Lettre à Madame Christiane Taubira, Ministre de la justice, garde des sceaux

Paris, le 16 mai 2012

 

Mouvement pour l’Unité et

le Développement du Congo

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M.U.D.C.

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Secrétaire Général 

Port. 06 46 27 68 25

[email protected]

 

 

Madame Christiane TAUBIRA,

Ministre de la Justice, garde des Sceaux 

13, Place Vendôme

75001 Paris

 

Madame la Ministre, 

Le soir du 6 mai 2012, la joie a été grande chez les Français d’origine africaine, lors de la proclamation de l’élection de Monsieur François Hollande à la Présidence de la République. Leurs voix , sans aucun doute possible, ont été décisives dans le mince écart qui a finalement séparé les deux candidats. Beaucoup d’entre eux avaient voté pour une première fois. Tous avaient été conquis par la détermination du candidat François Hollande à prendre ses distances avec le système de la Françafrique et les dictatures africaines. L’espoir était grand surtout dans la nombreuse, près de 100.000 adultes, communauté congolaise et Français d’origine congolaise à laquelle j’appartiens. 

Votre nomination, quelques jours plus tard, a été perçue comme un gage solide donné par le nouveau Président à cette portion significative de son électorat, et nous nous en sommes réjouis plus encore. Il n’y aurait plus d’obstacle pour que la Justice Française fasse son œuvre dans les affaires des « Bien Mal Acquis », des « Disparus du Beach » et d’autres nombreuses encore qui se présenteront au Pôle « Crimes contre l’Humanité » du Parquet de Paris, toutes impliquant le dictateur sanguinaire et corrompu Denis Sassou N’Guesso. 

Alors, quelle ne fut pas notre surprise de voir Monsieur Jean Paul Pigasse, Conseiller très écouté de Denis Sassou N’Guesso qui chapeaute l’information au Congo Brazzaville, exulter le 21 mai 2012 dans son journal (les Dépêches de Brazzaville) à votre nomination et de flatter votre proximité avec des dirigeants africains, pour la plupart infréquentables. Tout le reste de son texte, ci-dessous, est indécent et ne constitue qu’une insulte aux électeurs du Président François Hollande. Vous avez déjà subi des attaques injustes que nous ne pouvions que condamner. Outre des rumeurs nauséabondes sur vos amitiés au Congo-Brazzaville, il circule actuellement des articles du journal de Monsieur Pigasse (extraits ci-dessous) dont un a été censuré. Outre les dithyrambes excessives dont le journaliste expatrié a encensé votre nomination, il ne va pas de main morte avec d’inquiétantes insinuations. 

Le Congo-Brazzaville est notoirement connu pour avoir abrité les mouvements de libération des pays africains encore sous emprise étrangère (le FRELIMO pour le Mozambique, le MPLA pour l’Angola, la SWAPO pour la Namibie, l’ANC pour l’Afrique du Sud, le FLEC pour le Cabinda etc.. ). Un épisode très peu connu est celui de Nelson Mandela qui, au sortir de son long emprisonnement, en 1990 avait fait une tournée dans quelques pays qui l’avaient soutenu. Après le Gabon, il passa par Brazzaville. C’était un dimanche et Sassou N’Guesso avait organisé une réception sur son bateau, le 5 février. A un moment, Nelson Mandela, montra une valise qui l’accompagnait et lui dit : « Dedans, il y a 5 milliards de FCFA (environ 20 millions de USD) qu’Omar m’a donné pour l’ANC. Et toi, tu donnes combien ? » Sassou N’Guesso donna l’instruction d’ouvrir immédiatement le Trésor Public et de remettre à Mandela tout ce qui s’y trouvait (8 millions de USD selon certaines informations). Sassou N’Guesso avait bien agi cette fois-là. Nombre de Congolais auraient pu en ajouter de leur poche si on le leur avait demandé. Robert Bourgi connaissait l’épisode gabonais et il obtint ainsi qu’Omar Bongo appelât Nelson Mandela pour qu’il accepte de recevoir Nicolas et Carla Sarkozy lors d’une visite officielle en Afrique du Sud (pour la fameuse photo). Par contre, Mandela et son entourage prirent leurs distances avec le dictateur congolais et la scandaleuse affaire de la fausse préface de Mandela pour un ouvrage de Sassou en était la preuve. Pour Nelson Mandela, Sassou N’Guesso était devenu infréquentable….

Votre notoriété personnelle, Madame la Ministre, est grande à Brazzaville, notamment parmi les populations qui ont été victimes des massacres des guerres civiles déclenchées par Sassou N’Guesso en 1997 et après. Il y eut plus de 50.000 morts, des viols innombrables et d’importantes destructions. Les Congolais n’ont pas oublié l’investiture de Lionel Jospin à la veille du déclenchement de la guerre du 5 juin 1997 et la présence de l’Armée Française, à Brazzaville à ce moment-là, qui n’a alors rien fait pour empêcher le bain de sang. Le Gouvernement Jospin joua alors les Ponce Pilate. C’est pour cette raison que le maintien de votre candidature à l’élection présidentielle de 2002 et l’élimination de Lionel Jospin, qui en découla, ont été vivement appréciés par bon nombre de Congolais…

La communauté franco-congolaise espère vivement que la proximité dont se flatte indignement Monsieur Pigasse n’interférera pas dans le bon déroulement des procédures en cours et à venir contre Denis Sassou N’Guesso et qu’elles ne souffriront pas d’un improbable conflit d’intérêts. Un éditorial du Monde du 24 mai 2012 s’intitulait : « Fallait-il vraiment aller chanter à Bakou ? » Sa conclusion en était : «Une consolation : le choix de Bakou a au moins le mérite d’attirer l’attention sur les droits de l’homme en Azerbaïdjan, jusqu’à la « une » de ce journal. » Le quotidien Le Monde appartient, pour partie, à un proche parent de Monsieur Jean Paul Pigasse et nous ne pensons pas, un jour à sa « une », lire l’éditorial : « Fallait-il vraiment assister à un concours de Miss Fespam à Brazzaville ? »  

A l’instar du « vote Juif » que l’on disait décisif (cette communauté ne représente plus que 600.000 personnes), le « vote Noir d’origine africaine » vient de prouver son existence et tout son poids en faisant la différence entre les deux candidats. « Le Changement c’est maintenant ! » affirmait le slogan auquel nous avons tous cru. D’une certaine manière, Madame la Ministre, vous le personnalisez et vous en êtes même le symbole le plus fort et le plus remarquable.

 De tout cœur, nous espérons que vous répondrez à toutes nos attentes et à celles de tous les Français.

Tous nos vœux fraternels vous accompagnent dans l’exercice de vos responsabilités. 

Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Extrait article : « Edwige Badakou couronnée miss FESPAM 2005 » Samedi 16 juillet 2005

Extrait article : « Le président Tabu Mbeki (Afrique du sud) se rendra à Brazzaville en août prochain » Samedi 16 juillet 2005 (audience du 15 juillet 2005)

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Une réponse à Lettre à Madame Christiane Taubira, Ministre de la justice, garde des sceaux

  1. Dieudos Eyoka dit :

    No comment …!

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