vingt-huit prêtres polonais. Il nous raconte, dans La Semaine Africaine, le journal de l’Église catholique en date du 15 décembre 2017, son histoire qui se continue au Congo. Dans cet article, Mgr Jez, tout heureux, annonçait aux Congolais l’arrivée prochaine de la magnifique statue en bronze du cardinal Émile Biayenda, de trois mètres de haut. En effet, il gardait une mémoire très vive et fidèle à Mgr Firmin Singha qui était venu le chercher à Cracovie et au cardinal Émile Biayenda qui avait su faire appel aux prêtres polonais pour renforcer l’Église qui est au Congo en totale déroute en ces années 1970. Cette indéfectible fidélité l’avait conduit à faire réaliser cette statue du cardinal par un célèbre sculpteur polonais. Il souhaitait en effet, pour nourrir et soutenir la prière du peuple congolais, faire ériger ce monument en haut de la colline dite « colline du Cardinal » où ce dernier connut son chemin de Croix, avant d’être enterré vivant au cimetière d’Itatolo, le 22 mars 1977.
Malheureusement, cette sculpture se trouve encore aujourd’hui dans son container à l’archevêché de Brazzaville et n’a pas pu être érigée pour l’instant en haut de ce « Golgotha » congolais qu’est la colline du Cardinal. Des impératifs géologiques (fragilité de cette colline sablonneuse), économiques (coûts des travaux d’installation sur la colline) et surtout politiques (conflits cadastraux sur le terrain, sécurité du monument en ce lieu isolé) sont les raisons invoquées pour interdire l’installation de la statue pour le moment. Mgr Stanislass Jez est bien attristé par cette impossibilité conjoncturelle il faut l’espérer.
Tout récemment, le 17 mars 2025, Mgr Stanislass Jez est revenu à Brazzaville pour assister à la célébration du 48 ème anniversaire du martyre du cardinal Émile Biayenda. Il souhaitait également, bien sûr, visiter la communauté des prêtres polonais et tous ses fidèles des paroisses dans lesquelles il a œuvré au Congo Brazzaville. Par ailleurs et surtout, il désirait se rendre à Loulombo avec le nonce apostolique dans le diocèse de Kinkala, pour célébrer une messe commémorant le martyre du père polonais Jan Czuba, assassiné le 27 octobre 1998, dans cette région du Pool, à quelques 150 km de Brazzaville, dans le district de Mindouli.
En effet, prêtre du diocèse de Kinkala, Jan Czuba assurait la fonction de curé de la paroisse de Saint Thomas de Loulombo. Son assassinat en cette année 1998 témoigne de la guerre du Pool, niée et tenue secrète, véritable génocide que Denis Sassou Nguesso avait mené dans le sud du Congo. La paix n’avait-elle pas été déclarée entièrement établie au Congo Brazzaville en 1997 ? Qui a entendu parler au Congo Brazzaville du martyre du curé de Saint Thomas de Loulombo, Jan Czuba, en octobre 1998, hormis les fidèles de sa paroisse ? Combien de milliers de victimes du Pool sont-elles aujourd’hui complètement oubliées parce que niées ? La cause en béatification du père Jan Czuba, martyr de la Foi, est introduite à Rome. Le jour viendra peut-être où cette étude de la béatification de ce prêtre polonais permettra de mettre un peu de lumière et de vérité sur cette guerre du Pool commandée par Sassou Nguesso et démentie par toute la communauté internationale qui soutient le tyran de Brazzaville. Outre le père Jan Czuba, trois autres prêtres polonais de la mission polonaise ont perdu la vie au Congo Brazzaville dont le meilleur ami de Mgr Stanislass Jez. Ainsi ce dernier s’est rendu à Loulombo pour concélébrer avec le nonce apostolique et l’évêque de Kinkala une messe commémorant le martyre du père Jan Czuba.
A leur retour vers Brazzaville dans la soirée du 17 mars 2025, la voiture dans laquelle se trouvait Mgr Stanislass Jez, après l’éclatement d’un pneu, connut une brutale sortie de route et s’abîma après plusieurs tonneaux en contrebas de cette dernière. Un prêtre polonais, le père Bogdan, curé d’une paroisse de Brazzaville, se trouvait également dans cette voiture qui suivait celle du nonce apostolique. Ce dernier ne voyant plus de voiture derrière lui fit demi-tour et aperçut le père Bogdan, hagard au milieu de la route qui lui signalait l’accident. Il se porta au secours des malheureux occupants. là gisait gémissant, couvert de sang et semi conscient, Mgr Stanislass Jez. Il fut décidé que la troisième voiture faisant partie du convoi emmènerait au CHU de Brazzaville le blessé qui continuait à saigner abondamment. Le nonce apostolique restait, quant à lui, aux côtés du père Bogdan.
Arrivé au CHU, le blessé fut pris en charge immédiatement. Outre ses saignements, d’insoutenables douleurs laissèrent craindre un arrêt cardiaque chez cet homme de près de quatre vingts ans. Les médecins décidèrent de le plonger dans un coma artificiel. En France, auprès de ses proches dont j’étais, l’inquiétude grandissait. Des informations contradictoires nous parvenaient du CHU de Brazzaville. La communauté de la mission polonaise au Congo avait délégué à l’hôpital, une religieuse, sans doute infirmière, pour renforcer l’équipe médicale et veiller en permanence sur le grand blessé. Durant près de trois jours les médecins du CHU s’efforcèrent de garder en vie Mgr Stanislass Jez toujours dans le coma. Pendant ce temps nous nous efforcions en France de dénouer un problème administratif avec la compagnie d’assurance qui devait assurer son évacuation sanitaire. Par ailleurs Mgr Stanislass Jez avait une hémorragie interne que l’équipe médicale n’arrivait pas à identifier faute, sans doute, de pouvoir utiliser un scanner avec injection de produit de contraste. Peu après son entrée au CHU son cœur se serait arrêté de battre, puis il aurait pu être relancé.
Durant ces trois jours à l’hôpital Mgr Stanislass Jez se trouvait sous transfusion sanguine. Enfin, l’assurance donna son accord pour qu’il puisse être transféré à la clinique privée « Junior » qui parvint à le stabiliser le 22 mars, jour anniversaire du martyre du cardinal Émile Biayenda. Ce fut alors que Mgr Stanislas Jez, toujours dans le coma, put être rapatrié le lendemain, par un avion médicalisé à Paris. Il fut hospitalisé dans un service de réanimation où l’on détecta d’autres blessures graves non soignées. Là, ce service de réanimation avait besoin d’une information capitale qu’il ne put obtenir : le temps de l’arrêt cardiaque de Mgr Jez. La religieuse qui veillait sur lui et qui aurait été capable de donner cette information restait introuvable. En effet, elle n’avait pas encore rejoint sa communauté après sa mission d’assistance et restait injoignable.
Le 11 avril les médecins réanimateurs décidaient d’enlever l’assistance respiratoire dont dépendait leur patient dans le coma. La sonde qui l’alimentait restait elle toujours en place. La nuit du 11 au 12 avril fut une nuit d’inquiétude et de prières pour tous ses proches. Au matin du 12 avril, jour de la Saint Stanislas, saint patron de la Pologne, Mgr Jez sortait de son coma profond, reconnaissait les personnes qui l’entouraient, était capable de parler, passant, selon son interlocuteur, du Polonais au Français avec aisance et s’inquiétait en premier lieu de l’état de la voiture. Une grande Espérance renaissait.
A l’heure où j’écris ces lignes Mgr Stanislass Jez reste fragile, sous haute surveillance dans ce service de réanimation, dans l’attente d’une lourde chirurgie. En écrivant ce témoignage je ne peux que penser aux milliers de Congolais souffrants, n’ayant pour les secourir qu’un CHU délabré et démuni du matériel médical de pointe dont bénéficient, à ce jour, tous les hôpitaux dignes de ce nom. De surcroît, la plupart de ces patients congolais ne peuvent avoir accès, eux, aux services des cliniques privées bien équipées de Brazzaville.
En 2019, j’avais fait la connaissance de Mgr Stanislas Jez, recteur émérite de la mission catholique polonaise de France. A la demande des enfants de Makoua et notamment de la fille aînée du général Jean Marie Michel Mokoko, j’étais à la recherche, depuis 2016, d’une voix dans l’Église Catholique qui aurait le courage de venir appuyer la demande de libération de ce prisonnier politique congolais, condamné ignominieusement à 20 ans de prison dans les sinistres geôles de Brazzaville : le général Jean Marie Michel Mokoko. Mais aucune de mes démarches de soutien dans l’Église qui est en France ne put aboutir.
Ayant appris, en 2019, l’existence de la mission polonaise à Brazzaville et l’engagement toujours très actif de Mgr Stanislass Jez au Congo, je me décidais à poursuivre mes efforts dans l’Église par la voie polonaise. Grâce à mes amis congolais, je réussis à être présenté à Mgr Stanislass Jez. Il accepta de rencontrer la fille aînée du général Jean Marie Michel Mokoko. Cette rencontre et les larmes de cette jeune femme le bouleversa. Cependant il eut le courage de nous manifester son scepticisme quant à la possibilité d’une audience avec le pape François. Mais il nous affirma qu’il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour apporter son aide et son soutien au prisonnier honteusement, il le savait, condamné à 20 ans de réclusion.
L’occasion se présenta pour lui, le 20 septembre 2019, à l’Église Saint Sulpice alors désignée comme cathédrale après l’incendie de Notre Dame de Paris, lors des obsèques du président Jacques Chirac auxquelles il assistait en tant qu’ami de la famille du président. La messe était célébrée par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris. Parmi l’assistance, on pouvait voir Denis Sassou Nguesso et son épouse Antoinette assis dans les premiers rangs de la nef. C’est alors que Mgr Jez se décida, à la sortie de la célébration des obsèques, à interpeler le couple Sassou Nguesso, lui rappelant qu’il avait été huit ans missionnaires au Congo Brazzaville.
Par Hervé ZEBROWSKI
Dernier collaborateur laïc et bénévole de Mgr Ernest Kombo, évêque d’Owando, président de la Conférence Nationale Souveraine du Congo, en 1991, rappelé par Dieu à Paris le 22 octobre 2008.
Diffusé le 19 avril 2025, par www.congo-liberty.org
Le frère Hervé ZEBROWSKi un servant catholique très engagé que j’apprécie beaucoup ! Mais la désolation est que cette église catholique ressemble à une grosse mafia, car Sassou Denis qui est incontestablement l’assassin du cardinal avait été plusieurs par Karol Wojtila que l’on présente comme le grand ami du cardinal Emile . Le peuple de dieu ne sait plus à quel saint se vouer ? Les églises sont désertés par ses fidèles, certains sont tentés de rejoindre les églises de sommeil avec ces dérives et le charlatanisme des pasteurs auto proclamé. Moi personnellement je préfère m’adresser à dieu qu’à ses saints.
Cher Monsieur Hervé Zebrowski, nous vous remercions sur cet éclairage d’un bruin de l’histoire du Congo, actuellement prit en otage par une bande de voyous insatiable et avide d’agent.
Santu subito
Dire qu’à la tête d’une des rebelion ethno-confessionnelle armée les plus énigmatique d’Afrique centrale se trouve un religieu. C’est un pasteur, un prêcheur, un féticheur, d’après d’autres. Si il est admis que la france de brigitte trogneux est fille ainée de l’Eglise, on ne peut qu’appeler le Saint Siège de Rome à reconnaître le caractère sacré du Congo. Pays ô combien prophétique qui a obtenu de haute lutte son Indépendance, un certain 15 août: le jour de l’Assomption.
Les membranes collective insuffisants le retour à nos chenilles l’hermétisme africaine et les otérisme le catholicisme triompham maléfiquement autour de tout le monde l’Africain bouleversé et le système politique règne on ne voit pas l’église celui qui nous entoure l’église qui nous met dans le débat l’église toujours l’émission d’église catholique catholique vous le voyez ce qui se passe mais comme si vous ne voyez pas vous assumez cela pour toujours piétiner et laisser le peuple africain endormi où es-tu passé l’éveil où est allé la conscience normale faites-nous revenir les otérisme et l’hermétisme accusé du diable alors que c’est la vérité chemin de nos bras et joyeux africaine merci à nous au revoir à deuxième édition rapido l’un des artistes du Congo Brazzaville