La leçon de la justice kényane aux Occidentaux sur l’invalidation de l’élection présidentielle.

l’opposant Raila-Odinga et le président Uhuru Kenyatta

Par Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

La liberté de l’Afrique ne pourra passer que par la justice avec le droit rien que le droit comme base de toute société civilisée. Une preuve supplémentaire vient de nous être donnée du Kenya par sa Cour suprême de la collusion en Afrique des Occidentaux, chantres de la démocratie, avec nos potentats locaux.

Alors que toutes ces organisations et institutions tant africaine avec l’Union africaine (UA) dont on se demande à quoi elle sert, européenne avec l’Union européenne (UE) et américaine avec le Centre Carter, avaient donné leur satisfecit vis-à-vis des élections kényanes, voilà que la justice kényane, celle des droits de l’Homme, a décidé de dire le droit rien que le droit. La Cour suprême annule ainsi l’élection présidentielle kényane du 8 août 2017 au grand dam et embarras des éternels donneurs de leçons.

Maintenant quel crédit accorder à la France qui avait félicité dès le 13 août le président kényan élu dans des conditions plus que douteuses et fâcheuses. Cette France qui nous a habituée à une prudence de sioux et un langage de sourd s’agissant des élections en Afrique Centrale. De l’ex-président Sud-africain Thabo Mbeki qui s’était rapidement satisfait du déroulement de l’élection présidentielle conforme aux standards de l’UA, c’est la gueule de bois. L’heure de la retraite a sonné car la compromission n’a plus cours en Afrique. Pour le Centre Carter dirigé par l’Américain John Kerry et la Sénégalaise Aminata Touré, l’Amérique a raté le coach en cautionnant une pseudo-élection et accordant ainsi la prime au sortant. On perpétue de la sorte le cartel des chefs d’états africains en fermant les yeux sur toutes les incohérences et manigances.

Ceux-là même qui nous font des leçons de morale à longueur de journée, sont les premiers à avaliser en Afrique la malgouvernance, la fraude et l’absence de l’état de droit. Comme si ce qui est possible en Occident ne l’est pas pour l’Afrique. C’est l’autre qui disait que « La démocratie est un luxe pour les africains ». Pourra-t-on considérer l’eau potable qui est une nécessité vitale comme un luxe pour les occidentaux ?

Après le débat sur le franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique) qui agite à juste titre une partie du continent africain, s’invite derechef celui sur la crédibilité des élections présidentielles en Afrique qui sont les seules au monde à devoir avoir la caution des occidentaux pour être validées. Ce qui sous entendrait que les Africains seraient incapables de se gouverner et de dire le droit ?

Ce temps est révolu et tant mieux pour la jeunesse africaine soucieuse des lendemains meilleurs à l’instar d’autres, mais qui désespère et meurt dans les océans glacés à la recherche d’un paradis hypothétique du fait de la seule méchanceté de ses dirigeants. Aucun peuple ne peut continuer à subir la servitude qui découle de la conjugaison de l’oppression de ses propres frères et des étrangers. En cela, nous disons trop c’est trop.

Le XXIème siècle sera le siècle de la renaissance africaine de Johannesburg à Nairobi en passant par Brazzaville. La voix des africains doit se faire entendre dans tous les domaines qu’ils soient sociétaux, économiques, sanitaires, éducatifs, juridiques, technologiques, etc. Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de l’intelligence ni de la force. Il est temps que ces enfants africains nés après l’indépendance en Hommes libres, devenus des adultes, reprennent le flambeau de nos pères libérateurs ; Ces visionnaires lâchement assassinés ou emprisonnés pour avoir voulu tracer le chemin du développement en Afrique. Une pensée émue pour tous ces panafricanistes comme Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Jomo Kenyatta, Nelson Mandela, Thomas Sankara, Cheick Anta Diop, Gamal Abdel Nasser, Ruben Um Nyobe et bien d’autres. Leur combat est plus que jamais d’actualité. Ils avaient compris que ce qui était possible en leur temps en Occident l’était aussi en Afrique notamment la capacité des peuples à pouvoir se déterminer eux-mêmes. Mais certains n’ont pas voulu l’entendre de cette oreille.

A notre grand désarroi, l’occident ne veut pas de justice dans nos contrées, mais de morale, cette notion floue entre le bien et le mal. Les états démocratiques que nous appelons de nos vœux doivent pouvoir se doter d’instruments juridiques capables de régir la vie des citoyens. Ma certitude profonde, c’est que le droit constitue le plus sûr vecteur des valeurs fondamentales d’une société démocratique. Par ailleurs, le point de référence d’une société civilisée est la qualité de sa justice.

La civilisation est née en Afrique ce qui inclut aussi le droit. Les juges de la Cour suprême du Kenya viennent ainsi le rappeler de manière éclatante. C’est cette Afrique du domaine de l’impossible qui devient possible qu’il nous faut bâtir. Le pillage de nos matières premières n’y changera rien, car la première d’entre elles que l’Afrique détient est l’intelligence de ses élites qui à défaut d’être corrompus, honorent ce continent qui nous est si cher.

Les Cours suprêmes des autres états africains qui telle la Tour de Pise penchent toujours du même coté, celui des dictateurs, doivent se redresser à l’instar de celle du Kenya.

En ce jour, je suis fier de dire que « Je suis Kényan ». Après l’athlétisme, sport dans lequel ils excellent, le Kenya devient dorénavant le porte étendard de la justice en Afrique. Prenons-en de la graine.

N’oublions jamais que « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » dixit Charles de Gaulle. A nous d’en prendre conscience et de tirer notre épingle du jeu.

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

Kenya : la Cour suprême annule l’élection présidentielle

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4 réponses à La leçon de la justice kényane aux Occidentaux sur l’invalidation de l’élection présidentielle.

  1. Avocat Mûr dit :

    [Pour un député du camp de Kenyatta, Ahmednasir Abdullahi, la Commission électorale n’a rien à se reprocher, ajoutant que la décision de la Cour suprême devait néanmoins être respectée.]

    C’est-à-dire: qu’il PREND ACTE (!) de la décision de la CS.

  2. Lucien Pambou dit :

    Réponse à Césaire MIAKASSISSA et informations à tous les Congolais analystes, voyageurs, inconscients sur le site Congoliberty

    Le texte de Césaire est un bon texte qui mérite d’être salué même s’il suscite un débat. Je suis d’accord avec lui sur un principe : seul le droit peut dire ce que représente la justice pour lutter contre la dictature. Au-delà du droit, c’est la barbarie et il n’y a point de justice.
    La Cour suprême kenyane, pour la première fois et au cours de l’élection présidentielle, vient de dire ce que doit être le droit et la justice dans les pays africains en annulant l’élection présidentielle du 8 août 2017 qui faisait du Président sortant le vainqueur. Cela est advenu et arrivé en Afrique anglophone dont les relations historiques avec la Grande Bretagne sont marquées après la colonisation par les notions de bienveillance, de considération politique d’Etat à Etat et de non-interférence visible dans la vie politique des Etats africains anglophones indépendants. Ce n’est pas le cas des pays de l’Afrique francophone dont les dirigeants historiques pères de l’indépendance ont surtout été sous l’influence des figure historiques, comme celle de Nkrumah, pour l’indépendance de l’Afrique. On connait les débats entre les membres de l’Afrique francophone et ceux de l’Afrique anglophone pour donner une structure viable et acceptable de tous à l’Union africaine. Ce qu’il vient de se passer au Kenya traduit dans les faits les notions de bienveillance, de respectabilité, de compréhension et de démocratie de la Grande Bretagne vis-à-vis de ses anciennes colonies comme le Kenya.
    Au nom de la décentralisation intellectuelle et non de la confiscation intellectuelle à la française pour ses anciennes colonies, la Grande Bretagne a toujours su accompagner ses anciennes colonies à une indépendance véritable au nom du concept sociologique de la différence et de l’intégration dans le Commonwealth. Ce n’est pas le cas en Afrique centrale où la France jacobine et centralisatrice, a toujours estimé que ses sujets négros-français doivent être assimilés et doivent accepter les magouilles de fausse installation démocratique dans les pays nouvellement indépendants. La France n’a jamais rien dit sur les gouvernements tyranniques en Afrique francophone et, quelques soient les résultats et quel que soit le vainqueur, la France estime qu’elle n’a rien à dire car, ce qui l’intéresse, c’est avant tout ses intérêts économiques.

    Chers compatriotes, arrêtez de taper sur Sassou, Obiang, Ali Bongo, Idriss Deby, ils sont simplement sous une contrainte de la Françafrique et des intérêts économiques que la France depuis De Gaulle et Foccart, impose à l’Afrique francophone. De Gaulle avait compris une chose : après les accords d’Evian avec l’Algérie, pas de guerre nouvelle en Afrique francophone, il suffit d’obliger les chefs d’Etat francophones à suivre ce que la France veut. Lissouba au Congo, Gbagbo en Côte d’Ivoire n’ont jamais compris la nature de la francophonie qui s’est transformée.
    Revenons, après cette escapade intellectuelle et divagations historiques, sur le problème kenyan. Le modèle anglosaxon permet le débat, l’argumentation, la discussion, l’évaluation et la diversité des opinions, ce qui n’est pas le cas dans le modèle français dans lequel vous vivez pendant de nombreuses années sans le comprendre, parce que, pour la plupart, vous y êtes en marge, vous n’y avaient pas passé les concours (même quand vous êtes français), vous préférez l’entre-soi de la Gare du Nord ou de la Gare de l’Est, la semoule, la bière et les médisances. Ce n’est pas de votre faute car le papa blanc français vous a formaté intellectuellement et sentimentalement pour que ce soit ainsi. Cela vous permet de rester dans la colère, la dénonciation, la folie et ne vous permet pas d’être comme vos compatriotes africains anglosaxons.
    La décision de la Cour suprême anglosaxonne montre que les nègres de l’Afrique francophone, bavards permanents, magouilleurs, falsificateurs, grâce à leurs maîtres français, ont beaucoup de chemin à faire pour exister politiquement et démocratiquement, même si toi, Patrice, tu dis que la sujétion des Africains est dépassée et que le 21ième siècle sera le siècle de la renaissance africaine de Johannesburg à Brazzaville. Je veux bien te croire mon cher frère et je suis d’accord avec toi, mais j’ai bien peur que, nous Congolais, de la diaspora et de l’intérieur, manquons de méthode et de stratégie pour discuter de ce que nous sommes vis-à-vis de la France qui nous considère toujours comme des nazes et des enfants babillant. Ce qu’il vient de se passer au Kenya montre que les racines historiques et intellectuelles de l’Angleterre avec ses anciennes colonies d’Afrique commencent à produire des résultats concernant la gouvernance politique et démocratique. Les pays anglophones africains sont devant les pays francophones de matière de gouvernance politique, de démocratie et de réalisation économique. C’est un fait avéré et non de la tchate.
    Désolé pour cette longue réponse, mais nécessaire car en Afrique francophone, nous sommes fous et nous avons besoin d’une thérapie collective.

  3. Samory dit :

    Au Rwanda, pays anglophone que tous les africains francophones prennent tout le temps pour modèle, le dirigeant actuel a été élu à 98%. C’est invraisemblable, d’autan qu’il s’agit d’un pays de l’Afrique des Grands Lacs qui est sous domination américaine et britannique.

  4. Lucien Pambou dit :

    A toutes et à tous et surtout à mon cher Anonyme qui ne va plus me lire dans les posts mais uniquement en article intégral et en vidéo,
    Le peuple congolais a besoin d’une analyse car il est devenu fou depuis les indépendances. Les dirigeants congolais n’aiment pas leur pays. Nous sommes un peuple du verbe et du bavardage. J’enseigne à mes étudiants en économie que la réussite économique dépend de la mobilisation des connaissances pratiques pour construire un pont, une route, ce qui n’est pas le cas des Congolais car ceci nécessite une expérience historique technique et technologique longue. Les Congolais préfèrent le bavardage qui n’est qu’un maquillage de position pour mieux assujettir l’autre. Je le sais, je préfère consacrer mon énergie à une aventure intellectuelle orientée vers le pays France qui est déjà développée et qui n’a pas besoin de moi.
    Je me retire de cette folie collective et dorénavant j’interviens sur le site soit par vidéo, soit par un article de fond et pas par des posts que je laisse à Anonyme. A très bientôt je reste présent mais par des articles de débat et de fond. Ce n’est pas vous inférioriser mais chacun d’entre nous a des priorités dans la vie
    Je vous remercie tous pour vos posts de débats et a très vite car je ne disparais pas
    Cordialement
    Lucien Pambou

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