COP 25 : Sassou-Nguesso, du vert et des pas mûres

Par Maria Malagardis — 13 décembre 2019

EXTRAIT

Seul chef d’Etat africain invité à Madrid, le président de la République du Congo ne manque pas une occasion de s’afficher en héros de l’écologie. Très pratique pour faire oublier les accusations d’autoritarisme et de dilapidation des richesses de son pays.

Au moment de conclure, il se perd un peu dans les pages de son discours. Certaines s’envolent du pupitre, précipitamment ramassées par l’officier galonné debout à ses côtés. La vidéo de la conférence de Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo, le 3 décembre à Madrid en marge de la COP 25, a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. De même que celle où il échange une passe de ballon avec le patron de ses services secrets sur la pelouse du stade Santiago-Bernabéu, lors d’une visite «VIP» organisée par le Real Madrid. L’occasion de prendre aussi quelques photos avec Zinédine Zidane. […]

Banqueroute

Rebelote, le lendemain lorsqu’en se perdant un peu dans les pages de son discours, il a invité les bailleurs de fonds et, au-delà, tous les «amis de l’Afrique» à investir dans le Fonds bleu pour le bassin du Congo, conçu comme «l’instrument financier» de la Commission climat du bassin du Congo, a-t-il rappelé. Ce Fonds bleu, auquel ont adhéré douze pays de la région, c’est lui qui l’a lancé en mars 2017. Avec le soutien de la Fondation Brazzaville, créée en 2015 par son vieil ami le Français Jean-Yves Ollivier. Basée à Londres, cette fondation s’investit beaucoup, elle aussi, en faveur du bassin du Congo. Parmi les membres de son conseil consultatif, on trouve Cecilia Attias, ex-madame Sarkozy ou l’ancien juge Jean-Louis Bruguière.

Jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron, y figurait également Jean-Paul Delevoye, l’actuel haut-commissaire aux retraites. Commission climat, Fonds bleu, Fondation Brazzaville : l’imbrication de ces différentes structures a pu soulever quelques questions sur les intentions réelles du maillage, dont l’habillage vert pourrait aussi bien évoquer celui des dollars qu’il compte attirer. D’autant que le troisième producteur de pétrole d’Afrique est confronté à des difficultés financières abyssales. «Nous avons compris que les revenus du pétrole sont trop aléatoires et qu’il faut diversifier l’économie», faisait-on valoir il y a deux mois dans l’entourage du Président.

Ce qui semble également aléatoire, ce sont les relations du pays avec le Fonds monétaire international (FMI). Après moult reports, dus en partie à la difficulté d’évaluer le niveau réel de la dette, un nouvel accord (les précédents n’ont jamais empêché la banqueroute du pays) a été conclu en juillet. Avec à la clé, un prêt de 449 millions de dollars (403 millions d’euros). Mais après le versement d’une première tranche de 45 millions, la mission d’évaluation envoyée en novembre à Brazzaville a rendu un bilan mitigé, notant en particulier les retards en matière de lutte contre la corruption et de protection des populations les plus vulnérables. Résultat : vendredi, le FMI a annoncé qu’il reportait le versement de la seconde tranche de 48 millions de dollars, prévu pour janvier.

Faut-il alors croire qu’en misant sur le vert, le régime joue son va-tout au casino de l’aide internationale ?
[…]

Reste qu’en matière de «fibre», le président âgé de 76 ans, dont 35 au pouvoir, dispose d’une vaste panoplie. Une «fibre» autoritaire par exemple, qui l’a conduit à modifier la Constitution pour se représenter aux élections de 2016. Scrutin controversé à l’issue duquel son principal challenger, le général Jean-Marie Michel Mokoko, a été emprisonné. Puis condamné à vingt ans de prison après un procès expéditif organisé deux ans plus tard. Un rapport confidentiel de la Banque mondiale daté du 9 novembre, dont Libération a eu connaissance, souligne par ailleurs que «le premier facteur de fragilité» du pays «est la nature hautement centralisée de l’Etat congolais». Expliquant que c’est ce «modèle» qui «a biaisé la répartition de la richesse et sapé l’émergence d’institutions étatiques transparentes, efficaces et inclusives». Et pour enfoncer le clou, le même rapport note que «la population se trouve exclue de la sphère politique et économique du pays». A la différence du Président et de sa famille, souvent critiqués, eux, pour leur «fibre» dépensière.

«Congo bashing»

En avril, l’ONG Global Witness a ainsi accusé deux des enfants du Président, son fils Denis Christel et sa fille Claudia, d’avoir récemment détourné à eux deux 70 millions de dollars des caisses de l’Etat. Une partie de cette somme, (7 millions) aurait permis à Claudia d’acheter un luxueux appartement dans la tour Trump à New York. En septembre, c’est la petite république de Saint-Marin qui aurait ordonné, dans le cadre d’une enquête sur le blanchiment d’argent, la saisie de 19 millions d’euros sur les 69 millions déposés sur 36 comptes différents par la famille Sassou-Nguesso dans ses banques entre 2006 et 2014.

A Paris, quatre membres du clan, dont Julienne, une autre fille du Président, ont été mis en examen depuis 2017 dans le cadre de l’enquête sur les «biens mal acquis» (lire aussi pages 16-17) visant plusieurs chefs d’Etats africains. Des propriétés immobilières ont également été saisies. Du moins officiellement. Car les propriétaires n’ont apparemment pas été délogés. «Toute cette instruction, c’est du Congo bashing ! Pour prouver qu’un bien a été acquis sur des fonds détournés, il faudrait venir enquêter à Brazzaville. Pourtant, aucun juge français n’a jamais sollicité de commission rogatoire pour se rendre au Congo», affirme-t-on dans l’entourage du président congolais.

Depuis son élection, le président Emmanuel Macron n’a, en tout cas, pas semblé très pressé de rencontrer son homologue congolais. Il a fallu attendre début septembre pour que celui-ci franchisse enfin le perron de l’Elysée. Et la rencontre a été, comme il se doit, habillée de vert. Avec l’annonce anticipée d’un accord de 65 millions de dollars versés dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (Cafi) dont la France assure la présidence cette année. Des fonds destinés à soutenir la lutte contre la déforestation, dont le Congo se veut désormais le champion. Ce que certains mettent en doute.
[…]

«Violences politiques»

Peu importe également que l’importance des réserves «découvertes» ait été contestée par de nombreux experts pétroliers. Dans l’immédiat, le président congolais se pose en gardien de ce bouton nucléaire végétal, «nonobstant les contreparties financières annoncées et qui continuent à se faire attendre», a-t-il averti à Madrid. D’où il est reparti à bord de son avion privé, un Boeing 787 Dreamliner, dont l’heure de vol serait facturée à 68 000 euros. De retour dans son pays, il aura pu constater les effets dévastateurs des pires inondations qu’ait connues le Congo depuis vingt ans. Le résultat du réchauffement climatique ? Peut-être. Mais les conséquences sont forcément décuplées quand «une grande partie de la population [est exclue] de tous les aspects du développement», comme le dénonce le rapport de la Banque mondiale qui évoque également les «violences politiques répétées» et la «pénurie des services de base». L’arbre vert brandi par le Président cache mal une forêt de misère et de frustrations.

Lire l’intégralité de l’article sur Liberation.fr

Par Maria Malagardis — 13 décembre 2019 à 19:56

TABLE RONDE DU SAMEDI 21 DÉCEMBRE 2019 A PARIS : QUELLE ORGANISATION ADMINISTRATIVE POUR NOS COLLECTIVITÉS TERRITORIALES : FÉDÉRALISME, RÉGIONALISME, DÉCENTRALISATION ,CENTRALISATION… ?

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4 réponses à COP 25 : Sassou-Nguesso, du vert et des pas mûres

  1. Samuel Noko dit :

    La politique de Denis Sassou Nguesso a travers le PCT c est une politique a la pratique des mendiants. Nous proposons a la nation Congolaise une production monetaire pour combattre la pauvretè nationale pour le bien de chacun de nous tous.

    Arretez de suivre ce con qui fait ridiculisè les gens.

  2. Samuel Noko dit :

    C est la politique des mendiants.

  3. SAMBA DIA MOUPATA dit :

    Je pense que, nul ne saurait douter de la folie de Sassou ! Pendant que les inondations laisse un paysage apocalyptique dans Brazzaville , le fou sassou joue au foot à Madrid et imaginons le coup financier qu’à coûter l’organisation de cette visite au stade du REAL de Madrid . Chers compatriotes comment certains voudraient dialogue avec un fou ?

  4. Samuel Noko dit :

    Le pct n a pas encore compris que la souverainetè c est pas gerer la nation a l`aide des dèttes, des crèanciers ou des donnations des autres pays. Celui qui continue a le croire,
    c est un nul qui va obtenir des rèsultats de la crise economique. A bon entendeur…

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