Par Lucien PAMBOU
J’ai connu Kemi Seba avant la création du CRAN, Conseil représentatif des associations noires, dont j’ai été le secrétaire général pendant trois ans. Le jeune frère Kemi Seba a toujours contesté la création du CRAN car il a estimé que les franco-africains du CRAN, que nous étions, étaient manipulés. J’ai contesté sa vision mais les faits lui ont donné raison et je lui concède une victoire forte contre le CRAN car la plupart d’entre nous, dirigeants du CRAN, étaient guidés par un intérêt personnel. Les faits sont là, le CRAN est en décrépitude. Il y a eu plusieurs procès en termes de gouvernance et de malversations.
Nathalie Yamb, je ne la connais pas du tout. Notre rencontre symbolique s’est faite à travers ses interventions sur Youtube et dans les journaux. Ses attaques contre la France m’ont paru justes, en revanche je suis resté sur ma faim car les attaques en direction de la France ne dessinaient pas de solution de rechange. Ses dénonciations de l’esclavage et de la colonisation sont justes. Kemi Seba comme Nathalie Yamb prennent la parole comme panafricains qui refusent la domination française en Afrique et, sans le dire, appellent à une plus grande influence russe au Sahel et en Afrique.
Kemi Seba et Nathalie Yamb constituent à eux deux un réseau qui s’emploie à exister pour que la Russie remplace la France en Afrique. La France ne l’accepte pas et interdit à Nathalie Yamb d’entrer sur son territoire. Kemi Seba a été expulsé du territoire français car les autorités françaises, comme pour Nathalie Yamb, estiment que ces deux impétrants jouent contre la France. En fait la France ne supporte pas que les Africains critiquent de façon radicale sa politique en Afrique car elle estime que les Africains, esclaves hier, indépendants aujourd’hui, n’ont rien à dire en ce qui concerne la politique française en Afrique. Le Franc CFA sur le plan monétaire, est un moyen de pression même si la force Barkhane a échoué au Mali.
La France reproche à Kemi Seba et à Nathalie Yamb de soutenir de façon implicite la politique russe en Afrique. Pour la France, la Russie veut en fait exploiter les richesses africaines, notamment l’or, les forêts et le diamant. La présence du groupe Wagner en République Centrafricaine apparaît comme un casus belli pour la France qui n’accepte pas sa défaite en termes d’influence dans la plupart de ses anciennes colonies. La France accuse le groupe Wagner de l’oligarque Prigojine d’étendre sa présence en Afrique en créant de l’insécurité contre la France. La France estime que le Kremlin, dont Poutine, soutient le groupe Wagner et son mentor Prigojine de s’attirer les faveurs des dirigeants et des populations africaines en diffusant des nouvelles abjectes contre la France.
La France estime que le Kremlin souhaite déstabiliser la présence française en Afrique de l’Ouest et du Centre. Une des réponses concrètes de la France est de modifier le cours légal du franc CFA à venir, pour montrer que dans la zone franc, et donc en Afrique française, elle reste dominante par rapport à la Russie.
Dans ce jeu géopolitique entre la France et la Russie, Kemi Seba et Nathalie Yamb apparaissent de façon implicite comme les porte-paroles d’une Russie qui, après la guerre froide, veut reconquérir l’Afrique francophone qu’elle avait laissée à la France au nom d’une paix glacée.
Kemi Seba et Nathalie Yamb ont le droit de dénoncer le néo-colonialisme français qui a détruit et réduit l’Afrique francophone à l’état de mendiante, en revanche il faut qu’ils sachent que la Russie en intervenant en Afrique poursuit d’abord ses intérêts, comme la France, même si elle dit vouloir aider les pays africains à se débarrasser du colonialisme français. L’intervention géopolitique de la Russie en Afrique, sa confrontation objective ou feutrée avec la France doit être un moment important pour les dirigeants africains de réfléchir à leurs stratégies de positionnement pour exiger de leurs partenaires russes ou français de nouveaux accords politiques en matière de développement, de financement et de coopération militaire. Ne pas le faire, c’est accepter d’être définitivement les vassaux du monde occidental et des Soviets.
Sassou-Nguesso, en recevant à Oyo le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, a-t-il commis un crime de lèse-majesté vis à vis de la France ou a-t-il mené sa propre politique étrangère d’arbitrage sur les grands dossiers entre la Russie et le monde occidental ? Dans ce domaine, il y aura, comme d’habitude, un débat entre les pro-Sassou et les contre-Sassou. Et comme d’habitude, je présente les faits qui fâchent.
Kemi Seba et Nathalie Yamb reprennent, sans le dire, les fortes paroles de Lumumba, Sankara et Nkwamé Kruma qui militaient pour le panafricanisme et pour une vision globale du développement de l’Afrique, même si Léopold Sédar Senghor et Houphouët Boigny ont été les partisans d’une balkanisation de l’Afrique au profit de la France. Aujourd’hui, les faits sont là, implacables et désastreux pour l’Afrique francophone, dont la plupart des populations sont miséreuses et se vautrent dans la pauvreté et la soumission par la faute de l’environnement françafrique.
Kemi Seba et Nathalie Yamb, à tort ou à raison, ouvrent un chemin de débat pour les intellectuels africains à propos de la place de l’Afrique francophone dans la nouvelle géopolitique des territoires. Que les intellectuels africains cessent d’avoir peur de leur gouvernements respectifs, ces intellectuels n’ont pas la prétention de renverser les pouvoirs en place, mais d’instaurer un débat qui peut aider ces gouvernements, pas toujours très au courant des subtilités scientifico-intellectuelles en cours en France concernant la place de l’Afrique dans les relations avec la France. Les gouvernants africains doivent se départir d’une idée : que la réflexion est la préparation d’un coup d’État éventuel. La réflexion géopolitique permet d’aider les gouvernants de l’Afrique francophone à prendre acte de la situation de domination dans laquelle ils sont, même si certains le font déjà grâce à leur présidence prolongée au pouvoir.
La Russie introduit une nouvelle donne en Afrique. La France refuse cette intrusion dans son pré carré. Le Mali, avec son président de transition Assami Goïta, subit les foudres françaises. La révolution populaire au Burkina Faso n’a pas l’air de plaire à la France. La France est au milieu du gué, mais il lui reste encore quelques cartouches très fortes, comme les contrats léonins signés avec certains Etats et la zone franc pour s’opposer à la présence russe en Afrique francophone.
Alors Kemi Seba et Nathalie Yamb porte-flingues de la Russie ou franc-tireurs contre la France ?
Lucien PAMBOU
Diffusé le 25 novembre 2022, par www.congo-liberty.org
La campagne de désinformation du russe Evguéni Prigojine dans toute l’Afrique
Cher Lucien Pambou, Kemi seba et Nathalie Yamb sont nés en Europe. Donc des convertis à la cause Africaine, ces derniers n’ont pas peur de l’homme blanc,ça prouve que la libération viendra de nos enfants nés en occident ! On peut leurs faire quelques reproches sur les communications, mais leurs démarches finiront par payer et surtout se débarrasser des tyrans comme Sassou Denis qui est sans perceptive, sinon piller , assassinés et affamés les populations.
j espere que ces personnes vivent en russie je ne pense pas que parceque nous sommes nes en france nous soyons different des autres.chacun de nous a son education
Il nous faut nous méfier, de passer de la posture à l’imposture! Dénoncer la traite négrière européenne et non pas arabo-musulmane, la colonisation et les aliénations religieuses monothéistes, la francafrique et sa cohorte d’exactions, c’est toujours bien, mais si cela est fait dans le seul but de ne jamais reconnaitre que cela a toujours été possible parce que nous avons toujours été faibles, alors, ne soyons pas surpris de ne pas pouvoir sortir de ce cycle infernal!
Je connais très peu de sociétés humaines qui n’aient pas connu le déclin, le mérite de celles-ci a été de se donner les moyens de rebondir pour s’inscrire dans le rapport de force permanent. Arrêtons de nous plaindre en évoquant les nationalismes issus des frontières imposées, les autres ne seront jamais déterminés à ne pas nous faire preuve de compassion!
Ces deux activistes portent la voix de l’africain conscient et déterminé à faire évoluer les rapports de force avec l’occident, notamment la France. La France n’a qu’à s’en prendre à elle même. Sa politique en Afrique n’a jamais changé, elle est restée coloniale, néocoloniale, paternaliste, et infantilisante. Alors, s’il faut contrebalancer son influence avec celle de la Russie dans un partenariat négocié pourquoi pas. Le soi disant partenariat ave la France nous a été imposé par elle même et son corollaire de contrats léonins qui le sous-tendent.
Dans ce contexte Nathalie Yamb et Kemi Seba sont des francs tireurs contre la France et non des porte-flingues de la Russie. D’ailleurs pour Kemi Seba il ne s’agit pas de changer de maître en voulant s’allier avec la Russie, mais de construire un partenariat gagnant-gagnant respectueux des aspirations des uns et des autres et non un partenariat fondé sur des rapports de domination comme ça toujours été le cas avec la France.
J’aurais aimé que ces deux tirailleurs anti -colonialistes mettent dans leur besace les tyrans placés par la France en Afrique subsaharienne…
Ils doivent aller franco sur ces relais néo – colonialistes.
De qui Sassou tient -il son pouvoir criminel ?…
Ces questionnements politiques doivent saturer leurs rhétoriques anti – colonialistes.
Frapper la France , c’est montrer ce lien ontologique , qui brise la vie des millions d’Africains.
La tyrannie africaine jouit d’un soutien extérieur dont seule l’Italie commence à en percevoir les causes : l’exploitation coloniale des richesses africaines ,est l’une des causes visibles et inévitables de l’immigration actuelle…
La tyrannie ,larvée et exercée par la France par l’intermédiaire de ces négriers , dont certains sont analphabètes , est la raison de la perte de la valeur de l’homme africain , dans ce siècle confronté à la démesure , à la concurrence impitoyable entre nations où le dernier boit la calice jusqu’à la lie…
l’Afrique noire s’y sent totalement perdue par manque de vision économique fondée sur l’utilisation efficiente de ses diverses ressources..
Il faudrait , à mon avis ,chiniser cette Afrique sur le plan économique ,en écartant le caractère dictatorial de la nature politique de la Chine…
Être un esclave affranchi est un processus protéiforme ..L’ oratoire ,sans débouchés auditifs , est une parole sans contenus.
Si l’auteur reconnait la méfiance de Kemi Seba en vers le CRAN, dans lequel il serait l’un des plus jeunes parmi autant de vieux que vous étiez tous naïfs; alors il suffit de lui reconnaitre titre de noblesse d’un Homme visionnaire, tout comme Nathalie Yamb; des africain (e)s décomplexés qui n’ont pas eu peur de renoncer leurs privilèges en Occident. Ils n’ont pas de regret d’avoir perdu le gout du fromage à la place du sorgho ou de l’attiéké. Chose que la plupart d’entre nous avons peur de perdre d’où ce combat pour une éventuelle victoire de l’Afrique semble trainante. L’on ne peut combattre résolument la France et sa francafrique en résidant en Occident; les preuves sont inquantifiables pour le démontrer. Je ne peux croire et accepter qu’ils sont les portes paroles de la Russie; non, non et non. L’attachement à la Russie est stratégique, pour simplement faire un contre-poids contre la France, l’Union Européenne et les USA; et cette stratégie paye, puisque l’Afrique se libère progressivement, la RCA, le Mali, le Burkina Faso qui a initialisé l’idée d’un Fédéralisme en Afrique de l4ouest et peut etre plutard dans toute l’Afrique Noire, en attendant de combattre les dictatures vieillissantes et en décadence en Afrique Centrale. D’ailleurs les BRICS ont installé leur siège représentatif d’Afrique à Bangui; ça vous dit quelque chose? Comprenez la géopolitique et la géostratégique en se renseignant sur les acteurs des pays émergents, car l’Occident est bel et bien en décadence et je ne l’imagine pas d’ici 2030. Ouvrez grandement les yeux et essayer de comprendre ce qui se passe.