Ils naquirent libres et égaux , le roman de Marie-Louise Abia. Par NOEL KODIA

Cover abia 1c

 

Encore un roman sur l’immigration des Congolais en France, un récit qui révèle le côté aléatoire et dramatique du « vivre en France ». Avec ce nouveau roman de Marie Louise Abia, s’exprime la colère et la douleur d’une femme activiste, marquée par la face cachée du soi-disant eldorado du monde occidental.

Arrivée en France pour ses études universitaires, la Congolaise Christine Yalonda se confronte à la dure réalité de la société française. Priée de rentrer dans son pays car n’ayant pas pu renouveler son titre de séjour, elle est obligée d’accepter un mariage blanc que lui propose son amie Rose. Celle-ci a demandé à son fiancé François à jouer le jeu dans ce simulacre de mariage. Et quand le séjour est régularisé, Christine va aller de désillusion en désillusion en découvrant la France des immigrés quand il habite le quartier Les Tarterêts. C’est dans ce coin de la banlieue parisienne, à travers la vie associative et dans l’exercice de son métier d’assistance sociale, qu’elle essaie de donner une nouvelle éducation à la population immigrée abandonnée à elle-même par la société française. Ils naquirent libres et égaux, un récit multidimensionnel où l’immigration et les relations France-Afrique interpellent le lecteur. Plusieurs histoires dans un seul roman, telle est la spécificité de ce roman. Histoire de Rose, de Christine, de Nicole, de François, Thomas et surtout des adolescents des Tarterêts ainsi que de leurs parents. Ce sont les destins de ses principaux héros et héroïnes que le lecteur découvre au fur et à mesure qu’il « voyage » dans ce livre.

L’image de la femme

Toutes les femmes dans ce roman veulent s’affirmer dans cette société française qui se présente à elle comme un labyrinthe. Chaque « héroïne » a son histoire qui traverse le quotidien français avec tous les problèmes qu’il pose et dont les solutions viennent des autres. Grâce à Rose, en complicité avec son fiancé, qui pense à un mariage blanc, la Congolaise Christine ne pourra plus retourner dans son pays natal où il ne fait plus bon vivre : « Ainsi tout Congolais qui parvient à s’évader (…) de cet univers maléfique et infernal, fait tout ce qui est humainement possible, même au péril de sa vie, pour ne jamais y retourner » (p.29). Rose, qui n’a pu s’entendre avec François, va se retrouver dans les bras de Thomas, l’étudiant congolais dont elle avait fait la connaissance quelque temps auparavant et qui l’aimait « en cachette ». Celui-ci attend d’être père pour une troisième fois avec Rose. Christine, après avoir exercé de petits métiers dans la clandestinité, voit son destin prendre le chemin d’un semblant bonheur souhaité après son mariage avec François. On ne peut plus l’expulser du terroir français car y ayant une attache familiale. A partir de ce moment, commence la vraie vie française de la jeune femme après avoir été martyrisée par François à travers le harcèlement sexuel. Reçue à son concours d’assistante sociale et vivant aux Tarterêts, un quartier chaud de la banlieue parisienne, elle décide d’aider les femmes de ce quartier où elle est affectée. Elle y travaille en collaboration avec l’association « Mère et citoyenne du monde » qu’elle avait créée auparavant en insistant sur les rapports entre parents et enfants dans le but de lutter contre l’illettrisme et la délinquance juvénile. Une femme est possessive dans ce récit : la mère de François qui se caractérise par un racisme acerbe car elle voue une hostilité contre Rose, la fiancée de son fils parce que noire. Aussi, cette dernière, ne s’entendant plus avec François, trouve la solution à cette insupportable situation en vivant agréablement avec son compatriote Thomas, à la grande surprise de Christine. A la liste des femmes qui ont été marquées par la « malédiction » du destin, il y a Nicole qui connait une déception amoureuse. Elle surprend son copain Yann avec une autre femme. Ce dernier va se retrouver, contre toute attente, dans sa chambre à coucher avec Nicole et sa nouvelle amie Adeline : « Ignorant que Nicole se trouvait dans la chambre, les deux tourtereaux [Yann et Adeline] pris dans le feu de la passion (…) commencèrent à se déshabiller. (…) Tous les trois restèrent ahuris pendant un instant » (p. 212). Les femmes chez Marie-Louise Abia sont combatives et ne se laissent pas dominer par le pessimisme. Elles trouvent toujours des solutions à leurs problèmes ainsi qu’à ceux des autres. Rose se préoccupe de la détresse de Christine quand celle-ci est menacée d’expulsion du territoire français. Plus tard, dans l’exercice de son métier d’assistante sociale, Christine se mettra au service des femmes immigrées des Tarterêts après avoir crée, quelques années auparavant l’association « Mère et citoyenne du monde ».

Des hommes, pas comme les autres

Ils ne sont pas nombreux dans ce récit qui évolue en véritables héros. D’autres apparaissent comme des figurants dans un film tels les travailleurs immigrés des Tarterêts. François, Thomas, Mobali et les délinquants du quartier peuvent être considérés comme les principaux véritables « acteurs » du roman. Ils définissent chacun un destin qui, dans le déroulement des histoires rapportées, donnent un sens au récit. François, cet homme sans problème en dehors de quelques quiproquos sentimentaux avec sa fiancée Rose, a aidé Christine à régulariser son séjour en France par le mariage blanc initié par Rose. Au cours de cette procédure de régularisation, profitant de l’absence de sa fiancée suite à une dispute, François développe ses instincts sexuels de mâle et veut abuser de Christine en la faisant chanter : « Envoûté par le maléfique diktat du sexe, [François] perdit la raison et n’écouta plus que les sifflements pervers de son désir (…) [Christine] voulait crier (…) elle eut peur que François ne mette sa menace à exécution » (p.163). La pauvre femme réalise qu’elle est enceinte par la suite ; de François ou de Thomas qui l’avait aussi connue sexuellement entre-temps ? Elle décide d’avorter pour éviter une « confrontation entre les deux hommes. Thomas, à l’instar de sa compatriote Christine, est un étudiant en France. Malheureusement certains aléas ont fait qu’il se voit partagé sentimentalement entre Rose qu’il aime passionnément « en cachette » et Christine. Un homme qui subit l’intolérance politique quand, il repart au Congo avec des compatriotes pour monter une entreprise. Ils sont curieusement interpelés puis emprisonnés car accusés de non respect de la loi ; et l’auteure de se demander : « De quelle loi s’agissait-il ? Celle d’avoir osé créer de l’emploi ? (…) Celle d’avoir aidé l’homme congolais à retrouver sa citoyenneté, sa dignité, sa liberté, sa vie ? » (p.66-67). Mais l’homme atypique est Mobali qui traverse le récit comme un météore Il nous rappelle « la fin qui justifie les moyens » quand l’immigré veut réussir dans la société occidentale. Mobali aide Christine à braver sa situation de sans-papiers à la recherche du travail. Il connait les moindres failles et canaux du travail dans la clandestinité. Il est en complicité avec l’ambassade du Congo en France pour se procurer des vrais faux documents. Christine en possédera pour avoir du travail : « Mobali avait trouvé à l’ambassade de bons alliées et il les soudoyait tous, à tel point qu’aucun document ne pouvait lui être refusé » (p.32). Cet immigré, au début clandestin, puis devenu Français par le mariage avec une Antillaise, va profiter des avantages sociaux pour se faire malhonnêtement une place dans la société.

La société française et l’immigration

L’immigration dans ce roman est plus ou moins synonyme de racisme. François aime la « négresse » Rose, mais cette dernière n’est pas acceptée par sa mère. Parlant de Rose, elle ne s’empêche de se dévoiler : « J’ai du flair moi, pour ces gens-là. Ils n’ont aucune civilité. Ce sont des sauvages » (p.133). Malgré sa formation universitaire, Christine ne sera pas acceptée à certaines fonctions réservées spécialement aux Français de souche. Aussi, au cours d’une réunion de son association, elle fustige les pouvoirs publics avec ces quartiers « où vivent des petits Français à la couleur de peau et aux noms à consonance non conventionnelle » (p.206). Djibril devient un dealer malgré ses diplômes : il ne peut s’offrir un travail convenable car issu de l’immigration. Les Tarterêts est pris comme référence des quartiers chauds où les jeunes, en général issus de l’immigration, sont en perpétuels conflits avec les forces de l’ordre. Insécurité et drogue accompagnent une délinquance juvénile favorisée en partie par l’illettrisme des parents. Le jeune Teddy âgé de treize ans avec ses deux amis du quartier s’illustrent dans le vol et le trafic de drogue. Teddy, Elmir et Jonathan seraient-ils gagnés par le trafic de drogue qui les ont emmenés à la mort si des garçons comme Djibril, Bakari et Saïd n’avaient pas connu l’injustice sociale à cause de leur origine ? A quelque chose malheur est bon car les incidents provoqués par leur mort vont faire prendre conscience aux parents et enfants des Tarterêts. Ces derniers vont dialoguer avec la police pour éradiquer leurs maux du quartier. Ils naquirent libre et égaux, un roman où il y a encore beaucoup à dire car riche en rebondissements thématiques.

Pour conclure

En 2010, après lecture des premiers romans de l’auteure, nous remarquions déjà sa notoriété dans la littérature congolaise. Force est de constater que son nouvel éditeur révèle sur la 4è de couverture du livre : « [qu’elle] est l’une des grandes romancières congolaise »s. Serions-nous trompé à l’époque quand nous affirmions que « par la beauté de ses textes, Marie-Louise pourrait être considérée comme l’une des plus belles plumes féminines de son pays » (2) ? Aux lecteurs d’apprécier après lecture de ce roman.

Noël Kodia-Ramata

  • Marie Louise Abia, Ils naquirent libres et égaux, Editions Mary Bro Foundation, United Kingdom, 2015
  • Noël Kodia-Ramata, Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises, éd. Paari, Paris, 2010, p.417

 

Les écrivains n’existent que parce qu’il y a, vous, nos lecteurs. J’ai ainsi la joie et l’honneur de vous présenter mon tout nouveau roman

« Ils naquirent libres et égaux »

Paru aux éditions Mary Bro Foundation Publishing

  • L’acheter pour soi, c’est non seulement se faire plaisir, mais aussi soutenir et encourager l’auteur
  • Le lire, c’est d’abord s’instruire, puis honorer l’auteur
  • L’acheter pour offrir, c’est aussi bien aimer qu’instruire son prochain

Lorsque l’on aime, l’on ne prête pas mais l’on offre

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Ils naquirent libres et égaux

ISBN-978-0-9930491-70

Le nouveau roman de Marie-Louise Abia

Au lieu de déverser des tonnes de propos haineux et destructeurs pour blâmer et condamner le sujet victime de l’immigration, les citoyens occidentaux, qui se considèrent envahis et asphyxiés par le phénomène de l’immigration, devraient plutôt réprimander leurs propres dirigeants politiques qui, tout démocrates et tout défenseurs des droits de l’homme qu’ils disent être, fabriquent, soutiennent, encouragent, collaborent et protègent les dictateurs fabricants et fournisseurs d’immigrés.

Tous les immigrés ne quittent pas leurs pays par plaisir, mais parce qu’ils y sont contraints par le besoin de liberté, d’égalité et de fraternité, parce que les uns rendent les autres moins libres, moins égaux et moins fraternisables. Le rêve de tout individu est de bien vivre libre chez lui, au milieu des siens, non d’aller se perdre dans les tourbillons d’un monde lointain et inconnu.

Vous pouvez acheter ce livre en ligne via Paypal, ou commander et payer hors-ligne

 

Pour en lire quelques extraits, veuillez suivre ce lien: http://marielouiseabia.wix.com/marie-louise-abia#!ils-naquirent-libres-et-egaux/m0cc6

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5 réponses à Ils naquirent libres et égaux , le roman de Marie-Louise Abia. Par NOEL KODIA

  1. Marie-Ange Massano dit :

    Bravo Marie-Louise! Soyez bénie et continuons le combat!

  2. Bonjour je vous félicite de votre courage surtout ou tu as vomi quand tu mangeais tes haricot bien préparer pour écouter les casseurs des maison ministre mabiala qui a trahi lissouba il n’a même pas honte que sassou était le frère de lissouba il est malade comme leur président assassin

  3. Bonjour Marie louise je vous soutiens quand je lis tout ce que vous écrivez bon courage

  4. VAL DE NANTES dit :

    Ma sœur LOUISE , L’exil , peut être aussi inspirant ,tel est votre cas , au travers de votre récit un brin nostalgique , j’y perçois une envie de retour au pays .
    Ce pays nous est devenu inhospitalier , même y séjourner temporairement s’avère délicat .
    Mais , la fin de cet exil imposé approche , car le 20 mars ce sera l’amorce d’un processus démocratique irréversible pour notre pays .
    Ce pays n’est le bien de personne .N’en déplaise à SASSOU .
    DU COURAGE , espérons que demain , nous ferons nos valises , pour aller embrasser notre beau pays .

  5. . dit :

    Pour Maman Louise ABIA j’achete mais pas Destinee DOUKAGA la traitresse

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