CONGO: FACE AUX TÉNÈBRES…, par l’écrivain Dina Mahoungou

On a le cœur malade, à savoir que tous les intellocrates congolais de l’intérieur et quelques autres de l’extérieur, de la diaspora dis-je, n’ont pas été assez nombreux à condamner les exactions et la criminalité violentes qui perdurent au quotidien dans ce bien-aimé Congo Brazzaville.

Au début de sa décadence, ce pays n’a connu que du mépris sinon que nos maîtres penseurs s’exposaient à des rivalités d’intérêt matériel et nombreux se sont mis au service de la propagande.

Une part de démonique de ces barbares éclairés qui encerclent et étouffent la Nation, en diffusant des impostures, des pires horreurs. Ceux qui se sont battus et qui se battent toujours pour la dignité et la liberté se doivent encore de dénoncer ces forfaits avec des mots toujours plus rudes car la barbarie du Congo n’est pas différente de la centaine autour du monde. Voyez la Birmanie qui s’améliore, la Syrie qui doit s’écrouler, la Chine qui s’exécute, on peut croire que la peur doit changer de camp. Ceux de là-bas en terre Congo, les puissants d’aujourd’hui qui seront bientôt enfermés dans des cabanons, l’écume à la bouche ne devront digérer la fureur et leur crise existentielle que dans leurs têtes de clowns tristes.

Ceux-là auront leur carnaval song !

Leurs plus beaux atours : les sanctions qu’on inflige aux traîtres.

Les Congolais de la diaspora se désolidarisent-ils de leur patrie au-delà des passions tribales ?

Ils n’iront pas jusque là. Nos intellectuels congolais à l’étranger parlent des intérêts supérieurs de l’humanité, dont leur peuple fait partie. Les écrits de ces hommes de bonne volonté entendent devenir des actes de combat. Nous nous battrons pour une Nation infiniment digne de respect, par la parole, par les écrits afin que se dépeuplent les prisons, se brisent les échafauds. D’ailleurs, nous sommes à la fin d’un règne, celui du veau d’or et que ce jour arrive bientôt !

Un peuple guidé par une clique et à leur tête un épouvantail – obscurantisme tyrannique de magistère – dont les projets sont pleins de sinuosités, de platitudes, de détours, de contradictions, tout un pêle-mêle bigarré, même bienveillant. Ce peuple sans le moindre doute est un collectif moribond condamné aux nostalgies de l’histoire.

Les intellocrates congolais de la diaspora se doivent d’être des orateurs ambulants, en vertu du principe de la liberté universelle. Car la défense de notre démocratie est permise, le combat humanitaire reste permanent, comme il sied à tout esprit vivant et fécond de désirer la paix, même dans le tumulte de notre époque.

Indissolublement lié à la gestion des affaires de l’Etat, ce mensonge quasi récurrent, à l’élan dévastateur frappe de taille et d’estoc un peuple en gémissements, consterné et effaré.

Ce sont des bonimenteurs dans un parti-Etat : le PCT obstiné, réfractaire à l’humanisme. Un clan de butés et de mal intentionnés : les M’bochis. Un corps de truands, les amis du président qui font dans l’antipathie, la haine, l’animosité pour l’unité nationale. Nous devons parler avec l’esprit, sous la forme du verbe, notre parole doit célébrer la dignité de l’être humain.

Nous sommes des insurgés, les porte-parole de notre Congo lointain et de son émancipation. Notre isolement devient tragique, voire même absurde, si l’on ne se fait pas entendre. Baisser les bras, ne rien dire serait un renoncement à soi. La résignation est une forme débraillée de la lâcheté.

N’ayons plus d’aigreur, n’ayons plus d’amertume, notre défi est de faire valoir nos droits, nous voyons dans l’avenir une ultima ratio. Le thème de combattant pour les hommes de lettres que nous sommes serait la désignation exacte. Les honnêtes gens savent bien vers où nous nous acheminons en parlant de la souffrance de notre population civile. Voilà pourquoi la fraternité jaillit de nos plumes spontanément, le temps est venu, nous devons comprendre les signaux et en contrôler les règles.

Sans combat, au-delà du bien et du mal, nos gouvernants pernicieux à l’extrême s’obstinent à faire des citoyens congolais un peuple rationné. Dire que toutes les intelligences de la diaspora devraient se donner la main, c’est ce qui s’appelle l’entente cordiale.

C’est certain, demain ne sera plus comme avant. A n’en pas douter, toute cette riche fripouille qui fait aujourd’hui dans l’effroi, passera nos cadavres au chalumeau, ainsi nous cesserons de penser et d’écrire.

Et pourtant, il m’a fallu la fin de la guerre civile, des années d’exil, pour repenser à l’arbitraire, à l’odieuse absurdité pour ce peuple qui a répandu son sang en plus d’une décennie, dans une triste guerre fratricide.

La légende du phénix sera un jour une réalité. Tant d’hommes libres de la diaspora, tant de génies et de créateurs, réduits à l’ostracisme et au silence.

Des grossiers fanfarons, dans un belliqueux délire de fanatisme irrité, nous ont isolés comme des hérétiques.

Disent-ils : allez, circulez, vous n’avez plus rien à voir avec le pays natal ! En chair et en os, je m’y suis inclus.

Pour le moment, en attendant la lune, les enfants de la diaspora font leur petit bonhomme de chemin. Les politiques congolais, tous tant qu’ils sont, n’ont jamais été assez innocents pour se figurer qu’ils ne sont jamais coupables de rien.

Face à ces dirigeants repus, fiers et froids, mesquins, ivres de carnage humain, ma conscience au fond de moi m’interpelle en me rappelant les atermoiements de Monsieur Jean-Baptiste Poquelin alias Molière qui disait dans les fourberies de Scapin : « Que diable allait-il faire dans cette galère ? »

 

Dina Mahoungou, écrivain et journaliste free-lance                            Arpajon, le 6 juin 2012

Auteur de : « Les parodies du bonheur » recueil de nouvelles aux éditions Bénévent mai 2012 prix : 13,50 euros (amazon.fr)

« Agonies en Françafrique » roman aux éditions l’Harmattan, collection Ecrire l’Afrique, fin 2010 prix : 26 euros (amazon.fr, Fnac et librairies).

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