Débat sur la modification de la constitution de Sassou Nguesso : Un aveu d’échec de la Résistance . Par Mingwa mia Biango

Mingwa mia BiangoNul n’est censé ignorer la loi, et encore moins, celle qui fonde et encadre juridiquement le fonctionnement d’un Etat, c’est à dire la constitution d’un pays.

La constitution est au sommet de l’ordre juridique, et tout acte juridique doit être conforme à ses prescriptions. C’est ce qu’on appelle la constitutionnalité de la loi. Les décisions relatives au contrôle de constitutionnalité des normes sont de la compétence, de la cour suprême aux États-Unis et du conseil constitutionnel en France.

Mais les principes constitutionnels ci-dessus édictés s’appliquent dans les pays dits démocratiques, où personne n’est au-dessus de la loi, y compris le Président, contrairement au pays dictatoriaux comme le Congo-Brazzaville.

En effet, dans un régime dictatorial, le tyran est au-dessus de la constitution qui n’est qu’artifice et non l’inverse. Il y a d’abord le despote éclairé, sa famille, ses courtisans, et ensuite seulement la constitution comme habillage constitutionnel et leurre « démocratique ».

Dans son ouvrage « Le régime parlementaire », le constitutionnaliste français Jean Philippe Feldman, ne dit pas autre chose « la constitution pour les régimes autocratiques, remplit le plus souvent un rôle publicitaire destiné aux bailleurs de fonds internationaux en couvrant du voile pudique de la démocratisation et du multipartisme la concentration et la personnalisation du pouvoir »

Depuis quelques semaines, le débat politique au Congo-Brazzaville se focalise sur une éventuelle et probable modification des articles 57 et 58 de la constitution illégale du 20 janvier 2002 de Sassou Nguesso.

Ces deux articles stipulent respectivement l’interdiction de briguer un 3e mandat présidentiel consécutif, et limite à soixante-dix ans l’âge des candidats à la magistrature suprême. Au grand dam de « l’homme des masses », tel est pris, qui croyait prendre. Ces deux (2) articles s’appliquent à lui.

Constitution illégale car sœur cadette de l’Acte Fondamental du 24 octobre 1997, que Sassou Nguesso imposa lorsqu’avec l’armée angolaise, ils déposèrent les institutions démocratiquement élues , donnant par la même occasion un coup de grâce à la constitution du 15 juin 1992, plébiscitée par référendum par plus de 90% du peuple.

Ce qui m’interpelle dans ce débat n’est ni le fond, ni la forme de cette constitution qui à mon sens est une aberration juridique. Mais ce qui me stupéfait et m’abasourdit, c’est l’argumentaire de certains d’entre nous qui luttent pour la restauration de la démocratie au Congo-Brazzaville, criant à cor et à cri, que Sassou Nguesso devra se retirer à la fin de son mandat en 2016, comme le prescrit sa propre constitution. C’est vraiment une FAUSSE BONNE IDÉE, et pourquoi ?

  • Je ne veux pas faire un procès d’intention à qui que soit, mais vouloir que Sassou Nguesso aille jusqu’au terme de son mandat, c’est implicitement accepté que d’ici à l’an 2016, c’est à dire pendant trois longues années encore, lui-même et son clan continuent à piller les richesses de notre pays, prolongeant ainsi,le calvaire que nos populations endurent depuis son retour au pouvoir .
  • Comment peut-on attendre d’un putschiste décomplexé et récidiviste, qui consciemment a écrasé la constitution de juin 1992, avec elle des milliers de congolais, qu’il se retire de son plein gré à la fin de son mandat illégal en 2016 ?
  • Comment attendre de Sassou Nguesso qu’il respecte sa constitution, lorsque lui-même l’ayant violé à plusieurs reprises, et je ne citerai que la nomination d’un Premier Ministre qui n’est nullement mentionné dans sa constitution de 2002. Isidore Mvouba fut bien nommé à ce poste le 7 janvier 2005, en violation flagrante de celle-ci, et sans qu’elle ne soit amendée.
  • Enfin, c’est tout simplement une très mauvaise idée car tous les juristes vous le diront tous textes est modifiable et amendable.

Ne soyons pas paranoïaque, parmi les militants politiques qui attendent naïvement que Sassou Nguesso se retire du pouvoir en 2016 sur les bords de l’Alima, l’invitant à respecter les articles 57 et 58 de sa propre constitution, il y a surtout une mauvaise lecture de l’histoire et la méconnaissance du personnage qui est actuellement au pouvoir à Brazzaville.

Pour ma part, cette stratégie est avant tout, L’AVEU DE NOTRE ÉCHEC A TOUS contre la dictature de Brazzaville. Autant en appeler à la providence, au Bon Dieu…ceci étant la conséquence logique de notre inorganisation politique face à une dictature militaro-financière percevant tous les mois, pas moins d’un (1) milliards de dollars US de recette pétrolière, lui donnant les moyens de sa politique de corruption, tant sur le plan national, qu’international.

A un pouvoir tyrannique et brutal comme la dictature de Brazzaville, il faut opposer d’autres formes de résistance, pour inverser le rapport de force.

La première forme de Résistance dont les Congolais doivent s’emparer est la désobéissance civile pacifique. Plus facile à dire qu’à faire me diriez-vous, les congolais abusés et trahis par les politiques et traumatisés par les différentes guerres n’ont plus le cœur à l’ouvrage, et ne descendront pas dans la rue ?

Regardons l’histoire et les différentes formes prises par les contestations populaires non-violentes. L’une d’entre elles a particulièrement retenu mon attention : Le concert des casseroles pratiqué vers la fin de la guerre d’Algérie en 1961 par l’O.A.S, et reprise plus tard en Amérique du sud sous l’appellation cacerolada.

L’idée est de mobiliser nos populations afin qu’elles adhèrent à des concerts nocturnes de casseroles en restant chez elles, pour faire comprendre au pouvoir de Brazzaville son mécontentement !

En ce qui concerne la deuxième étape, elle consistera à […]

Je ne vais pas non plus tout dévoiler à nos adversaires politiques, car le moment venu, pourvu que la stratégie de cacerolada, que nous rebaptiserons au Congo-Brazzaville « nzungu ya kala » réussisse, je saurai communiquer à qui de droit la suite notre de stratégie.

Mingwa mia Biango 

Cercle de réflexion pour des idées nouvelles 

www.congo-liberty.org

Diffusé le 24 mars 2013

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5 réponses à Débat sur la modification de la constitution de Sassou Nguesso : Un aveu d’échec de la Résistance . Par Mingwa mia Biango

  1. Ndiaye Mallick dit :

    J’interviens juste sur un point notamment la mise en place de la stratégie de Nzungu ya kala. Ce n’est pas une première dans notre pays. L’opposition l’a proposé avant les élections présidentielles de 2009 et cela n’a pas marché. Pourquoi ? Les quartiers sont quadrillés par les barbouzes du pouvoir et les gens craignaient de représailles. A suivre

  2. Georges, Goma-Gakissa dit :

    Vous tenez là un très bel argumentaire auquel je souscris entièrement. La confusion souvent faite entre opposition et resistance est particulièrement préjudiciable. Ladite opposition m’est apparue factice quand la résistance a souvent été moins vocal notamment par rapport à l’occupation de l’espace au Congo. L’action de la résistance loin du Congo me semble une chimère car on sait bien la nature de l’action de la résistance en France, en Algérie et ailleurs. Tant que cette clarification conceptuelle n’est pas opérée, il sera difficile de mener une action référentielle efficace et productive. Au début, il y a toujours été la lettre et ensuite vient l’action. Une fois de plus, félicitation pour votre article.

  3. J. NIGER dit :

    C’est juste, un despote ne peut céder librement le pouvoir. Sassou sait que la justice congolaise ne l’épargnera pas. Aussi, va-t-il s’accrocher au pouvoir par tous les moyens les plus sordides.

    En effet,il n’est pas de semaine,et parfois de jour,sans que la radio trottoir et les journaux,ne fassent état de vol des deniers publics. Des sommes à rendre fou! Les fossoyeurs sont toujours les mêmes : les membres du clan au pouvoir.

    Ces incivilités récurrentes en viennent à former de manière globale l’opinion des Congolais. Aussi, face à un pouvoir mû par la barbarie, la grève générale serait un meilleur moyen de résistance. Mais il conviendra en amont, d’enseigner à la population l’art de faire une grève sans dégâts.

    Dans la Bible, pour venir à bout de l’oppression, souvenez-vous, que fit le peuple d’Israél? Voilà une autre piste.

  4. Révolution dit :

    Ce gars ne partira pas volontairement, dans leurs réunions et leurs sommeil c est grave….ne serions nous plus aux commandes dans 3 ans ? C est ce qui traîne dans leurs têtes…….pauvres de ces gens……….effectivement ils ne seront plus la. Le peuple agira en temps opportun……Mickey Sall arrive le lui conseiller,,,,,ouattara était aussi la pour lui demander de ne pas modifier la constitution,,,,,l affaire des biens mal acquis est très bien lancée…….sourires

  5. Kimserghis
    je pense que ce que vous venez d’évoquer est vrai mais moi je pense l’affirmation lui même Mr. Sassou. Nguesso lors de son message à la nation, je cite » on a le temps de les voir arriver » donc laissons pourrir les choses. Attendons juillet 2016 pour se manifester. Pour l’heure regardons ce que les politiques vont faire à propos de la question du changement ou non de la constitution

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