Pour la première fois dans son histoire, la SAPE va prendre véritablement une figure d’élément majeur dans les beaux-arts, pour la réalisation de ce premier festival qui se tient à l’Espace Venise à Sarcelles, en banlieue parisienne, ce vendredi 7 juin 2013.
Depuis plus de cinquante ans déjà, nous vivons, charnellement vaniteux, du souvenir des années Cha-Cha-Cha, années de décolonisation, des indépendances africaines que nous nous plaisons à citer et à proclamer haut. Ces années de liberté, de bonheur et de solidarité.
C’est un fait qu’il suffisait, au milieu du XXème siècle, et d’une manière très tangible, d’être élégant, éduqué et tolérant pour se faire accepter dans toutes les cérémonies d’Afrique, dans l’ensemble des sociétés des ambianceurs et des milieux du savoir-vivre et, d’une façon générale, de la plupart des gens distingués ou cultivés du continent africain.
Du Cap à Kinshasa, de Brazzaville à Abidjan, d’Accra à Cotonou et de Bamako à Tunis. A Nairobi et à Mombassa, la SAPE dispose aussi d’une place privilégiée chez les gens du black gotha, où l’on entend donner à ce concept un rôle de premier plan dans le développement intellectuel et extracommunautaire, et à la formation des cadres du système diplomatique.
Elle est un des principaux instruments des échanges interculturels, joue un rôle complémentaire par l’accès qu’elle offre au monde moderne, à l’art et à ses techniques. Nous savons pour l’avoir maintes fois constaté, que l’existence de ce vaste phénomène est présente au théâtre, au cinéma, dans la musique, dans la littérature, dans les arts plastiques et dans diverses manifestations culturelles.
Souvenons-nous de Djo Balard dans « Black Mic Mac » avec le facétieux Jacques Villeret, d’Alain Mabanckou avec son « Black bazar », des chroniques de Robert Brazza, d’Eugénie Diécky, de Manu Dibango, de Francis Laloupo à Africa numéro 1. Papa Wemba est excellent quand il nous chante proclamation et matébu, une maîtrise d’un art où le concept de sapeur peut préciser, pour celui qui le perçoit, un mode d’établissement mutuel de camaraderie, malgré les commérages et les rumeurs selon lesquels la Sape ne serait constituée que de fêtards charismatiques, à fortiori.
Régalez-vous de la chronique culturelle d’Aimé Eyengué pour « l’autre Afrik ». Chéri Samba, un peintre naïf zaïrois mondialement connu a fait des sapeurs, dans son œuvre picturale, des acteurs principaux.
Le moins que l’on puisse dire, toutefois, c’est que les institutions de la francophonie l’ont adoptée. Des peintres du genre pompier haïtien (école du douanier Rousseau), des plasticiens de l’école de Poto-Poto, du musée Drapper aux expériences d’éducation vestimentaire de l’école de Manchester, la SAPE se trouve à son summum et parmi tant d’autres, les fabuleux travaux fondamentaux du sociologue le Professeur Justin Gandoulou ainsi que ceux de la chilienne anthropologue Mari- José Pavlovic sur la manière d’être des sapeurs en Occident et en Afrique.
Les instruments de valeur ajoutée de ce phénomène existent bel et bien en Europe avec des cafés de sapeurs, des salons de coiffure, des restaurants et des night-clubs.
Après la période transitoire des années 2000, où les perspectives ont été très encourageantes, la croissance en volume de son activité se chiffre certainement en millions d’euros. Cette valeur peut doubler si nous ne sommes pas bloqués par un certain amateurisme.
Dans ce concept, depuis lors, nous avons rapprochés les contigüités et les ressemblances, les virtualités et les potentialités.
De l’Afrique du Sud en passant par l’Afrique Bantoue jusqu’au Maghreb, nous avons réussi un possible qui s’acharne à passer pour du réel.
Des traditions ancestrales africaines de la parure, d’onguent, de camphre et de musc jusqu’à l’élégance british de Savile Row et le chic français de l’avenue Montaigne, notre concept assure les marges des transitions dans le monde de la mode.
Pourquoi, en effet, une telle représentation suscite-t-elle ce sentiment bouleversant d’émerveillement et d’affirmation ?
La SAPE a créé un monde poétique et surprenant. La bonne conduite de ce cénacle est toujours liée à un vif sentiment de l’honneur.
Dans les années qui viendront, nous verrons si les éléments d’une prospective, d’un avenir commun à tous les sapeurs peuvent être établis pour mener à bien les cérémonies sous la forme d’ateliers structurés avec l’aide de spécialistes de la question et de consultants extérieurs.
Avec toutes ces implications opérationnelles, nous transformerons nos savoirs en opinions, nos savoir-faire en termes de stratégies et d’actions.
Dans nos prochaines séances de travail, la question sera de savoir : que recouvrent les modalités organisationnelles des sapeurs ? Y compris celles qui peuvent favoriser la diffusion d’une problématique récurrente : qui sommes-nous ?
Le problème de l’identité étant celui du fondement de l’obligation de l’entraide envers l’autre. Et, du reste, nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Ce sont toujours les gens laborieux, les gens justes qui forgent l’avenir avec succès. L’intelligence de tous les hommes trouve leur repos dans la vérité.
Ne pas considérer la SAPE est une attitude dépassée fondée sur l’ignorance et le sectarisme, c’est un sentiment d’enthousiasme, de dignité et d’espérance que d’être dans cette confrérie. Notre message civique, au quotidien est de communiquer avec l’autre.
Qu’il est magnifique d’admirer toutes ces joutes oratoires, comme dans l’agora grecque, de savoir parler en public, d’argumenter et de débattre, le sapeur a l’art oratoire comme les sophistes auprès des jeunes athéniens ambitieux qui voulaient jouer un rôle et se faire un nom en société. Le sapeur appelle une autre éducation morale, qui suscite l’initiative, qui éduque le raisonnement critique.
Témoins de notre époque, nous sommes liés les uns aux autres, c’est une assemblée destinée à abolir les incertitudes de la vie.
Michel MAHOUNGOU-KANDZA dit : « Dina MAHOUNGOU » écrivain journaliste médias.
Auteur du roman : « Agonies en Françafrique » aux éditions l’Harmattan (2010)
Auteur du recueil de nouvelles : « Les parodies du bonheur » aux éditons Bénévent (2012).
Diffusé le 8 juin 2013 , par www.congo-liberty.org
Eloge de la différence.
Aux jeunes Africains qui liraient le texte ci-dessus, retenez que la vraie SAPE qui libère réellement, est une certaine idée de l’avenir et une certaine conception des êtres qui vivront ce lendemain.
Votre destin personnel et celui de la culture de notre continent sont aujourd’hui des énigmes bien obscures. Aussi, « faîtes vos classes »! Passez et repassez les examens ou concours.
La SAPE c’est entreprendre ses études, terminer à tout prix une formation qualifiante. Cette SAPE-là consiste à prendre en quelque sorte, un train qui mène vers la LIBERTE (sauf accident).
Les diplômes ,en ce temps-ci représentent la SAPE de valeur-or. L’ordre de la stabilité est d’être et non d’avoir !
Jeunesse africaine, évitez donc les passions aveugles et le gaspillage des valeurs éprouvées. Ayez la phobie du paraître ou du mépris pour toute forme d’aliénation !