Hommage de Ouabari-Mariotti à Christophe Mounkouéké décédé le 29 septembre 2021 à Brazzaville.

Yhombi-Nguila-Mounkouéké-Ouabari

Mon Dieu, nous disparaissons tous.

M. Christophe Moukouéké, figure marquante de la République du Congo, nous a quittés, à 82 ans, le 29 septembre 2021, à Brazzaville.

Troisième, sur l’image, ci-dessous, en partant de la gauche, où apparaissent le Président Jacques Joachim Yhombi Opango, M. Nguila Moungounga Kombo, lui, M. Christophe Moukouéké et moi Ouabari Mariotti.

S’en sont allés, à l’éternel infini, le Président Jacques Joachim Yhombi Opango et M. Nguila Moungounga Kombo, que M.Christophe Moukouéké rejoint. Seul moi, reste en vie, jusqu’à ce jour-là.

Le Congo Brazzaville perd, avec le décès de M. Christophe Moukouéké, un esprit libre et brillant, un acteur majeur de la politique nationale.

D’une vive intelligence, M. Christophe Moukouéké était un homme de convictions. Doté d’un sens élevé de l’Etat. Passionné, entier, sincère. Connaisseur de l’histoire du Congo Brazzaville, il était respecté. Par ailleurs, redouté pour ses appréciations sans concession, sur les causes nationales partagées, il puisait ses forces dans la loyauté de ses engagements.

Talentueux politique, M. Christophe Moukouéké aura occupé, sur plusieurs années, différentes postes. Tour à tour, entre autres, membre du Comité Central du Parti Congolais du Travail, Ministre, Secrétaire Général de l’UPADS, Député, pour finir comme membre du Secrétariat Permanent du Congrès Africain pour le Progrès -CAP.

Le passage de M. Christophe Moukouéké à la direction de l’UPADS, au lendemain de la conférence nationale, au nom des idéaux qu’incarnait le Président Pascal Lissouba, Président de l’UPADS, aura été la plus belle, la plus productive et la plus rayonnante séquence de sa vie politique, même si elle se termine par un exil injuste en France.

L’image, riche en symboles, ci-dessous, est une des représentations du reflet de ce qu’a été cet exil de M. Christophe Moukouéké, conséquence désastreuse des violences militaires du 5 juin 1997, au Congo Brazzaville. Elle expose quatre personnalités du pouvoir du Président Pascal Lissouba, sur le chemin de l’expatriation, en territoire du Congo Kinshasa, le 15 octobre 1997. Les troupes angolaises, en appui au camp du Président Sassou Nguesso, venaient de faire leur entrée au Congo Brazzaville, piétinant les conventions internationales sur l’intégrité d’un territoire aux institutions légales et commandé par un régime régulier.

Comme des milliers de partisans du Président Pascal Lissouba, M. Christophe Moukouéké a souffert des déchirures de son exil en France, faites d’angoisse et d’effort d’adaptation à sa nouvelle vie. Percevant, en fin de compte, cet exil comme sa détermination, en réponse aux malheurs d’une expatriation forcée. Sauver sa peau, en abandonnant le pays. Accepter de tout perdre, au Congo Brazzaville, sa terre natale, pour se reconstruire, humain, dans un pays étranger. Et surtout, apprendre à s’aimer en exilé, contre son gré.

C’était là, pour M. Christophe Moukouéké, un travail ardu de transformation personnelle. Le fait de déserter sa terre, contre sa volonté l’exposant à une perte majeure de son soi-même a fini par le pousser à regagner le pays aux fins de s’y réintégrer. Ce qui lui valut le siège de Député de Mabombo, dans la région de la Bouenza, aux élections législatives de 2007, pour le compte de l’UPADS. Une charge qu’il ne gardera qu’un mandat.

M. Christophe Moukouéké, Ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire, a été un Ministre audacieux, en avance sur le contexte du système éducatif de l’époque.

Un Ministre, de terrain, visionnaire passionné, non accroché à son fauteuil, dans son bureau climatisé. Par des mécanismes efficaces, il contrôlait et évaluait le fonctionnement des structures relevant de son département. L’évaluation portait sur des méthodes pédagogiques, les procédures et les moyens de mise en œuvre. Jaugeant, également, les personnels de direction d’établissements, d’enseignements et d’inspection.

Dans un système éducatif où l’enseignement privé n’était plus autorisé, le Ministre Christophe Moukouéké, pourtant Membre du Parti Congolais du Travail, il tramait, de par son esprit réformateur, l’option d’une refondation de l’école de la République. Bûchait, en dessous de table, sur la coexistence du service public avec les établissements privés, soumis au contrôle de l’Etat.

Cette tendance à se placer en travers des règles de l’école mue par des orientations du Parti Congolais du Travail lui a coûté un changement de portefeuille ministériel, au nom de la sauvegarde du statut quo.

Dans l’entre temps, le Ministre Christophe Moukouéké avait fait de l’étudiant en année de Maîtrise de Géographie, au Centre d’Enseignement Supérieur de Brazzaville, que j’étais, premier Proviseur africain au lycée Victor Augagneur / Karl Marx, de Pointe Noire, à la rentrée scolaire 1971-1972.

A ma demande, le Ministre Christophe Moukouéké facilite la création, audit lycée, d’un internat mixte filles – garçons, moyennant des exigences d’encadrement des internes.

Ainsi, pour le Ministre Christophe Moukouéké, l’internat filles et garçons devrait être ce lieu privilégié du développement de la conscience humaine et intellectuelle des élèves. Un cadre structuré qui permettrait à chaque élève interne d’atteindre, ses objectifs scolaires. Un espace culturel qui offrirait aux internes la possibilité de faire grandir leurs talents et de s’épanouir par la vie d’équipe. Une structure où l’unité de lieu pour les différents temps de la vie des élèves – temps du travail, temps de la vie personnelle, temps de la vie communautaire – devrait être un atout certain. Enfin, une aire où s’y noueraient des relations durables.

L’internat, avec l’aide du Ministre Christophe Moukouéké qui en avait fait son affaire personnelle, a connu un franc succès, jusqu’au moment où je quitte le lycée, en septembre 1976. Depuis, l’internat a fermé ses portes. Requalifié autrement, alors qu’il accueillait, en priorité, des élèves venant des pays du Niari et du Kouilou profond.

M. Christophe Moukouéké, ayant trouvé la mort, dans les conditions que l’on sait, à la clinique Leyono, une disparition qui s’ajoutent à ces autres qui endeuillent, tous les jours, les familles congolaises, peut-être faudrait-il que les pouvoirs publics se penchent un peu plus sur les infrastructures hospitalières et médico-sociales du pays, pour les améliorer, d’autant qu’elles sont quasi toutes inadaptées et défectueuses.

L’objectif principal étant d’assurer la permanence des soins adéquats à tous les niveaux. D’où la nécessité d’un personnel en cohérence avec les besoins des unités de soins et de chaque service. Que ce soit dans les services de base, les services de spécialité, des soins de longue durée et d’urgence. La crise sanitaire liée au COVID 19 devant inspirer le Gouvernement pour remettre la santé au cœur des priorités nationales.

Soixante et un an après l’indépendance, le système de santé du Congo Brazzaville apparait comme l’un des plus fragiles et les moins performants d’Afrique. Un système défaillant, de bout en bout. Avec pour conséquence les taux de mortalité qui ne baissent pas sensiblement, la grogne générale et les récriminations des populations.

Des populations qui ne supportent pas que, non seulement les autorités se fassent soigner à l’étranger, mais encore que les évacuations sanitaires hors du Congo Brazzaville soient triées.

Fier d’avoir connu M. Christophe Moukouéké, je dis, ici, ma profonde tristesse, suite à sa disparition. Lui qui, dans mon subconscient, n’a jamais quitté l’UPADS, en dépit de son retrait de ce Parti.

M. Christophe Moukouéké, esprit ouvert, de grande humilité, décomplexé, ayant, en son temps, marqué l’UPADS de son empreinte de rassembleur, depuis les beaux jours de la création de ce Parti par le Président Pascal Lissouba.

La preuve, je continuais à désigner M. Christophe Moukouéké par Sécrégal. Contraction de Secrétaire Général. Entendu Secrétaire Général de l’UPADS.

Puisse la disparition de M. Christophe Moukouéké précédée de celle de M. Dominique Nimi Madinguou, autre illustre cadre des origines de l’UPADS, le 24 septembre 2021, créer le sursaut magique du rassemblement de tous les Lissoubistes dans une UPADS réunifiée, sans exclusive, et forte, en vue de la reconquête démocratique du pouvoir d’Etat arraché en octobre 1997.

A la famille de M. Christophe Moukouéké, particulièrement, son épouse et ses enfants, ainsi que ses amis et autres proches, j’exprime mes condoléances les plus attristées.

Au Secrétariat Permanent du Congrès Africain pour le Progrès-CAP et à ses militants, je traduis l’expression de ma solidarité, en ces moments d’intense douleur.

Au Secrétariat National de l’UPADS, les militants dudit Parti et autres Lissoubistes, également affligés par le décès de M. Christophe Moukouéké, j’exhorte à davantage de force et vigueur pour supporter l’épreuve.

Adieu Sécrégal.

Adieu Christophe.

Repose en paix. A jamais, tu demeures dans nos cœurs.

Ouabari Mariotti

Membre de l’UPADS

Paris 1er octobre 2021

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7 réponses à Hommage de Ouabari-Mariotti à Christophe Mounkouéké décédé le 29 septembre 2021 à Brazzaville.

  1. Samba dia Moupata dit :

    Les frères kongo Manoukou jean pierre, Justin Koumba, Moukoueké Christophe trouvent la mort à Brazzaville , dans l’espace de 25 jours , alors que ces trois derniers étaient détenteurs d’un titre de séjour en France, ou encore Jean pierre qui avait la double nationalité qui d’ailleurs a travaillé à la bourse de paris comme économiste . Ces trois ont pris des risques de vivre dans un pays où les urgences vitales sont inexistantes . Pourtant les hôpitaux parisien sont pleins des évacués sanitaires Mbochi au frais du trésor publique Congolais . Pourquoi ces trois kongo ont fait allégeance au Mbochi Sassou? Parce qu’ils ont cédés aux sirènes de l’argent du crime . Or l’argent c’est le résultat d’un travail honnête .

  2. Jean de Dieu BASSILA dit :

    M.Ouabari-Mariotti vous affirmez: « M. Christophe Moukouéké, ayant trouvé la mort, dans les conditions que l’on sait, à la clinique Leyono, une disparition qui s’ajoutent à ces autres qui endeuillent, tous les jours, les familles congolaises, peut-être faudrait-il que les pouvoirs publics se penchent un peu plus sur les infrastructures hospitalières et médico-sociales du pays, pour les améliorer, d’autant qu’elles sont quasi toutes inadaptées et défectueuses. »
    Oui, il faut des infrastructures sanitaires bien modernes et le personnel soignant bien formé chez nous. Ces choses là sont connues de tous et surtout de ceux qui ont pris le pays en otage comme une propriété privée. Ils volent de l’argent ils pensent que la mort est reservée seulement aux autres. Mais ces jours ci la mort a parlé. Elle a enlevé à un dignitaire congolais aux Maroc un être cher sous l’impuissance absolue des milliards volés.

  3. val de Nantes . dit :

    Au vu de ces photos , si on pouvait louer l’éternité personne n’en disconviendrait . Comme disait Epitecte : « On a toujours eu plus peur de la mort que de la mort et on ne connait jamais sa propre mort ,c’est toujours la mort de l’autre « .
    Que ces anciens soient recueillis dans le royaume de DIEU .
    Et , il ajoute ,un tantinet , humoriste « :quand la mort est là , on n’est plus là et quand la mort n’est pas là ,on est là …

  4. val de Nantes . dit :

    @jean de DIEU ?
    Grosse validation . Quand un pays en vient à insulter l’intelligence ,les conséquences sont de nature volcanique .
    Nous payons les effets thermiques et invivables des larves chaudes sécrétées par ce tribalisme patronymique appliqué à la gouvernance du pays .
    N’est intelligent que celui dont l’ethnie correspond à celle du chef .Combien des cadres multi -compétents ont demandé à SASSOU de revoir son logiciel mental pour une construction du pays fondée sur la seule qualité professionnelle et non sur l’appartenance à la tribu du pouvoir ?.
    Depuis quand , une tribu devient un critère de compétences ?..

  5. Pascal Malanda dit :

    Cher aîné Ouabari,

    Je comprends votre sentiment face à cette image. Le temps s’est figé, l’instant d’un clic de l’appareil photo. Mais il a aussitôt repris son cours. Et comme dans un train, les passagers descendent un à un à leurs gares. Vous êtes resté le seul passager de ce wagon. La disparition du vieux Christophe vous rappelle la finitude de notre existence terrestre. Malheureusement, nombreux sont ceux qui entretiennent l’illusion que la mort ne frappe que les autres.
    Le vieux Christophe est parti. Je garderai en souvenir ce jour de juillet 2015 où je lui ai rendu une visite de courtoisie. Il souffrait d’un palu, mais avait accepté de me recevoir.
    J’étais surpris de le voir enfourcher le cheval du débat politique, malgré la fièvre qui le rongeait. Je n’ai pas raté l’occasion pour lui rappeler l’échec de leur génération, de votre génération, cher Ouabari. Par courtoisie, j’avais écourté ma visite, car je le sentais fatigué.
    Oui, doyen Ouabari, votre génération porte une énorme responsabilité. Vous avez contribué (volontairement ou pas) au gâchis qui a conduit à la destruction des acquis de la Conférence Nationale Souveraine. Dernier des Mohicans sur cette photo historique, vous avez le devoir de mettre votre expérience au service du renouveau national.
    Vous appartenez à la génération de Sassou. Quel héritage laissez-vous à la jeunesse congolaise? Un pays ruiné, divisé et enseveli sous les torrents de boue des es anti-valeurs.
    Soyez un bâtisseur de ponts, un constructeur de passerelles pour jeter les bases d’un après-Sassou consensuel dans une justice réparatrice, sans haine ni vengeance.
    Je vous invite à la transcendance et au dépassement de soi dans un esprit d’humilité.

    Je comprends votre tristesse face au vide que laisse le départ de Moukouéké, mais soyez rassuré que la mort est ce que tous les humains ont en partage.

  6. Isidore AYA TONGA 100% Intérêt général dit :

    DENIS SASSOU NGUESSO, SACHE LE BIEN, DANS 100% DE CAS, NOUS, NORDISTES PATRIOTES, NOUS DONNERONS, SANS SCRUPULE, LE POUVOIR AUX PATRIOTES SUDISTES… CASSE-TOI PAUVRE HAINEUX, XENOPHOBE ET CRIMINEL A LA FOIS…

    HUMILIATION ABUSIVE ET EMPRISONNEMENT CYNIQUE DE J3M MOKOKO PAR SASSOU: JUSQU’OÙ PEUT-IL ALLER ? https://www.youtube.com/watch?v=L-pAB8VA3rY

  7. VAL DE NANTES : dit :

    @Malanda ,
    Vous avez dit « : le dernier des Mohicans « ,vous me ramenez au pays ,notamment aux cinémas LUX ET STAR .
    Le doyen OUABARRI ,directeur de la D.O.B dans les années 79 et 80 ,quelle galère pour les non initiés .!!!.
    J’en garde un très mauvais souvenir ,car ce doyen fut hors -sol des questions sociales liées au statut du nouveau bachelier de l’époque .
    Bon bref , heureusement que le temps finit par l’emporter sur les vanités terrestres .
    La D.O.B avait pris l’allure d’un sanctuaire inaccessible au commun des mortels ,il fallait montrer patte blanche pour y être reçu .Nous passâmes par d’autres subterfuges pour nous voir octroyer un petit chouia d’orientation crédible , en dépit du contenu de vos bulletins scolaires …
    AAAAH LA VIE …PASSI MINGUIIIII.
    Quand aux reproches lissants et tièdes à son égard me semblent aller de soi . Cette génération politique a déposé le fardeau de la maldonne politique sur celles qui les suivent .
    Comme dirait ARISTOTE : Cette génération est le premier moteur qui a mis en mouvement cette série d’échecs politiques actuels de laquelle le CONGO a du mal à s’extirper .Leur représentant SASSOU reste le maître de la boussole congolaise .

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