De l’inutilité de la fonction présidentielle en l’absence d’une Nation ou d’un Etat !

Il est évident, par simple observation, que l’Afrique francophone est le lieu de l’instabilité constitutionnelle et une zone de développement de dictatures dont certaines sont très féroces comme celle du Congo Brazzaville. Parallèlement à cela, l’observation des lois fondamentales contemporaines de cette partie de l’Afrique laisse apparaître une forte prégnance du modèle présidentiel qui donne tous les pouvoirs à un seul individu qui est un véritable monarque disposant de tous les pouvoirs comme le dénonçait Tocqueville. Sans efforts intellectuels excessifs, nous pouvons affirmer que l’option du régime présidentiel, dévoyé dans cette zone est associée aux pays situés au-dessous du seuil de la démocratie. Il y persiste une volonté d’installation d’un pouvoir exécutif fort.  Arrivés par des coups d’Etat militaires ou constitutionnels, les Monarques ou Empereurs restent au centre de la décision publique et du jeu politique. Il convient donc de se demander quelle est la véritable nature des régimes dits « présidentiels » qui prévaut majoritairement en Afrique francophone ?  Force est de constater que lors de l’essor du constitutionnalisme dans les années 1990 en Afrique, l’usine de production des constitutions n’a pas été à la hauteur de la pérennisation des jeunes démocraties pour replonger dans les heures noires du monopartisme et des exécutions sommaires ou des emprisonnements arbitraires des opposants.

En effet, il convient de souligner que l’articulation des pouvoirs dans le système présidentiel africain se fait quasi exclusivement à l’avantage du chef de l’État. Le Président de la République cumule l’autorité dont le nantit l’élection au suffrage universel truqué, la fixité du mandat avec les armes et la corruption pour son seul profit. Le pluralisme devient une chimère et la garantie des droits fondamentaux une façade destinée à endormir la communauté internationale. En effet, vingt-cinq ans après la vague des conférences nationales, beaucoup d’observateurs concluent que les textes fondamentaux ne servent qu’à couvrir les Présidents d’une apparence de légitimité des dictatures autocrates.

S’il est vrai que certains États du carré francophone africain brillent par un enracinement progressif de la démocratie, comme le Bénin, il convient de dire que la majorité est plutôt orientée vers le pouvoir absolu, surtout en Afrique centrale. Or, cette prépondérance présidentielle détruit l’équilibre des pouvoirs et entraîne inexorablement la dictature personnelle et l’arbitraire au point de s’interroger sur la nécessité d’une fonction présidentielle telle qu’elle est conçue dans un pays comme le Congo Brazzaville. Les Africains ont voulu se donner des institutions démocratiques et elles n’ont servi qu’à dissimuler le pouvoir autocratique derrière la prépondérance présidentielle. La rupture des années 1990 n’a donc pas eu lieu. Concrètement, nous vivons, à bien des égards, le retour à un présidentialisme absolu, qui s’inscrit dans le cadre du régime politique tyrannique et sanguinaire marqué par une personnalisation outrancière du pouvoir suivie d’une manipulation médiatique. Finalement, ce régime dans un contexte d’absence de Nations véritables et surtout des Etats dignes de ce nom n’est qu’une machine à fabriquer des dictatures qui ne durent que par la violence et la corruption. Il est donc facile d’affirmer que l’élection du Président au suffrage universel ne pourra jamais produire des résultats escomptés pour l’instauration de la démocratie et d’un Etat respectueux des droits humains fondamentaux parce que son réceptacle est pavé de partis ethnocentrés qui, dans leurs arrière-cours, se structurent autour de l’idéologie tribaliste.

C’est ce constat qui milite pour l’instauration du fédéralisme, étape incontournable pour la construction de vraies Nations et des Etats garantissant l’égalité de tous devant la Loi puisque le citoyen possédera une parcelle de la souveraineté par le principe de subsidiarité. C’est cette démarche qui a fait des Nations comme les Etats-Unis d’Amérique, la Suisse, la Belgique, l’Ethiopie … Chaque Etat fédéré ou Région ou Province sera maître de son destin tout en respectant la loi fédérale selon le principe de superposition des pouvoirs entre l’Etat fédéral et l’Etat fédéral ou Régional, la loi fédérale ayant la primauté sur la régionale. Tout cet ensemble est dirigé par un collège composé des gouverneurs issus des pouvoirs exécutifs des Etats fédérés ou Régions ou Provinces dont le Président n’est qu’un « primus inter pares » avec les seuls pouvoirs de représentation et d’arbitrage pour une durée de 2 ans non renouvelables comme tous les mandats exécutifs du Maire au Président. La continuité du pouvoir étant assurée par les Collèges respectifs de la Mairie à l’Etat fédéral en passant par les Etats fédérés ou Régions ou Provinces. 

David LONDI

Diffusé le 22 février 2022, par www.congo-liberty.com

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3 réponses à De l’inutilité de la fonction présidentielle en l’absence d’une Nation ou d’un Etat !

  1. Val de Nantes dit :

    Oui ,mon frangin@David londi .
    La clairvoyance doit précéder l’utopie ..
    En dépit de toute idéologie politique , nous ne pouvons accepter ,au vu des souffrances que nous a infligées Sassou ,en qualité de président de la république , que nous puissions retomber dans ces mêmes travers dictatoriaux…
    Que les congolais se saisissent de leur faculté de juger , c’est à dire celui de la raison de doter le Congo d’un système politique alliant pragmatisme politique et économique..
    Pourquoi il nous faut être pragmatiques ?
    C’est pour écarter les vielles lunes ou des institutions dépassées qui ne répondent pas aux attentes des congolais…et ce depuis très longtemps.
    Croire que la vie d’une nation dépend foncièrement de la présence d’un président de la république au sommet du pays est une véritable hérésie ,une aberration mentale….et une impiété intellectuelle…
    Sassou , pendant plus de 40 ans , nous aura démontré avec brio la futilité et le nihilisme de cette maldonne institutionnelle qu’est la fonction présidentielle..
    Qui mieux que Sassou ,du haut de ses insipides années de pouvoir ,peut nous y apporter la contradiction ?
    La balance risque et bénéfice ,si les choses restent en l’état ,est en faveur du risque …La probabilité de voir le Congo retomber dans une dictature exotique et ethnique est forte ..car c’est l’impensé institutionnel qui en est la cause ..Sassou n’en est que l’effet…
    La revanche sociale précède l’amour du pays .
    Pourquoi ?
    La réponse semble évidente .Si on s’en tient , ontologiquement ,au caractère revanchard de ces politiciens souvent faméliques ,sur fond de richesses personnelles.
    C’est comme donner la casserole pleine de nourriture à un mendiant…En résumé , la fonction présidentielle est un cadeau du ciel offert par un peuple naïf à un futur président revanchard…
    Et surtout , surtout , surtout , combien des cadavres congolais du fait de cette fonction présidentielle depuis l’assassinat de Marien …
    Rien que ça ,on peut effacer de notre tablette institutionnelle ce monstre institutionnel sans tromellos…..
    Quand au fédéralisme , comme l’une des alternatives politiques ,les congolais doivent en comprendre le fonctionnement et les bénéfices pour les convaincre de son utilité au Congo..La culture fédérale y sera diffusée par capillarité afin qu’ils s’imprègnent de la philosophie fédérale.
    La période transitoire évoquée par @Mwinga sera l’occasion de sa mise en œuvre…

  2. VAL de NANTES dit :

    lire ;; celle de la raison de doter le ..etc .
    Il nous faut d’abord faire tomber les chaines qui nous maintiennent prisonniers : qui le fera ?Une personne peut être .un groupe diasporique assurément .

    Mais au préalable ,la délivrance n’est donc pas collective ;c’est une démarche individuelle .Car l’activité de penser est toujours solitaire et subjective .Ceci pour dire que le fédéralisme , dont nous exaltons les vertus ,est d’abord une conviction idéologique et non une spéculation intellectuelle . C’est ainsi que nous invitons nos compatriotes diasporiques à s’y intéresser afin d’en savoir davantage sur le fédéralisme avant de nous objecter sur ce sujet ….

    Le criticisme Kantien repose sur les limites des prétentions de la raison ,qui croit tout expliquer .Le fédéralisme n’est pas exempt des critiques ,comme tout système politique ,mais il nous parait le moins mauvais possible, et facilement préférable aux systèmes politiques empreints des déséquilibres et des désordres humains , sociaux ,politiques et économiques que ceux qu’a connus notre pays depuis son indépendance …

    Du passé , faisons table en nous servant des idées disruptives et transformatrices .La création d’un nouveau CONGO est associée à la quête d’un paradigme économique ambitieux et sans complexe brisant les carcans néo -colonialistes ,colonialistes , clientélistes .et conspirationnistes ..

    D’où le fédéralisme a la prétention d’essentialiser l’économie inclusive ,comme facteur inévitable de développement intégral pour un pays qui aura été longtemps lésé par le fétichisme présidentiel.
    Une nation se construit sur la base d’un projet collectif où les différences ethniques sont mises dans un creuset national d’où sont exclues les discriminations de toutes sortes .
    C’est l’économie qui cimente l’unité nationale ,d’où surgit le bonheur national .

    La grande question à laquelle nous allons astreindre à répondre :c’est comment construire une économie nationale , conséquence d’une agrégation des économies régionales ?
    Y -a t-il un modèle économique qui nous permette d’atteindre les objectifs économiques et sociaux.
    La question reste ouverte .

    Sachez qu’au commencement était la politique ,mais sa pratique inintelligente a obscurci le ciel économique congolais ..D’où , au CONGO ,POST SASSOU , ce sera la victoire de l’économie sur la politique qui n’est qu’un simple sophisme adressé à un peuple (opiumé )…

    Pourquoi pas un président de la république muet et inactif dont le rôle est déposer les fleurs sur les tombes congolaises ,comme l’a suggéré notre vaillant compatriote @MWINGA …

    En ce qui me concerne ,vous avez aisément imaginé mon avis sur ce sujet :PLUS DE PRESIDENT AU CONGO .SASSOUFIT ……

  3. David Londi dit :

    Oui Val de Nantes,

    la construction de la Nation congolaise est restée à l’étape de promesse depuis l’indépendance. Ce pays n’a connu que 8 ans de démocratie en 63 ans, condition qui aurait permis de construire un Peuple donc une Nation. L’armée et l’école républicaines qui auraient servir de creusets pour la mixité des citoyens ont failli dans leurs missions respectives. L’armée est devenue une milice au service d’un système et l’école connaît des moments très difficiles et évolue dans une totale précarité. L’Etat qui doit assurer l’égalité de toutes les citoyennes et tous les citoyens est aux mains d’un gang de criminels et mafieux qui n’ont cessé de le diviser. Rappelons-nous du fameux « Bakongo ba bomi Marien », le 18 mars 1977 et du tristement célèbre du discours de Talangaï quand il affirme que « S’il m’arrivait de mourir à 11h, l’on ne parlerait plus du Nord à 15h. Ainsi, Sassou expose une partie de la population à la vindicte du reste du pays en 1977 et creuse le fossé de la division en 1999 parce qu’un Dictateur doit disposer d’un minimum de soutiens populaires pour durer au pouvoir. En réalité, les populations des parties septentrionales vivent les mêmes réalités socio-économiques mais le système les atomise. Toute cette situation résulte de la volonté de se maintenir au pouvoir coûte que coûte, rester Président, pour disposer de toutes les ressources du pays. Nous ne devons pas oublier les scandales financiers qui se chiffrent en milliards de dollars (14.000 milliards des générations futures; Panama, Paradise et Pandora Papers, etc.). Cette fonction de Président dans les républiques bananières n’ont aucun contre-pouvoir, ce sont des monarques qui disposent de toutes les richesses du pays pour corrompre la terre entière et ainsi s’affranchir des situations des populations qu’ils tuent et volent sans aucune sanction internationale. Cette fonction, dans ce contexte et avec les attributions actuelles, doit disparaître.

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