La jeunesse congolaise est-elle morte le 27 septembre 2015 ?

Il y a neuf ans, jour pour jour, dimanche 27 septembre 2015, dans l’après-midi, Denis Sassou Nguesso, pendu à son téléphone et plus coupé que jamais de sa population,  connaissait la trouille de sa vie. La peur avait changé de camp. La jeunesse congolaise, alors encore vivante ou ressuscitée,  voulait chasser le tyran et son clan.

C’était bien là, la motivation profonde de la manifestation, quasiment spontanée, qui se déroulait sur l’ancien Boulevard des Armées à Brazzaville, ce 27 septembre 2015.

Trente à cinquante mille personnes, une foule immense composée essentiellement de jeunes, manifestaient  pacifiquement sur le Boulevard Alfred Raoul contre l’annonce d’un référendum pour une nouvelle constitution.

Le rassemblement avait été annoncé par le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC).

Un podium, une plateforme et une sono de fortune y avaient été installés à son abord. Parfait Kolélas, Claudine Munari, Mathias Dzon, André Okombi Salissa s’y trouvaient et pouvaient prétendre  se faire entendre.

On pouvait y apercevoir, également,  l’un des organisateurs, Paul-Marie Mpouelé, coordonnateur du Frocad. « Les masques sont tombés : en annonçant le référendum, Sassou tient coûte que coûte à avoir un mandat de plus, estime le militant dans une déclaration, mais nous lui demandons de faire preuve de grandeur d’esprit, de sortir par la grande porte et d’accepter l’alternance en 2016, comme il l’avait fait en 1992. »

Dès le vendredi 25 septembre des réactions fermes avaient été entendues : « L’alternance est le meilleur héritage que la Conférence nationale souveraine de 1991 nous a légué. Mais quand un homme se croit indispensable, il n’est plus qu’un dictateur. C’est le cas du président Sassou », déplorait Mathias Dzon, ancien ministre des finances (1997-2002) passé dans l’opposition.

En même temps, au sein du Parti congolais du travail (PCT), le Membre du bureau politique, le philosophe Charles Zacharie Bowao annonçait qu’il démissionnait du mouvement dans une lettre ouverte au président :

« Je refuse de cautionner l’escroquerie historique dont vous êtes, monsieur le secrétaire général du PCT, le chantre aux commandes d’une formation politique fanatisée, empêtrée dans l’archaïsme idéologique et incapable de se démocratiser. »

Quant à Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), première formation de l’opposition, il avait réagi ainsi : « Nous avons vu le président de la République venir avec des consultations, des concertations et des dialogues. C’était pour atterrir sur le changement de la Constitution. Il n’a aucune légitimité pour convoquer un référendum. Il doit simplement partir et laisser le pays en paix » !

Au pied de l’estrade, dans les rangs des manifestants qui se resserraient, l’on entendait toujours gronder : « Au Palais ! Au Palais ! » Des échos qui parvenaient immédiatement aux oreilles du dictateur,  dans le même Palais, plus apeuré que jamais… !

Que n’a-t-il été promis alors, à ceux qui pouvaient prétendre contrôler ce mouvement ? Des miettes, un partage, des montagnes d’or et de diamants ? Où en sont, aujourd’hui les acteurs, de ce marchandage ?

L’avenir du Congo s’est alors joué, ce 27 septembre 2015, vers 17h30 Boulevard Alfred Raoul à Brazzaville. Non loin du Beach, nombreux étaient les membres du clan et de la famille présidentielle qui s’apprêtaient à une traversée salvatrice du fleuve pour se réfugier à Kinshasa.

« Au Palais ! Au Palais ! ». Les enchères étaient-elles en train de monter ?

Finalement, un enterrement à la sauvette était décidé : « La manifestation est terminée ! Rentrez chez vous ! » Le désaccord fusa de toutes parts, des sifflets et des « Au Palais ! » désespérés anéantissaient le rêve des manifestants de renverser Denis Sassou Nguesso : quitte à y être blessé, ou à y laisser sa vie ! Le Congo n’est pas la propriété des Nguesso !

Aujourd’hui, le bilan est facile à faire : Tous ont été trahis ! Tous y ont laissé leur peau !

Neuf années de misères supplémentaires se sont ajoutées à leur triste sort. Les centaines de millions de dollars, que Sassou Nguesso détournaient  à l’époque, sont devenues des milliards de dollars, des dizaines de milliards de dollars, dans le « Contenu local » dans le gaz et le pétrole, dans une folie de l’accaparement TOTAL de toutes les richesses du Congo et plus encore avec les Terres cédées au Rwanda ; à son profit personnel et accessoirement à celui de sa famille … Et doublé d’une autre folie : celle des grandeurs tout en enfonçant notre jeunesse dans une pauvreté extrême, ses retraités et la quasi-totalité de la population. Cette dernière sera vendue à l’unité ou par wagon, pour satisfaire la totale détestation qu’il a envers elle !

Plus tôt que tard, Denis Sassou Nguesso connaîtra un nouveau 27 septembre. Et il n’en échappera pas !

Hector Captagon

Diffusé le 27 septembre 2024, par www.congo-liberty.org

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4 réponses à La jeunesse congolaise est-elle morte le 27 septembre 2015 ?

  1. Samba dia Moupata dit :

    Une révolution a besoin d’un visage connu, or parfait kolelas avait un pacte diabolique avec Sassou Denis et jouait double jeu ! Alors que ce 27 septembre 2015 , j’étais là les populations attendaient un mot d’ordre de parfait kolelas pour envahir le palais présidentiel à 2km du boulevard des armées. Des lors j’avais dit à mon jeune frère parfait kolelas de quitter le pays parce qu’il jouait à un jeu très dangereux, sinon il sera la prochaine victime de l’assassin criminel Sassou Denis qui prône la pérennisation de la dynastie des nguesso . Vous ne verrez pas un médecin, ingénieur ni un pharmacien approché Sassou Denis, que ces malheureux qui ont des diplômes bidon. Car moi dès la sortie de l’école j’ai été affecté à la centrale électrique de Vitry sur Seine . J’habite Choisy le Roi dont je rendrai hommage à mes grands amis Malard et Lambert qui vient de s’en aller.

  2. Val de Nantes dit :

    Pour Sassou, la jeunesse congolaise est une chimère ,dont il faut ignorer l’existence…
    40 ans de pouvoir inutile et insipide.
    Que le Congo Brazzaville se décide enfin de s’élever au dessus de cette théocratie sauvage, venue d’Oyo.

  3. VAL DE NANTES. dit :

    Une jeunesse vouée à la fourrière des bidonvilles c’est à dire le lumpen prolétariat .
    40 ans de pouvoir sans aucune unité de production ,pouvant absorber un fragment ,et encore , de la jeunesse congolaise .
    L’armée ne peut se substituer à l’usine .D’où l’idée de valoriser de façon exponentielle et autonome les richesses régionales par une architecture institutionnelle intelligente et volontariste . Il n’y a pas de succès sans souffrances .
    La peur d’aborder l’inconnu nous confine à la misère , dont se nourrit tous ceux qui utilisent le pouvoir central aux fins d’enrichissement .C’est la posture criminelle des PCTISTES et leur dirigeant …
    J’ai toujours dit que « le présidentialisme est une hérésie politique ,car aucun président ne pourrait s’occuper du quotidien des congolais, disséminés à travers tout le pays .
    C’est au pouvoir local que revient la mission régalienne de résoudre les problématiques socio- économiques que traversent les congolais ……
    Arrêtons de croire en  » père président « . Faisons confiance en nos facultés intellectuelles pour mieux appréhender la réalité du réel .Notre perception de la réalité tient plus de la transcendance que de l’immanence .D’où notre nihilisme social.
    La solution économique du pays n’est pas dans la fonction présidentielle ;mais dans notre capacité à s’élever de la médiocrité ambiante …..
    Ce CONGO là ,m’attriste et m’horripile ….

  4. Val de Nantes. dit :

    Ceux qui ont longtemps cru en la fonction présidentielle en sont pour leurs frais. C’est la bérézina !!.Une sévère désillusion..
    Non , cette fonction n’a pas la science infuse dans la quête des résolutions de nos problématiques ataviques…
    Il faudrait changer notre logiciel de gestion de la gouvernance publique pour contenter un maximum des congolais,en termes d’emploi et donc de création des richesses..
    La solution réside dans la compréhension de la macroéconomie, discipline économique orientée vers les grandeurs économiques, qui répondent aux soucis quotidiens de nos compatriotes……
    Point de slogans politiques stériles,mais la concrétisation des projets économiques pragmatiques,qui visent à favoriser l’émergence de toutes les intelligences congolaises au service de tout le pays,sans affects ethniques..
    Cette jeunesse est victime du tribalisme d’État, qui les prive des apports techniques technologiques, et scientifiques des compétences diasporiques et locales..
    Oui , en plus du venin tribal, injecté dans la société congolaise, l’incompétence notoire en économie de nos prétendus politiciens a fait le reste….
    La puissance d’Israël est assise sur l’exploitation efficiente de ses ingénieurs et techniciens dont l’efficacité s’éprouve sur divers terrains….
    Ce n’est pas avec ce personnel politique que le Congo Brazzaville atteindra ce niveau de compétences ,car il est plus préoccupé à attaquer les médias diasporiques que la lutte pour combattre la pauvreté endémique,dont il n’arrive à faire un enjeu économique….
    La raison aurait voulu que ce pouvoir se saborde pour faire naître un nouvel espoir congolais.. Mais l’attrait irrésistible de l’odeur des pétrodollars est tel qu’il devient impensable pour les détenteurs des permis d’occuper du Congo Brazzaville d’abandonner cet avantage aux mille facettes financières magiques….
    L’avenir du Congo Brazzaville sera certainement écrit en économies régionales…

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