Il faut que la contestation regagne du terrain pour en finir avec l’ère du régime issu du coup d’État de 1997. , Par BRICE NKEOUA

Le vent de changement en direction du Congo-Brazza met ce pays à la croisée des chemins. Dès lors, dans cette longue lutte sans merci que nous menons pour le rétablissement de la légitimité dans notre pays, les souvenirs douloureux du passé du régime de Sassou-Nguesso sont nos forces. Aussi, les souffrances infligées aux Congolais par ce régime rendent insupportables le quotidien des milliers de familles dans notre pays. N’est-il pas temps de séparer le destin du Congo à celui de Sassou-Nguesso ? Cependant, c’est au peuple Congolais, source de tout pouvoir et de toute légitimité de le faire mais pas aux étrangers, car s’il ne se soulève pas pour chasser ce régime ennemi du peuple qui le prend en otage, il ne restera plus rien de ce beau et cher pays. Mais, dans cette longue marche vers la terre promise, nous ne devons obéir qu’aux principes de légitimité et aux règles de jeu politique issu de la conférence nationale souveraine de 1991 par opposition de « l’asservissement des barbares soumis à la volonté d’un homme, le tyran ». (Hérodote).

En effet, dans notre pays, en 1991, le peuple à travers ses représentants a trouvé un consensus national sur les règles du jeu politiques. Il a été décidé par consensus, qu’un gouvernement, un régime, un pouvoir est légitime s’il se conforme à ces règles du jeu politiques. C’est ce qu’on appelle source de légitimité : La constitution de 1992. Cette constitution demande aux Congolais : « de n’avoir pour seul maitre qu’elle », et conseille d’obéir sans contrainte au pouvoir légitime même si, l’on n’est pas d’accord avec sa couleur politique, son ethnie, son département ou avec les mesures qu’ils prennent parce qu’il tient sa légitimité de les commander par les élections libres, transparentes et crédibles qui respectent les règles du jeu politique fixées par elle.

Cependant, écarté du pouvoir dès le premier tour en 1993 par une élection présidentielle libre et transparente, Sassou-Nguesso est revenu au pouvoir par les armes après une longue guerre fratricide qui a causé des milliards de CFA de dégâts et détruit les départements du sud et la ville de Brazzaville avec la complicité d’une communauté internationale sous la coupe de chaque Chirac, réduisant ainsi à néant des années de développement. C’est comme-ci, les Congolais n’ont pas le droit de décider de leur destin et de choisir les gouvernants de leur choix.

Dès lors, qu’il s’est autoproclamé président du Congo après avoir abrogé unilatéralement la volonté populaire comme un bandit de grand chemin, conscient qu’il est illégitime et usurpateur, et que la constitution de 1992 demande au Congolais sans distinction de combattre l’usurpateur comme pour les murs de leur propre maison. Il fallait tout d’abord détruire toute idée de nationalisme dans les départements du sud (Pool, Bouenza, Niari, Lékoumou), fer de lance de la contestation en matière de la défense de la légitimité et de la résistance contre l’usurpateur Sassou-Nguesso, en leur imposant une guerre civile fabriquée de toutes pièces pour leur faire peur et tuer le consensus issu de la conférence nationale souveraine de 1991.

Par conséquent, ces hommes ont tué pour exterminer des Congolais, des Congolaises, leurs enfants, des prisonniers et des captifs, des insurgés actifs et des gens soupçonnés y compris des enfants comme des chiens. Que personne ne détourne notre attention, nous seules détenons la vérité des ces faits et, nous seules savons ce que ce régime fait subir aux Congolais. Notre force se trouve dans les souvenirs du passé. Les atrocités de Sassou-Nguesso sont innombrables : exécutions sommaires, destructions des maisons jusqu’au niveau des fondations, viols à grande échelle dans les départements du sud, les disparus du beach, le stockage des minutions et armes en pleines villes et leurs explosions à Mpila…

En outre, le régime issu du coup d’État a fait du Congo une « cité guerrière », car son organisation est tournée vers l’effort de guerre. Par exemple, l’existence d’un compte bancaire pour l’effort de guerre dans le Pool a été confirmée au trésor public, où les généraux à la tête des troupes en guerre dans le pool pouvaient retirer de l’argent sans compter sur ce compte de l’État Congolais. On comprend mieux pourquoi, en 2012, 15 ans après qu’il y ait encore une occupation militaire dans le pool malgré les accords des cessations des hostilités et les financements D.D.R ? Aristote a donc raison lorsqu’il affirme que : « les États militaires n’ont de chance de survie que tant qu’ils restent en guerre, tandis qu’ils courent à leur perte aussitôt qu’ils ont fini de faire les conquêtes ». La paix est un vrai danger pour ce régime, et la faute réside dans le manque des solutions économiques, socioculturelles, politiques et sécuritaires à apporter aux Congolais.

Si bien que, la survie de ce régime réside uniquement dans la peur des Congolais de l’affronter. Tant que nous allons refuser de l’affronter en mettant nos vies en danger comme Matsoua, Bouéta-Mbongo, Mabiala-Manganga, Kinganga, Diawara et Ikoko, ce régime aura encore des beaux jours. Mais, le jour où nous accepterions de mourir tous pour le pays, Sassou-Nguesso et son pouvoir seront boutés hors du Congo. En cherchons à sauver nos petites vies misérables, nous avons donné la possibilité à Sassou-Nguesso, ses enfants et ses amis de faire ce qu’ils veulent du Congo. Acceptons donc maintenant aujourd’hui de tout perdre pour tout gagner après son départ demain. Nous n’avons rien à perdre, par contre eux, ils ont tout à perdre. Ne sommes-nous pas venus sur terre pour être libre ?

 De plus, son système des valeurs n’attribue d’avantages qu’aux guerriers ayant aidé ou fait sa volonté durant ses guerres de conquêtes de pouvoir dans les départements du Sud. Il y a absence de la méritocratie. Quant aux anciens ennemis politiques vaincus, s’ils acceptent de s’humilier en public et, s’ils entrent dans la loge maçonnique de Sassou-Nguesso, ces derniers sont acceptés. Tourné vers l’effort de guerre et le réseau de lien homme à homme, ce système sacrifie plus de 95 % congolais. Ce qui revient à dire qu’au Congo, « tous les hommes ne sont plus égaux, car il y en a qui sont plus égaux que les autres ».

Certes, pour ses supporteurs, Sassou-Nguesso est légitime parce qu’il a gagné la guerre et chassé Lissouba du pouvoir. Nombreux se vantent même qu’il a fait voter une nouvelle constitution et des nouvelles règles de jeu politique et, avant chaque prise de pouvoir, il organise des élections ; mais ce qu’ils oublient, tant qu’une partie des Congolais défendront la constitution de 1992, Il restera toujours illégitime. La vie politique ressemble à la vie sentimentale. Si nous acceptons son nouveau système de valeurs établi par les armes, il y aura consensus et, Sassou-Nguesso deviendra légitime, par contre, tant qu’une partie des marginaux congolais le rejettera, il n’y a pas consensus et, il demeurera illégitime.

C’est pourquoi, il compte toujours rompre définitivement ce consensus issu de la conférence nationale de 1991 par la corruption des notables politiques de l’opposition congolaise à coup des millions de C.F.A. Sassou-Nguesso le sait très bien, il y a deux idéologies politiques de légitimation qui s’affrontent depuis son coup d’État en 1997 et son abrogation unilatérale de la seule constitution aux origines réellement populaires à savoir la constitution de 1992. Dans une telle situation, il est difficile de gouverner sans contrainte. Il a recours à une contrainte assez dure, pour faire plier ceux qui ne le tiennent pas pour légitime, et cela tend à l’avènement de la dictature tribale au Congo. Cette crise de légitimité a des conséquences sur le plan économico-social.

Ainsi, une chose est sûre, à coté du problème de légitimité de Sassou-Nguesso, il existe désormais des problèmes sociaux. Le plus discuté est celui qui concerne les inégalités de la répartition des « fruits de la vente du pétrole » parce qu’elle laisse en effet de coté un certain nombre de « laissés pour comptes ». Le retour au pouvoir de Sassou-Nguesso a été le plus grand risque pris par Jacques Chirac et le feu Bongo parce qu’il a des conséquences aujourd’hui pour la survie du pays et des Congolais. Le refus de faire appliquer les dispositions constitutionnelles de sa propre constitution à ceux qui continuent de contester sa légitimité est l’exemple parfait. Le Congo notre pays ne manque pas les moyens, et le pays est riche en pétrole, mais Sassou-Nguesso continue de refuser d’accorder une indemnisation aux sinistrés du sud pour la simple raison que, une grande partie des Sudistes rejettent toujours sa légitimité plusieurs années après sa victoire militaire.

Mais, le vent de changement qui souffle dans le monde, se dirige vers le Congo, et les signes précurseurs sont visibles à l’œil nu. Raison pour laquelle nous disons que l’heure de la fin de ce régime a sonné. Ne disons plus que : « nous ne disposons pas des moyens adéquats pour nous y opposer », car nous disposons en nous, une énergie capable de détruire la dictature et la répression des armées du régime : «  la détermination et la volonté du changement ». Nous n’avons rien à perdre, mais le régime a tout à perdre : le pouvoir et les fruits des pillages à la tête de l’État. Le règne de Sassou-Nguesso commença par la guerre, si cela signifie qu’il finira par la guerre, et bien soyons donc tous près pour en découdre.

Car, l’Etat Congolais entre ses mains est un danger pour son propre peuple, et il est incapable de remplir les obligations d’un État-Nation sans diviser les Congo en nord-sud. Il est devenu une vraie menace pour l’unité nationale et la coexistence pacifique entre congolais du nord et du sud. Il fait du pouvoir congolais un bien familial et clanique. Ce régime doit finir parce qu’il attrape à la gorge et étouffe le peuple congolais jusqu’à l’asphyxie.

De telle sorte que, notre pays est divisé. La délation règne partout. Chaque Congolais est fiché et toutes les libertés dans les relations humaines ont disparu. Chacun a peur de son voisin et de son plus proche ami. Chaque père a peur de son fils, chaque mère de sa fille. Il suffit d’un coup de fil à la sécurité d’État pour se voir classé parmi les suspects et sous la menace d’être arrêté au Congo ou dès votre retour au bercail. Ce régime ne peut ni transmettre le bonheur ni faire le tout pour que tout fleurit dans notre pays. Il ne dépose que de la mauvaise graine partout. Ce qui germe partout n’est que de la mauvaise graine. C’est cette image qui est la sienne. Le pire est à craindre si nous ne le boutant pas dehors.

Enfin, le vent de changement va souffler sur le Congo et, les signes précurseurs sont déjà visibles. Il est vrai que dans un passé récent, nous avons été tous manipulés par les notables politiques des grands partis par tribalisme et régionalisme. Nous avions été leurs marionnettes, mais maintenant agissons de notre propre gré, la main dans la main afin de laisser des empreintes pour que les générations qui suivront, trouvent déjà un chemin tracé ; et découvrent la réussite, le succès que l’on obtient lorsque l’on lutte ensemble pour la liberté et la démocratie.

Par BISHIKANDA DIA POOL 

Brice Nkéoua

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