FMI : fin de l’impunité et code éthique strict pour Christine Lagarde ?

Madame Christine Lagarde a pris, mardi 05 juillet 2011, les rênes du FMI. Une lettre d’introduction lui a rappelé les règles d’éthique.

Plus question d’entacher l’image du FMI. Au premier jour de sa prise de fonction, les consignes sont strictes pour Christine Lagarde. « En tant que directrice générale vous devrez observer les règles d’éthiques les plus élevées, respecter les valeurs d’intégrité, d’impartialité et de discrétion », impose ainsi le conseil d’Administration du Fonds monétaire international dans une lettre publiée sur son site. »Vous devrez même éviter de donner l’apparence d’une mauvaise conduite », précise ce document. Loyauté exigée et conflits d’intérêts proscrits pour l’ancienne ministre de l’Economie française qui devra suivre une formation spéciale sur les règles d’éthique.

Le Conseil d’Administration fait bien d’insister sur ces règles, elles ont été largement bafouées, dernièrement, par une partie du Personnel. Les termes de cette lettre d’introduction n’ont bien entendu rien à voir avec le parcours antérieur de Madame Lagarde. Il semblerait que le Conseil d’Administration du FMI ait fait davantage référence à l’effacement de la dette congolaise, avec ses rumeurs de corruption massive de hauts responsables du FMI, qu’à l’affaire de mœurs newyorkaise à laquelle serait mêlé son ex-Directeur Général.

Cette lettre à Madame Christine Lagarde n’est pas sans rappeler les faits que je n’ai cessé de dénoncer : les conflits d’intérêts, les proximités criminelles et le manque d’impartialité (en particulier sur mon blog http://sergeberrebi.over-blog.com ). Quant au manque d’intégrité, pour ceux qui ont accordé le Point d’Achèvement, si ce n’est pas le cas alors comment expliquer les rapports validés, complètement et sciemment falsifiés, malgré les vives protestations de certains intéressés et de certaines victimes dont je suis ?

Il n’est pas question d’effleurer, ni d’ajouter aux embarras personnels et privés de l’ex-Directeur Général du Fonds Monétaire International, mais à la lumière des faits précis et indiscutablement documentés que je n’ai de cesse depuis des mois de porter sur la place publique, Madame Christine Lagarde ne pourra soustraire, à une enquête approfondie, le Personnel impliqué dans l’attribution du Point d’Achèvement au programme PPTE de la République du Congo. Les véritables responsables ne seront pas à chercher au service d’impression des rapports ou de leur mise en ligne…

Il faut rappeler que les rumeurs, de Brazzaville, laissaient entendre une corruption qui se chiffrait en centaines de millions de dollars, de l’ordre de 500 millions ! L’objectif étant un effacement de dettes de 5 à 6 milliards de dollars, comment ne pas prêter oreille à une « rémunération » équivalente à 10% de ce montant pour atteindre le Point d’Achèvement  (passage obligé pour le coup d’éponge magique du Club de Paris à un pays comme le Congo Brazzaville de Sassou NGuesso qui ne le méritait pas) !

C’est un « nettoyage » en profondeur qu’il faudra bien déclencher à Washington !

Le pire dans cette affaire est qu’aujourd’hui le président congolais, Denis Sassou NGuesso, n’a en rien réduit la pauvreté dans son pays mais augmenté les détournements. Les épidémies de polio, de rougeole et de chikungunya se succèdent en attendant le choléra. Des centaines de victimes, des milliers de cas, sans que les autorités, toutes à leur  train de vie de nababs, n’élaborent de véritables plans sanitaires. Les rapports flattaient faussement une transparence atteinte dans la gestion de la ressource pétrolière et des avoirs, le Chef de l’Etat congolais se justifie du contraire:
« La question de la gestion des ressources pétrolières du Congo n’est pas passée sous silence. Le Chef de l’Etat congolais s’est adressé particulièrement aux « donneurs de leçons » « Nous n’accordons pas une grande importance au bruit qui se fait à l’extérieur au sujet de la gestion de nos ressources et de nos avoirs, surtout lorsqu’il s’agit de donneurs de leçon qui sont restés des siècles en Afrique et qui ont passé leur temps à exploiter les peuples d’Afrique. On peut multiplier les exemples, après un siècle de colonisation, nous avons eu à peine 15 MW installés au barrage du Djoué, rien d’autre. Le Congo n’avait aucun kilomètre de routes bitumées en dehors de quelques rues à Brazzaville, Pointe-Noire et deux ruelles à Dolisie. Nous n’avons pas encore réussi mais nous nous efforçons de créer les conditions du développement en mettant en place les quelques infrastructures de base que nous venons de visiter. Nous poursuivrons notre chemin calmement. D’ailleurs, l’atteinte par le Congo du point d’achèvement de l’initiative des pays pauvres très endettés ainsi que l’exécution du programme très dur des institutions de Bretton Wood témoignent des progrès réalisés « . (les Dépêches de Brazzaville 30 juin 2011)

Nous le voyons, qu’au travers de cette déclaration récente, le pouvoir congolais, non content d’avoir indûment bénéficié de la générosité des contribuables des pays développés dans l’effacement de sa dette, se sert du point d’achèvement accordé par le FMI à la fin 2009  comme d’un certificat de bonne conduite pour abuser encore plus de sa population.

La responsabilité du personnel falsificateur du FMI n’en est que plus grande. L’Institution a, par ses rapports falsifiés, renforcé la dictature congolaise en lui attribuant faussement des mérites et en lui permettant d’abuser de la bonne foi des pays donateurs.

Kensington, un des fonds spéculatifs réglés sous la pression notamment du FMI, avait poursuivi Bruno Itoua, alors Directeur Général de la Société des Pétroles du Congo (SNPC), et la Banque BNP PARIBAS, à New York dans une action RICO Act (Rackeeter Influenced and Corrupt Organisations). Les responsables, actifs ou passifs de cette conspiration qui a mené à l’effacement de la dette congolaise, pourraient aussi  tomber sous le coup de cette loi très sévère…

Il convient pour l’image du FMI que les coupables soient poursuivis sans tarder.

Il serait souhaitable que l’effacement de la dette congolaise soit suspendu et que les Etats membres du Club de Paris soient rétablis dans leurs créances et dans leurs droits Cela du fait des faux rapports qui ont permis d’atteindre le Point d’Achèvement mais aussi par le refus de la Russie, Etat membre du Club de Paris, d’effacer la dette congolaise. L’égalité de traitement, principe cher au FMI et au Club de Paris, n’étant pas respectée, cette mesure de suspension de l’effacement ne s’en trouvera que confortée.

Pour terminer, les falsifications criminelles dont j’ai été victime de la part du Personnel du Fonds Monétaire International pour satisfaire la rancune d’un dictateur à l’égard d’un petit créancier, devront être réparées.

Ces recommandations, si elles étaient suivies, permettraient d’éviter d’écorner inutilement la réputation du FMI, dans une période où les populations de certains pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande, sont appelées à de lourds sacrifices par l’Institution.

Madame Christine Lagarde, dans une interview diffusée par ABC le dimanche 10 juillet, a rendu hommage à son prédécesseur et a eu ces mots : « Cependant, quand une institution perd son directeur général dans de telles circonstances, cela laisse clairement des blessures« , a-t-elle ajouté. Certaines personne sont très touchées. D’autres se sentent trahies. C’est une étrange alchimie, faite de frustration, d’irritation, parfois de colère, et parfois également d’une tristesse très forte« . Avec le très grand respect que j’éprouve pour Madame Lagarde, je me permets de lui adresser ce commentaire : « Victime de falsifications criminelles de la part de quelques employés du FMI, je crois reconnaitre dans votre propos les sentiments qui m’assaillent ! »

Les droits de tous, des contribuables et de moi-même, sont entiers et loin d’être prescrits pour attaquer et poursuivre le FMI et son Personnel. L’immunité ne rimera pas forcément avec impunité.

 

Serge Berrebi

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