Deuxième coup d’État au Mali : Macron demande à la junte de revenir à la « légalité » constitutionnelle du premier coup d’État.

A Bruxelles pour discuter du cas de la Biélorussie, le président Macron a répondu à un journaliste qu’il était temps, voire indispensable pour la junte malienne, de revenir au cas du premier coup d’État qui prévoyait une transition de 18 mois. Le président Macron a été insistant et très clair, il pèsera de tout son poids pour que le Colonel Assimi Goita revienne à des sentiments et à une gouvernance conforme à ce qu’il semble avoir été négocié avec Paris. Sans avoir les preuves de ceci, force est de constater que la parole présidentielle française pèse de tout son poids car la France paie un lourd tribu avec la force Barkhane pour défendre l’espace des trois frontières, Burkina-Faso/Mali/Niger (on peut rajouter le Tchad), qui sont sous la menace djihadiste.

Le deuxième coup d’État de la junte malienne aux motifs que quatre ministères importants, dont celui de la défense, n’ont pas été attribués aux affidés du colonel Assimi, montre que le modèle démocratique a du mal à s’installer en Afrique. On préfère un système politique dominé par le réseau. Les intellectuels africains, auxquels on a vendu le multipartisme moderne (conférence de La Baule par François Mitterrand dans les années 90) et les valeurs démocratiques, doivent se ronger les ongles car dans l’espace francophone, ce sont les vieux schémas (résurgence du parti unique) qui existent et qui doivent subsister au nom de la stabilité politique et des intérêts économiques. La France a accepté un modèle anti-démocratique au Tchad avec la suspension de toutes les institutions dites démocratiques, comme l’Assemblée ou le Sénat, et tempête néanmoins contre le deuxième coup d’État au Mali. Que va faire le colonel Assimi ? Acceptera-t-il les injonctions de la France au nom de la lutte contre le djihadisme dont la France est le fer de lance ? Décidera-t-il de tracer son propre chemin en fonction des intérêts propres du peuple malien ? Mais de quels intérêts s’agit-il quand le Mali est dépendant pour sa sécurité de Paris et de la force européenne ?

Il faut que les intellectuels africains sortent des livres de droit international et de science politique dont ils sont prisonniers et regardent la géopolitique pratique du monde en face. Les Etats africains de l’Afrique francophone n’ont pas d’armée capable d’assurer l’intégrité territoriale de leurs Etats. Ils n’ont ni avion, ni armée organisée pour combattre un ennemi venu de l’extérieur comme le djihadisme islamiste. Les Africains, plus prompts au bavardage qu’à l’analyse réelle du terrain, ne peuvent ni défendre leurs populations et résister face à un ennemi extérieur et encore moins les nourrir. La société civile dont IBK était le représentant a montré son incapacité chronique dans la gouvernance du Mali. Les batailles dites démocratiques tournaient autour des privilèges et de l’enrichissement des personnels politiques. C’est vrai pour le Mali, comme pour la plupart des pays d’Afrique noire francophone. Il en est résulté le coup d’État du colonel Assimi Goita qui ne peut rien refuser à Paris qui veille à la sécurité du Mali pour le bien-être des Maliens, des Burkinabés, des Nigériens, des Tchadiens et pour ses intérêts économiques propres. La France, par l’intermédiaire du président Macron, a demandé le retour de la légalité constitutionnelle. De quelle constitution s’agit-il ? De l’ancienne, celle d’IBK suspendue, ou de la nouvelle, celle initiée par le gouvernement de transition ?

La France est très claire et le message est subliminal : la stabilité politique doit demeurer le paysage de fond du Mali et de celui des autres pays africains francophones. Les intellectuels et démocrates africains ont le droit de dénoncer cette façon de faire ,mais ils n’ont pas de moyen pour peser sur les décisions françaises concernant l’Afrique noire car la France est à la fois juge et partie.

Paradoxalement, la plupart des intellectuels africains qui veulent un changement dit démocratique en Afrique, se trouvent en France et demandent à celle-ci qu’elle les aide. Nous sommes dans un monde à l’envers, dans un univers de fou. Comment la France peut-elle se tirer une balle dans le pied en accédant à ce qu’elle considère comme chaotique, à savoir le modèle démocratique pour l’Afrique. Jacques Chirac l’avait dit, tous les intellectuels derrière leur écran d’ordinateur ont désapprouvé cette façon de faire. Le président Macron, plus subtil, réaffirme le concept de non-démocratie, sans le dire, et de plus de stabilité pour l’Afrique francophone avec des choix déséquilibrés mais compréhensibles pour la France : ce qui est valable pour le Tchad ne l’est pas pour le Mali. Circulez, il n’y a rien à voir.

Alors intellectuels et démocrates africains, méditez et réfléchissez en évitant des insultes et des invectives inutiles envers la France qui poursuit son chemin et qui vous donne le gîte et le couvert.

Lucien PAMBOU

Diffusé le 25 mai 2021, par www.congo-liberty.org

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3 réponses à Deuxième coup d’État au Mali : Macron demande à la junte de revenir à la « légalité » constitutionnelle du premier coup d’État.

  1. VAL DE NANTES : dit :

    Le moralisme politique dont fait preuve @grd pambou est comme « le télos » de la salive qui revient sur votre figure quand vous l’avez éjecté verticalement sur vous …
    Cette satire PAMBOUIENNE nous invite à l’aphasie avant de réfuter certains arguments remplis de cartouches létales . Suivez le regard du @grd PAMBOU .
    Nous sommes collectivement responsables de l’ état de soumission dans lequel nous nous plaisons intellectuellement …Au moins j’aurai admis une partie de reproche adressé à tout le monde .Mais ,pas trop …
    Les diplômes en droit international et en science politique ne sont pas un gage de perspicacité intellectuelle pour contester une pensée qui offense l’existence d’un peuple dont vous faites partie . L’esclave a toujours un devoir de reconnaissance au maître dont il assure la science . l’émancipation est synonyme de libération ,car elle met en exergue l’exercice d’une pensée indépendante ,seule ,capable de confirmer et d’infirmer
    la volonté de transgresser l’ordre préétabli .
    Lorsque votre source de breuvage vient du lait maternel , il est difficile de remiser sur la certitude d’en trouver une autre . C’est le paradoxe du chien tenu en laisse qui aboie sans mordre .Telle est la nature de la relation incestueuse qui met aux prises ceux qui veulent prendre le large vis à vis de la France et ceux dont le cordon intellectuel reste dépendant du magistère français .
    Ils dénoncent le monstre mais la faiblesse de leurs propositions institutionnelles les y ramènent .
    Un fois de plus ,c’est à LOUIS PASTEUR QUE NOUS RENDRONS HOMMAGE , qui disait : » peu de science ,nous éloigne de DIEU , BEAUCOUP de science nous y ramène « .
    En métaphorisant ,je dirai que » : moins de France dans la conception de notre trame institutionnelle , plus de FRANCE nous condamne à la médiocrité .

  2. Val de Nantes . dit :

    lire , la moraline politique dont fait preuve etc . Ce qui veut dire l’excès de morale politique .
    Si la FRANCE reste notre source d’inspiration intellectuelle ,nous serons éternellement porteurs des valises des français .Il est des moments où il faudrait remuer le couteau dans la plaie ,se faire mal et s’orienter vers le bon sens politique dénué de tout calcul individuel pour prioriser l’intérêt national .
    S’accrocher à des temples où le divin reste invisible relève d’une véritable ignorance . Seul le combat d’idées innovantes demeure la garantie de sortie de pauvreté congolaise . Les fonctions politiques tirées des institutions ne sont que des mots ,des noms sans une réelle incidence sur l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes .Il y a lieu de distinguer le but d’une idée de la libido dominatio de certains de nos compatriotes qui croient détenir par devers eux le salut libérateur du CONGO du simple fait de leur présence au sommet du pays …
    Le CONGO se devrait de faire le deuil des vieilles lunes surannées ,n’allumant plus ,car jugées inadaptées au dimensionnement d’un CONGO en pleine mutation .
    Comment oser faire porter au nouveau CONGO un costume de 32 ,alors que ce CONGO a atteint l’age adulte pour un costume de 52 ?
    Questionner le nanisme économique dont est atteint le CONGO ,c’est se poser la question de l’utilité économique que recouvrent nos régions …
    C’est de l’idée géniale que viendra la solution à toutes les problématiques diverses auxquelles le CONGO ne cesse de faire face .
    Tout le monde peut être président , est- ce pour autant que tout le monde a une idée dont le contenu pourrait substantiellement changer le cours de l’histoire sociale ,économique et politique de notre pays ?.
    Averroés , philosophe médiéval , arabe ,platonicien ,disait : »il ya une hiérarchisation de l’intelligence . »
    Le fourre tout congolais ,ce mille feuille institutionnel , est la preuve de notre incapacité congénitale à défier la réalité de la cause des maux de notre pays .

  3. Pambou Lucien Mkaya Mvoka dit :

    A Val de Nantes/ De la difficulté pour ouvrir une grande page de réflexions sur des idées profondes au sein de la diaspora congolaise en France

    Vous le dites avec sans froid, tel un reptilien: les hommes politiques congolais en France sont confrontés à une difficulté, comment critiquer la France et comment continuer à y habiter ? Cela est vrai aussi pour la diaspora congolaise en France. Le président Sassou le sait et il en joue stratégiquement pour renforcer son pouvoir réseautale. Doit-on l’en blâmer ? Doit-on le féliciter ? L’observateur politique modeste, que je suis, essaie de comprendre pourquoi c’est ainsi. Il y a dans l’homme Sassou, que j’ai interviewé, de la malice, de la connaissance des Congolais de façon intime pour avoir été longtemps directeur de la sécurité et ministre de la défense.

    Sassou a été réélu, mal ou bien. Il gouverne le pays avec ses généraux, comme dirait Patrice Aimé Miakassissa. Où se trouve cette alternative de leaders politiques capables d’opposer un programme politique d’alternance crédible au président Sassou ? Au-delà du modèle fédéraliste dont vous êtes l’un des dépositaires avec l’un de ses façonneurs-constructeurs Londi, que faites-vous pour sensibiliser, non par des interpellations loghorriques, mais par des actes concrets la diaspora congolaise dans l’opposition et orpheline d’elle-même. On peut se rapprocher de Dieu pour plus de science comme vous le dites, encore faut-il que cela ne reste pas du domaine de la divination et de la seule contemplation métaphorique et euphorisante.

    On prépare l’avenir dans le présent et non lorsque l’avenir est là. Ce sont des remarques de méthode car je ne suis que simple analyste politique et que je travaille ni pour le compte de Sassou, ni pour celui de l’opposition mais pour ce beau pays, le Congo éternel que Pascal Malanda déifie sur ce site Congoliberty.

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